Chante pour moi

Chapitre 18 : La décision

5463 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/05/2023 22:49

Chapitre 18 – La décision

Solfège ne savait pas exactement où elle allait. Se promenant dans les vastes couloirs du château, elle tuait le temps, cherchant de l’occupation depuis qu’elle s’était retrouvée toute seule. Le jour précédent, Bowser avait ordonné à son armée de se préparer à la confrontation avec la princesse Peach sur la route du royaume de Végésia. Le château avait entamé une descente vers le sol ce matin, juste après avoir volé en direction du Nord une bonne partie de la nuit pour arriver à temps pour interpeller la princesse. Cet atterrissage avait duré à peine dix minutes, très peu de temps d’après Solfège qui craignait que ce face à face se soit finalement très mal terminé. À la suite de quoi, le château avait repris de l’altitude et elle n’avait plus rien entendu de toute la journée concernant Bowser. Elle espérait juste qu’il avait suivi ses conseils à la lettre ou sa colère risquait de faire de sérieux dégâts … Elle n’osait se l’imaginer, tout comme elle ne voulait plus être témoin de son abattement après un refus.

Maintenant elle errait sans vraiment savoir où elle se dirigeait … Complètement seule dans ces couloirs. Quelque part au-dessus d’elle, sans doute sur la plateforme centrale, elle pouvait entendre de la musique. Elle se souvenait d’avoir déjà entendu ce genre de musique par le passé, notamment lorsqu’elle était arrivée dans ce château la toute première fois où Bowser lui avait ordonné de chanter devant tout le monde. De la musique festive, fêtaient-ils quelque chose là-haut ? Se demanda-t-elle tandis qu’elle continuait de marcher d’une expression songeuse. C’était étrange de voir à quel point les couloirs étaient désertés alors que d’habitude on y trouvait des Goombas mais aussi des Koopas gardes ou encore quelques Hériss passant par-là. Apparemment ils étaient tous sur la plateforme centrale pour célébrer quelque chose en particulier.

Jetant un coup d’œil à l’une des fenêtres sur sa gauche, Solfège vit que le soleil se couchait à l’horizon. Etrangement, il y avait moins de ces nuages noirs orageux en lévitation autour du château volant, ce qui lui permettait d’avoir un bref aperçût du monde d’en bas. C’était incroyablement grand ! Il y avait d’immenses tours dans le lointain enveloppées d’une épaisse brume blanche qui empêchait de voir le sol. Était-ce à cela que le royaume de Végésia ressemblait ? Solfège n’avait pratiquement rien vu de ces mondes, alors elle ne pouvait qu’imaginer à quoi ils pouvaient bien ressembler.

Pendant quelques minutes, elle admira le paysage qui défilait devant elle à une vitesse de croisière. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait plus vu le soleil … Les rayons chauffaient sa peau, instauraient un sentiment de béatitude dans son cœur se montrant capricieux ces derniers temps. Elle se rendait compte que quelque chose clochait avec elle, avec ses sentiments, mais elle ne comprenait pas pourquoi. Ce qui n’allait pas avec elle plus exactement. Était-elle en train de déprimer ? D’une certaine façon, il semblerait que oui. Elle était d’une humeur maussade depuis quelques jours et cette morosité s’affirmait lorsqu’elle se retrouvait seule avec ses pensées. Son esprit était toujours occupé par un certain Koopa géant au tempérament colérique mais qui avait aussi une étonnante douceur cachée au fond de lui.

Derrière cette fameuse carapace.

Son sourire s’estompa peu à peu de son visage pendant qu’un petit froncement de sourcils modifia ses traits. Cette pression au cœur était bien réelle, presque affligeante … Elle avait développé des sentiments pour le Roi Koopa qui n’étaient même pas réciproques, et cette réalité était très douloureuse à accepter. Elle l’avait seulement réalisé lorsqu’ils s’étaient entrainés juste tous les deux dans le sous-sol, après que Bowser avait déclaré sa flamme en pensant à Peach. La tendresse contenue dans sa voix grave, la douceur de ses mots, son regard de braise et son sourire à faire fondre les cœurs … A ce moment précis, elle avait compris qu’elle était tombée amoureuse de lui. Du grand et maléfique Roi des Koopas, l’un des êtres les plus craints de l’univers qui était en réalité quelqu’un de très touchant. Quelqu’un de bien capable d’aimer, juste incompris. Mais malheureusement, le cœur de la tortue cracheuse de feu était déjà pris par une autre qui ne l’aimait même pas en retour …

Junior avait raison de dire que le monde était vraiment cruel parfois. Et puis jamais elle ne rivaliserait face à une princesse, elle savait qu’elle n’avait aucune chance. Une désillusion qui amplifia ce sentiment de désespoir qu’elle ressentait à chaque fois qu’elle y pensait.

Peinée, Solfège s’éloigna de la fenêtre d’un soupir pour recommencer à déambuler dans le couloir vide, jouant pensivement avec le bas de sa robe de servante. Fredonnant une mélodie aux notes mélancoliques, elle se reperdit vite dans ses pensées. Le chagrin gravé sur son joli visage. Elle continua de se pavaner ainsi durant de longues minutes à écouter le son étouffé par l’épaisseur des murs de la musique rock’n’roll jouée par les Koopas musiciens. Quelqu’un chantait, elle pouvait entendre une voix masculine alors qu’elle arrivait bientôt à un prochain croisement. Non loin de la chambre de Bowser. La jeune femme tournoya lentement sur elle-même pendant qu’elle se perdait dans ses propres notes accompagnées par la musique en sourdine. Puis soudainement, elle rouvrit les yeux pour s’arrêter net dans ses pas.

Ses yeux verts s’écarquillèrent de surprise à la personne qui se trouvait juste devant elle. C’était comme si le monde venait de brusquement s’arrêter, que le temps avait cessé de courir. Totalement figées sur place, les deux se dévisagèrent avec incrédulité tandis qu’elles tentaient de comprendre ce qui se passait. Le visage de Solfège se lissa de toute expression à la jeune femme en robe rose qui lui faisait actuellement face, n’en croyant pas ses yeux qu’elle se trouvait vraiment ici. Était-ce la réalité ? Des cheveux blonds bien coiffés avec une frange en forme de cœur, des lèvres roses, de grands yeux bleus … Il n’y avait aucun doute possible sur son identité. La bouche s’ouvrant de stupéfaction, Solfège n’arrivait pas à formuler de phrase alors qu’elle fixait longuement l’autre personne qu’elle avait accidentellement croisé au moment où elle était sortie de sa chambre à droite. Son front se sillonna puis elle se racla la gorge une fois sortie de sa stupeur.

«Princesse Peach ?» Réussit-elle à dire dans un souffle, complètement sous le choc. En face d’elle, Peach s’exclama aussitôt d’un large sourire.

«Un autre humain ! Je n’arrive pas à y croire !» La fille blonde leva les mains en l’air avant de tourner autour de Solfège pour l’admirer de haut en bas, brossant sa main gantée sur le tissu de la robe sur son passage. Elle était surexcitée mais se calma vite pour reformuler ; «enfin je veux dire une humaine. Car tu es une fille tout comme moi. Mais oui, tu es une humaine !»

«Comment …» Perplexe, Solfège se tourna vers la princesse qui ne la laissa pas finir sa phrase tant elle était émoustillée.

«Mais qu’est-ce qu’une autre humaine fait dans cet endroit ? D’où viens-tu ? De quel royaume ? Toi aussi le terrible Bowser t’a kidnappée ? Tu es une princesse ? Pourtant tu ne portes pas de couronne … Alors dans quel but ?» Interrogea Peach qui avait une tonne de questions, ses sourcils se fronçant quand elle pensait avoir compris son utilité. Son expression se transforma en choc. La bouche s’ouvrante béatement, elle se retourna vers Solfège pour la prendre par les épaules.

«Il veut t’utiliser en sacrifice ! C’est évident ! Il a un truc avec les sacrifices. Il est vraiment diabolique.» Résuma-t-elle d’un chuchotement d’effroi, les mains dans ses cheveux tandis qu’une grimace horrifiée fit son apparition sur son visage très expressif. Cependant Solfège n’écoutait qu’un mot sur deux de ce qu’elle racontait car elle n’en revenait toujours pas de la voir ici. Pourquoi était-elle dans le château ? Pourquoi parlait-elle d’enlèvement ? Elle n’y comprenait plus rien !

«Princesse, mais que faites-vous ici ?!» Demanda-t-elle finalement en se penchant vers cette dernière qui se contenta de lui faire signe de se taire.

«Chut ! Les murs ont des oreilles par ici. Suis-moi.» Indiqua Peach d’un geste de sa main à Solfège pour qu’elle la suive à l’intérieur de sa chambre. Une fois certaine que personne ne les espionnait, la princesse referma rapidement la porte derrière elles.

C’était très … Rose. Vraiment très très rose. Pratiquement tout était de la même couleur que la robe que portait Peach. Allant des rideaux et des tapis aux meubles et poignées en passant même par la pierre qui avait été teinte dans une note plus pâle. Solfège était partagée entre l’admiration et le dégoût alors qu’elle avançait prudemment dans cette chambre qui jusque-là, avait toujours été fermée à double-tour. Sans doute en attendant la prochaine venue de la princesse qui apparemment, affectionnait vraiment cette couleur très tape à l’œil. Sauf dans cette chambre car elle l’entendit marmonner qu’elle haïssait cette pièce. Peach se dirigea vers son grand lit blanc et rose pour récupérer quelque chose qu’elle avait caché sous son oreiller, jetant un petit coup d’œil prudent à l’autre humaine avant de brandir une épingle. Cette dernière avait été tordue pour pouvoir s’insérer dans la serrure de sa porte.

«A force, on apprend quelques astuces.» Dévoila-t-elle d’un sourire espiègle tout en secouant son outil de fortune. Posant son autre main à sa hanche, elle ne put s’empêcher de contempler l’autre humaine et plus particulièrement sa chevelure atypique.

«Tes cheveux sont d’une beauté à couper le souffle ! On dirait une rivière de lave … Oh, laisse-moi deviner ! C’est pour ça qu’il te retient captive ? Pour t’admirer à longueur de journée ?» Peach s’approcha de Solfège en gardant les mains jointes pour ne pas être tenter de toucher ses cheveux. Elle les adorait ! D’un sourire à pleines dents, la jeune femme en robe rose cligna des yeux à la réponse inattendue.

«Je lui apporte mon aide. Mais c’est sans importance … Pourquoi êtes-vous là ? Je veux dire, pourquoi on vous a enfermée ici ?» Se corrigea Solfège d’un geste de son bras à la chambre personnalisée. Elle n’avait pas envie de lui dévoiler qu’elle était la conseillère en séduction personnelle de Bowser … Elle voulait préserver l’image du Roi. D’autres questions lui brûlaient les lèvres comme savoir si la demande avait été faite ou s’il lui avait fait sa déclaration d’amour, toutefois elle se retint quand la princesse leva les yeux au plafond.

«Parce que ce fou furieux croit qu’en me kidnappant et en me séquestrant dans son château ça va me faire changer d’avis sur sa proposition. Il est persuadé que je lui porte un quelconque intérêt !» Gloussa Peach comme si c’était une évidence. D’un haussement d’épaules nonchalant, la jeune femme en question alla à la fenêtre pour regarder dehors d’un air impatient.

«Oh non …» Gémit Solfège en se massant le front. Il n’avait strictement rien retenu de toutes ses leçons ! Même si c’était un échec total, au moins elle avait eu sa réponse.

«Mais s’il croit que je vais me laisser faire, alors il se met le doigt dans l’œil ! J’ai un plan. Vient avec moi !» Déclara Peach après avoir jeté un rapide regard en direction de l’horloge murale. Ne laissant pas à Solfège le temps de dire quoi que ce soit, elle lui attrapa la main puis l’entraîna avec elle dehors dans le couloir.

Plus haut au même moment, Kamek s’éloignait de la plateforme où se déroulait la fête pour rentrer dans la salle du trône vide, ou presque. Il leva les yeux sur l’imposante figure qui se trouvait à côté du siège, dos à lui et face au mur de lave. La tortue à épines ne se retourna pas au bruit de pas quand il entendit l’approche silencieuse de quelqu’un parce qu’il n’avait tout simplement pas envie de discuter. Il voulait être seul. La mine tombante, le Roi Koopa resta immobile dans l’espoir que celui qui était venu le déranger le laisse à ses pensées. Le Magikoopa s’arrêta à quelques mètres de son monarque d’apparence déprimée, jouant avec ses mains tandis qu’il cherchait ses mots. Il avait remarqué que quelque chose n’allait pas car d’habitude Bowser s’amusait beaucoup à ce genre de fête, surtout qu’il s’agissait d’une célébration pour le futur mariage avec Peach. Toussotant dans son poing, le magicien prit prudemment la parole.

«Sir ?» Appela-t-il, cependant il n’eut aucune réaction.

«Vous manquez à la fête. Tout le monde s’amuse là dehors ! Vous ne voulez pas fêter cette victoire avec nous ?» Il tenta de le motiver mais la grande tortue ne montra pas plus d’entrain.

«Je serai là dans une minute.» Se contenta-t-il de répondre en abandonnant son timbre de voix agressif pour quelque chose de plus mélancolique. Il n’avait juste pas la tête à fêter quoi que ce soit.

«Nous avons enfin la princesse en notre possession ! Et avec ce que vous avez appris, elle ne pourra que tomber sous votre charme irrésistible ! N’est-ce pas merveilleux ?» Kamek sourit d’excitation sauf qu’une fois encore, son Maître ne montra aucune émotion positive.

«A quoi bon ! Tout ça est voué à l’échec de toute façon ...» Soupira-t-il, les épaules tombantes. A vrai dire il ne pensait même pas à Peach, son esprit était occupé ailleurs et Kamek semblait s’en apercevoir car ce qu’il dit par la suite le surpris énormément.

«Vous pensez encore à Solfège, n’est-ce pas ?» Ce n’était même pas une question mais une affirmation. A la simple prononciation de son prénom, Bowser se crispa. Il avait eu sa réponse. Redressant ses lunettes opaques sur son museau, le Magikoopa croisa pensivement ses bras derrière son dos avant de poursuivre d’un ton qui ne suggérait aucune amertume.

«Dans la vie, il faut parfois faire des choix. Je reconnais que j’ai commis des erreurs par le passé … Et qu’on ne peut pas tout avoir malheureusement.» Admit Kamek d’un petit soupir découragé. C’était difficile de l’admettre, mais il ne supportait pas de voir son Roi aussi malheureux. Aussi déprimé … Ce qui l’avait finalement poussé à lui dire toutes ces choses malgré sa réticence. Car c’était pour son bien ! Il jeta un petit coup d’œil à Bowser qui demeurait immobile puis à son manque de réponse, il continua sur sa lancée.

«Je suis peut-être vieux, mais je ne suis pas aveugle. Vous semblez plus heureux, plus épanoui depuis que cette fille est entrée dans nos vies. Vous êtes différent … Vous avez changé. Je croyais d’abord qu’elle représentait un danger pour nous et pour vous, mais je me suis lourdement trompé. Elle nous a apporté quelque chose de plus. Surtout à vous, votre Altesse. Quelque chose qui nous rend meilleurs d’une certaine façon. Au début, je refusai de le voir car notre unique objectif était de s’emparer de la couronne pour régner sur le royaume Champignon ! Pour affirmer notre autorité et préserver notre espèce. Nous en rêvions depuis si longtemps …» Rêvassa Kamek en marquant un temps de pause pour regarder Bowser qui n’avait toujours pas bougé. En temps normal, il lui aurait déjà bondit dessus en profanant toutes sortes de menaces pour avoir osé lui dire tout ça ! Ce qui ne faisait que confirmer ses soupçons. Alors il reprit avec sincérité.

«Mais maintenant, je crois que le plus important est votre bonheur. Les conquêtes peuvent attendre. C’est peut-être le moment pour vous de choisir ce que vous voulez vraiment …» Il laissa volontairement sa phrase en suspens pour voir les réactions du Koopa plus grand. Il était devenu si émotif en l’espace de quelques jours ! Si perdu … Kidnappant machinalement la princesse Peach sans réellement en ressentir le besoin, ni l’envie. C’était stupéfiant ! Jamais le Roi n’avait été aussi désemparé dans sa vie concernant ses émotions, à croire qu’il découvrait le véritable amour pour la première fois. Le Magikoopa sourit doucement tandis que son Maître adoré faisait le vœu du silence.

«Il y a des signes qui ne trompent pas, alors foncez. Allez lui dire ce que vous ressentez pour elle. Dites-lui ce que vous avez sur le cœur ! Déclarez votre flamme ! Laissez-vous emporter par vos sentiments. Suivez votre instinct !» Encouragea-t-il vivement d’un autre sourire lorsque son Roi se retourna enfin pour le regarder d’un air ahuri. Toutefois il hésita encore à bouger, son regard indécis passant de la porte à Kamek et vice versa. Mais ce dernier haussa les épaules, dorénavant convaincu que c’était la bonne décision à prendre.

«Enfin si j’étais vous, c’est ce que je ferai. Mais comme je ne suis pas vous, alors je vais me contenter d’aller m’amuser à cette fête ! Il y a ces délicieuses boissons à base de fraises et de noix de coco … Je vais aller m’en prendre une, tiens !» Déclara-t-il d’un petit reniflement amusé alors qu’il se détournait de Bowser pour effectivement rejoindre l’extérieur. Traînant volontairement les pieds, son sourire s’élargit lorsqu’il entendit des bruits de pas lourds se diriger vers la porte menant à l’intérieur du château.

Bingo !

A cet instant précis de l’autre côté du vaisseau, les deux filles s’enfonçaient dans les couloirs vides en faisant attention de ne surtout croiser personne sur la route. Enfin, Peach faisait attention de ne croiser personne ! Car Solfège avait été embarquée malgré elle dans ses plans. Sur le qui-vive, la princesse était un véritable ninja quand il s’agissait de discrétion, une compétence que saluait Solfège. Ce qui était carrément devenue une formalité après toutes ces tentatives de séquestrations … Elle connaissait le château par cœur ! C’était impressionnant. Elle savait où il fallait aller pour ne pas se faire repérer, où passer pour ne pas se faire remarquer … Une tactique qui portait ses fruits car elles arrivèrent bientôt sur la plateforme arrière sans avoir été aperçues une seule fois.

«C’est quoi ton nom ?» Demanda subitement la princesse Peach en laissant tomber le bas de sa robe après avoir couru jusqu’ici alors qu’elles se dirigeaient toutes les deux en direction du toit.

«Solfège.» Répondit l’autre humaine qui gardait timidement la tête basse. Elle se sentait intimidée par elle, n’ayant encore jamais adressé la parole à une princesse par le passé. Elle était si jolie ! Et tellement charismatique avec son magnifique diadème doré incrusté de pierres dressé sur sa superbe chevelure blonde. Elle sortit vite de son examen minutieux d’un sursaut lorsque la princesse se pencha vers elle d’un sourire ravi.

«C’est un très joli nom. Tu dois être une excellente chanteuse dans ce cas. Mais je crois que les présentations sont inutiles car tu me connais déjà. Tout le monde me connait ici.» Soupira tristement celle-ci, perdant son sourire au moment où elles arrivèrent sur la plateforme arrière du château. Elle attrapa à nouveau la main de Solfège pour l’emmener jusqu’au rebord pour se rendre compte que le château n’était pas si haut que ça … Et aussi suffisamment proche d’une colline. Murmurant un rapide "parfait" sous son souffle, Peach se retourna vers l’autre captive de Bowser avec les mains à ses hanches.

«Ils sont tous occupés à célébrer mon enlèvement. Je ne sais pas pourquoi, mais ils sont persuadés d’avoir gagné … Et que je vais accepter la demande en mariage de Bowser. Tu imagines le truc ?» Se moqua allègrement la princesse d’un sourire ridicule mais au manque de réaction de Solfège, elle reprit son sérieux d’un raclement de gorge.

«Bowser n’aura jamais le dernier mot. Qu’il se fasse une raison ! Je ferai tout en mon pouvoir pour protéger mon royaume de cette tortue maléfique. On va lui montrer que nous ne sommes pas des princesses en détresse !» Encouragea cette dernière tout en levant son poing en l’air dans l’espoir de remotiver l’autre fille ne montrant pas plus d’enthousiasme. Était-elle effrayée par quelque chose ?

«Je ne suis pas une princesse ? Pas plus qu’en détresse.» Rétorqua Solfège suivit d’un petit haussement d’épaules, gardant les bras croisés alors que son interlocutrice exprimait son incompréhension par le regard.

«Quoi ? Mais tu es dans le château de Bowser ! Il n’hésitera pas à te tuer ou à te manger au petit déjeuner ! Peut-être même qu’il te réservera pour le diner comme tu es un petit peu plus grande que moi. Il n’a de respect pour personne, il n’y a pas pire que lui dans tout l’univers !» S’étonna Peach.

«Détrompez-vous, il y a pire.» Répondit sombrement Solfège qui leva les yeux vers la princesse consternée. Son regard ahuri faiblit légèrement à cette réponse tandis qu’elle suivit calmement la jeune femme rousse vers le rebord, entre les canons à Bill Ball à l’arrêt. Le ton qu’elle avait employé lui avait donné un frisson … Néanmoins Peach n’avait pas l’intention de se laisser abattre.

«Je refuse de rester ici une minute de plus. Aux côtés de ce … Type !» Grogna-t-elle soudainement en levant le bras en direction du château menaçant. Ses yeux bleus agacés fixaient Solfège qui se contentait de regarder en bas, ses longs cheveux soufflés par le vent se balançant derrière elle. Pourquoi se montrait-elle aussi passive ?! Elle ne comprenait pas sa réaction, son manque de combativité. Mais quand elle redressa son regard peiné dans le sien, elle insista.

«Je ne lui laisserai pas avoir accès à la couronne. Jamais. Ça signerait la fin de tout ce que nous connaissons. Et je ne laisserai personne détruire tout ça.» Peach désigna le paysage nocturne devant elles, la musique festive faisant écho en arrière-plan. Déterminée, elle se retourna vers Solfège ; «il n’y a rien de bon en lui, tu peux me croire. Il a toujours été cet être impitoyable et détestable !»

«Vous savez on ne nait pas vraiment méchant, on le devient avec le temps. Je crois en la rédemption.» Acquiesça Solfège d’un faible sourire. Les sourcils se fronçant pensivement, elle eut un pincement au cœur à la réplique de la princesse à priori perplexe.

«En la rédemption ?! Mais que t’ont-ils fait subir comme atrocités ? Tu n’as plus les idées claires !» Ricana Peach avec maladresse pour tenter d’alléger l’atmosphère même si elle pensait sérieusement que Solfège était devenue folle à force d’être enfermée entre ces murs maléfiques en compagnie de Bowser. En même temps, personne de sain d’esprit ne penserait ainsi ! Mais à son regard indifférent, elle poursuivit plus sérieusement.

«Les méchants restent des méchants toute leur vie ! Il ne changera jamais !» Peach perdit subitement son sourire pour la dévisager avec stupeur, ses cheveux blonds fouettant ses joues roses. Comment pouvait-elle prendre la défense d’une créature aussi vile ?! Elle n’arrivait pas à la comprendre. C’était absurde !

«Par amour, on peut s’améliorer.» Récita doucement Solfège d’un petit haussement d’épaules alors qu’un sourire songeur étirait ses lèvres. Ce changement, elle l’avait constaté. D’une secousse désespérée de sa tête, la princesse attrapa soudainement ses épaules pour qu’elle la regarde droit dans ses yeux bleus épouvantés.

«Il ne mérite aucune forme de compassion. Il a fait des choses atroces, impardonnables. Il n’a aucun sentiment ! Il ne sait même pas ce qu’est l’amour.» Dévoila-t-elle un peu dans la précipitation après avoir regardé derrière son épaule au vide.

«Pourtant il vous aime … Bien plus que vous ne pouvez l’imaginer.» S’hébéta Solfège d’une pointe douloureuse, son froncement de sourcils s’approfondissant lorsque la princesse se mit à rire à gorge déployée. Toutefois son hilarité fût de très courte durée car elle reprit vite son sérieux pour détruire une fois pour toute ce mythe.

«C’est tout, sauf de l’amour ! C’est de l’obsession ! On n’enferme pas les êtres que nous aimons. On ne les menace pas de détruite tout ce à quoi ils tiennent ! On ne fait pas de chantage sous prétexte qu’on a des sentiments pour quelqu’un. Il ne sait pas ce qu’est le consentement ! Tout ce qui l’intéresse c’est le pouvoir, et rien d’autre !» Contesta-t-elle d’un geste de sa main pour appuyer son désaccord. Mais au visage tombant de Solfège, elle poursuivit avec cette fois-ci beaucoup moins de sympathie.

«J’ai été un ne peu plus claire. Jamais je ne l’épouserai ! Jamais je ne confierai mes Toads à un monstre odieux, cruel et égocentrique tel que lui ! Tout ce qu’il sait faire c’est semer la terreur et prendre ce qui lui plaît par la force. Même si cela signifie tout détruire sur son passage. Il ne recule devant rien.» Rappela-t-elle presque avec désespoir tandis qu’elle se détournait de l’autre humaine pour chercher quelque chose du regard, de plus en plus nerveuse au fil des minutes qui passaient.

Solfège était sidérée par ses propos, prise au dépourvu par les réactions de la princesse qui avait un avis bien arrêté sur Bowser. Evidemment qu’elle réagirait ainsi … C’était logique. Comment pourrait-elle voir derrière la facette du Roi s’il ne lui montrait que ce côté tyrannique ? Passant son temps à l’enfermer pour la forcer à l’épouser, sans jamais se soucier de ce qu’elle pensait ou ressentait. Peach n’était pas intéressée, c’était une évidence. Elle ne l’aimait pas et ne l’aimera jamais. Mais cette haine farouche fit de la peine à Solfège car après avoir appris à connaître le Koopa, après avoir été à ses côtés pour voir à quel point il se donnait du mal, elle ne pouvait être d’accord avec toutes ces accusations.

Ce n’était pas qu’un être cruel, odieux et égocentrique.

Désemparée, elle cligna rapidement des yeux lorsque tout à coup un grappin sorti de nulle part s’accrocha au rebord de la plateforme juste devant les pieds de la princesse.

«Pile à l’heure !» S’enchanta Peach d’un claquement de doigts suivit par un sourire joyeux.

«La princesse s’est échappée ! Vite, retrouvez-là !» Hurlèrent des voix quelque part au fin fond du château, ce qui alerta immédiatement la princesse et Solfège. Zut ! Elle avait été repérée. La musique avait cessé et les gardes étaient désormais à sa recherche.

«Pas de temps à perdre ! Il faut partir. C’est le moment ou jamais.» Peach s’assura que le crochet était bien enfoncé avant de se tourner vers Solfège pour lui tendre la main.

«Vient avec moi !» Appela-t-elle, ses doigts gantés tendus en direction de la jeune femme en robe rouge. Cette dernière hésita longuement alors qu’elle passait son regard incertain de la main à la porte menant à l’intérieur du château. Voyant son hésitation, la princesse fronça les sourcils.

«Il n’y a rien pour nous ici ! Une fois que tu ne lui seras plus d’aucune utilité, il se débarrassera de toi. Parce qu’il n’y a rien de bon en lui. Ce gars-là est complètement dingo !» Peach tapota sa tempe avec son autre main pour imager ses propos, de plus en plus nerveuse parce qu’elles perdaient de précieuses secondes pour s’enfuir. Elle ne restera pas une minute de plus dans ce château sinistre !

«Ta place est parmi nous.» Assura la princesse d’un sourire rassurant.

Solfège fixa les yeux bleus bienveillants de Peach, les cris des gardes s’amplifiant au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient de leur position. Figée, des images flashèrent dans son esprit tandis qu’une vague d’émotions se bousculait en elle. Faire le grand saut, ou rester ici ? Telle était la question. Puis elle se souvint de tout ce qu’elle avait vécu depuis qu’elle vivait dans ce château aux côtés des Koopas, de tous ces moments passés avec Bowser Junior. Tous ces moments passés avec Bowser … Son évolution, ses sentiments, son attachement. Finalement elle n’avait qu’un seul point en commun avec la princesse et c’était son enlèvement, rien d’autre. Toutes les deux étaient différentes à bien des égards. Le cœur tiraillé entre deux options, elle finit par prendre trois pas en arrière d’une petite secousse de sa tête alors qu’elle refusait l’invitation de la princesse.

Elle refusait de prendre sa liberté car cet endroit était devenu sa maison.

«Je ne peux pas.» Chuchota doucement Solfège, ce qui transforma l’expression de la princesse en de la surprise. 

«Solfège !» S’affola Peach avec de grands yeux quand la jeune femme aux cheveux rouges se détourna d’elle. Était-elle folle ?! Elle allait se faire lyncher ! Peut-être même pire. Paniquée, elle écouta les bruits de pas frénétiques qui continuaient de se rapprocher dangereusement du toit. Ce qui l’obligea à prendre une décision.

Tout se passa extrêmement vite, trop vite.

Au moment où les gardes Koopas atteignirent la plateforme, Peach attrapa rapidement la main de Solfège pour la tirer avec elle sur la corde du grapin. Usant d’une écharpe qu’elle avait préalablement cachée sous sa robe, elle se laissa glisser le long de la corde avec elle, les nuages noirs enveloppant le château dans leur sillage.

A suivre …

VP

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