Chante pour moi

Chapitre 16 : Sentiments

5516 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/05/2023 21:36

Nous arrivons à un moment important de l’histoire, peut-être celui qui déterminera la suite des évènements. Un point culminant si j’ose dire.

Encore une fois je vous encourage à me dire ce que vous en pensez de l’histoire, vos commentaires et votre soutien sont toujours très appréciés ! J’y accorde beaucoup d’importance. Merci à tous de me suivre dans ces aventures.

Bonne lecture !

Chapitre 16 - Sentiments

Kamek rapportait d’excellentes nouvelles à son Roi. Impatient de les partager avec ce dernier, certain qu’il sera heureux de les entendre, le Magikoopa accéléra sur son balais bambou dans les couloirs. Il slaloma entre les Koopas et les Goombas sur son passage avant d’entamer la descente vers les sous-sols où il était sûr d’y trouver Bowser. Après tout, il passait la majeure partie de son temps à s’entrainer avec Solfège depuis qu’elle était devenue sa conseillère, oubliant parfois qu’il avait un rôle à jouer. La conquête des mondes ne se fera pas toute seule ! Agacé, Kamek se pencha sur son balai lorsqu’il descendit les escaliers puis qu’il arriva dans le prochain couloir pour brusquement s’arrêter dans les airs quand il entendit un drôle de son. C’était étrange … Il ne se souvenait pas d’avoir entendu quelque chose comme ça auparavant.

Ce son n’était pas désagréable, constata-t-il d’une touche d’incompréhension alors qu’il s’avançait prudemment vers la porte fermée au bout du couloir. Apparemment le son provenait de la salle d’entraînement car à mesure qu’il avançait, le son s’amplifiait. Mais de quoi s’agissait-il ? Perturbé néanmoins curieux, le magicien en robe bleue fit disparaître son balai magique dans les airs avant de pousser discrètement la porte pour l’entrouvrir et regarder à l’intérieur. Ses yeux se plissèrent derrière ses lunettes tandis qu’il chercha du regard l’origine de ce son. Passant la salle au crible, il finit par tomber sur deux personnages à droite de la pièce assis sur des grandes caisses en bois. Face à face, Bowser regardait Solfège qui riait aux éclats … C’était donc un rire qu’il avait entendu dans le couloir. Le son était mélodieux et chaleureux à la fois pendant que le Roi souriait maladroitement en passant une griffe dans ses cheveux flamboyants.

Était-il à l’origine de ce rire ? C’était possible ?

Abasourdi par ce qu’il voyait, les sourcils de Kamek se froncèrent tout en regardant le couple par la petite ouverture de la porte. Solfège riait et Bowser ne semblait même pas en colère, au contraire il avait plutôt l’air ravi … Un petit sourire jouant à son grand museau qui d’habitude profanait des menaces. De quelle magie cela venait-il ? Dorénavant fasciné par le pouvoir de l’humaine, le Magikoopa décida de les observer en toute discrétion pour tenter de comprendre comment elle faisait. Comment elle arrivait à survivre, tout simplement. Maintenant qu’il y pensait, c’était vrai que Bowser n’avait plus montré d’extrême colère depuis quelques jours. Un phénomène vraiment déconcertant quand on le connaissait depuis l’enfance.

«Qu’est-ce que j’ai dit ?» Demanda Bowser d’un petit haussement d’épaules nonchalant, ne pouvant retenir son sourire de s’élargir au visage joyeux de l’humaine face à lui. Il ne se rappelait pas d’avoir dit quelque chose de drôle mais la réaction de Solfège lui fit chaud au cœur, chassant toute irritation dès le premier éclat de rire.

«Pardonnez-moi … Mais vous me faites rire quand vous faites des rimes sur les cheveux de la princesse. Vous avez un don pour la poésie, c’est certain !» Acquiesça cette dernière d’un doigt à ses lèvres pour calmer son hilarité.

«Je suis un poète dans l’âme. J’exprime mes sentiments à travers la poésie !» Rétorqua-t-il d’une main au-dessus de son cœur, l’autre faisant un geste vague dans les airs. Il reprenait la phrase qu’avait sorti Kamek dans l’espoir de faire le même effet.

«Il y a un grand romantique en vous.» Accorda Solfège d’un hochement de tête, mais au sourire malicieux de Bowser, elle se racla la gorge ; «c’est une très grande qualité que la princesse adorera, j’en suis persuadée.»

«Oui, une de mes nombreuses qualités … Il n’y a pas plus séduisant que moi !» Se loua le Roi tout en admirant ses griffes acérées, la pression augmentant dans son cœur lorsque l’humaine hocha encore une fois la tête d’un sourire.

«Vous avez un sacré pouvoir de séduction, en effet. Maintenant il faut mettre ce pouvoir en pratique lorsque vous ferez à nouveau face à la princesse pour lui dire ce que vous ressentez pour elle. Mais ne brûlons pas les étapes ! C’est important d’avancer doucement, de lui laisser le temps d’apprendre à vous connaître. L’amour fleurit avec le temps.» Rappela Solfège d’un doigt levé avant de se pencher en avant pour prendre les mains de Bowser dans les siennes trois fois plus petites. Ce geste surpris le Roi qui ne chercha pas à s’éloigner alors qu’elle reprenait la parole d’un chuchotement.

«Je vais vous dire un secret. Toutes les filles aiment le romantisme … Même la princesse ! J’en suis sûre. Nous avons toutes cette petite faiblesse. Il faut juste trouver la chanson qui fera battre son cœur plus vite. Ce tempo qui la fera craquer pour vous. Montrez-lui de la douceur, donnez-lui de l’attention. Même si ce n’est pas votre tasse de thé, vous verrez que vos efforts seront récompensés !» Assura la jeune femme tout en resserrant ses mains autour des doigts de la tortue à l’écoute de ses conseils.

La soudaine proximité avec Solfège perturba Bowser qui faillit ne pas entendre ce qu’elle avait à lui dire s’il n’avait pas fait un effort de concentration. Ses mains étaient plus chaudes que d’habitude. Le contact avec sa peau douce laissait ces curieux petits picotements sur ses écailles et accélérait le rythme cardiaque de son cœur. Battant furieusement derrière son plastron jaune, le Koopa géant baissa un instant les yeux sur ses mains enroulées autour de ses index, ayant cherché le contact avec lui sans l’ombre d’une hésitation. Puis il se souvint de son regard terrifié lorsqu’il avait voulu la jeter dans la lave quand elle avait refusé de chanter pour lui. Il se souvint de cette peur contenue dans ses yeux verts … Une peur qui n’était dorénavant plus qu’un lointain souvenir.

«Mon charme naturel et ma voix font craquer toutes les filles ! Je n’ai pas besoin d’apprendre à la connaître pour qu’elle tombe folle amoureuse de moi. Il suffit qu’elle se rende compte que je suis le meilleur choix et bim, direct elle sera à mes pieds !» Ricana le Roi d’un haussement séduisant de ses sourcils rouges, en revanche Solfège n’était pas du même avis tandis que son expression se lissait.

Avec un tel excédent de confiance, comment était-elle censée lui expliquer que si, apprendre à connaître l’autre avait un très grand rôle dans la quête de séduction.

«Alors dans ce cas, je demande à voir un exemple. Chantez pour moi !» Encouragea vivement Solfège, ce qui aspira toute la confiance du Koopa.

«Je … Je ne me suis pas échauffé la voix ! Et je ne chante pas sur commande. Inutile d’insister.» Précisa Bowser en levant la main lorsque l’humaine rouvrit la bouche pour argumenter. Croisant ensuite les bras sur son torse d’une petite moue, il tourna la tête sur le côté quand elle semblait déçue par sa réponse.

«Dommage.» Soupira-t-elle.

Après tout, elle aussi avait refusé de chanter pour lui, alors pourquoi accepterait-il ? Quelque peu triste par ce refus, elle passa ses mains sur les plis de sa jolie robe rouge à ce malaise qui venait de s’installer. Elle joua avec le tissu jusqu’à ce qu’elle ne ressente le regard insistant du Roi des Koopas sur elle. Timidement, Solfège redressa la tête pour établir un contact visuel avec ce dernier faisant mine d’être vexé. Elle n’arrivait pas à déchiffrer son regard alors qu’il se penchait à nouveau vers elle quand une idée lui vint soudainement à l’esprit. Déterminé à progresser, il voulait mettre toutes les chances de son côté dès qu’il reverra personnellement la princesse, et dans cet objectif il voulait que tout soit parfait. Adoptant un comportement très sérieux, la tortue épineuse toussota dans son poing puis reprit la main droite de Solfège dans la sienne pour commencer sa déclaration.

«Princesse, ma passion pour vous dépasse la grandeur de l’univers. Tout chez vous est synonyme de perfection. Vos yeux …» S’égara-t-il lorsqu’il croisa à nouveau le regard de Solfège. Comme absorbé par elle, par sa beauté, il perdit tout à coup le fil de ses pensées tandis que sa bouche s’ouvrit béatement. Son front se sillonna à ce sentiment agréable qui martela son cœur, ayant la sensation de flotter sur un petit nuage pendant qu’il plongeait dans ses grands yeux brillants avec espoir. Instinctivement, il récupéra son autre main dans la sienne avant de se pencher pour reprendre sa phrase en suspens dans cette même voix passionnée.

«Vos yeux … Je me perds dans leur innocence à chaque fois que je pose mon regard sur vous. Ils ont le pouvoir d’apaiser les âmes les plus coriaces. Votre regard attise la flamme qui est en moi. Il me fait me sentir plus fort, plus vivant. Lorsque je vous vois, mon cœur bat à tout rompre. Vous êtes mon roc qui me sauvera de la noyade. Celle qui fera de moi un Roi comblé. Votre beauté n’a d’égal que votre charme et votre amour … Sera ma bénédiction.» Finit-il d’une pointe de mélancolie qui laissa Solfège sans voix.

Cette sincérité dans chacun de ses mots … Cette conviction dans ses yeux la touchait en plein cœur. C’était exactement ce qu’il était, quelqu’un de touchant qui avait de l’amour à revendre. Elle avait l’impression qu’il s’adressait directement à elle alors qu’il soutenait son regard dans le sien, osant espérer un bref instant que ces mots lui étaient effectivement destinée. Sidérée mais conquise, la jeune femme passa ses pouces sur les doigts de Bowser d’un petit sourire émotif tandis que ses joues chauffaient à cette façon qu’il avait de la regarder. Son regard était aussi tendre que son sourire était sincère. Elle n’avait encore jamais vu cette expression chez lui, mais elle l’appréciait. Enormément. Après quelques instants dans le silence, son propre sourire finit par s’agrandir pour imiter celui du grand Koopa d’apparence féroce mais intérieurement adorable.

«Quoi ?» S’irrita-t-il quand il constata que l’expression de l’humaine avait changé. D’un sourcil arqué, il s’attendit à un reproche mais certainement pas à cette réponse.

«Vous avez un merveilleux sourire …» Avoua-t-elle doucement. Elle laissa s’échapper un petit reniflement amusé au moment où le visage de Bowser se transforma en surprise. Il avait aussi un don pour faire des expressions très comiques ! Toutefois le Roi ne dit rien à ce compliment qui était le plus beau compliment qu’on lui ait fait de toute sa vie selon lui. Sur le point de reprendre la parole, il ne put malheureusement partager ce qu’il avait en tête …

Car Kamek décida d’intervenir pile à ce moment-là.

«Votre Méchanceté ! J’apporte des nouvelles qui devraient vous ravir.» S’exclama ce dernier tout en brandissant fièrement sa baguette en l’air. Alors qu’il marchait vers les deux vraiment trop proches à son goût, il jeta un regard noir à Solfège avant de revenir à son Roi adoré, satisfait quand ils se séparèrent enfin.

«De quoi s’agit-il ?» Soupira Bowser tout en se frottant les yeux de lassitude. Curieusement, cette interruption le contrariait.

«Notre informateur sur le terrain m’a rapporté que la princesse Peach prévoit de se déplacer vers le royaume de Végésia pour rencontrer la Reine dans deux jours. Peut-être que c’est la bonne occasion pour vous de l’aborder et de lui faire part de vos sentiments ? C’est une excellente nouvelle, non ?» Insista Kamek d’un rapide hochement de tête, son sourire à pleine dents motivant son Roi à exprimer de la joie.

«Formidable ! Nous allons pouvoir commencer les préparatifs pour mon futur mariage. Mais avant cela, il faut que j’arrive à parler à Peach en tête à tête. Sans ces trouble-fêtes.» Grogna-t-il en repensant à son rival rouge et bleu qui était constamment aux côtés de la princesse.

Solfège devrait se sentir heureuse car elle n’avait jamais été aussi proche de la liberté, sauf que ce n’était pas le cas. Etonnamment, elle ressentait plutôt du désespoir … Une profonde mélancolie tandis qu’elle observait silencieusement le visage ravi de Bowser qui venait de se lever pour commencer à discuter des préparatifs avec Kamek. Son sourire disparaissant de son visage, la jeune femme sentit un énorme poids se former dans son ventre. Son cœur lui faisait mal. Elle était contente que le Roi suivait ses indications au lieu de directement lui imposer le mariage, et même si ce n’était pas encore la meilleure approche c’était déjà une amélioration. Cependant elle ne pouvait s’y résoudre à ressentir une forme de déception. Qui se traduisait plus par des maux d’estomac quand elle pensait à Peach et à sa future réaction devant le nouveau Bowser.

Pourquoi ressentait-elle ce genre de choses ?

Elle laissa les deux Koopas à leurs occupations pour passer un peu de temps avec Junior histoire de se changer les idées. Ces deux derniers jours, elle n’avait pas souvent eu l’occasion de jouer avec lui et sa joie de vivre contagieuse commençait à lui manquer. Comme espéré, elle trouva le jeune prince dans sa chambre au milieu de ses jouets. Sa réaction quand il l’a vit lui fit vraiment chaud au cœur puis chassa toutes ses sombres pensées en un instant. Car dès l’instant où il posa ses yeux sur elle, il sauta à ses pieds pour lui prendre la main afin de l’entraîner avec lui vers son château en cours de construction. Il lui expliqua brièvement ce qu’il avait l’intention de faire alors qu’il s’asseyait sur son tapis central pour montrer à Solfège son armée. Des Goombas, Maskass et des Koopas ailés en bois entouraient un château qui ressemblait fortement à celui de la princesse Peach.

Prenant part au jeu sans poser de question, la jeune femme retrouva son sourire à l’enthousiasme de Bowser Jr qui s’amusait à imiter les voix graves des figurines. Brandissant l’une dans sa main droite, il utilisa son autre main pour détruire l’une des tours latérales tandis que Solfège avait pour rôle de jouer la princesse en détresse. Elle avait pourtant essayé de se défendre, mais Junior lui avait expressément interdit de faire la rebelle. Pourquoi ? Elle l’ignorait, mais ce n’était qu’un jeu et elle appréciait passer du temps avec lui. Du moment qu’ils s’amusaient ensemble, plus rien n’avait d’importance. Bientôt couchée sur le ventre pour plus d’immersion, Solfège posa son visage entre ses mains pour regarder Junior faire son discours à son armée. Il avait déjà l’étoffe d’un vrai chef ! Il savait employer les bons mots pour motiver les troupes.

«Mon armée, nous n’avons jamais essuyé d’échec et ce n’est pas aujourd’hui non plus qu’on va échouer ! Nous avons une mission à accomplir. Je veux que vous récupériez tous les bonbons du royaume Champignon et que vous me les rapportiez !» Ordonna Junior en prenant la pose d’un vrai leader sur sa petite pile de cubes.

«Mais mon Seigneur, si les Toads ont déjà tout mangé ? Que faisons-nous ?» Répondit Solfège d’une petite voix traficotée alors qu’elle bougeait son Koopa de gauche à droite.

«Dans ce cas-là, pas de quartier !» Rugit Bowser Junior.

Sur le point de faire avancer les personnages pour assaillir le château, ils furent soudainement dérangés par l’apparition inattendue de Kamek dans la chambre. Sursautant à ce fameux pop, les deux sur le tapis tournèrent leur tête vers le Magikoopa qui n’avait même pas prit la peine de frapper avant d’entrer. Ce qui agaça vite le jeune Koopa. Les poings à ses hanches, il fit connaître son mécontentement par des regards qu’il espérait menaçants mais qui ne faisaient malheureusement pas l’effet escompté. Il était beaucoup trop mignon pour lancer des regards noirs ! Ouvrant la bouche pour ordonner au magicien à lunettes de sortir de sa chambre, ce dernier lui coupa rapidement la parole.

«Sa Méchanceté veut vous voir. Immédiatement.» Déclara-t-il lassement tout en fronçant les sourcils à Solfège qui le regardait avec perplexité. Ce qui entraina une vive réaction chez le jeune prince.

«Oh non ! Non non non non ! C’était à mon tour de passer du temps avec Solfège ! Papa n’a pas le droit ! C’est de la triche !» Protesta-t-il en frappant plusieurs fois son pied sur le sol pour exprimer sa frustration.

«Voyons votre Altesse, il s’agit des ordres du Roi … Nous ne pouvons pas les discuter.» Tenta d’expliquer Kamek, mais le petit Koopa était hystérique de devoir interrompre son jeu à seulement une heure du coucher.

«M’en fiche !» Hurla-t-il après avoir violemment balancé sa figurine en direction du Magikoopa qui disparut instantanément dans un nuage pour que le jouet touche la porte derrière lui. Il ne reparut pas par la suite, ce qui poussa Solfège à agir avant que Junior ne s’attire des ennuis.

«Je vais tâcher de faire vite. En attendant, attrape le plus de bonbons possible pour moi, tu veux bien ?» Sollicita-t-elle dans sa voix douce après avoir caressé la joue de Bowser Jr faisant la moue sur le tapis, masquant son inquiétude derrière ses sourires.

«D’accord.» Grommela la petite tortue, les bras croisés et le menton contre son plastron.

Solfège se dépêcha de rejoindre le couloir en direction de l’aile Ouest, n’étant pas certaine de la direction à prendre. Kamek avait-il fait exprès de ne pas lui communiquer le lieu de rencontre ? Elle se le demandait alors qu’elle se dirigeait à l’instinct dans les couloirs silencieux du château. Il n’était pas loin des vingt et une heure, donc elle en venait à la conclusion qu’il devait soit être dans la bibliothèque, soit dans sa chambre. Priant pour ne pas se tromper, la jeune femme pressa le pas pour finalement entendre la voix familière de Kamek quelque part dans l’une des pièces à sa droite suivit de la voix grave de Bowser.

«Bowser le tout puissant !» S’écria tout à coup la grande tortue à épines.

«Bowser l’indétrônable !» Rajouta le Magikoopa.

«Bowser le conquérant !» Bowser se trouva encore un autre nom, la fierté suintant dans son ton enjôlé. Amusée, Solfège décida de prendre part au jeu pile au moment où elle entra dans la pièce.

«Bowser le séducteur ?» Ajouta-t-elle d’un haussement d’épaules lorsque les deux Koopas se tournèrent vers elle, surpris par sa proposition. Ce qui semblait ravir Kamek car il la suivit dans son idée.

«Bowser le magnifique !»

«Bowser le romantique !»

«Bowser le prince charmant ?»

«Le sentimental !»

Entre les deux, la tête de Bowser se décomposa.

«Je crois qu’on a compris !» S’exaspéra-t-il d’un soupir tandis qu’il fusillait du regard ses deux conseillers qui semblaient avoir trouvé un terrain d’entente … A son plus grand malheur.

«Pardon.» S’excusa Solfège dans un murmure, grimaçante à l’expression ennuyée du Roi. Elle remarqua avec étonnement qu’il était vêtu d’une tenue élégante, un costume de mariage blanc et violet avec le joli haut de forme blanc perché sur sa chevelure rouge bien coiffée. Face à son grand miroir, il était en train de s’admirer avant qu’elle ne pénètre dans les lieux.

Elle prit quelques secondes pour regarder la pièce plus en détails, n’ayant encore jamais mis les pieds ici. C’était effectivement une grande chambre, bien plus grande que les autres dans ce château mais également beaucoup plus luxuriante. De l’or était incrusté dans le bois magnifiquement sculpté, une immense fenêtre faisait face au gigantesque lit à baldaquin avec des rideaux rouge et or. La pièce était magnifique, à couper le souffle ! Une grande armoire se trouvait à côté du miroir à pied alors que des chandeliers en fer noir portant de nombreuses bougies apportaient une source de lumière. La pierre sombre faisait davantage ressortir le mélange de couleurs utilisés et Solfège était subjuguée par la beauté des anciens meubles. Les mains posées à plat sur sa robe de servante, elle attendit les prochains ordres de Bowser.

«Que puis-je faire pour vous ?» Finit-elle par demander quand elle vit l’incertitude dans les yeux du Roi. Il hésita puis finalement il redressa son haut de forme d’un sourire nerveux.

«J’aimerais savoir … Est-ce que mon costume me boudine ?» Les coins du museau de Bowser s’étirèrent plus largement dans cette grimace embarrassée dans l’attente de la réaction de l’humaine. Proche de la commode, Kamek croisa les bras d’exaspération.

«Mais Sir, je vous ai déjà dit qu’il vous allait à merveille ! Ce n’était pas nécessaire de la faire venir pour ça. Vous êtes parfait ! Comme toujours.» Affirma-t-il, vexé qu’il demande encore l’avis de Solfège pour quelque chose qu’il savait déjà. Mais son Roi n’avait d’yeux que pour l’humaine alors qu’il attendait impatiemment sa réponse en jouant avec deux de ses griffes.

Solfège plissa les yeux puis pencha la tête sur le côté pendant qu’elle examinait l’apparence de la grande tortue tourmentée par les doutes. Il avait besoin de ses conseils, donc elle allait les lui donner sans discuter. Même si ça avait le don d’énerver le Magikoopa. Plaçant son index sous son menton dans la réflexion, la jeune femme s’approcha de Bowser pour l’étudier sous toutes les coutures. Son costume était beau, il lui allait bien ! Il avait même assorti ses anneaux à sa tenue. Elle n’avait pas l’habitude de le voir vêtu mais elle se demandait comment il l’avait enfilé avec sa carapace … C’était magique. En revanche, ce costume ne semblait pas très agréable à porter car il paraissait coincé dans ses chaussures. S’arrêtant à nouveau en face de lui pour rencontrer son regard soucieux, elle finit par lui faire un sourire resplendissant avant de lui hocher la tête de satisfaction.

«Vous êtes très élégant. Ce costume est fait pour vous.» Rassura Solfège qui leva les mains pour inconsciemment redresser le joli nœud violet à son cou.

Bowser se raidit à cette soudaine proximité. Baissant les yeux vers elle, il pouvait carrément sentir son parfum enivrant alors qu’elle remettait son nœud correctement. Elle était si proche qu’il pouvait sentir son souffle chatouiller son menton. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, ni pourquoi il avait tout à coup envie de se pencher pour humer son parfum, mais c’était comme s’il n’était plus maître de lui-même. Plus maître de ses émotions. Ses yeux traînant sur ses cheveux rouges ondulés, il se retint de lever la main pour les effleurer. C’était presque ensorcelant comme situation tandis qu’il se contenta de la regarder sans un mot, ne voulant pas rompre cet instant avec des paroles qui pourraient mettre un terme à cette proximité. Non, il ne savait pas ce qui était en train de lui arriver … Les papillons étaient de retour dans son estomac en même temps que cette vive émotion.

«Voilà, parfait …» Murmura Solfège une fois satisfaite de la position du nœud. D’un sourire évasif, elle laissa ensuite tomber ses mains sur la chemise rayée violette pour pensivement caresser le tissu. C’était soyeux … Ses mains chauffaient à ce contact. Derrière ses doigts tambourinait férocement le cœur de la tortue demeurant parfaitement immobile, un rythme effréné qui lui fit lever les yeux vers lui pour voir qu’il la fixait. Puis ses yeux verts rencontrèrent les siens, et une chaleur se propagea dans ses joues.

«Hum hum ! Je crois que nous n’avons plus besoin de vous maintenant. Son Altesse a eu sa réponse ! Allez, du balai.» S’exprima Kamek derrière Solfège, spectateur de cet échange depuis bientôt deux longues minutes. D’un rictus, il positionna ses mains à ses hanches tandis que l’humaine s’éloignait enfin de Bowser pour lui laisser de l’espace.

«Le costume est parfait, surtout ne changez rien. Vous êtes très beau comme ça, vous êtes prêt pour votre futur mariage.» Indiqua Solfège embarrassée tout en remettant des mèches de cheveux derrière ses oreilles, le regard se dirigeant au sol. Prenant quelques pas en arrière jusqu’à la porte, elle finit par sortir en trombe.

Bowser continua de faire son petit sourire suffisant après avoir attrapé les bords de sa veste pendant qu’il regardait distraitement la fuite de l’humaine. Un comportement qui ne semblait pas du tout plaire à Kamek. D’un regard critique à l’expression rêveuse de son Roi, il décala un instant ses yeux sur une étrange boîte qui se trouvait sur le guéridon à côté du lit, soigneusement emballée dans un nœud rouge. Se pourrait-il … Sa bouche s’ouvrit presque de stupéfaction alors que ses sourcils se froncèrent derrière ses épaisses lunettes. Non, impossible ! Jetant un regard suspicieux en direction du Koopa géant qui continuait de fixer bêtement le couloir, le Magikoopa se déplaça pour se tenir devant lui afin qu’il sorte de sa rêverie passagère. Mais à son regard perplexe, Kamek explosa.

«Vous vous êtes procuré une boîte de chocolats ? Et ceux en forme d’étoiles en plus !» Signala-t-il d’un geste de sa main en direction de la fameuse boîte posée innocemment sur le meuble.

«C’est un cadeau pour Peach !» Se défendit aussitôt le Roi d’une touche d’hésitation qui irrita encore plus Kamek.

«Elle n’aime peut-être pas les étoiles, y avez-vous pensé ? Des cœurs auraient été un choix plus judicieux si c’était pour la princesse.» Le Magikoopa croisa les bras puis lança un regard sceptique lorsque le Roi chercha d’autres excuses.

«Evidemment que c’est pour la princesse ! Qui d’autre ? Et si elle ne les aime pas, dans ce cas-là je les mangerai !» Répliqua ce dernier avec férocité, les poings serrés à la colère qui commençait à grandir. Il n’aimait pas le ton accusateur dans la voix de son conseiller, ni cette façon qu’il avait de le regarder … Comme s’il ne le croyait pas.

«Pourquoi l’avez-vous fait venir ? Ce n’était pourtant pas nécessaire étant donné que ce costume avait été fait sur mesure, souvenez-vous. C’était il y a deux ans et quatre mois. Jour pour jour. Il vous va comme un gant votre costume.» Déclara ensuite Kamek tout en plissant suspicieusement les yeux, à la recherche d’une réaction bien précise. Posant les mains à ses hanches, il analysa attentivement l’expression de Bowser qui devenait agité.

«Serais-tu en train d’insinuer que je le fais exprès pour passer plus de temps avec elle ?! C’est ridicule ! Pourquoi ferai-je une chose pareille …» Frustré, il imita la posture du magicien mais ne s’attendit pas à son prochain cri consterné qui eut l’effet d’une tornade sur lui.

«Oh non … Je le savais ! Vous êtes tombé amoureux de la servante !» Accusa Kamek tout en positionnant ses mains sur sa capuche d’effroi. Non, ce n’était pas bon du tout. Son Roi était en train de commettre une terrible erreur.

«Je ne suis pas amoureux d’elle ! Peach est et sera toujours mon seul et unique amour ! La couronne et sa main sont tout ce qui m’importe !» Hurla Bowser, cependant il manquait de la conviction dans ses mots et cette réalisation lui fit peur. Au point de perdre son expression menaçante. Clignant des yeux à cette soudaine incompréhension, il serra violemment les poings quand la colère revint, le faisant trembler de rage.

«Ne perdez pas l’objectif de vue ! Vous devez vous concentrer sur la princesse et son royaume. Eux seuls comptent !» Paniqua le magicien ne croyant pas du tout son monarque. Inquiet à l’idée de perdre tout ce pour quoi ils se battaient, il poursuivit dans ce même ton affolé ; «nous ne pouvons pas tout abandonner si proche du but ! Majesté, c’est votre plus grand rêve ! Vous êtes sur le point de le réaliser, alors ne laissez pas cette humaine tout ruiner à la dernière minute … Nous ne pouvons pas nous permettre de distractions de ce genre !»

«Pour la dernière fois, je ne suis pas amoureux d’elle !» Rugit Bowser après avoir fracassé son poing dans le miroir qui se brisa en mille morceaux à ses pieds, son chapeau basculant de sa tête. Le bruit strident était assourdissant. Le silence s’installa vite dans la pièce alors que Kamek regardait le Koopa faisant face à son reflet dans les derniers morceaux de verre accrochés au miroir. Son expression était affligée, douloureuse, du sang coulant le long de ses doigts sur le sol parmi les autres éclats de verre. Cette triste image de son Roi chassa l’agacement de Kamek qui prit quelques pas prudents vers lui, inquiet pour sa blessure.

«Sir-» Débuta-t-il sauf que Bowser se tourna brusquement dans sa direction d’un regard enragé.

«Hors de ma vue !» Ordonna-t-il sèchement en pointant son doigt en direction de la porte ouverte. Son visage se contractait de colère tandis que le Magikoopa s’exécutait pour disparaitre dans son nuage rose de magie. Juste à temps avant de se prendre une râclée monumentale.

Les épaules montantes et descendantes à cette intense rage qu’il éprouvait, le Roi des Koopas fixa méchamment le couloir de plusieurs grognements. Une partie de ses cheveux rouges qu’il avait préalablement coiffés tombait sur le côté gauche de son visage. Il ne savait pas d’où venait cette colère, il ne comprenait pas les sentiments qui se bousculaient en lui … Ni pourquoi cette accusation lui faisait autant d’effet. Mais alors qu’il serrait les poings sans prêter attention à sa blessure, il libéra un terrible rugissement qui fit écho dans l’ensemble du château.

A suivre …

Evidemment, la réalisation est assez brutale. La réaction est donc prévisible. Mais c’est peut-être aussi un signe que Kamek ne se trompe pas ? Qu’en pensez-vous ? Nous aurons certainement plus d’informations dans la suite !

VP

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