Chante pour moi
Chapitre 17 - Mélancolie
Assis à son trône de pierre de lave, Bowser ruminait. Il avait passé une partie de la nuit à réfléchir à ce qu’avait dit Kamek, à ce qu’il avait insinué sans aucune honte. Lui, amoureux de Solfège ? N’importe quoi ! Il n’aimait que Peach, son cœur ne battait que pour elle … Pour elle ou pour le pouvoir qu’elle pourrait lui offrir ? Le Roi grogna à cette réflexion puis posa sa joue contre son poing pendant que son regard agacé fixait un point invisible. Il ne s’était encore jamais vraiment intéressé à la question sur l’origine de ses sentiments pour cette princesse. D’ailleurs il ne se souvenait même pas de quand il avait commencé à en ressentir à son égard … Ni la véritable nature de ces derniers. Il avait toujours gardé en tête qu’il lui fallait une épouse à ses côtés lorsqu’il dominerait le monde et ferait de la galaxie son empire. Grâce à la réunification de son royaume avec celui de Peach, il deviendrait d’office le Roi le plus puissant des huit mondes ! Son plus grand rêve d’enfance entretenu par les Magikoopas.
Mais maintenant plus il y réfléchissait, et plus les doutes s’installaient.
«Nionnnnnnnnnnnnnnnnnnn !»
Le visage de Bowser se crispa d’exaspération à son fils qui n’arrêtait pas de tourner autour de son trône avec un avion en papier dans les mains. La petite tortue imitait le bruit de l’engin blanc alors qu’il tournait en rond autour de son fauteuil de pierre, s’amusant à lui faire faire des pirouettes dans les airs en imaginant une histoire. Junior ricanait à chaque fois que les ailes de son avion se pliaient pour lui rappeler les battements d’ailes d’un oiseau. Ne faisant même plus attention à son père qui était assis au centre de sa ronde, le jeune Koopa cornu poursuivit son jeu de plusieurs éclats de rire. Solfège n’était pas disponible pour s’occuper de lui après avoir accepté d’aider Koopa cuistot pour le repas, donc il se retrouva en compagnie du Roi qui n’était pas de très bonne humeur ce matin-là.
«Nionnnn ! Oh non ! Un oiseau !» Couina ce dernier lorsqu’il fit semblant d’esquiver un oiseau imaginaire.
«Junior, tu me donnes le tournis …» Grommela Bowser qui se frotta le front d’irritation quand son fils recommença à tourner autour de son trône, ce qui l’empêchait de réfléchir correctement. Il avait beaucoup de mal à cacher son agacement depuis qu’il était constamment dans le tourment après la scène d’hier soir qui ne voulait plus quitter son esprit. Elle rejouait en boucle, encore et encore … Se moquait de lui et de son état de confusion de plus en plus frustrant. Heureusement grâce à sa faculté de guérison hors du commun, il n’avait plus aucune trace de sa blessure.
«Ça suffit.» Poursuivit-il lassement, mais son fils ne l’entendait pas de la même oreille.
«C’est Solfège qui me l’a fait. Je le trouve trop génial et en plus il vole pour de vrai ! Regarde !» S’émerveilla Bowser Jr qui lança le petit avion de papier blanc en bas des marches pour montrer à son papa comment il volait bien. Grâce à la courbe de ses ailes, il plana jusqu’au milieu de la salle vide.
«Yay !» Cria-t-il de victoire après avoir déboulé les marches pour aller récupérer son précieux avion.
Il ne le savait pas, mais rien que d’avoir dit le nom de sa servante entraîna une vive émotion chez Bowser incapable de la cacher plus longtemps. Excédé, le Roi Koopa s’enfonça plus loin dans son siège puis soupira quand Junior revint tout sautillant pour poursuivre ses bruits d’avion énervants … Ne se rendant pas compte de la menace qui planait, Junior continua à jouer innocemment autour du trône, son sourire étirant joyeusement les coins de son museau rond. Il voulait aller encore plus vite ! Il s’imaginait être à la place du pilote dans son avion. Cependant sa joie s’envola rapidement quand son père se leva d’un geste brusque puis qu’il arracha son avion en papier de ses mains pile au moment où il repassa devant lui. Laissant sortir un petit "hey" de protestation, Junior s’éloigna de deux pas au moment où il croisa son regard furieux.
«Je t’ai dit que ça suffisait ! Tes bruits m’agacent plus qu’autre chose et tu me donnes le tournis à force de tourner comme ça autour de moi ! Je n’en ai rien à faire de ton avion en papier ridicule !» Fulmina Bowser qui suite à ses mots roula l’avion en boule dans ses mains avant de le balancer dans la lave.
«Papa, non ! Mon avion …» S’horrifia Junior, les yeux écarquillés à son avion boulette qui atterrit dans le feu.
«Je ne veux plus entendre parler de cet avion ! Trouve-toi une autre activité plus calme.» Imposa Bowser entre ses dents, son regard colérique fusillant la petite tortue à la mine tombante. Sa tête était baissée, les mains en poings alors qu’il se mit à trembler. Toutefois il ne s’attendit pas au retour flamboyant de Junior ce qui le prit par surprise quand il redressa son museau dans sa direction pour le défier.
«Pourquoi t’as fait ça ! C’était un cadeau de Solfège ! Elle l’avait fait pour moi !» S’écria-t-il de colère tout en sortant sa petite dent pour grogner. Il était injuste et méchant ! Il avait cassé son nouveau jouet pour aucune raison. La tête enfoncée entre les épaules, le petit Koopa soutint son regard féroce dans celui furieux de son paternel, ne se laissant pas intimider par ce dernier. Pas même quand il sentit la piqure familière des larmes. Bouleversé, il poursuivit dans ce même ton accusateur tout en pointant une petite griffe vers lui.
«Pourquoi est-ce que tu es tellement en colère contre tout le monde ! Tout ça à cause d’une princesse qui s’en fiche de toi ! Quand est-ce que tu vas comprendre que Peach ne nous aime pas et ne nous aimera jamais !» S’égosilla-t-il furieusement, ses yeux noirs se remplissant de larmes à la douleur qui se forma dans sa poitrine.
«Va dans ta chambre et que je ne te revois plus avant le diner ! Tu es puni !» Ordonna aussitôt Bowser en serrant les poings à son fils effronté qui se retourna pour fuir la salle du trône dans une longue série de reniflements. Mais juste avant de fermer la porte dans son sillage ce dernier déclara quelque chose d’assez déconcertant.
«Tu es tellement aveugle !» Hurla Junior de toutes ses forces après quoi, il claqua bruyamment la porte pour s’engouffrer dans le couloir en direction de sa chambre.
Tout le long du chemin il n’avait de cesse de pleurer tandis que son corps tout entier était secoué par les larmes. Se prenant presque les pieds dans le tapis de l’escalier dans sa course effrénée, il trébucha puis se dépêcha de rentrer dans la sécurité de sa chambre en refermant rapidement les portes derrière lui. Gémissant, la petite tortue frotta ses yeux humides, cette douleur dans son cœur ne voulant plus le laisser tranquille. Pourquoi son papa était aussi méchant avec lui ! Qu’avait-il fait de mal ? Frappant ses pieds dans ses jouets pour libérer sa frustration, le petit Koopa se précipita à son lit pour se cacher sous ses couvertures. Durant de longues minutes, il fût ravagé par sa tristesse et son incompréhension. Incapable de se calmer à cause de son chagrin. Il en voulait à son père, il en voulait au monde entier d’être aussi cruel avec lui …
Junior n’entendit pas la porte de sa chambre s’ouvrir doucement car il s’était emmitouflé dans ses couvertures à l’abri de la lumière. Il ne se rendit même pas compte que son matelas s’abaissait lorsque la personne qui avait pénétré dans sa chambre s’assit à côté de lui sur les couvertures rouges. Néanmoins il se raidit au moment où il sentit quelque chose lui toucher la carapace, cessant immédiatement ses pleurs déchirants. Mais malgré cette présence il n’avait pas envie de sortir sa tête de sa cachette. Il voulait être seul … Qu’on le laisse tranquille dans son coin pour libérer toute sa tristesse. D’un gémissement, le Koopa se recroquevilla plus loin sous les couvertures dans l’espoir d’y disparaître et que l’inconnu se lasse. Pourtant la main restait sur son dos, ne le quittait pas alors qu’un son mélodieux commença à atteindre ses oreilles.
Ne pleure pas
Je ne suis jamais loin de toi
Solfège chantait lentement à Bowser Jr. Il ne connaissait pas la chanson, mais elle était très belle et apaisait ses pleurs qui se transformèrent bientôt en de petits reniflements.
La vie est parfois compliquée
Mais il ne faut jamais désespérer
Désormais à l’écoute, Junior sortit lentement la tête de sous la couverture pour regarder l’humaine assise au bord du lit. Elle souriait, ses yeux verts attendrissants cherchant les siens humides tandis que la mélodie de ses notes emplissait la chambre.
Ne pleure pas
Je veux revoir ton sourire
Même quand je suis très loin de toi
Les chemins mènent à tes éclats de rires
Sa voix avait un incroyable effet d’apaisement sur lui … Jusqu’à complètement chasser sa peine. C’était comme si elle n’avait jamais existée, qu’il n’avait jamais ressenti cette douleur au fond de son cœur. Absorbé par la jolie voix de Solfège, le petit Koopa se redressa dans son lit pour la regarder attentivement. A l’écoute de cette chanson qui le consolait. C’était beau, c’était touchant ... Il ne se lassait pas d’entendre cette mélodie à cet étrange pouvoir et il espérait qu’elle ne se finirait jamais.
Je chante en secret chaque soir
Pour que tu n’aies plus peur
Ne pleure pas …
Les jambes croisées en tailleur, Junior renifla une dernière fois pendant que la chanson se terminait sur une dernière note touchante. Il passa son bras sous son museau mouillé puis leva les yeux sur Solfège lorsqu’elle se pencha pour essuyer ses larmes avec ses doigts avant de laisser traîner ses pouces sur ses joues rondes. Son sourire était rempli de tendresse alors qu’elle caressait affectueusement son visage. Bowser Jr ne pouvait décrocher son regard émerveillé de Solfège qui continuait de le consoler même après sa chanson, le berçant entre ses mains chaudes. Il était charmé par elle, captivé par sa douceur. Jamais aucun humain auparavant n’avait été aussi gentil avec lui … Aussi tendre, ce qui le fascinait beaucoup. Après quelques instants dans la même position, la jeune femme finit par s’éloigner, le mouvement faisant basculer ses longs cheveux dans son dos.
«Où as-tu appris à chanter comme ça ?» Interrogea Bowser Junior d’une voix légèrement éraillée après avoir pleuré aussi longtemps. En réponse l’humaine se contenta d’hausser les épaules. Décidément, elle avait vraiment la mémoire courte ! Il reprit.
«Ta voix me plaît, elle est jolie.» Acquiesça la petite tortue qui avait retrouvé son adorable sourire.
«Pas aussi jolie que la tienne.» Taquina Solfège tout en enfonçant ses doigts dans les côtes du Koopa pour le faire rire, un franc succès. Ses éclats de rire avaient le même effet que sa chanson, ils l’apaisaient … C’était comme une douce mélodie à ses oreilles.
Plus tard après que Junior tomba littéralement de sommeil, Solfège qui avait veillé sur lui retourna dans sa chambre en attendant de recevoir de nouveaux ordres. N’étant pas certaine de ce qu’elle était censée faire avant le souper, elle se contenta donc de rester sur son lit à attendre que le temps passe. A attendre que quelqu’un ne vienne frapper à sa porte pour lui dicter quoi faire. Comme à l’accoutumé. Allongée sur le dos face à son plafond de pierres grises, elle avait croisé ses mains sur son ventre avec sa montre à gousset au centre de sa poitrine, ses cheveux rougeoyants formant un halo autour de sa tête. Elle n’arrêtait pas de penser à Junior et à sa crise de larmes. Elle se demandait ce qui avait bien pu autant bouleverser son jeune ami qui disait ne jamais pleurer pour quoi que ce soit … Qu’était-il arrivé durant son absence ? Elle était inquiète pour lui car elle avait carrément entendu ses pleurs à l’autre bout du couloir !
Tandis qu’elle y songeait, quatre petits coups sur la porte la sortit vite de ses pensées. Solfège se redressa sur son lit pour regarder la porte en bois en s’attendant à ce qu’un petit mot soit glissé sous cette dernière mais cette fois-ci, la personne attendit sagement qu’on lui ouvre. Tiens, c’était curieux. Qui était-ce ? Jetant un coup d’œil méfiant, elle finit par se lever pour rejoindre la porte qu’elle ouvrit doucement pour voir qu’il s’agissait d’un Koopa soldat à la carapace bleue avec des ailes. Elle le reconnut assez facilement, c’était le même garde qui lui avait rendu sa montre ! Il se tenait maladroitement à ses pieds tout en regardant de gauche à droite comme s’il s’attendait à voir apparaître quelqu’un.
«Que puis-je faire pour vous ?» Demanda poliment Solfège d’un froncement de sourcils confus lorsqu’elle remarqua qu’il tenait quelque chose derrière lui.
«C-c’est pour vous !» Balbutia-t-il nerveusement après avoir tendu un petit bouquet de fleurs vers elle.
«Pour moi ?» Hébétée, elle récupéra le joli bouquet dans les mains du Koopa pour le sentir. Les fleurs blanches en forme de clochettes sentaient divinement bon ! Ravie de recevoir un tel cadeau, elle leva les yeux vers le garde qui évitait son regard de plusieurs petites toux derrière son poing.
«C’est adorable, je vous remercie ! Il sent très bon.» L’humaine sourit sciemment en plaçant un rapide baiser sur son museau jaune en guise de remerciement. Elle lui était reconnaissante car elle adorait les fleurs en plus !
«D-de rien !» Bafouilla le garde alors que ses joues prenaient une teinte beaucoup plus foncée.
Solfège regarda la tortue ailée s’éloigner dans le couloir d’un petit rire lorsqu’il faillit trébucher à ses pieds. Où avait-il trouvé ces magnifiques fleurs ? Elle n’en revenait pas ! Cela faisait une éternité qu’elle n’en avait plus vu. Rentrant à nouveau dans sa chambre pour les poser dans le vase violet vide sur la coiffeuse, elle s’assit pour les admirer quelques minutes de plus. Ses joues lui faisaient mal à force de sourire. C’était une si délicate attention ! Le cœur rempli de joie, elle les sentit une dernière fois avant de sortir de sa chambre pour se promener un peu dans les couloirs. Déambulant sans vraiment savoir où elle se dirigeait, la jeune femme admira les peintures sur les murs ainsi que les grandes statuettes mettant en valeur Bowser. Elle aimait vraiment ce château, elle s’y sentait presque chez elle … Il manquait juste un petit peu de verdure si on lui demandait son avis.
A mesure qu’elle avançait, Solfège cru entendre quelque chose quelque part au fin fond du château désertique à cette heure. Décroisant les bras de derrière son dos, elle tendit l’oreille à ce son ou plutôt à cette mélodie jouée par un instrument de musique il semblerait. Le son était étouffé, comme s’il provenait de l’étage inférieur ou du sous-sol. Intriguée, elle s’approcha à pas feutrés vers l’origine de cette douce mélodie qui était effectivement jouée par un piano. Il y avait un piano, ici ? Avançant plus loin dans le couloir après avoir emprunté un escalier, Solfège arriva dans l’aile Est du château où la musique s’amplifiait. Cette mélodie lui donnait envie de pleurer. Car les notes étaient mélancoliques, presque émouvantes alors qu’elle longeait le mur pour passer sous une alcôve menant à une pièce ouverte.
Discrètement, elle entra dans ce sanctuaire de lave où une plateforme centrale flottait. Des marches en lévitation menaient directement à ladite plateforme sur laquelle se trouvaient Bowser et un piano classique noir. C’était donc lui qui était derrière ces notes … Elle ignorait qu’il était aussi un musicien. Quelque peu intimidée, Solfège déglutit puis s’avança lentement à l’intérieur de l’immense salle, son regard fixé sur le Koopa géant qui lui tournait actuellement le dos. Ses doigts s’enfonçaient sur les touches noires et blanches toutefois le rythme était bâclé, il s’arrêtait toujours après avoir joué deux ou trois notes d’affilée. Quelque chose le préoccupait. Il n’arrivait pas à rester concentré sur sa musique.
Le cœur se serrant dans sa poitrine, Solfège resta dans un coin de la pièce pour écouter.
Peach, écoute-moi,
Tes cheveux sont comme du velours …
J’ai l’impression d’être dans un four !
Bowser commença à chanter mais il s’arrêta brusquement parce qu’il n’était pas du tout satisfait de sa performance. Aucune de ses phrases ne lui plaisait ! Il avait l’impression qu’elles sonnaient fausses en quelque sorte. C’était particulièrement frustrant pour quelqu’un qui aimait l’improvisation. D’un froncement de sourcils, il laissa traîner ses doigts sur les touches pendant qu’il cherchait d’autres paroles pour la princesse. Il était chamboulé par tout un tas d’émotions en même temps, notamment de la tristesse et du désespoir. Mais ce n’était pas le même désespoir qu’il ressentait lorsqu’il pensait à Peach et à son royaume, non. Celui-ci était bien différent. Cette mélancolie ne voulait plus le quitter tandis qu’il exprimait sa souffrance silencieuse à travers quelques notes dans l’espoir d’apaiser son âme. Ou plutôt son cœur malmené par un seul et unique sentiment, l’amour.
Peach …
Recommença-t-il d’une voix affectée par son état émotionnel mais comme un instant plus tôt, il n’arrivait tout simplement plus à finir sa chanson. Pourtant elle était facile et il la connaissait. Ennuyé par son incapacité, il continua de jouer ses notes cependant il ne trouvait plus la force de continuer alors que son menton tombait puis que son regard malheureux traîna sur le piano. Intérieurement, il criait. Il luttait contre ses doutes et ses insécurités pour tenter de retrouver son masque de Roi maléfique au cœur de pierre, celui qui détruisait tout sur son passage sans la moindre pitié. Celui qui agissait que par intérêt, sans jamais se soucier des autres ni des conséquences de ses actes. La vile et odieuse créature qui instaurait la peur dans tous les cœurs. Encore une fois, il réessaya de chanter sa chanson pour Peach mais son esprit continuait de vagabonder jusqu’à ce qu’il n’entende une autre voix s’ajouter à sa chanson.
Quand je te vois,
Mon cœur s’anime d’une intense joie
Solfège décida enfin de faire connaître sa présence tandis qu’elle montait les marches pour rejoindre Bowser sur la plateforme. Ayant été spectatrice de son désarroi, elle ne put s’empêcher de l’accompagner pour l’aider dans sa chanson. Pour … Lui. Offrant un sourire timide à ce dernier abasourdi, il reprit aussitôt ses notes pour encourager l’humaine à poursuivre.
Peach, regarde-moi,
Ne vois-tu pas tout ce que je ferai pour toi,
Tu sais l’amour le vrai,
N’est pas vraiment parfait
Mais dans mes bras tu comprendras
Que je t’aimerais jusqu’à l’au-delà
Arrivée en haut des marches, elle leva les bras vers lui pour qu’il chante avec elle.
Non, ne me rejette pas !
Deviens ma Reine et je serai ton Roi
Accompagna finalement Bowser en reprenant des passages de son autre chanson pour compléter la version de Solfège. Désormais plongé dans la magie du moment, il déposa l’humaine sur le rebord du piano afin de lui faire face quand ils chantaient en duo.
Au fond de tes yeux, je le vois
C’est merveilleux,
Cette petite étincelle qui nous rendra
Tous les deux très heureux
Sa voix mélodieuse se mélangeait parfaitement à celle beaucoup plus grave de Bowser dans des paroles qui venaient tout droit de leur cœur. Ils s’unissaient pour ne faire plus qu’un avec la chanson. D’une main sur sa poitrine, Solfège regarda le Koopa dans les yeux avec passion alors qu’il pianotait instinctivement pour compléter leur chanson d’amour.
Non, ne me laisse pas
Je suis fou d’amour rien que pour toi !
Ohhhh, ne me laisse pas !
L’amour, le vrai, n’est pas parfait
Soit à mes côtés et je te comblerai !
Comme ensorcelés par les notes, les deux ne faisaient plus attention au monde qui les entourait, juste plongés dans les yeux de l’autre à libérer leurs émotions à travers cette incroyable mélodie. C’était fort, c’était touchant et vivant tout à la fois. De plus en plus proche l’un de l’autre, Solfège et Bowser se frôlaient presque. Plus rien d’autre ne comptait. Plus rien n’existait ... Il n’y avait plus qu’eux et cette chanson qui à l’origine était consacrée à Peach mais au fur et à mesure qu’ils avançaient dans les paroles, Bowser ne pensait plus à la princesse.
Non, il ne voyait plus qu’elle …
Solfège et ses beaux cheveux qui encadraient son visage souriant, ce sourire qu’elle lui dédiait de la même façon qu’elle lui offrait sa voix. Enfin, elle chantait pour lui … Toutes ses peurs, ses doutes et sa tristesse avaient disparus dès l’instant où elle avait commencé à chanter, comme par enchantement. Pour ne lui laisser que ce sentiment de sérénité qu’il n’avait plus ressentit depuis qu’il l’avait croisée sur sa planète. C’était intense, c’était puissant et surtout très libérateur. Il ne voulait pas que ça s’arrête, plus jamais. Baigné dans cette chaleur qui ne cessait de s’intensifier pendant qu’il regardait Solfège, le Roi Koopa descendit sa voix d’une octave pour terminer sa chanson sur des notes plus basses. Ils se rapprochaient toujours plus, captivés par le regard de l’autre, leur sourire en miroir. Son cœur battant la chamade, Bowser se laissait guider par ses émotions qui lui criaient de l’embrasser … De lui dire ce qu’il ressentait pour elle.
«Hum, excusez-moi.» Et bien sûr, Kamek apparut pile à ce moment-là pour briser cet instant. Pourquoi changer !
«Mais tu le fais exprès ou quoi ?!» Fulmina Bowser après avoir enfoncé ses doigts dans le clavier pour fusiller du regard le Magikoopa qui était intervenu dans leur chanson. Sur le piano, Solfège croisa timidement les mains sur sa robe après toute cette intensité. Elle était pourtant certaine qu’il allait lui dire quelque chose … Elle était presque déçue.
«Navré de vous déranger, mais j’ai de nouvelles informations concernant la princesse Peach.» Déclara Kamek d’un doigt levé quand l’expression irritée du Roi se transforma en énervement. Il ne se priva pas de jeter un regard dédaigneux en direction de l’humaine.
«Ça ne pouvait pas attendre ?» Grogna Bowser.
«Eh bien non, je pensais que vous aimeriez les entendre dès qu’elles me sont parvenues. Enfin passons. La princesse est partie rejoindre le royaume de Végésia sans aucune protection ! Les frères ne sont pas là, et l’armée de Cranky Kong a été rappelée pour la fête annuelle de la banane. Ce qui nous laisse un champ d’action non négligeable.» Indiqua le conseiller tout en redressant ses lunettes sur son museau, soulagé lorsque Bowser s’écria d’un rire démoniaque. Au moins, il n’avait pas perdu son intérêt pour Peach et la couronne ! Il avait eu peur un court instant.
«Ha ha ! Il est temps de passer à l’action ! Kamek, prépare les soldats ! On part à la chasse à la princesse.» Revigoré par cette nouvelle, il se leva vite de son siège pour suivre le Magikoopa dans les escaliers en abandonnant l’humaine derrière lui sans un regard en arrière.
Solfège regarda les deux tortues disparaitre avec inquiétude, ayant l’horrible sensation que quelque chose de grave allait arriver.
A suivre …
VP