Chante pour moi

Chapitre 11 : La demande

4098 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 06/05/2023 17:30

Je vous souhaite à tous une bonne lecture !

Chapitre 11 – La demande

Les bougies des chandeliers vacillèrent au-dessus de Solfège et de Kamek quand ils descendirent au sous-sol où une brise ardente soufflait. L’humaine marchant derrière le Magikoopa resserra instinctivement ses bras autour d’elle tandis qu’ils s’enfonçaient toujours plus bas dans cette partie du château plus sinistre. Elle avait l’impression d’entrer dans les entrailles du volcan, de s’enfoncer dans un four. La pierre était plus foncée par ici et la décoration se faisait rare, presque inexistante. Où l’emmenait-il ? Anxieusement, Solfège regarda autour d’elle dans la crainte de se retrouver à nouveau prisonnière dans sa cage au fin fond de cette prison isolée. Elle n’avait pas envie d’y retourner … Elle n’avait pas envie de revivre cette pesante solitude, délaissée et oubliée, à attendre que sa dernière heure ne sonne.

Dans ce long et interminable couloir, les deux finirent par croiser un autre Koopa à la carapace rouge venant en sens inverse. Ce dernier avait un cache sur son œil droit alors qu’il passait tranquillement à côté d’eux sans prononcer un seul mot. Il n’avait pas l’air commode du tout. Quand il arriva à la hauteur de Solfège, le Général décala son regard vers elle pour la regarder avec froideur, la dévisageant longuement pendant qu’elle suivait Kamek. Ce simple contact visuel lui donna des frissons car elle avait l’impression qu’il la haïssait alors qu’ils ne se connaissaient même pas … Ou serait-ce plutôt de la méfiance à son égard ? Elle l’ignorait, néanmoins elle n’avait pas envie de rester à proximité de ce Koopa qui dégageait une aura antipathique.

«Ne traine pas.» Pressa Kamek devant elle sans jeter un regard en arrière.

Solfège déglutit mais fit comme il lui demandait en pressant le pas pour le rattraper dans le long couloir menant à une seule et unique porte en fer forgé. Elle n’était jamais venue ici auparavant, cet endroit ne lui disait absolument rien tandis qu’il poussait les grandes portes pour dévoiler la pièce se trouvant derrière. Il y eut un puissant appel d’air, ce qui aspira ses cheveux rougeoyants pendant que ses yeux verts terrifiés interprétaient l’endroit. Une salle titanesque, remplie d’armes en tout genre rangées sur des râteliers sur chaque mur latéral dépourvu de fenêtre. Tout au fond se trouvait une énorme cascade de lave qui coulait en permanence, remplissant les espaces sans sol avec ce liquide rouge et jaune bouillonnant mortel. Mais ce qui l’effrayait le plus n’était pas cette décoration des plus hostiles, c’était plutôt ce qui s’y trouvait au centre.

Actuellement dos à eux, le Roi des Koopas attendait leur venue.

«La voici, votre Altesse. Comme vous me l’aviez demandé !» Kamek fit connaître leur présence avec cette simple phrase alors qu’il refermait bruyamment la porte derrière lui d’un claquement de doigt.

«Le petit oiseau chanteur …» Déclara Bowser de sa voix grave et traînante avant de regarder derrière son épaule d’un sourire malicieux. En posant les yeux sur l’humaine se tenant maladroitement à côté du Magikoopa, il se tourna lentement vers eux.

«J’ai entendu dire que tu entraînais Junior à faire ses premières boules de feu ?» Révéla-t-il avec un calme déconcertant. Gardant son vil sourire, il s’approcha de Kamek et de Solfège.

Toutefois l’humaine était bien trop effrayée pour répondre quoi que ce soit. Il était au courant … Il savait ce qu’elle avait fait pour aider Junior. Allait-elle mourir ici ? Était-ce la fin de son aventure ? Avait-elle franchi la limite à ne pas franchir ? Evidemment, son cauchemar récent décida de refaire surface à ce moment-là pour la tourmenter et rire de sa situation. Elle avait l’impression que son cœur pourrait carrément sortir de sa poitrine tant il battait fort dans ses oreilles … N’osant lever les yeux vers le Koopa géant menaçant, elle déglutit lorsqu’il passa à côté d’elle puis qu’il effleura ses cheveux avec une griffe. Cette sensation lui donna des frissons. Il était si proche, beaucoup trop proche pour le confort. Elle pouvait presque sentir son souffle chaud dans son dos quand il reprit la parole dans ce même ton grave et intimidant qu’il avait pour habitude d’utiliser pour instaurer la peur dans les cœurs les plus braves.

«Il y a quelque chose en toi qui me fascine. Que je ne retrouve pas chez les autres humains. Quand je t’ai prise sur ta petite planète à la dérive, tu n’avais qu’un seul intérêt pour moi. Ton fabuleux chant qui avait le pouvoir de guérir les âmes en peine … De balayer toutes ces sombres pensées grâce à la puissance de tes notes. Et puis, tu as refusé de chanter pour moi. A deux reprises.» Bowser leva deux griffes, l’air perdu dans ses souvenirs.

«A deux reprises précisément !» Répéta bassement Kamek d’un hochement de tête.

«Alors Junior a décidé que ta vie avait plus de valeur que ta chanson ridicule. Ce qui est plutôt étonnant de la part de mon fils.» Résuma le Roi Koopa après un haussement d’épaules perplexe.

«Oui, plutôt étonnant !» Encore une fois, Kamek répéta ce que disait son Maître.

«J’ai donc fait preuve de clémence en te trouvant une nouvelle utilité. Je t’ai permise de rester en vie et d’offrir à Junior de la compagnie. Ce dont il avait besoin. Et puis tu l’as ramolli, fais de lui un prince pratiquement irréprochable en à peine quelques jours de servitude …» Poursuivit la grande tortue de manière évasive, regardant le haut plafond avant de revenir à l’humaine d’un regard redoutable à en faire pâlir plus d’un. Elle était terrorisée, c’était une évidence car ses yeux évitaient les siens. Le petit oiseau était prêt à déployer ses ailes pour s’envoler à la première fenêtre qui s’ouvrira. Et puis, il se souvint de ses mains froides sur sa peau. Cette … Douceur qu’elle avait utilisée pour lui venir en aide ce soir-là après sa frustrante défaite lui restait en tête. Cependant il fût surpris lorsqu’elle redressa enfin sa tête pour établir le premier contact visuel depuis sa venue.

«Qu’essayez-vous de me dire ?» Même si elle avait peur, la voix de la jeune femme ne tremblait pas. Elle restait calme et aimable malgré la situation s’annonçant à priori catastrophique. Venait-elle d’accepter son sort pour enfin avoir ce courage de lever les yeux vers lui ? Le Roi se le demandait alors qu’il se penchait vers elle pour lui faire ce même petit sourire calculateur.

«Ton pouvoir m’intéresse.» Dévoila-t-il tout en secouant une griffe vers elle.

«Je ne chanterai pas pour vous.» Refusa catégoriquement Solfège qui croisa les bras d’un froncement de sourcils. Oui elle était effrayée par lui, mais elle n’allait certainement pas lui donner ce qu’il voulait juste parce qu’il le lui ordonnait ! Néanmoins sa réaction la stupéfia quand il se mit à rire.

«Oh non, je ne veux pas entendre cette horrible voix qui me casse les oreilles ! Pitié non.» Se moqua-t-il tout en secouant ses grandes mains, ne cherchant pas à obtenir une chanson. Etrangement. Il reprit après un autre ricanement moqueur ; «je suis bien plus doué que toi de toute façon.»

«C’est un chanteur d’exception !» Assura Kamek d’un petit coup de coude à Solfège, souriant à pleines dents pendant qu’il hochait furieusement la tête.

«Je ne comprends pas …» Cette dernière secoua la tête, perdue. Les bras toujours serrés autour d’elle comme pour se protéger, elle recula doucement lorsque le museau de Bowser s’abaissa vers elle puis qu’il plissa les yeux. Elle se sentait aspirée par son regard de braise, aspirée par sa férocité naturelle. Cette chaleur qui se dégageait de son corps massif l’étreignait tandis que la tortue à épines recommença à faire son sourire diabolique.

«C’est simple, je veux dominer le monde ! Mais pour le dominer il me faut la couronne, et pour avoir cette couronne il faut que j’épouse Peach.» Expliqua-t-il en comptant sur ses doigts les étapes à franchir avant de se tourner pleinement vers Solfège pour serrer le poing avec conviction.

«Tu vas m’apprendre à séduire les membres de ton espèce ! Je veux tout savoir sur les humains et plus particulièrement les princesses ! Je veux que tu me dises comment m’y prendre pour atteindre mon objectif. Comment faire pour atteindre Peach en plein cœur pour qu’elle cède enfin à ma volonté !» Tonitrua-t-il en frappant ensuite son poing sur son plastron, le bruit sourd résonnant tout autour d’eux. Cette déclaration épouvanta la jeune femme qui secoua rapidement la tête avec de grands yeux choqués.

«Attendez, je-je ne suis pas une princesse ! Je ne connais aucun de leurs désirs, je ne sais pas comment ça fonctionne ! J’ignore tout de ce monde … Je ne connais même pas la princesse Peach, alors comment voulez-vous que je vous aide ...» Prise de panique par la demande inattendue du Roi, Solfège balbutia tout en reculant de plus en plus vers la sortie. Les mains levées, elle sentit tout à coup une force invisible immobiliser tous ses membres puis ses pieds quittèrent le sol.

«Je ne crois pas t’avoir laissé le choix.» Bowser croisa les bras tandis que Kamek ramenait l’humaine au centre de la pièce dans son nuage de lévitation. D’un claquement de doigt, la force invisible se dissipa et Solfège retomba lourdement sur la pierre froide aux pieds de son ravisseur. Elle gémit.

«Et pourquoi je ferais ça ?» S’essouffla-t-elle d’un bras autour de son ventre, un œil plissé au Koopa qui la surplombait. Elle tira nerveusement sur les bords de sa robe rouge et noire de servante quand ce dernier souriant inspecta ses griffes.

«Je pense que la réponse est assez évidente.» Rétorqua-t-il d’un froncement de sourcils. Mais sentant que cette réplique n’était pas suffisante pour la convaincre, il décida d’employer les gros moyens pour l’obliger à coopérer. Il joua la carte des sentiments ; «tu ne voudrais quand même pas rendre Junior malheureux ? Mon adorable fils serait tellement déçu de savoir que tu n’aides pas son père à atteindre son plus grand rêve …»

«Vous êtes sournois !» S’horrifia Solfège la bouche grande ouverte.

«Oui, on me le dit souvent.» Répondit Bowser d’un sourire narquois, prenant ça pour un compliment.

«Le plus sournois de tous les sournois ! Il excelle dans cet art !» Acquiesça Kamek derrière l’humaine toujours à même le sol. Toutefois au regard exaspéré de son supérieur, il se mit à rire d’embarras puis referma le bec.

«Mais il y a sans doute meilleur choix que moi … Même si je suis une humaine, ça ne veut pas dire que je suis une bonne conseillère pour ce genre de choses !» Se dénigra la pauvre Solfège complètement déboussolée, ses grands yeux vert pomme passant d’un Koopa à l’autre avec inquiétude. Elle grimaça lorsque le Roi lui hurla dessus.

«Parce que tu as l’impression qu’il y a d’autres petits humains qui se promènent dans mon château ?! Que j’ai d’autres choix ? Crois-moi, ça me fait mal de l’admettre. Mais il me faut une perspective humaine pour apprendre à conquérir le cœur de Peach, c’est le seul moyen pour atteindre mon but ! Toutes les filles sont pareilles de toute façon ! Elles veulent toutes la même chose.» S’impatienta Bowser qui frappa son pied sur le sol suffisamment fort pour le faire trembler et dissuader Solfège d’argumenter.

«Très bien ! Très bien. Je ferai de mon mieux. Alors que voulez-vous savoir ?» Irritée, Solfège se leva enfin du sol pour dépoussiérer sa robe et ses mains alors qu’elle attendait des explications de la grande tortue colérique.

Elle s’attendait absolument à tout, sauf à ça.

«Je veux que Peach accepte enfin d’écouter ce que j’ai à lui dire ! Qu’elle m’ouvre son cœur, comme je lui aie ouvert le mien. Qu’elle arrête de repousser mes avances sous prétexte que je suis un monstre maléfique ! Qu’elle voit tout ce que je suis prêt à lui offrir en retour de la couronne. Je veux vivre un vrai conte de fée, je veux moi aussi connaître la définition du mot bonheur ! Avec cette princesse à mes côtés, nous serons invincibles. Nous serons à la tête de ces mondes et propagerons la désolation, main dans la main, avec une seule et unique armée. Jusqu’à la fin des temps.» Rêvassa Bowser après avoir placé ses deux mains sur son plastron, perdant son air redoutable pour quelque chose de plus attentionné. Il continua.

«Je veux savoir ce qu’elle trouve à ce minable de Mario … Qu’est-ce qu’il a de plus que je n’ai pas. Je suis séduisant, beau, intelligent, fort, charismatique, un excellent Roi, une figure d’autorité …» Pour chaque point positif qu’il se trouvait, il les comptait sur ses doigts griffus et n’en avait bientôt plus tant la liste était longue.

Décidément, il en voulait un paquet de choses ! Et Solfège n’était pas certaine de savoir comment l’aider à les obtenir avec si peu d’expériences. Comment était-elle censée l’aider si elle n’avait aucune idée où elle mettait les pieds ?! Ça sentait mauvais. Elle ne connaissait même pas la princesse, elle ne connaissait aucun de ses goûts, alors comment allait-elle le conseiller ? A mesure que le Roi parlait, elle se rendait compte à quel point elle était dans de beaux draps … Les yeux ronds de stupeur, elle resta immobile pendant que le Magikoopa en rajoutait une couche après que le Koopa géant avait fini de se trouver des qualités.

«Et vous êtes tellement modeste !» Accorda Kamek d’un hochement de tête parce qu’il était tout à fait d’accord avec ce que son supérieur s’attribuait. Ignorant ce commentaire, Bowser marqua un temps de pause puis reprit d’un ton plus agressif.

«Comment puis-je lui faire comprendre que derrière cette carapace se trouve en réalité une âme sensible ? Prêt à donner son amour et lui offrir un petit coin de paradis ? Je lui avais pourtant promis l’étoile pour le pouvoir, un symbole de notre passion. Mais elle n’accepte jamais aucun de mes cadeaux, rien ! Elle n’apprécie pas les sacrifices, ni les plantes piranhas, ni les bagues de diamant, ni les sérénades … Mon charme naturel ne lui plaît pas ? Je la dégoûte ? Ne suis-je qu’un monstre repoussant à ses yeux ?» S’agaça le mélodramatique, les poings violemment serrés alors que la colère grandissait dans son estomac. Avant que ses yeux ne deviennent rougeoyants de fureur, Solfège s’approcha de quelques pas pour faire connaître son désaccord.

«Vous avez du charme. C’est certain. Mais je vous rassure, les monstres n’éprouvent pas de sentiments. C’est juste …» N’osant pas terminer sa phrase, la jeune femme baissa les yeux jusqu’à ce que l’ombre du Roi ne la recouvre entièrement.

«Juste quoi ?!» Pressa-t-il entre ses dents pointues.

«Que vous passez votre temps à crier … Vous êtes impulsif. Vous intimidez tout le monde, constamment. Je ne pense pas que cela soit la meilleure approche pour obtenir les faveurs de quelqu’un. La peur et l’amour ne sont pas compatibles, vous savez.» Solfège haussa les épaules avec nonchalance tandis que le visage de Bowser se lissa pour feindre l’étonnement. Elle revint rapidement au sujet principal.

«Vous pourriez éventuellement trouver un autre moyen de l’impressionner ?» Proposa-t-elle ensuite d’un sourire forcé alors que le grand Koopa se redressait pour se frotter le menton dans la réflexion. A sa gauche, Kamek s’exclama.

«Oh oui, c’est exactement ce que j’allais proposer ! Un autre moyen d’impressionner la princesse-» Il débuta cependant son Maître lui coupa rapidement la parole d’un geste brusque de son bras.

«Tais-toi ! Tes conseils m’ont été d’aucune utilité jusque-là, c’est un fiasco ! Tout ce que j’ai gagné c’est encore plus de haine de la part de la princesse, alors laisse l’humaine parler intelligemment. Ça me changera !» Réprimanda-t-il sévèrement après quoi, il se retourna vers la jeune femme aux cheveux rouge foncé pour l’inviter à poursuivre. Le museau de Kamek s’ouvrit béatement à ce retour cinglant qui lui cloua le bec.

«Dites-moi plutôt ce qui vous plaît tant chez cette princesse. Qu’est-ce qui fait chavirer votre cœur pour elle ?» Solfège se racla la gorge puis leva les yeux vers Bowser quand celui-ci s’arrêta de marcher pour commencer à réfléchir à sa question. Elle pouvait carrément sentir le regard brûlant de Kamek dans son dos, la rendant vite mal à l’aise.

«Elle est si belle ! Ses cheveux sont comme des filons d’or, ses yeux ressemblent à de merveilleux saphirs, ses lèvres ont l’air si douces … Et son flamboyant diadème brillant de mille feux ! Elle a ce petit caractère de guerrière, ce côté aventureux qui me plaît.» Bowser hocha la tête en plaçant ses mains à ses joues, imaginant Peach dans son esprit. Sa voix n’était plus du tout effrayante et son expression était devenue beaucoup plus douce pendant qu’il parlait de sa princesse, cette image encourageant Solfège à poursuivre sur cette voie-là. Sauf que ce dernier n’avait pas fini de l’idolâtrer et que le reste était bien moins romantique.

«Me marier avec elle serait la plus belle des victoires car j’accéderai enfin au pouvoir qui me revient de droit. Avec elle à mes côtés, plus personne ne pourra rien contre nous ! J’étais prêt à utiliser cette étoile pour elle, pour lui montrer que mes démarches étaient sincères … Que nous pouvions gouverner ensemble et mettre tout le monde à genou grâce à la puissance de notre amour !» Faisant un geste théâtral dramatique, le Roi ferma les yeux d’un petit gémissement qui lui valut des applaudissements du Magikoopa impressionné par sa performance.

C’était pas encore gagné.

«Bon. Changeons de tactique.» Murmura Solfège qui se dirigea vers le grand Koopa pour se positionner juste devant lui et ainsi faire cesser les applaudissements inutiles de Kamek. Attendant que le Roi ne baisse les yeux vers elle, elle croisa les bras.

«Faites comme si c’était la princesse en face de vous et dites-lui quelque chose de gentil.» Elle le mit soudainement au défi, voulant voir sa capacité à réagir face à une situation imprévisible. Immédiatement, son air confiant se brisa pour laisser apparaître de l’incertitude.

La voilà, la brèche dans la carapace du tristement célèbre Bowser le Maléfique. Celle qu’elle espérait voir un jour, celle qu’elle attendait … Car elle l’avait toujours su au fond d’elle qu’il n’y avait pas que cette mauvaise image de lui. Le don de la clairvoyance était un fabuleux don. En une fraction de secondes à peine, le Koopa face à elle n’était plus la tortue brutale et virulente qu’elle avait appris à connaître à ses dépens, mais une personne remplie d’insécurités. Il avait laissé tomber son masque, sans doute par inadvertance, quand elle l’avait sorti de sa zone de confort avec un autre exercice qui demandait de la répartie. Et à priori, Bowser s’était toujours référé à son conseiller qui n’était pas forcément la meilleure option en termes de séduction. Sinon, Peach serait peut-être déjà tombée sous son charme, qui sait ?

«Allez-y.» Insista Solfège quand il ne réagit toujours pas.

«Quoi là, tout de suite ?» Nerveux, Bowser noua ses griffes entre elles mais à l’expression inchangée de Solfège, il la regarda avec perplexité. Ce qui la poussa à agir.

«Lancez-vous. N’ayez pas peur, je ne ferai pas de mal à une mouche.» Dit-elle dans un grand sourire qu’elle espérait encourageant, sa voix pleine de bonnes intentions. Le Koopa immense voulut lui rétorquer qu’il n’avait jamais peur, mais il était actuellement mort de trouille ... Finalement il se racla la gorge pour se lancer d’une main sur le torse.

«Ahem. Princesse Peach, vos deux yeux d’un bleu profond sont comme deux gouttes d’eau dans un champ de paille …» Il sourit maladroitement quand les yeux de Solfège s’élargirent légèrement puis que son sourire s’estompa.

Non, ce n’était définitivement pas gagné.

«Quoi ?» S’inquiéta Bowser d’une touche d’agacement, son sourcil droit se levant à l’humaine qui cherchait ses mots.

«C’était brillant votre Altesse ! Vous êtes un poète dans l’âme.» Félicita aussitôt Kamek tandis qu’il pressait ses petites mains contre lui. Il était si fier de lui et de ses capacités de séducteur !

«Qu’est-ce que j’ai dit ?!» Bowser leva les mains devant Solfège qui le regardait d’une façon étrange. Il n’arrivait pas à déchiffrer son regard et cela commençait à lui faire peur ! Était-il aussi mauvais que ça ? La regardant avec espoir, il leva les sourcils lorsqu’elle reprit enfin la parole avec hésitation.

«C’est … Un bon début ! Mais réfléchissez avec votre cœur plutôt qu’avec votre tête. Ecoutez vos émotions, laissez-vous guider par eux !» Encouragea Solfège d’un haussement de ses épaules qui se résultat par un violent retour, manquant de peu de recevoir un postillon sur son visage.

«C’est exactement ce que je fais !» Gronda-t-il d’un ton menaçant.

«Et si je me déguisai en princesse Peach, cela vous aiderait-il ?» Elle voulait rajouter pour se détendre mais elle n’avait pas spécialement envie de se prendre un jet de flamme pour son audace. Déjà qu’elle était constamment en danger et que chacune de ses phrases pouvaient débouler sur un malentendu … Toutefois ce ne fût pas la réaction de Bowser qui l’étonna mais celle du magicien.

«Pas question ! C’est mon rôle de jouer la princesse ! Je suis le meilleur imitateur et je ferai une bien meilleure princesse que vous pour le Roi ! Il mérite la crème de la crème pour s’entraîner.» Rouspéta Kamek tout en levant sa baguette magique dans les airs après avoir poussé l’humaine sur le côté pour se tenir fièrement devant Bowser.

Solfège soupira discrètement puis se frotta les yeux de lassitude pendant que les deux Koopas repartaient dans un long débat sur comment ils allaient procéder à partir de maintenant. Cette journée pas comme les autres s’annonçait difficile et longue.

Très, très longue.

A suivre …

VP 

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