Chante pour moi

Chapitre 9 : Complicité

4756 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/05/2023 12:17

Chapitre 9 - Complicité

Deux gardes Koopas la traînaient au sol le long de la passerelle jusqu’à ce qu’elle ne se retrouve devant les pieds de Bowser en personne. Des larmes coulant sur ses joues, Solfège n’osait lever les yeux vers lui cependant elle pouvait sentir sa présence maléfique l’envelopper. Désormais à genoux devant le Roi, l’humaine fût brusquement tirée en arrière par les gardes pour l’obliger à regarder le Koopa géant droit dans les yeux. Elle glapit de surprise mais se retrouva soudainement prise au piège par son regard calculateur tandis qu’un lent sourire étirait les coins de son museau. Cette expression malveillante la glaça. Ses grands sourcils rouges froncés pendant qu’il l’étudiait dans le silence, Bowser leva tout à coup une griffe pour la placer sous le menton de Solfège afin de la forcer à rester dans cette position quand il reprit la parole. Sa voix grave et menaçante vibrait dans chacun de ses membres.

«Tu pensais vraiment pouvoir m’échapper ?» Déclara-t-il d’un calme alarmant tout en pressant sa griffe sous la gorge de la jeune femme terrorisée néanmoins parfaitement immobile pour soutenir son regard dans le sien. Il devait admettre qu’elle avait du cran de l’affronter. Il se mit doucement à rire alors qu’il regardait le sol d’une secousse de sa tête. Puis il releva ses yeux rouges pour la fixer à nouveau avec ce même regard diabolique emblématique.

«Tu ne quitteras jamais cet endroit …» Bowser haussa les sourcils après un ricanement avant de subitement perdre toute trace d’amusement pour devenir très sérieux, le changement étant effrayant. Le souffle de ses narines déplaça ses cheveux roux tandis qu’il se penchait vers elle pour grogner tout bas ; «Solfège.»

Et d’un hurlement, il leva son autre main griffue en l’air pour ensuite l’abattre sur l’humaine qui ferma hermétiquement les yeux en attendant le coup venir.

«Tu t’es encore perdue dans tes pensées …»

Solfège cligna rapidement des yeux quand elle revint au présent grâce à la petite voix ennuyée du jeune Koopa qui la sortit de sa rêverie. Elle était assise en tailleur derrière Junior face au miroir posé au sol, le peigne à la moitié du chemin de sa petite houppette rouge. Se regardant avec incrédulité dans le reflet de la glace, il lui fallut quelques secondes pour se souvenir où elle était et ce qu’elle faisait. Ce matin elle avait proposé à Junior de le recoiffer un peu après que ce dernier s’était emmêlé les cheveux. Elle avait placé un coussin entre sa carapace épineuse et son ventre pour ne pas risquer de se faire blesser par inadvertance par l’un de ses petits pics. Mais son rêve de la nuit dernière n’arrêtait pas de la hanter … Elle ne cessait d’y repenser et de le rejouer dans son esprit jusqu’à ne plus savoir ce qu’elle faisait, ce qui avait évidemment alerté le petit Koopa grognon.

«Tu as fait un mauvais rêve ? Je t’ai entendu crier hier soir.» Révéla-t-il alors qu’il observait le visage tracassé de Solfège via le grand miroir.

«Un horrible cauchemar.» Affirma la jeune femme d’un rictus pendant qu’elle passait à nouveau le peigne dans la petite tignasse de Bowser Jr, ses sourcils se fronçant à cette pression dans sa poitrine qui ne voulait plus s’en aller.

«Horrible à quel point ? Moi, je fais souvent le même cauchemar. Je rêve que des Toads me courent après pour me forcer à manger leurs champignons dégueux … Parfois ils m’attrapent et me jettent dans une marmite remplie de champignons ! Ils se mettent tous à rire en me mettant du sel et du poivre sur la tête … Et ensuite je me transforme en poireau ! J’arrive à m’enfuir la plupart du temps, mais après papa ne me reconnait plus et me chasse du royaume car je suis un vilain poireau …» Expliqua tristement la petite tortue au menton tombant, traumatisé par cette histoire de champignons.

«C’est vraiment affreux … Je ne sais pas ce que sont des Toads, mais ils ont l’air très très méchants. Mais je suis sûre que même si tu te transformais en poireau, ton papa ne te repousserait pas. Tu comptes beaucoup trop à ses yeux.» Tenta de rassurer Solfège d’un petit sourire à Junior dans le miroir, arrêtant un instant son brossage quand le Koopa la regarda avec étonnement.

«Pwah ! Tu ne sais pas ce qu’est un Toad ? Ils sont tout coloré, tout mignon et tout joyeux, tout le temps. Ça me donne envie de vomir !» Gémit-il en tirant la langue dehors de dégoût, ce qui fit rire l’humaine dans son dos. Toutefois il reprit vite pour finir sa phrase d’un grommellement ; «et papa déteste les poireaux.»

«Oh …» Pinçant les lèvres pour ne pas recommencer à rire, Solfège retourna rapidement à son coiffage avant de vexer le jeune prince par inadvertance. Il ne fallait surtout pas rire, car ce n’était pas du tout drôle pour lui ! Un cauchemar restait effrayant pour celui qui l’endurait, qu’importe le sujet de ce dernier alors il n’y avait aucun jugement à porter.

Même si cette conversation innocente lui permettait d’apprendre des petites choses assez amusantes. Bowser Jr n’aimait pas les champignons, et sa version adulte haïssait les poireaux. Qui l’eut cru ?

Cependant son sourire faiblit légèrement lorsque des images de son cauchemar lui revinrent pour la tourmenter, sans relâche, depuis son réveil. Ce qui l’effrayait n’était pas tant la nature de ce rêve, mais plutôt la probabilité qu’il se réalise. Mais n’ayant pas essayé de s’évader pour le moment ni même songé à le faire, Solfège pouvait donc se consoler de cette manière et espérer qu’elle ne fera plus jamais face à la colère de Bowser. Brièvement, elle se souvint de ce qu’elle avait osé faire il y a quelques nuits … Apporter un coup de main au Roi des Koopas. Nul doute que cette petite aventure l’avait travaillée au point que son esprit ne recrée une situation de danger dans laquelle elle pourrait facilement se retrouver. Elle se sentait désolée d’avoir réveillé Bowser Junior avec son stupide cauchemar, en revanche elle était également surprise qu’il ne lui avait pas fait de reproches.

«Alors, c’était quoi ton terrible cauchemar à toi ?» Demanda soudainement Junior quand il vit le froncement de sourcils préoccupé de Solfège. Il était curieux de savoir ce qui l’avait mise dans cet état !

«Si je te le disais, tu ferais encore plus de cauchemars ! Et ils seraient bien pire que cette histoire de Toads démoniaques et de poireau parlant.» Taquina la jeune femme dans son dos tout en enfonçant ses doigts dans les côtes du jeune Koopa pour le faire glousser. Il piaffa puis fit un bond, s’indignant lorsqu’elle tira un peu sur le nœud du bandana qu’il ne quittait plus du tout depuis qu’il l’avait fini. De jour comme de nuit. Evidemment, c’était une distraction car elle n’avait pas envie de lui dire que son cauchemar concernait Bowser … Elle préférait qu’il ne le sache pas.

«Les cauchemars, ça ne me fait pas peur ! Mais parfois ils me rendent triste …» Admit-il pendant que Solfège finissait de le coiffer en mettant son élastique noir pour refaire sa traditionnelle houppette. Satisfaite, elle posa ses mains sur ses genoux repliés avant de se pencher sur le côté droit pour regarder la petite mine attristée de son jeune ami incroyablement calme ce matin contrairement aux autres fois.

«Moi aussi, ils me rendent triste.» Avoua-t-elle à son tour, ses yeux verts se perdant sur le grand tapis rouge. Toutefois elle eut une idée pour leur remonter le moral.

«Que dirais-tu de t’entraîner à faire des boules de feu ? On pourrait aller sur cette grande plateforme à l’extérieur, comme ça on ne risque pas de blesser qui que ce soit ou de faire des dégâts. Ça serait une bonne idée, non ?» Proposa Solfège d’un sourire encourageant, cependant le petit Koopa haussa les épaules, ne montrant pas trop d’enthousiasme.

«Euh c’est-à-dire que … Je ne crois pas que ça soit une très bonne idée. Papa pourrait se fâcher contre moi si je monte sur la plateforme sans lui. Il me dit toujours que c’est dangereux parce qu’il y a du vide et que je pourrais tomber et me faire mal.» Déclara Junior d’un soupir découragé. De savoir que son papa ne lui faisait pas confiance lui faisait de la peine, même s’il avait raison de s’inquiéter pour sa sécurité quand on vivait dans un château volant en permanence.

«Est-ce qu’il y aurait un autre endroit où on pourrait aller ? Peut-être une salle d’entrainement ou alors une pièce inutilisée ?» Demanda ensuite l’humaine dans son dos. Ce qui illumina aussitôt le visage de Bowser Junior qui claqua deux de ses doigts.

«J’ai peut-être une idée ! Suis-moi !» Désormais excité à l’idée de s’entraîner, le jeune Koopa à épines sautilla sur ses pieds alors qu’il se ruait à la porte de sa chambre pour l’ouvrir avec fracas. Manquant de peu de renverser les deux gardes qui tenaient l’entrée dans son sillage.

Il n’attendit pas que Solfège chausse ses chaussures rouges pour descendre les grands escaliers à la vitesse de la lumière puis rejoindre l’une des passerelles menant à une partie se trouvant à l’extérieur du château. Riant follement quand il entendit les pas précipités de la jeune femme derrière lui, il s’empressa d’ouvrir une grille pour atteindre l’escalier en colimaçon de l’une des tours de garde latérale se trouvant à l’Est. Réalisant de grands gestes pour presser le pas à Solfège qui faisait de son mieux pour le suivre, le petit Koopa rejoignit rapidement le haut de cette fameuse tour qui offrait une vue spectaculaire de l’ensemble du château maléfique. Arrivé le premier, Bowser Jr croisa les bras d’un petit sourire fier en attendant que l’humaine ne pointe enfin le bout de son nez, épuisée après cette course toutefois heureuse d’avoir finalement atteint l’objectif.

«Où est-ce qu’on est ?» Questionna-t-elle mais sa voix se perdit lorsqu’elle fut prise par la beauté du paysage.

Lentement et avec quelques hésitations, elle se redressa pour regarder tout autour d’elle à la fabuleuse vue que lui offrait cette tour presque aussi haute que la plateforme centrale. Le vent, soufflant par petites bourrasques irrégulières, éparpillait ses beaux cheveux rougeoyants dans son dos pendant qu’elle prenait note de chaque détail de ce monde fascinant qui l’entourait. Ils étaient très haut, les nuages noirs et les éclairs l’empêchant de voir au-delà des limites du château. Faisant preuve de beaucoup de prudence, Solfège s’approcha du bord de la tour pour poser ses mains sur le rebord en pierre afin de pouvoir se pencher pour regarder ici-bas, son souffle se bloquant à la hauteur vertigineuse. Elle était à court de mot.

De la lave en fusion et du feu à perte de vue … De profonds cratères sillonnaient les terres, creusaient ce paysage infernal où d’immenses pierres pointues s’élevaient du sol comme pour garder le château des intrus. Sur sa droite, elle pouvait voir un unique passage menant au pont levis en métal. Des geysers de lave s’élevaient de temps à autre parmi les cascades incandescentes qui rendaient ce paysage chaotique et dangereux, repoussant quiconque oserait s’approcher de ce château volant. Plus haut au-dessus de l’entrée principale se trouvait une effrayante tête qui crachait de la lave par la gueule directement sur le passage menant aux portes. Solfège retint son souffle lorsqu’une rafale chaude venue d’en bas souffla sur son visage puis que ses cheveux s’envolèrent, ce qui fit rire son jeune compagnon derrière elle.

«Alors, mortel non ? C’est le plus beau château du monde ! Il est grand, monstrueux, intimidant et trop cool, à l’image de papa et moi ! Personne ne rivalise.» Ricana Junior qui leva un sourcil lorsque l’humaine se retourna vers lui avec de grands yeux choqués.

«Pour être mortel il l’est … Comment vous faites pour ne pas tomber dans la lave ?» S’étonna-t-elle tout en passant ses doigts dans sa chevelure, tremblante d’adrénaline.

«Oh, c’est simple. On regarde où on met les pieds.» Répondit tout naturellement le petit Koopa d’un autre haussement d’épaules paresseux. Une réponse des plus logiques … Il suffisait de faire attention, il n’y avait pas de secret.

«Evidemment.» Solfège leva les yeux.

«Par quoi on commence ? Allez, je veux m’entraîner ! Dis-moi ce que je dois faire ! Dis, dis ! Est-ce qu’il faut que je rugisse comme papa ? Est-ce que le feu vient seulement avec la colère ? Je veux faire des boules de feu géantes ! Les plus grosses et les plus puissantes !» S’impatienta Junior tout en trépignant d’impatience, hâte de pouvoir impressionner son père avec une nouvelle capacité. Et comme ça peut-être qu’il l’emmènera avec lui la prochaine fois qu’il ira au combat ? Rien qu’à cette pensée, il se frotta les mains d’anticipation.

«Je ne sais pas comment ça fonctionne, mais je pense qu’il faut ressentir une émotion pour animer ton feu intérieur. Ça doit venir des tripes, il faut que tu le sentes dans ton ventre.» Expliqua Solfège tout en tapotant ses mains sur le tissu de son ventre pour essayer de lui transmettre ce qu’elle voulait dire. Au regard sceptique de l’enfant, elle poursuivit.

«As-tu déjà vu comment ton papa faisait ? Vous vous êtes déjà entrainés ensemble ? Est-ce qu’il … Ressentait de la colère ?» Hésita-t-elle alors qu’elle se penchait vers lui pour poser sa main sur son épaule afin qu’il redresse son museau vers elle. Il soupira.

«Juste une fois. Mais il n’a jamais le temps de toute façon. Il est toujours occupé à chercher un moyen de faire changer d’avis mama Peach pour qu’elle l’épouse. Je trouve ça ridicule ! C’est mieux de faire la guerre que de courir après les princesses !» S’agaça Bowser Jr après avoir frappé son petit pied sur le sol de frustration. Solfège grimaça puis leva son autre main pour calmer la tortue avant qu’il ne fasse une vilaine crise de colère.

«Je vois … Eh bien ce n’est pas grave, nous allons apprendre ensemble. Ensuite tu lui montreras ta progression ! Ça lui fera sans doute très plaisir, qu’en penses-tu ?» Avança cette dernière qui força un sourire à son visage, ayant soudainement une crainte à l’idée de contrarier le Roi. Il était vrai qu’elle n’y avait pas pensé … Et s’il voulait lui apprendre ?

«Je suis prêt !» Forcément, c’était trop tard pour faire machine arrière.

«Prends une profonde inspiration. Tu gonfles le torse puis tu libères ton feu intérieur dans un grand rugissement !» Solfège appliqua ses conseils en même temps qu’elle les énonçait, prenant d’abord une grande bouffée d’air avec le torse bombé avant d’imiter un rugissement. Ce qui était plutôt comique étant donné qu’elle ne savait pas du tout comment s’y prendre. Mais cela faisait beaucoup rire Junior qui s’empressa de faire pareil après avoir jeté son bandana denté dans son dos. Il ne voulait surtout pas se risquer à l’abimer, voyons !

«Comme ça ?» Imitant les gestes à l’identique, il prit une profonde inspiration avant d’ouvrir la bouche puis de rugir de toutes ses forces. Malheureusement pas une seule flamme n’en sorti.

«Ce n’est pas grave. Ça viendra avec le temps ! Je te le promets. Il suffit juste de persévérer et de croire en toi !» Rassura aussitôt Solfège qui lui souriait gentiment d’une petite tape amicale sur la touffe rouge sur sa tête. Elle fût toutefois surprise lorsque le petit Koopa recommença sans broncher, voulant prouver qu’il en était capable.

Le torse bombé et les bras en arrière, les joues de Bowser Junior s’arrondirent alors qu’il se concentrait sur son feu intérieur pour qu’il se réveille enfin. Il voulait impérativement réussir à impressionner Solfège ! Lui montrer qu’il ne se dégonflait pas aussi facilement et qu’il pouvait faire des boules de feu aussi grandes que son père ! De petites gouttes de sueur se formèrent sur son front tandis qu’il plissait furieusement les yeux. Retenant un long moment sa respiration, au point d’inquiéter l’humaine à côté de lui, il libéra subitement toute la tension accumulée dans son ventre. Penché en avant avec la langue dehors, Junior laissa sortir un énorme rot dégoutant qui résonna tout autour d’eux et qui descendit même par l’ouverture de l’escalier pour faire une série d’échos à l’intérieur du château. Immobiles avec des yeux écarquillés, les deux restaient dans un silence stupéfait avant de sombrer dans une crise de fou rire.

«Ha ha ha ! Tu as entendu ? J’ai fait trembler les murs ! C’était trop drôle !» Rigola Junior en pointant une griffe en direction des escaliers, son petit rire de chafouin intensifiant celui de Solfège.

«Voilà qui était très grossier votre Altesse ! Comment un tel son peu sortir d’un si petit Koopa ? Cela étant dit, j’ai bien cru que la tour allait s’effondrer sous nos pieds !» Railla-t-elle cependant son sourire la trahissait. Junior arrêta subitement de rire pour croiser les bras d’une petite moue contrariée.

«Je ne suis pas petit !» Il grinça.

«Petit, mais puissant.» Se corrigea-t-elle d’un clin d’œil espiègle, ce qui motiva le jeune prince à se remettre au travail pour lui prouver qu’effectivement, il n’était pas petit.

De longues heures durant, Solfège entraîna le mini Bowser à devenir plus fort. En haut de cette vertigineuse tour surplombant le territoire dévasté par le feu, elle l’encourageait à prendre confiance en lui, elle l’incitait à se surpasser pour un objectif et ne pas regarder sur les échecs. Car des échecs, il en connaîtra encore tout un paquet dans sa vie … Et elle ne voulait pas qu’il s’arrête en si bon chemin sous prétexte qu’il n’était pas assez fort. Elle voulait donner tort aux Koopalings qui passaient le plus clair de leur temps à le rabaisser qu’il n’était qu’un bébé, à le traiter d’incapable qui ne comptait que sur son père pour le défendre. C’était faux. Junior avait toutes les capacités pour devenir comme son paternel pour qui il vouait un profond respect, toujours à la recherche de son admiration qu’importent les situations. Du moment qu’il recevait tous les éloges, Junior ne pouvait pas être plus heureux.

C’était admirable.

«Nous pouvons faire une pause si tu veux. Ce n’est pas grave si on arrive pas aujourd’hui. Que dirais-tu d’aller te chercher une collation ? Après on peut aller jouer.» Proposa gentiment Solfège dans l’espoir qu’il accepte lorsqu’elle remarqua qu’il s’épuisait littéralement à la tâche. Soucieuse, elle s’approcha de Bowser Jr quand il se laissa tomber à genoux d’un petit gémissement épuisé. Prenant de rapides respiration, il finit par chasser la main de la jeune femme pour se redresser sur ses jambes en serrant les poings avec conviction, prêt à réessayer. Il ne lâchera pas l’affaire !

«Tu peux le faire …» Chuchota Solfège tout en joignant les mains devant elle au moment où il reprit une profonde inspiration, ses petites joues se gonflantes d’air.

Junior mit absolument toute sa force et son cœur pour cet énième essai. Il devait réussir ! Il le fallait, il était déterminé. Penchant tout son corps en avant d’un petit cri de guerre, il sentit une étrange chaleur se former dans sa gorge et avant même qu’il ne comprenne ce qui se passait une minuscule boulette de feu rebondit devant lui sur le sol en pierre. Celle-ci sautilla trois fois avant de s’évaporer dans les airs sous les regards abasourdis du Koopa et de l’humaine. Pendant plusieurs secondes, le silence s’installa alors que les deux témoins de cette prouesse fixaient bêtement le sol où il y avait désormais une petite trace noire. La trace de la première boule de feu de Bowser Junior … Il n’en revenait pas. Il avait réussi … Il avait réussi à lancer sa toute première boule de feu ! D’un hurlement de joie perçant, la petite tortue sauta dans les airs avant de se jeter dans les bras accueillants de Solfège qui riait de bonheur.

«Je savais que tu en étais capable ! Je n’en ai jamais douté.» Félicita-t-elle après s’être laissée tomber sur le sol pour faire un câlin au jeune prince tout émoustillé par son exploit.

«C’est moi le plus fort ! C’est moi le plus fort ! J’ai tellement hâte de le dire à papa et de lui montrer que je sais faire des boules de feu énormes ! Tu as vu comme elle était grande ? Hein, t’as vu ?» S’émerveilla Junior contre la poitrine de l’humaine tout en resserrant ses bras autour d’elle, la joie inscrite sur son visage rond.

«Oui je l’ai vue. Tu as été formidable …» Solfège s’arrêta de rire pour sourire avec adoration à l’enfant contre elle, passant délicatement sa main sur sa tête alors qu’il repartait dans des radotages sans fins à propos de tout ce qu’il allait faire maintenant qu’il s’était trouvé une toute nouvelle utilité.

Cette scène des plus attendrissantes était retranscrite en direct dans un nuage de fumée rose crée par Kamek pour Bowser. Le Magikoopa tournoyait lentement sa baguette magique pour montrer au Roi ce que faisait la servante rousse avec son fils, ses grandes lunettes tournées vers le féroce Koopa qui ne disait pas un mot tandis qu’il regardait fixement la scène se déroulant en haut de la tour. D’abord, il avait ressenti une intense colère au culot de cette humaine puis de la tristesse après avoir vu la première boule de feu de son fils sans avoir été présent physiquement à ses côtés. C’était quelque chose qu’il aurait voulu expérimenter avec lui, mais le bonheur sur le visage de Junior n’avait pas de prix et balaya toutes émotions négatives en un instant.

Son sourire inestimable, ses petits yeux rieurs … Il devait reconnaître qu’il avait l’air très attaché à elle. Cette image serra son cœur dans sa poitrine car cela faisait longtemps qu’il n’avait plus vu son fils aussi épanoui, que ce soit avec lui ou quelqu’un d’autre. Riant avec cette humaine du nom de Solfège qui apparemment lui apportait de l’amour et du soutien lui donna un étrange sentiment qu’il ne saurait décrire mais qui l’apaisait en quelque sorte. Donc au lieu de ressentir de la colère ou une forme de jalousie, Bowser était plutôt soulagé par ce qu’il voyait dans ce nuage rose, ressentant à quel point Junior était comblé avec elle. Cette émotion était assez nouvelle pour lui, de quoi le déstabiliser.

«Je les observe depuis un moment. Elle reste toujours à ses côtés. Elle regarde qu’il s’alimente correctement, qu’il ne se couche pas trop tard, qu’il s’amuse avec tout un tas de nouvelles activités …» Parla Kamek tout en faisant un levier avec sa main pour changer de scène et revenir à quelques jours en arrière pour voir un tout autre moment.

Bowser arqua un sourcil rouge lorsque le décor changea puis qu’il se retrouva dans la cuisine royale avec le Koopa cuistot qui servait un verre de jus à Junior et à Solfège. Tous les deux assis côte à côte, ils dégustaient un petit déjeuner qui comprenait des gaufres, des pommes savoureuses, de l’avoine, des tranches de bacon fris ainsi qu’un petit carreau de chocolat destiné à son fils. Du chocolat ? Habituellement, Koopa cuistot n’appréciait pas la présence de Junior dans sa cuisine car il avait la fâcheuse tendance à renverser les plats alors de le voir offrir du chocolat … Il n’arrivait pas à croire ce qu’il voyait. Divisé entre la sidération et l’incompréhension, Bowser croisa les bras tandis que son regard suspicieux se posa sur Solfège qui venait de recevoir une part de gaufre de Junior, ce dernier partageant son petit déjeuner avec elle.

«Il apprend à partager et à faire des efforts de comportement. C’est remarquable.» Kamek redressa ses lunettes sur son museau, absorbé par la scène qui jouait dans son nuage. Il osa même dire la chose suivante ; «si je peux me permettre, ça faisait longtemps que je ne l’avais plus vu aussi heureux.»

«Elle est en train de le ramollir !» Rouspéta Bowser après avoir soufflé d’exaspération.

«Non, je dirais plutôt qu’elle canalise son énergie. Au moins grâce à elle, nous pouvons être sûr qu’il ne fait pas de bêtises ou qu’il n’embête pas les gardes. Ou qu’il ne se mette plus en situation de danger. Mais rassurez-vous, il n’en reste pas moins le fils de sa Méchanceté ! C’est toujours le même petit Koopa arrogant, malicieux, fourbe et mauvais perdant que nous connaissons tous. Tout comme vous votre Altesse ! Vous pouvez être fier de lui.» Complimenta Kamek d’un grand hochement de tête suivit par un sourire en espérant que son Maître n’était pas vexé de voir son fils agir ainsi. Car tout le monde appréciait le nouveau Junior.

Cependant les yeux de Bowser restaient figés sur l’humaine représentée dans le nuage aux côtés de son fils. Elle riait aux éclats, ses yeux vert pomme et son sourire remuant quelque chose au fond de lui qu’il tenta de faire disparaître d’un raclement de gorge. Son bonheur contagieux serait-il en train de le contaminer ? Poussant un grommellement offusqué, le Roi Koopa balaya le nuage avec sa main puis se retourna sans un mot pour rejoindre l’escalier, pensif.

A suivre …

Merci à tous pour la lecture, j’espère que vous avez apprécié ce nouveau chapitre. N’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !

VP

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