Chante pour moi

Chapitre 15 : Petite démonstration

4957 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/05/2023 20:01

Je vous souhaite à tous une agréable lecture !

Chapitre 15 – Petite démonstration

L’entrainement se poursuivait et Solfège remarquait une nette amélioration chez le Roi des Koopas. Malgré qu’il lui arrivait encore de faire de violentes crises de colère, elles se faisaient de plus en plus rares avec le temps. Il fournissait maintenant des efforts pour garder son calme et donner une meilleure image de lui-même, voulant à tout prix progresser dans sa quête de séduction. Les conseils de l’humaine étaient bons, Bowser devait bien l’admettre. Elle cherchait toujours une solution à chaque problème rencontré. Chaque fois qu’il avait des craintes ou des moments de doutes, elle était là pour l’aider à les surmonter afin qu’il reprenne rapidement confiance en lui. A l’inverse de Kamek qui lui se contentait simplement de le féliciter pour tout et n’importe quoi sans vraiment réfléchir si c’était la bonne manière de procéder.

Mais Bowser ressentait aussi cette progression d’une autre manière car les sourires de Solfège se montraient beaucoup plus souvent désormais. Ils apparaissaient plus facilement, notamment quand il faisait quelque chose de bien. La jeune femme n’avait jamais manqué un seul rendez-vous. Elle répondait toujours présente lorsqu’il lui demandait son aide et pas une seule fois en plusieurs séances d’entrainements elle ne s’était moquée de lui ou sur sa façon d’agir. Pas une ! Toujours avec une extrême bienveillance, elle lui apprenait comment aborder les autres humains sans leur faire peur dès le premier contact. Entre autres ne pas crier, ne pas menacer, ne pas déployer ses soldats à la moindre provocation, ne rien casser, ne pas séquestrer, ne pas faire de chantage, éviter de tout brûler après une réponse négative …

Il n’avait pas le droit de faire beaucoup de choses, remarqua-t-il d’une pointe d’irritation alors que Solfège continuait sa liste d’interdits de plus en plus longue.

La pression augmentait au fur et à mesure que la date du mariage approchait. Elle n’était pas encore fixée heureusement, mais le Roi avait pour objectif d’aller voir Peach à son château dès qu’une bonne occasion se présentera. Plus précisément quand Mario ne sera pas dans les parages pour lui mettre des bâtons dans les roues. Kamek lui avait conseillé d’attendre que les deux frères retournent dans leur monde pour tenter une approche pacifique, sans château volant ni armée afin de mettre toutes ses chances de son côté. Ce que Solfège avait grandement approuvé, heureuse que le Magikoopa avait mis sa jalousie de côté pour soutenir ses conseils. Car à la base, c’était son idée qu’il y aille seul. Moins il jouait sur l’intimidation, plus il avait de chance d’atteindre Peach par les sentiments, ce qui était le but recherché.

Alors que le temps passait, le Roi commençait à ressentir d’étranges choses qu’il n’arrivait pas vraiment à distinguer parmi sa colère et sa frustration. Parfois, il était un vrai fouillis émotionnel ! Cependant cette pression dans sa poitrine se manifestait à chaque fois qu’il posait les yeux sur l’humaine aux cheveux rougeoyants. A chaque fois qu’il croisait ses yeux verts, à chaque fois qu’elle lui souriait … Il ne savait pas d’où ça venait, mais il ne voulait pas que ça s’arrête, alors il faisait tout pour que Solfège continue de lui esquisser ces fameux sourires chaleureux. Cette sensation ressemblait à des papillons dans l’estomac, pourtant il n’avait jamais mangé de papillons de sa vie … Bon, peut-être lorsqu’il était enfant et qu’il mangeait tout et n’importe quoi, mais étant adulte il n’avait pas de souvenirs d’avoir consommé le moindre insecte. Or ces drôles d’émotions avaient aussi la fâcheuse tendance à l’agacer car elles le déconcentraient la plupart du temps.

«Votre apparence peut faire peur, mais on ne juge jamais un livre à sa couverture.» Expliqua Solfège tout en levant les yeux vers la tortue géante lorsqu’elle remarqua qu’il la regardait fixement. Interpellée par son regard inquisiteur, elle cligna des yeux de perplexité.

«Quelque chose ne va pas ?» Lui demanda-t-elle soudainement d’une touche d’inquiétude dans sa voix. A cette question, Bowser secoua la tête puis se racla la gorge d’un sourire penaud.

«Ahem. Peach m’a déjà jugé sur ma couverture … Elle me voit juste comme un monstre impitoyable et sans cœur !» Se plaignit ce dernier avant de soupirer de frustration. Malheureusement, il était tellement perdu dans ses pensées qu’il n’avait entendu que la dernière partie de l’explication de Solfège. Le truc des livres qui n’avait aucun sens pour lui. Mais par chance, il avait réussi à masquer cette confusion avant qu’elle ne le remarque !

«Eh bien, elle a jugé ce que vous avez décidé de lui montrer. Un tyran assoiffé de pouvoir qui ne fonctionne que par le chantage … Un être diabolique détruisant tout sur son passage qui prend tout ce qui lui plaît sans jamais considérer l’avis des autres.» Résuma brièvement Solfège d’un haussement d’épaules quand Bowser la fusilla du regard avec les poings à ses hanches.

«Je ne suis pas que ce type-là ! J’ai aussi des sentiments. Il y a un cœur très tendre derrière cette carapace de dur à cuire ! C’est rien que des mensonges.» Grogna-t-il, les sourcils froncés à cette douleur sourde dans sa poitrine après avoir entendu tous ces reproches de la bouche de la jeune femme. Il ne savait même pas pourquoi il avait ressenti le besoin de se justifier auprès d’elle car son image de brute lui convenait toujours.

«En êtes-vous sur ?» Solfège arqua un sourcil en retour. Mais aux doutes qui s’affichaient dans le regard de Bowser, elle se retourna vers les deux personnages assis sur des chaises à gauche de la grande salle. Faisant signe à la plus petite figure de venir, elle offrit un petit sourire au Roi incrédule suivit par un claquement de doigts ; «démonstration !»

Bowser Jr s’empressa de rejoindre le centre de la pièce, sautillant joyeusement tant il était impatient d’incarner le rôle que Solfège lui avait attribué en ce début de matinée. Il était tellement surexcité de participer qu’il pourrait carrément sauter au plafond ! Mais il n’avait pas le droit de courir partout. Car la salle d’entraînement restait relativement dangereuse bien que les armes aient été retirées puis Solfège avait mis du temps à convaincre son papa de le laisser venir. Alors, pour ne pas les décevoir, Junior attendit sagement sur sa chaise jusqu’à son moment de gloire. C’était le moment où jamais ! Atteignant le centre où se dressait une toute nouvelle réplique de château de Peach, il attendit nerveusement que Kamek se place dans la tour pour jouer la princesse.

«C’est bon ? Je peux y aller ?» S’impatienta le jeune Koopa, son pied tapotant rythmiquement le sol en attendant de recevoir le feu vert. Jetant un coup d’œil à son père qui le regardait avec confusion, il revint à Solfège quand cette dernière lui leva son pouce en l’air. Immédiatement, il se lança dans son rôle de Bowser adulte.

«GRAWWW ! Je suis le Roi du monde ! Je vais tout casser ! Personne ne m’arrêtera ! Pew pew pew ! ROARRRR ! Pew pew ! BOUM !» Cria Bowser Junior tout en levant ses index pour imiter des pistolets alors qu’il tirait des rayons lasers invisibles sur des représentations de Toads. Enfonçant ses pieds dans le sol à chaque pas qu’il prenait vers le château, il imita grossièrement son papa, prenant un malin plaisir à faire comme lui. Il se sentait fort ! Imbattable parmi ces petits bonhommes champignons impuissants et terriblement agaçants.

De la manière la plus ridicule, il marcha sur les Toads qui se trouvaient sur son passage en prenant bien soin de les piétiner avant de frapper ses bras dans les maisons et les champignons voisins. C’était tellement amusant ! Il pourrait faire ça toute la journée. Laissant s’échapper de petits ricanements par-ci par-là, Junior s’approcha du château blanc et rose pour arracher la porte principale puis imiter l’un des rugissements les plus effrayants de Bowser. Tout en haut de la tour, Kamek plaçait son bras sur son front tout en se lamentant d’une voix exagérément aigüe qu’il était terrifié à l’idée de se faire enlever. Encore une fois. Le Magikoopa à fond dans son rôle hurla si fort que Bowser et Solfège durent placer leurs mains sur leurs oreilles, grimaçant à cette haute fréquence désagréable.

«Oh non ! Je vais encore me faire enlever par le puissant Bowser !» Pleurnicha Kamek quand Junior l’atteignit pour lui prendre brusquement le bras et l’emmener de force avec lui.

«Moi j’aime les jolies princesses ! Je veux faire une collection !» Gronda Bowser Jr d’une voix qu’il espérait menaçante tandis qu’il embarquait le magicien en robe rose. Perdant presque sa perruque blonde dans le processus, Kamek trébucha sur sa robe pour atterrir sur le plus petit Koopa. D’un cri de surprise, les deux se retrouvèrent au sol mais avant que Junior ne se mette à hurler de colère, Solfège se dépêcha d’applaudir pour les féliciter pour cette belle prestation.

«Bravo ! C’était très réussi, très convainquant !» Rit-elle de bon cœur, au grand désarroi de Bowser qui était littéralement resté sans voix.

C’était … Du grand n’importe quoi ! Un désastre ! A quel moment il défonçait les portes s’il pouvait passer par les airs ? C’était beaucoup plus pratique pour atteindre la princesse, surtout si elle se trouvait dans l’une de ses tours. Ils manquaient cruellement de tactique. Croisant les bras sur son torse à cette imitation grotesque, le visage du Roi Koopa se transforma en un petit rictus d’irritation quand l’humaine à sa gauche poursuivit ses applaudissements. Était-il vraiment perçu ainsi ? Comme … Une bête ridicule qui cassait tout sur son passage ? Cela lui fendait en deux son cœur de pierre même s'il aimait propager la terreur. Le regard tombant tristement au sol, la grande tortue épineuse souffla par ses narines alors que son fils et Kamek faisaient une révérence à un public inexistant, contents de leur performance. Contrarié, il protesta.

«Je ne suis pas aussi ridicule ! C’était une très mauvaise imitation !» Bowser leva les yeux au plafond au moment où Junior fit une tape complice dans la main de Kamek.

«C’est l’image que vous renvoyez. Mais il n’est pas trop tard pour la changer, pour devenir une meilleure version de vous-même. Vous en êtes tout à fait capable !» Rassura Solfège d’un sourire conciliant alors qu’elle penchait la tête pour tenter de capter son regard fuyant. Il tentait vainement de cacher son embarras derrière cette expression indignée, mal à l’aise après avoir vu cette pièce de théâtre médiocre. Il était si vulnérable émotionnellement … Toutefois elle voulait qu’il se voie à travers son fils pour espérer peut-être un déclic, quelque chose qui le motive à adopter un autre comportement.

«J’ai le droit de connaître le bonheur !» S’agaça soudainement le Koopa géant pour défendre ses actes.

«S’en emparer de force n’est pas non plus la solution ...» Raisonna Solfège d’un petit haussement d’épaules tandis qu’elle observait avec attention son visage expressif.

Bowser baissa enfin les yeux sur l’humaine devant lui. Elle le regardait avec espoir, ses grands yeux cherchant désespérément les siens avec ce même doux sourire qui lui faisait tellement d’effet depuis peu. Le faisait-elle exprès ? Il s’attarda ensuite sur le joyau émeraude taillé en marquise au centre de sa poitrine, remarquant à quel point ce dernier faisait ressortir la magnifique couleur de ses yeux. Cette robe lui allait à merveille, son fils avait raison. Elle la mettait en valeur. Ses cheveux ondulés rebondissaient sur ses bras à chaque fois qu’elle faisait un mouvement, lui donnant l’envie de courir ses doigts dans la texture soyeuse. Elle était très classe dans ce tissu rouge foncé avec une ceinture noire à la taille et une boucle à son effigie, sentant une petite montée de fierté car c’était la première fois qu’elle la mettait.

C’était comme si elle lui appartenait en quelque sorte, en dehors du fait qu’elle était sa prisonnière et conseillère par obligation. A cette pensée, un lent sourire se dessina à son visage tandis que Solfège reprenait la parole, pas le moins du monde perturbée par son examen minutieux.

«Les méchants écoutent du metal, cassent des trucs, mangent des enfants pour le goûter, brisent des familles ! Vous n’êtes pas cette caricature. Alors montrez à cette princesse que vous êtes différent. Que vous avez cette volonté de changer rien que pour lui plaire ! Que vous êtes prêt à tout pour obtenir son amour et son acceptation, même faire des concessions qui ne sont pas forcément à votre goût. Mais par amour, vous le ferez. C’est ça le plus important.» Révéla-t-elle pensivement, son regard s’égarant un instant sur la pierre sombre avant de revenir au Roi. Ce dernier se gratta la tête puis il leva un doigt à cette description du méchant qui était complètement erronée de son point de vue.

«Il peut y avoir quelques exceptions ?» Interrogea-t-il d’un sourire forcé. Il écoutait du metal, lui ! Et en plus il adorait ça ! Depuis quand c’était un truc de méchant ? Mais à l’expression mécontente de la petite humaine, il leva rapidement les mains.

«D’accord, d’accord ! Faire des concessions par amour … Et arrêter de manger des enfants pour le goûter. J’ai compris l’idée.» Bowser tenta de calmer le jeu en faisant une petite blagounette qui à sa grande surprise fonctionna car l’instant d’après, Solfège retrouva un sourire amusé. Ce qui titilla quelque chose en lui et tira automatiquement les coins de son museau vers le haut avant qu’elle ne reprenne avec plus de légèreté.

«Je pense que c’est préférable.» Accorda la jeune femme d’un petit rire.

«Mais papa, tu n’as jamais mangé d’enfant au goûter ... Arrête de lui raconter des bobards ! Elle est pas stupide non plus.» Bowser Junior haussa un sourcil à son père puis plaça ses mains à ses hanches pour le toiser avec sévérité.

Solfège masqua son sourire grandissant derrière sa main à l’innocence du jeune prince. Il n’avait pas compris qu’il s’agissait d’humour, sans doute parce qu’il n’était pas habitué à ce que son père en fasse … Ou tout simplement parce qu’il était trop crédule. Voyant le visage de Bowser tomber de défaite à cette réplique, elle voulut le réconforter cependant un garde entra dans la salle d’entrainement au même moment pour faire une annonce qui semblait importante. Accompagné de deux autres Koopas à la coquille rouge, la tortue ailée se dirigea rapidement vers le centre où se trouvaient le Roi, son fils, le Magikoopa et l’humaine captive. Ce dernier dévisagea un instant Kamek déguisé en princesse avant de se tenir droit devant Bowser qui attendait une explication pour son dérangement. La main droite en poing sur son torse par respect pour son monarque, le Koopa casqué se racla la gorge.

«Votre Altesse, j’ai des nouvelles concernant la princesse Peach. Il semblerait qu’elle ait repris l’entraînement avec l’humain du nom de Mario ainsi que son frère, celui qui porte du vert. Ils s’entrainent avec l’aide du grand macaque aux gros biceps, le fils de Cranky Kong.» Déclara-t-il solennellement.

«Donkey Kong ?» S’étonna Kamek à sa droite, toutefois Bowser le coupa aussitôt.

«Est-ce qu’il y a une raison particulière pour laquelle ils ont repris l’entrainement ?» Demanda-t-il avec empressement à son garde qui rapportait des nouvelles après plusieurs jours de silence de l’autre côté de la frontière.

«Je ne pense pas. Ils se préparent sans doute pour votre future attaque sur le royaume Champignon. Mais ce n’est pas tout. Le moustachu à la casquette rouge a également ramené quelque chose à la princesse lors de son dernier voyage dans ce pays qui se nomme Brooklyn. Une petite créature qui curieusement nous ressemble, mais avec un QI largement inférieur au nôtre …» Dévoila le soldat alors que l’expression étonnée de son supérieur changea en quelque chose de plus sombre, presque colérique.

«Quoi, un hériss ? Soit plus précis !» Poursuivit Kamek d’une touche d’impatience sauf que le Koopa secoua rapidement la tête.

«Non. Je n’ai jamais vu quelque chose comme ça auparavant. Ça ne vient pas de nôtre monde. C’est petit, silencieux et très lent.» Il insista bien sur le mot lent pendant que le Magikoopa avec la chevelure blonde chercha dans son nuage rose de magie à quoi pouvait bien ressembler cette étrange créature. Cette description piquait sa curiosité !

«Et est-ce que la princesse était heureuse de recevoir ce présent ?» S’inquiéta soudainement Bowser tout en jouant nerveusement avec ses mains, craignant pour la réponse. Peinée par le ton qu’il avait employé, Solfège leva les yeux dans sa direction mais l’attention du Roi était focalisée sur son soldat.

«Hélas oui, elle l’était. Les deux passent du temps ensemble, tous les jours. La princesse est rarement seule et son armée ne cesse de grandir depuis son alliance avec Cranky Kong.» Admit-il avec regret, la tête basse.

Sur le point d’exploser à cette nouvelle déplaisante, les joues de Bowser se gonflèrent à la colère qui prenait vite de l’ampleur dans son estomac. D’entendre que son rival se rapprochait de Peach déclenchait sa jalousie qui venait de cet amour possessif. Ou du fait qu’il pourrait potentiellement perdre la couronne face à un humain minuscule ? Il n’en était pas sûr, toutefois il n’aimait pas du tout cette nouvelle qui le bouleversait. Mario avait fait un cadeau à Peach … Et elle avait aimé ce cadeau ! Pourquoi quand il lui offrait quelque chose forcément elle l’appréciait ?! Serrant violemment les poings à ses côtés d’un grognement, il sentit tout à coup quelque chose effleurer son bras droit. Et quand il baissa les yeux, il vit qu’il s’agissait de la main de Solfège alors que cette dernière essayait de le calmer avec ce geste doux. Etonnamment, cette technique fonctionnait car l’instant d’après il dégonfla ses joues puis se détendit d’un soupir.

«Papa est jaloux …» Provoqua Junior d’un petit reniflement espiègle quand son père se tourna vers lui pour riposter. Il fallait qu’il en rajoute une couche, regretta Solfège désormais inutile.

«Je ne suis pas jaloux ! Je refuse juste qu’une excuse pathétique d’humain fleurte avec ma fiancée !» Bowser hurla sur son fils qui suite à son cri se recroquevilla de peur dans sa coquille d’un petit glapissement de terreur. Non mais ! De quel droit le traitait-il de jaloux ?

«Est-ce que je peux y aller ?» Questionna lassement le garde derrière lui en jetant son pouce en direction de la porte ouverte. Les deux autres gardes cachèrent leur tête lorsque le Roi fulmina, ignorant la demande du Koopa soldat pour plutôt distribuer des ordres.

«Il faut faire de nouveaux prisonniers ! Je veux pouvoir faire un sacrifice en l’honneur de ma future femme ! Mon cadeau de mariage sera beaucoup plus impressionnant qu’un vulgaire animal de compagnie. Déployez l’armée et attrapez tout ce que vous pouvez trouver ! Je veux savoir ce qu’il manigance !» Somma-t-il d’un large geste de son bras, piqué dans l’orgueil. Cependant sa conseillère décida d’intervenir pile à ce moment pour éviter une catastrophe.

«Je ne crois pas que ce soit une bonne chose … Loin de moi l’idée de vous contredire, mais ne pensez-vous pas qu’un sacrifice pourrait ruiner vos chances de l’impressionner ?» Lui dit-elle d’une petite grimace, les yeux plissés à cette intense fureur qui émanait de son corps massif. Elle n’avait pas peur de lui, mais elle craignait qu’il prenne la pire décision après tout ce qu’ils avaient fait pour en arriver jusque-là … Il fallait qu’il réfléchisse avant d’agir, c’était primordial pour ne pas gâcher toutes ses chances car elle n’avait pas envie qu’il souffre une nouvelle fois d’un rejet.

En agissant ainsi, c’était certain.

«Réfléchissez, s’il vous plaît.» Plaida encore Solfège. Les mains jointes, elle pensait à toutes ces vies qu’elle pourrait sauver s’il changeait d’avis. S’il changeait de perspective, tout simplement. Ses yeux verts rencontrant les siens rougeoyants, elle sentit une pression dans sa poitrine tandis qu’il la fixait d’un regard indéchiffrable, Kamek finissant par s’exprimer.

«La dernière fois la princesse avait fait une sacrée tête … Souvenez-vous au mariage. Juste avant qu’elle n’utilise le pouvoir de la fleur de glace pour tous nous congeler ! Même vous, Sir. C’était la panique à bord. Et en plus, elle m’avait mis un méchant coup de poing ce jour-là.» Irrité, le Magikoopa fronça les sourcils au souvenir douloureux que ce coup dans la mâchoire lui avait laissé. Depuis lors, il avait une petite dent contre la princesse au tempérament fougueux.

«Ne répétez pas les mêmes erreurs. Il faut innover dans vos techniques ! Trouver les centres d’intérêts de la princesse, apprenez à la connaître pour savoir ce qu’elle aime et n’aime pas. Prendre le temps de se trouver des points communs développe l’affection.» Poursuivit lentement Solfège d’une voix attentionnée pendant qu’elle s’agenouillait à côté de Junior qui n’était toujours pas ressorti de sa carapace. Mettant une main sur sa coquille verte, elle voulait s’assurer qu’il allait bien après s’être fait réprimander. Inquiète par le silence de son jeune ami.

«Je me fiche de savoir qu’elle m’aime ou non ! Ça n’a pas d’importance du moment que j’obtiens ce que je veux.» Bowser croisa les bras d’un souffle agacé toutefois il fût surpris par le regard accusateur que lui lança l’humaine à genoux. Et encore plus par sa réponse.

«Alors pourquoi est-ce que vous perdez votre temps à écouter mes conseils ? Pourquoi voulez-vous la séduire si tout ce qui vous importe, c’est la couronne et le pouvoir qui va avec. Dans ce cas-là, tout ceci ne rime à rien ...» Découragée, Solfège baissa la tête à cette douleur sourde dans son cœur, la main s’attardant sur la carapace de Junior même lorsque celui-ci repointa le bout de son museau pour la regarder avec curiosité. Des larmes commençaient à remplir ses beaux yeux verts, ses cheveux rouges encadrant son visage pâle en proie à la tristesse.

Kamek leva la tête vers Bowser pour voir que le Roi avait perdu toute trace de malice pendant qu’il regardait la jeune femme agenouillée aux côtés de son fils. Les bras ballants le long du corps, ses paroles tournaient en boucle dans son esprit. Oui, pourquoi s’embêtait-il s’il pouvait prendre ce qu’il voulait, comme il l’avait toujours fait ? S’emparer de tous les trésors de ce monde, prendre de force Peach pour épouse et on n’en parlait plus ! Alors, qu’est-ce qui avait changé ? Tandis qu’il regardait fixement Solfège sur le sol, la grande tortue chercha un moyen de se défaire de cette situation gênante. N’ayant aucune explication à donner, il n’avait pas spécialement envie de devoir se justifier sur ses intentions surtout depuis qu’il ressentait des émotions inexplicables. Et parfois frustrantes. Cependant ce fût Junior qui brisa ce silence pour se redresser pour regarder Solfège qui évitait son regard.

«Même si je trouve les sacrifices cool, j’offrirai plutôt un bouquet de fleurs à Peach ! Je sais qu’elle aime les fleurs, les blanches et roses surtout ! Mais elle aime aussi les tournesols.» Bowser Jr fit mine de réfléchir en plaçant son doigt sous son museau, ses petits yeux noirs plissés dans la concentration. Il voulait venir en aide à son papa.

«J’ai déjà essayé les fleurs ! Elle a détesté mon bouquet. Elle préfère les cadeaux de cet humain …» Rappela Bowser d’un grognement exacerbé. Solfège renifla puis redressa ses yeux dans sa direction pour le regarder avec étonnement, ne s’étant pas attendue à cette réplique dénuée de colère. Esquissant un sourire ravi, elle croisa ses jambes en tailleur à côté de Junior.

«Vous avez autant de chance de l’impressionner que ce Mario. Ne regardez pas sur lui et faites confiance en votre instinct.» Acquiesça-t-elle pour l’encourager à réfléchir à d’autres moyens de l’atteindre. Plus … Pacifiques.

«Qu’est-ce que je pourrais lui offrir ?» Dubitatif, Bowser leva les sourcils. Il n’avait aucune idée de ce que Peach aimait ! Il ne s’était jamais posé la question étant donné qu’il s’était toujours focalisé sur son propre bonheur.

«De nouvelles terres de culture ?» Proposa l’un des gardes après avoir levé la main.

«Un bonnet de bain ?» Un autre se manifesta.

«Pourquoi pas une nouvelle robe ? Ou alors des bijoux ? Les femmes aiment les bijoux, surtout ceux qui brillent !» Kamek toucha ses jolies boucles d’oreilles rondes bleues, les mêmes que celles que portait la princesse. Il ne le dira jamais, mais il les aimait beaucoup car elles lui allaient bien au teint.

«Vous n’avez pas d’autres idées que ça !» Rouspéta Bowser d’une secousse de sa tête à toutes ces propositions plus ridicules les unes que les autres. Jetant un regard optimiste en direction de Solfège dans l’espoir qu’elle lui vienne en aide, il sentit son cœur se serrer lorsque la jeune femme commença à réfléchir en tapotant deux doigts sur ses lèvres.

«Mhm, si j’étais une princesse … Je pense que j’adorerai recevoir une boîte de chocolats ! C’est si doux comme attention. Ceux en forme d’étoiles qui rappellent la galaxie. Une boîte de chocolats, c’est comme la vie. On ne sait jamais sur quoi on va tomber ! C’est rempli de mystères, de secrets aussi. Ça peut même se partager à deux, c’est si romantique …» Rêvassa Solfège qui attrapa ses tibias pour se balancer d’avant en arrière au délicieux souvenir du chocolat, un met extrêmement rare qu’elle n’avait goûté qu’une seule fois dans sa vie.

«Du chocolat …» Junior se mit à rêvasser comme elle, se léchant les babines.

Une boite de chocolats ? Rien que ça ? C’était banal comme cadeau, mais le Roi Koopa allait garder cette idée dans le coin de son esprit. Partant sur de nouveaux sujets de discussion autour des potentiels cadeaux qu’il pourrait faire à Peach pour concurrencer Mario, les quatre quittèrent la salle d’entraînement pour rejoindre la salle à manger pour passer à table. Ils n’avaient pas vu le temps passer et leur estomac commençait à crier famine … Tout le long du chemin, Bowser n’avait de cesse de regarder l’humaine qui discutait vivement avec son fils sur le seul souvenir qu’elle avait de son expérience avec le chocolat. Partageant ce dernier avec une pointe de nostalgie dans sa voix au timbre agréable.

«Est-ce qu’on peut y aller maintenant ?» Soupira le garde Koopa toujours planté au milieu de la salle d’entraînement avec les deux autres.

Ils avaient été oubliés.

A suivre …

VP

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