Chante pour moi

Chapitre 12 : Explosion

4654 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/05/2023 18:23

Chapitre 12 - Explosion

Bowser Junior se réveilla en sursaut. Ses yeux noirs écarquillés se posèrent immédiatement sur l’horloge comtoise faisant face à son lit à baldaquin après que celle-ci se soit brusquement arrêtée de faire tic-tac. N’étant pas habitué à dormir dans le silence absolu, ce changement l’avait directement alerté. Au point de le remplir de terreur. Alors qu’il regardait fixement l’horloge avec des flammes sculptées dans le bois acajou, il pouvait sentir que son petit cœur courait anormalement dans sa poitrine, lui volant un gémissement d’inconfort. Il ne savait pas pourquoi cette horloge lui faisait aussi peur tout à coup mais plus il la regardait et plus il se sentait mal à l’aise, jusqu’à ce qu’il ne se décide à se lever. Jetant sa couverture rouge sur le côté d’un coup de bras, Junior sauta de son lit pour atterrir directement à côté du petit panier de sa servante.

Pour le retrouver complètement vide.

La couverture blanche était soigneusement pliée sur le coussin bleu. Le pyjama de Solfège était également plié et rangé à côté de la gamelle d’eau intact, là où il avait mis l’une de ses peluches fétiches pour lui tenir compagnie pour qu’elle ne fasse plus de cauchemars. S’agenouillant à côté du panier, le petit Koopa perplexe par l’absence de sa servante tira la couverture pour y trouver la montre à gousset en dessous. Bizarre, elle ne s’en séparait jamais pourtant … Avec délicatesse, il attrapa la chaine dorée entre deux doigts puis amena cette montre devant son museau. Contrairement à l’horloge comtoise, celle-ci fonctionnait parfaitement bien. Dubitatif, Bowser Jr pencha la tête sur le côté pendant qu’il examinait cette jolie montre à gousset qui semblait venir d’une autre époque néanmoins bien conservée.

«Solfège ?» Appela doucement la jeune tortue tout en regardant autour de lui à la pièce vide.

Puis ses petits yeux noirs se posèrent sur la fenêtre de sa chambre qui était grande ouverte. En dessous, une grande pile de jouets atteignait le rebord de cette dernière. Une légère brise soufflait dans la chambre et gonflait les rideaux rouges, apportant un peu de fraîcheur dans cette fournaise éternelle. Comment avait-il fait pour ne pas ressentir cette brise ? Mais entendre le dernier tic de l’horloge ce n’était pas un problème ! Légèrement grognon par ce constat, Junior laissa la montre à gousset sur le lit de Solfège pour se diriger vers la fenêtre ouverte donnant sur le côté Ouest du château maléfique. Grimpant sur la pile de jouets qui avait été faite pendant qu’il dormait à poings fermés, le Koopa réussi à se tenir sur le rebord pour ne rien voir d’autre que la lave et les terres infertiles habituelles. Rien d’anormal.

Et puis tout à coup, la réalisation le frappa de plein fouet. Ses yeux s’élargirent de stupeur alors qu’il se dépêchait de redescendre de la pile de jouets pour atteindre la porte de sa chambre à la vitesse de la lumière. Vite ! Il devait se dépêcher avant qu’il ne soit trop tard ! Pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Solfège avait pris la poudre d’escampette, elle l’avait abandonné … Elle était partie par la fenêtre pendant qu’il dormait. Était sa toute première explication à l’absence inexpliquée de sa servante au réveil tandis qu’il dévalait les marches de l’escalier deux par deux, hurlant pour son papa durant tout le trajet. Terriblement inquiet et se sentant quelque peu trahi, Bowser Jr se rua dans les couloirs à la recherche de son paternel.

«Papa ! Papa ! Papa !» Cria-t-il encore et encore jusqu’à ce qu’il atteignît finalement les sous-sols sans l’avoir croisé. Mais où était-il à la fin ?

Les pas précipités de Junior s’arrêtèrent subitement puis son front se sillonna quand il entendit des voix en bas des escaliers menant à la salle d’entraînement. Il reconnaissait la voix de Kamek, la voix de son père mais aussi la jolie voix de Solfège … Oh, elle ne s’était donc pas enfuie ? Instantanément soulagé mais également contrarié de s’être réveillé seul, le petit Koopa marcha calmement jusqu’à la porte massive. Les poings à ses hanches, il fusilla du regard la porte avant de la pousser de toutes ses forces pour faire remarquer son entrée. Ce qui coupa toutes interactions entre les trois personnages présents. Bowser Junior pénétra dans la salle pour s’apercevoir que Solfège était assise sur une chaise sur le côté gauche pendant que son père et Kamek étaient en train de faire un jeu de rôle. Le Magikoopa déguisé en princesse Peach, Bowser était vêtu de son haut de forme blanc.

«Junior ? Qu’est-ce que tu fais là ?» S’inquiéta aussitôt la jeune femme d’un froncement de sourcils à l’apparence du prince qui semblait être sur le point d’exploser. Elle n’avait pas beaucoup dormi de la nuit et s’endormait presque sur sa chaise quand le petit Koopa avait fait son apparition. Cette vive exclamation sorti le Roi et son conseiller de leur rôle respectif.

«Ce n’est pas un endroit pour les enfants !» Gronda Bowser, ayant reprit son air autoritaire pour regarder son fils désobéissant aux joues rouges de colère. C’était dangereux ! Il y avait des armes ici.

«Pourquoi tu me voles ma servante ?! C’est la mienne ! A moi ! Je ne t’ai pas donné l’autorisation de me la prendre alors rends-là moi et va t’en chercher une autre pour jouer avec !» Fulmina le Koopa haut comme trois pommes tout en enfonçant son pied, les poings serrés et le visage de plus en plus rouge. Pas le moins du monde perturbé par le regard désapprobateur que lui lança son père intimidant.

«C’est moi l’adulte, c’est moi qui décide ! Je fais ce que je veux de mes prisonniers. Apprends à partager et si ça ne te plaît pas, va te plaindre à l’accueil ! J’ai du travail.» Répliqua Bowser d’un geste las de sa main vers la porte derrière Junior.

«Hey ! Mais c’est ma phrase ça !» S’indigna ce dernier.

«Dehors !» Hurla Bowser en retour qui perdait rapidement patience.

«C’est pas juste !» Junior se retourna pour faire des pas lourds tout le long du chemin jusqu’à la sortie afin de faire connaître son mécontentement. Ce qui n’impressionnait pas du tout sa version adulte, bien au contraire.

«La vie est injuste. Et n’oublie pas de fermer la porte derrière toi !» Dicta Bowser une fois que son fils turbulent était enfin dehors. Après ce petit échange pour le moins ridicule, le Koopa géant resserra nerveusement son nœud violet avant de replacer son haut de forme sur sa tête d’un sourire qui ressemblait plus à une grimace.

«Hum hum. Où en étions-nous ?» Demanda-t-il tout en passant son regard de Solfège à Kamek.

«Vous étiez sur le point de faire votre déclaration.» Répondit l’humaine d’une touche d’ennui. Ce n’était pas tant la déclaration qui l’ennuyait, mais plutôt de devoir la revivre pour au moins la centième fois consécutive en une seule matinée. Et elle n’était jamais assez bien pour le Roi qui était assez strict envers lui-même. Tout devait être parfait, calculé au mot près …

La joue posée contre son poing, elle luttait désespérément pour ne pas s’endormir et risquer de vexer Bowser qui pourrait s’en prendre à elle. L’aider n’était pas du tout le problème, mais avec si peu de sommeil et une situation redondante c’était de plus en plus difficile de tenir le coup. Le Magikoopa était venu la chercher dans la chambre de Junior très tôt ce matin-là sous la demande personnelle du Roi Koopa impatient de s’entraîner. Car il y avait beaucoup de travail pour devenir la perfection, selon ses propres mots. Et même si elle n’avait pas beaucoup d’expériences dans le domaine, il avait insisté pour qu’elle lui offre ses précieux conseils. Devoir se mettre dans la peau de quelqu’un qu’on ne connaissait pas n’était pas l’idée la plus brillante … Sentant ses paupières devenir lourdes, elle se redressa vite sur sa chaise quand Kamek imita la voix aigüe de la princesse Peach. C’était presque de la torture ! Les conseils du magicien n’étaient pas si mauvais, mais pas excellents non plus, du moins de son point de vue.

«Ecoutez, j’ai une autre idée d’entraînement. Vous allez voir, c’est très simple.» Indiqua soudainement Solfège qui se leva pour lisser sa robe rouge et noire tandis que les deux Koopas se tenant les mains se tournèrent vers elle.

«Il faut vous mettre en situation.» Elle leur expliqua ce qu’elle avait derrière la tête en espérant que le sorcier ne se mettra pas encore une fois en travers. Car il avait la fâcheuse tendance à monopoliser toute l’attention pour rester le meilleur aux yeux de son Maître. Par surprise, il accepta sans broncher.

«Montrez-moi ce dont vous êtes capable ! Allez directement au contact de la princesse pour confesser votre amour. Montrez-lui que vos intentions sont meilleures et que derrière cette carapace se cache en réalité un être doté de sensibilité.» Encouragea-t-elle tandis que Kamek tournoyait sa baguette magique pour transformer les armes en quelque chose qui leur sera utile pour ce nouvel entraînement. Les lances, les piques, les arcs, hallebardes et autres trucs s’envolèrent dans ce nuage bleu atypique pour prendre une tout autre forme.

Kamek créa la réplique en carton du château de la princesse avec le fameux vitrail en hauteur sur une pile de rochers avec pleins de petits bonhommes champignons éparpillés un peu partout autour. De grands champignons, des petites maisonnettes colorées et même des tuyaux verts ! C’était un tour de magie qui était très impressionnant à regarder. Se trouvant désormais devant cette réplique quasi parfaite du royaume Champignon, Bowser se sentit tout à coup intimidé. Et s’il se ridiculisait encore une fois ? Reprenant cependant vite confiance en lui, le Roi jeta son chapeau sur le côté alors que Kamek alias princesse Peach prenait place dans la tour centrale du château en carton. A la fenêtre invisible de cette dernière, il prit son rôle très à cœur.

«Oh Bowser, mon doux Bowser … Quand viendras-tu enfin me sauver de ce terrible Mario !» Pleurnicha-t-il dramatiquement d’un bras sur son front. Ce qui fit rire Solfège qui cacha son sourire derrière sa main. Elle imaginait mal une princesse réagir de cette façon à celui qui passait son temps à la harceler ... Il n’était pas vraiment doué en interprétation de personnage, mais il fallait avouer qu’il était très drôle !

«Allez-y. Faites le premier pas vers votre charmante princesse ! Elle vous attend.» Dit-elle gentiment d’un petit coup de son menton en direction des marches menant au château de la princesse Peach quand Bowser la regarda avec confusion. Son regard perdu lui faisait un pincement au cœur mais il devait reprendre confiance en lui car il avait tous les atouts nécessaires pour réussir.

D’abord incertain, il finit par faire comme le lui demandait Solfège d’un soudain regain d’assurance, peut-être même un peu trop … Gonflant le torse avec les bras en arrière, il esquissa un sourire alors qu’il faisait les premiers pas dans le royaume Champignon parmi les petits bonhommes en carton. Prudemment, il enjamba chaque personnage immobile pour accéder à la cour royale se trouvant quelques mètres plus loin. Kamek lui faisant plusieurs signes du haut de sa tour, le grand Koopa épineux arriva presque à destination pour déclarer sa flamme sauf qu’au dernier moment son pied droit écrasa quelque chose. Le craquement figea tout le monde. Grinçant des dents d’un petit sursaut, la tortue releva ses quatre orteils pour voir qu’un des personnages en carton avait été écrasé sous son grand pied.

«Vous avez marché sur un petit bonhomme champignon …» Analysa l’humaine dans son dos d’une petite grimace pendant qu’il retirait la créature de sous son pied pour la balancer sur le côté.

Il réessaya plusieurs fois l’exercice pour enfin accéder à Peach pour lui faire sa déclaration mais à chaque fois il commettait une autre erreur. Soit il écrasait un Toad, soit un champignon, soit une maison ou il renversait carrément une tour avec sa queue ! Ce qui était particulièrement frustrant pour quelqu’un qui n’avait jamais fait preuve de patience dans sa vie. Pas une seule fois il n’atteignit son objectif sans faire de dégâts. Pas une ! Il n’était pourtant qu’à quelques pas de sa bien aimée … A quelques pas seulement de la victoire ! Pourquoi était-il aussi maladroit ? De plus en plus frustré malgré les encouragements de Solfège, les nerfs de Bowser finirent par lâcher au moment où il écrasa un autre fichu Toad par mégarde. Fusillant du regard le petit bonhomme difforme qui se moquait délibérément de lui avec cet affreux sourire, le Roi Koopa serra les dents à cette intense colère qui gonflait en lui.

«Oh zut alors …» Gémit Kamek qui après s’être recroquevillé disparu dans un nuage rose.

Bowser grognait, ses yeux rougeoyants fixés à cette piètre imitation de Toad, le nerf à sa tempe pulsant farouchement. Puis tout à coup, il libéra sa colère dans un effroyable rugissement à en faire trembler les murs. Ecartant ses griffes acérées d’un tintement menaçant, il prit une profonde inspiration avant de souffler un puissant jet de flammes sur le château de la princesse Peach et sur tout le décor qu’avait recrée Kamek pour l’occasion. Brûlant absolument tout sur son passage, le Roi Koopa n’avait aucune pitié. Les petits personnages joyeux furent engloutis dans les flammes tandis que les tours rose et blanche du joli château s’effondrèrent dans un tas de cendres. En un instant, tout ce qui représentait le royaume Champignon se retrouva pulvérisé par la furie incontrôlable de Bowser.

«Tout ça ne mène à rien ! C’est une perte de temps ! Je les écraserai tous autant qu’ils sont ! Je ferai d’eux mes esclaves et obligerai la princesse Peach à m’épouser, qu’elle le veuille ou non ! Son royaume m’appartiendra !» Rugit l’immense Koopa après avoir repris son souffle pour refaire un second jet de flammes tout aussi puissant que le précédent.

Face à ce carnage, Solfège resta sans voix alors qu’elle assistait impuissante à sa frénésie. La chaleur que dégageaient ses flammes chauffaient ses joues, soufflaient ses cheveux en arrière pendant qu’elles détruisaient tout sur leur passage. Cette puissance était spectaculaire. Remplie de terreur, la jeune femme prit quelques pas en arrière tandis que la tortue enragée montrait l’étendue de sa colère dans un spectacle incandescent. Elle n’avait encore jamais vu la puissance de feu de Bowser et elle aurait préféré ne jamais y avoir droit. Finalement le Roi se calma une fois certain que plus rien ne tenait debout, essoufflé après ce désastreux accès de colère. Dos à l’humaine, ses épaules montaient et descendaient, de la fumée blanche s’échappant de ses narines. Au milieu des morceaux fumants, le Koopa se laissa soudainement tomber pour s’assoir et croiser les bras sur ses genoux.

Kamek réapparut aussitôt à côté de Solfège quand le danger était enfin écarté. Il n’était plus déguisé en Peach, il avait abandonné son costume grotesque pour revenir à son ancienne robe bleue à capuchon. Il n’avait pas particulièrement envie de remettre de l’huile sur le feu ! Sans mauvais jeu de mot. Se tordant nerveusement les doigts à son Roi devenu silencieux, il décala son regard anxieux sur l’humaine qui le regardait d’une manière qu’il ne saurait décrire. Peut-être un mélange de peur et de pitié, il n’en était pas sûr. Toutefois elle avait l’air bouleversée par ce qu’elle venait de voir. Ce n’était pas nouveau ces crises de colère, c’était connu que Bowser passait vite d’une émotion à l’autre. Cette instabilité était impressionnante, mais ne dissuada pas Solfège de faire la chose suivante.

Calmement, elle s’avança parmi les débris et les morceaux de carton qui brûlaient encore. Derrière elle, Kamek secoua la tête pour tenter de la décourager de faire ça mais elle ne fit pas attention à lui. Prenant garde de ne pas abîmer sa jolie robe de servante, elle slaloma entre les restes de château jusqu’à atteindre le Koopa d’apparence déprimée. Elle leva timidement les yeux vers cette grosse et menaçante carapace verte à épines puis se décala sur la gauche avec prudence au cas où Bowser voudrait s’en prendre à elle. Mais elle ne s’attendit pas à voir cette expression sur son visage. Le menton tombant, il semblait éprouver une profonde tristesse … Son regard plus aussi fou trainant sur la pierre grise. De le voir aussi dépité, après cet épisode de violence inouïe, lui fit ressentir énormément de peine.

La gorge nouée, Solfège leva le bas de sa robe tandis qu’elle s’accroupissait à côté du Koopa désormais assez calme pour tenter un dialogue. Il ne la regarda pas ni même ne dit quoi que ce soit quand elle se pencha vers lui pour tenter de capter son regard fuyant le sien. Ce n’était plus une bête furieuse qu’elle avait en face d’elle mais une âme abattue, incapable de contrôler sa rage. Était-il incompris ? Extériorisant sa frustration par des actes de cruauté ? Elle voulait lui apporter son aide mais il était tellement illisible … Il se cachait systématiquement derrière cette férocité qui n’était qu’un masque qu’il portait en permanence, sans doute par peur d’être jugé.

«Il faut de la douceur … Le monde qui nous entoure est fragile et mérite de l’attention.» Récita Solfège après avoir levé sa main pour délicatement la poser sur l’avant-bras de Bowser juste après l’anneau de métal noir. A son contact, le muscle sous sa paume se tendit. Elle continua toujours avec ce même ton doux et bienveillant.

«Ne partez pas sur un échec. Vous avez beaucoup de qualités que la princesse finira bien par voir. J’en suis sûre.» Rassura-t-elle, sentant la chaleur de son bras s’infiltrer à travers ses doigts. Elle savait que c’était une approche compliquée, mais elle voulait lui redonner courage et aussi de l’espoir car il avait du mérite malgré tout. Déglutissant, elle poursuivit ; «une nouvelle perspective pourrait être la clé de la réussite, qu’en pensez-vous ? Vous êtes déterminé, fort et téméraire, et vous savez ce que vous voulez. Alors utilisez cette volonté pour changer votre perception du monde ! Rien n’est perdu, il suffit juste d’y croire.»

Bowser tourna la tête puis baissa les yeux sur la petite main de l’humaine qui était restée sur son bras pendant qu’elle le conseillait. Il n’avait pas vraiment fait attention à tout ce qu’elle lui disait parce qu’il était absorbé par la chaleur que lui procurait ce simple contact. Etonnamment, malgré la froideur de ses doigts, il avait l’impression que sa peau chauffait. Ce n’était pas désagréable … Il aimait la surprenante sensation. Distrait, il cligna des yeux lorsque Solfège retira ses doigts puis qu’elle se releva à côté de lui d’un petit sourire qui titilla quelque chose dans son cœur de pierre. Encore une fois, ce n’était pas désagréable. Juste très étrange et déstabilisant. Sa peau picotait là où avaient été les doigts de l’humaine un instant plus tôt et se propageait jusqu’à l’intérieur de sa carapace. Mais au moment où Kamek réapparut à côté d’elle, cette émotion se transforma en irritation.

«Elle a raison, Sir ! Vous êtes bourré de qualités et il faudrait être aveugle pour ne pas les voir !» Approuva ce dernier d’un sourire admirateur. Bowser leva les yeux au plafond toutefois cette réflexion regonfla son égo.

«J’en ai eu assez pour aujourd’hui. Disparaissez de ma vue.» Somma-t-il suivit d’un soupir alors qu’il se relevait pour indiquer la porte de sortie d’un coup de tête. N’étant plus d’humeur à fournir des efforts pour les beaux yeux de la princesse se montrant ingrate avec lui.

Les deux ne se firent pas prier. Kamek disparut dans son petit pop sonore tandis que Solfège s’empressa de rejoindre la sortie pour retourner à la sécurité de la chambre pour décompresser un peu. Encore sous pression après ce qui venait de se passer … La jeune femme pouvait sentir le regard insistant du Koopa géant dans son dos, néanmoins elle fit de son mieux pour l’ignorer alors qu’elle atteignait les portes pour dévoiler Junior derrière elles. La petite tortue en question était assise dos à la porte, en plein milieu du couloir. Il avait attendu tout ce temps que Solfège ne sorte enfin de son supplice, restant patiemment sur le tapis rouge et noir à faire des dessins imaginaires. Au grincement familier, Bowser Jr tourna son museau en direction de l’humaine qui se dépêchait de sortir quand elle sentit la présence de Bowser derrière elle.

«Promène-toi un peu avec moi.» Demanda doucement le Roi à son fils au moment où il posa ses yeux sur lui. Attendant que Solfège ne s’éloigne suffisamment pour commencer à marcher avec Junior. Le jeune Koopa sautillait joyeusement à ses pieds pendant qu’il se promenait avec son père dans le long couloir, riant parfois tout seul quand il pensait à quelque chose de drôle. A côté de lui, Bowser lui jetait quelques regards intrigués avant de se racler la gorge pour reprendre la parole.

«Que penses-tu de cette … Solfège ?» Hésita-t-il.

«Elle est gentille. On s’amuse beaucoup tous les deux et elle m’a même aidé à finir mon prototype de vaisseau ! Il faudrait que je te le montre, comme ça tu pourras l’utiliser. Mais il faudrait que je revoie certaines dimensions …» Dévoila Bowser Junior d’un froncement de sourcils en repensant à son petit vaisseau qui n’avait pas un siège assez grand pour le postérieur de son papa. Oui, il fallait qu’il reprenne des mesures sinon ça n’ira jamais !

«Et comment elle se comporte avec toi ? Est-elle obéissante ? Elle fait correctement son travail ? Si elle ne te satisfait pas, je peux la renvoyer dans la prison et t’en trouver une autre.» Assura Bowser d’un hochement de tête ferme, ce qui lui valut un regard interloqué en réponse et un petit "oh !" outré.

«Non ! Je m’amuse très bien avec Solfège. Pourquoi est-ce que tu voudrais la remettre en prison ? Je croyais que tu t’amusais aussi avec elle.» Grommela Bowser Jr qui commençait à ressentir de la jalousie, n’étant pas prêt à partager Solfège avec lui. Il espérait que ce n’était que passager et que bientôt, son père se lasse de ses conseils pour qu’il puisse ravoir l’humaine pour lui tout seul ! Alors qu’ils marchaient tous les deux côte à côte, Junior renifla puis poursuivit la discussion d’un petit haussement d’épaules nonchalant.

«Enfin bon même si quelquefois elle me contredit, ou que parfois elle me dit non, je l’apprécie beaucoup. Je ne m’ennuie jamais avec elle ! On a toujours quelque chose à faire. Et j’aime sa voix, elle me rassure quand je fais des cauchemars. Elle me dit toujours pleins de trucs gentils et dit qu’un jour, je serai aussi fort que toi !» S’enchanta-t-il d’un petit rebond suivit d’un large sourire à pleines dents tandis qu’il levait les yeux pour regarder l’expression songeuse de son père. Une expression qui se transforma vite en stupéfaction, ses sourcils épais se levant sur son front.

«Aussi fort que moi ?» Répéta-t-il, perplexe cependant ravi. Encore une fois, ce compliment ravivait son égo surdimensionné même s’il était plutôt étonné de l’entendre. Solfège disait ça de lui ? La pression revint dans sa poitrine quand son fils hocha vivement la tête.

«Oui ! J’ai même réussi à faire ma toute première boule de feu ! C’est pas trop génial ? Tu aurais dû voir ça, elle était immense ! Plus grande que le château ! Tu es fier de moi, hein dis papa ? Tu es fier ?» Enthousiaste, Junior trépigna sur ses petits pieds tout en fixant son père dans l’espoir de recevoir son admiration. Sur le point d’exploser de joie quand il se mit à lui sourire, Bowser Jr sentit son cœur se contracter lorsque le Roi des Koopas répliqua la chose suivante d’une touche d’adoration.

«Tu m’impressionnes. Je suis très fier de toi, fils.» Evidemment que Bowser était fier même s’il savait qu’il exagérait ! Son fils était la prunelle de ses yeux, et tout ce qu’il faisait le remplissait toujours d’une immense fierté. Et le regard pétillant de son fils quand il partageait cette fierté était merveilleuse, la plus belle chose au monde. Son sourire s’agrandissait pendant qu’il regardait Junior. Prit d’une soudaine vague d’affection pour lui, Bowser frotta sa grande main sur la petite houppette rouge de son fils puis le félicita dans sa grosse voix grave effrayante ; «c’est ma petite terreur à moi !»

«GRAW !» Rugit Bowser Jr en retour après avoir placé son bandana denté sur son museau.

Les deux se mirent à rire pendant qu’ils disparaissaient dans le couloir sinistre du château flottant.

A suivre …

Trop adorable ces deux-là. Vraiment, je ne m’en lasse pas ! Leurs interactions sont adorables dans les jeux comme dans les pubs. Bowser est un bon papa !

VP

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