Chante pour moi
Chapitre 5 - Gratitude
Elle avait passé la moitié de la nuit à pleurer. Les mains serrant les barreaux dans un étau, Solfège s’apitoyait sur son sort, de grosses larmes dévalant ses joues puis son menton pour finir par tomber dans la lave ici-bas. Elle était désespérée. Sa montre à gousset perdue à jamais, elle n’avait plus aucune idée du temps qui lui restait ... Et maintenant, elle était prisonnière de ces lieux avec une menace qui planait constamment au-dessus de sa tête. Au moindre faux pas, au moindre mot de travers, l’épée de Damoclès lui tomberait dessus à coup sûr. Elle n’avait pourtant rien fait de mal … Elle faisait ce qui lui semblait être le plus juste dans ce monde de noirceur et de désolation. Elle avait simplement voulu apporter un peu de réconfort à un enfant en manque d’affection, faire en sorte qu’il ne se sente pas seul quand elle-même était en proie à cette terrible solitude d’aussi loin que remontaient ses souvenirs.
Solfège ne pouvait retirer cette image effrayante de Bowser la tenant au-dessus du vide de son esprit tourmenté. Ce regard ténébreux, la haine contenue dans ses yeux … Cette force alimentée par une intense colère qui semblait provenir tout droit du cœur. Avait-il au moins un cœur ? Était la question qu’elle pourrait légitimement se poser, sauf que Solfège savait reconnaître un monstre d’une âme en peine. Il était cruel, odieux et impitoyable, mais malgré cette facette de Roi malveillant qu’il exprimait en public, elle ne pouvait se résoudre à croire qu’il n’y avait rien d’autre que cette brutalité naturelle. Car elle l’avait aperçue, cette petite lueur au fin fond de ses yeux rouges enragés. Quand il avait entendu la petite voix anxieuse de son fils, celle qui l’avait ramené à la raison juste à temps avant de commettre l’irréparable.
Ce qui amena son destin à changer pour qu’elle se retrouve être la servante de quelqu’un.
Dévastée par la situation, Solfège ne dit rien lorsque Bowser Junior la chercha au fond de sa cage pour l’emmener avec lui comme à son habitude. A la seule différence que cette fois-ci, son père était au courant de ses allées et venues dans les couloirs étant donné son nouveau rôle. Son visage démuni de toute expression, la jeune femme se leva lentement pour suivre machinalement la petite tortue qui avait d’ores et déjà débuté ses babillages incessants. Derrière elle, les trois prisonniers qui avaient rejoint la prison au courant de la nuit se plaignirent de la voix criarde de l’enfant qui les avaient tirés de leur sommeil. Deux pingouins et une abeille, ils avaient essayé de faire la discussion à l’humaine aux cheveux de feu mais celle-ci ne s’était pas montré très coopérante car elle n’était pas d’humeur à discuter. Et à raison. Comment le pourrait-elle ? Sa bonne humeur s’était tout simplement volatilisée tandis que son cœur lui faisait mal de savoir qu’elle ne reverra sans doute plus jamais l’extérieur.
Solfège ne fit même pas attention où Junior la conduisait jusqu’à ce que le petit Koopa ne pousse la porte de sa gigantesque chambre en bazar. Ils étaient déjà arrivés ? Elle ne s’en était pas rendue compte. Après tout, cela n’avait plus aucune importance où il l’emmenait … Le visage obscurcit par son chagrin, l’humaine toujours en robe rose voulut passer entre les deux Koopas à la coquille rouge qui gardaient jalousement la chambre mais ces derniers la bloquèrent avec leur lance en métal. Tiens, c’était une nouveauté ! Junior n’avait jamais eu de gardes à sa porte depuis qu’elle était captive dans le château. La dévisageant de haut en bas d’un air supérieur, les gardes s’apprêtèrent à repousser Solfège cependant le fils de leur Roi bien aimé s’interposa vite entre les trois.
«Wow tout doux, elle ne risque rien avec moi. Je suis son garde du corps personnel maintenant !» Déclara-t-il fièrement tout en frappant son poing contre son torse bombé. Les deux Koopas se jetèrent un regard désemparé à cette déclaration.
«Hein ? Ce n’est pas de toi qu’on se méfie, mais de cette humaine ! On ne connait pas ses réelles intentions. Et on ne sait pas de quoi elle est capable.» Rappela le garde de gauche tout en plissant suspicieusement les yeux à Solfège qui se tenait maladroitement dans le couloir.
«On a reçu pour mission de garder un œil sur vous deux !» Expliqua le plus ancien des deux Koopas au jeune enfant qui avait la mauvaise habitude de discuter les ordres.
«Je n’ai pas besoin de nounous supplémentaires ! Je peux garder un œil sur elle tout seul comme un grand ! Votre présence n’est donc pas justifiée.» Répliqua aussitôt Bowser Jr d’un petit sourire effronté alors qu’il croisait les bras sur sa poitrine, un sourcil arqué.
«Mais, votre Altesse, et si la prisonnière tente quelque chose ? Ou si elle s’enfuie ? Souvenez-vous de la princesse Peach-» Voulut raisonner l’autre Koopa, toutefois il n’eut pas le temps de finir car le plus jeune s’échauffa d’un petit bond.
«C’est ma prisonnière et ma servante à partir de maintenant ! La mienne ! La mienne, la mienne, la mienne ! Donc je fais ce que je veux quand j’en ai envie. C’est moi qui distribue les ordres. Sinon, je vais le dire à papa que vous ne m’obéissez pas et que vous êtes méchants avec moi !» Menaça Junior qui venait de perdre patience avec les deux gardes qui ne faisaient, certes, que leur travail mais il ne voyait pas l’intérêt de leur présence … Il haïssait être surveillé par qui que ce soit car il avait l’impression que son père ne lui faisait pas suffisamment confiance pour prendre soin de lui-même.
Pourtant il avait pris l’habitude d’être tout seul.
«Oui votre Altesse !» Balbutièrent les deux Koopas alors qu’ils se redressaient de peur des deux côtés de la porte pour permettre à l’enfant et à l’humaine d’accéder à la chambre qu’ils gardaient. Oh que non ! Ils n’allaient pas tester la véracité de ses paroles, ils n’avaient pas envie de passer un sale quart d’heure sous prétexte qu’ils étaient désobéissants.
«Humpf eh bien, c’est pas trop tôt. Aller, tu viens ?» D’une vague de sa main en direction de Solfège, Bowser Jr sautilla jusqu’à son lit à baldaquin pour bondir sur les draps qui venaient tout juste d’être changés. Réalisant plusieurs figures amusantes sur son lit tandis qu’il sautait toujours plus haut dans l’espoir d’atteindre le plafond, la jeune tortue regarda l’humaine qui restait immobile au milieu du tapis central.
Solfège ne savait pas trop quoi faire. Plantée sous le magnifique lustre bariolé, ses yeux verts regardaient tristement le sol pendant qu’elle tenait son bras avec embarras. Brièvement, elle jeta un coup d’œil oblique à la grande fenêtre malheureusement trop haute pour être atteinte. A l’extérieur, la pluie et les éclairs se déchainaient dans ce décor chaotique fait de lave et de poussière. Depuis qu’elle était ici, jamais elle n’avait pensé à s’échapper … Pas une seule fois cette idée ne lui avait effleuré l’esprit. Pourquoi ? Parce qu’elle n’avait aucune idée d’où aller, aucune idée de ce qui l’attendait dehors en sachant qu’un tel geste désespéré entraînerait des conséquences irrémédiables. Des gardes patrouillaient certainement sans relâche en plus le vaisseau était à des centaines de mètres au-dessus du sol. Néanmoins à cet instant précis, elle se demandait si elle pourrait atteindre cette fenêtre en empilant des jouets les uns sur les autres … Juste au cas où.
Même la joie habituellement contagieuse de Junior ne lui faisait plus aucun effet, elle n’était juste pas en mesure de sourire. Ses beaux cheveux encadraient son visage pâle alors qu’elle tentait de cacher ses larmes naissantes derrière ses mèches rouges sauvages. Elle ne voulait pas pleurer devant Junior pour ne pas l’alerter, mais la pression derrière ses yeux devenait bientôt trop forte à supporter. Elle ne pouvait lutter contre cette morosité qui ne voulait plus la laisser tranquille depuis qu’elle avait perdu sa précieuse montre à gousset. Se laissant tomber sur le tapis rouge et noir, la jeune femme enterra son visage entre ses mains tandis que son corps tout entier était secoué par le chagrin.
«Qu’est-ce que tu as ? Pourquoi tu pleures ? C’est les bébés qui pleurent ! Moi, je ne pleure jamais. Même quand je suis triste !» Junior se laissa glisser le long de sa couverture pour atterrir aux côtés de sa nouvelle servante pleurant à chaudes larmes. Intrigué par son soudain état, il se pencha vers elle jusqu’à ce qu’elle lève la tête pour établir un contact visuel avec la jeune tortue, la vision trouble.
«Tu as raison. Je suis ridicule ...» Accorda Solfège après quelques reniflements malheureux quand le Koopa qui avait les poings à ses hanches esquissa un petit sourire espiègle. Un enfant qui lui faisait la morale ? Eh bien, pourquoi pas après tout si ce dernier avait raison.
«Oui tu l’es. Il y a pire dans la vie !» Acquiesça fermement Junior, sa petite houppette rouge sur sa tête se balançant avec son mouvement.
Pire que d’être prise au piège ?
«C’est vrai, il y a bien pire que d’être enfermée entre quatre murs sous les ordres d’un enfant.» Solfège sourit faiblement à Bowser Jr lorsque celui-ci haussa les épaules avec paresse, n’ayant pas compris la subtilité.
«Papa pourrait te brûler vive … Ou tu pourrais aussi te faire mâchouiller par un Goomba.» Proposa-t-il ensuite avec légèreté pour lui montrer qu’effectivement, il y avait bien pire !
«Tu marques un point.» Solfège devait reconnaître qu’il n’avait pas tort même si cette éventualité, ou plutôt fatalité, lui donnait des frissons. Comment faisait la princesse lorsqu’elle était ici sous la menace de Bowser ? Bon, sa condition devait être bien différente de la sienne étant donné que le Roi avait le béguin pour elle mais tout de même c’était un mystère pour elle …
«Oh attend, j’ai peut-être quelque chose qui pourrait te remonter le moral. Regarde ! J’ai fait ça spécialement pour toi !» Révéla tout à coup Junior après lui avoir fait signe de le suivre à gauche de son lit trois fois plus grand que lui. Solfège se retrouva face à un panier en osier avec un coussin bleu moelleux en son centre ainsi qu’une robe simple de couleur rouge avec l’ourlet noir soigneusement pliée sur le côté. Sa bouche s’ouvrit sous le choc.
«Tout ça est à toi maintenant ! Avant ce lit appartenait à mon Chomb, mais papa ne voulait pas que je le garde parce qu’il devenait soi-disant trop grand et dangereux ...» Grommela Bowser Junior d’une petite moue agacée, les bras croisés sous son menton au mauvais souvenir de ce jour fatidique où il avait dû se séparer de son précieux Chomb. A contre cœur évidemment, mais son père ne voulait rien savoir. Toutefois au manque de réponse de sa servante attitrée, l’enfant Koopa se pencha vers elle puis demanda d’une touche d’impatience ; «ça te plaît ? Dis que tu aimes ! Dis, dis !»
«Si je l’aime ? Je l’adore ! Un vrai lit … Je n’arrive pas à y croire.» S’émerveilla Solfège d’un large sourire conquis tandis qu’elle se mettait à genoux pour passer sa main sur le coussin tout doux. Cette sensation était incroyable ! C’était moelleux et duveteux à la fois … Une vraie merveille !
«Vraiment ?» Sautillant sur ses pieds, Bowser Jr se retint d’hurler de joie.
«Oui ! C’est vraiment très gentil à toi, merci. Et cette robe … Elle est sublime !» Encore sous le choc devant tant de générosité, elle attrapa doucement la robe rouge et noire pour l’ouvrir afin de l’admirer. Il y avait de la dentelle noire aux extrémités, ce qui la rendait élégante tout en restant d’une grande simplicité. Pas de gants, et il n’y avait pas non plus de manches, ce qui lui laissait de la liberté dans ses mouvements. Alors qu’elle admirait sa nouvelle robe avec des yeux brillants d’adoration, Solfège fit tomber un petit nœud noir sur le côté du panier lui servant de futur lit. Un nœud papillon qui se mettait autour du cou, tout comme le reste des serviteurs qu’elle avait déjà pu croiser dans ce château.
«Comme ça, on ne te confondra plus avec mama Peach !» S’enthousiasma Junior tout en se balançant d’avant en arrière sur ses pieds pendant que l’humaine s’extasiait sur sa nouvelle robe de servante. Levant les yeux vers ce dernier, Solfège bondit à ses pieds pour rapidement placer un baiser sur le front de la petite tortue surprise par son geste.
«Merci, votre Altesse.» Elle le remercia encore d’une courte révérence.
«Euh bah euh de rien … Je veux que ma servante soit présentable. C’est tout.» Balbutia Bowser Jr d’un rougissement prononcé à ses joues au contact des lèvres de l’humaine. C’était chaud et agréable ! Il aimait beaucoup la sensation.
«C’est parfait !» S’enchanta-t-elle, son sourire ravi s’agrandissant davantage alors qu’elle tournait la robe pour regarder le ruban noir qui faisait le tour de la taille pour se fermer à l’arrière.
Solfège se dépêcha de glisser derrière le paravent en bois pour se changer dans sa toute nouvelle tenue de domestique. Glissant ses gants blancs en soie sur le sol pour enfiler la robe rouge et noir, elle noua le nœud autour de son cou puis celui dans son dos afin d’être parfaitement présentable comme le désirait ardemment Bowser Junior. C’était la toute première fois que quelqu’un lui offrait quelque chose d’aussi beau ! S’admirant un instant dans le miroir posé à même le sol, elle tournoya plusieurs fois sur elle-même d’un rire quand le bas de sa robe se gonfla. Elle se sentait vraiment à l’aise dans cette robe confortable, encore plus qu’avec celle de la princesse Peach. Au moins avec celle-là, elle n’avait plus besoin de soulever le tissu pour pouvoir courir … Ce qui sera nettement plus pratique pour suivre Bowser Jr dans le château !
«Woah, tu es jolie !» Fasciné par la nouvelle apparence de Solfège, la petite tortue à épines forma un Ô avec sa bouche dès qu’il posa le regard sur elle. Les yeux écarquillés, il ne put s’empêcher de se demander ce que penserait son père en la voyant … Car elle était très jolie avec ses longs cheveux bouclés rouges descendant en cascade sur ses bras nus.
«Petit flatteur.» Plaisanta Solfège d’un sourire timide.
«Et puis d’abord je ne le fais pas exprès. Je n’en peux rien si la robe est jolie … Mais maintenant je veux jouer ! J’en ai assez d’attendre ! Arrête de te regarder dans le miroir et viens jouer avec moi !» S’agaça son interlocuteur irrité tout en frappant son pied sur le sol pour exprimer son mécontentement quand l’humaine continua d’admirer la robe dans le reflet. C’était comme s’il n’existait plus !
«D’accord, d’accord, je viens.» Rit Solfège qui suivit son jeune ami jusqu’à sa montagne de jouets, la tristesse ayant cédé sa place à une intense joie. Grâce à lui. Les deux jouèrent ensemble à faire des piles de cubes jusqu’à ce que trois petits coups ne résonnent sur le bois de la porte. Dérangé dans son jeu de construction, Bowser Jr sauta à ses pieds puis fulmina tout le chemin vers la porte qu’il ouvrit d’un coup de bras pour dévoiler les deux Koopas gardes de tout à l’heure.
«Oui c’est pour quoi ?» Bowser Junior plissa les yeux à ces deux-là qu’il n’aimait pas du tout, ouvrant à peine assez la porte pour passer son museau.
«Il est l’heure. La prisonnière doit regagner sa cage.» Dicta le plus jeune.
«Quoi ?!» S’épouvanta le jeune prince d’un sursaut, les yeux écarquillés.
«Ordre de Bowser.» Répliqua le second garde plus âgé d’un petit rictus sceptique à la jeune femme qui était restée sur le sol en arrière-plan. Cependant son attention se reporta sur le fils indiscipliné de son supérieur au moment où ce dernier rechigna, sans surprise.
«Eh bien moi je vous ordonne de la laisser ici. C’est ma chambre, ma servante, c’est moi qui décide ! Si ça ne vous plaît pas, allez vous plaindre à l’accueil.» Junior fit un mouvement las de sa main vers la fin du couloir avant de leur tirer la langue puis de claquer la porte à leur nez.
«Mais, on n’a pas d’accueil ?» S’hébéta le jeune garde tout en regardant l’ancien avec perplexité.
De retour à l’intérieur de la pièce, Bowser Jr se mit à rire à gorge déployée avec l’humaine qui n’en revenait pas de son insolence. Encore heureux qu’il n’était pas grossier … A se demander s’il avait déjà eu des punitions pour son comportement effronté par le passé. Pendant plus d’une heure, les deux s’amusèrent à construire des tours avec les cubes colorés pour faire un immense château maléfique sur lequel se dressait un petit drapeau noir à l’effigie de Bowser. Toutefois le jeune enfant hyperactif somnola bien vite et quand Solfège lui dit d’aller se coucher, curieusement il ne fit pas de cinéma pour continuer à jouer, ni ne piqua une crise de colère comme elle s’y attendait. Ce qui la sidéra quand elle savait de quoi il était capable, mais elle n’allait pas s’en plaindre ! Oh que non.
«Fais de beaux rêves.» Murmura-t-elle à son oreille quand il était bien au chaud sous ses draps rouges. En revanche la petite tortue était déjà profondément endormie, une petite bulle sortant de sa narine au gré de ses expirations courtes. Assise au bord du lit, elle passa sa main dans ses cheveux quand elle se souvint de quelque chose d’important.
«Je te remercie de m’avoir sauvée la vie.» Lui dit-elle avec reconnaissance, même si elle savait qu’il ne l’entendait déjà plus.
Après quelques minutes à veiller sur lui, Solfège se laissa glisser le long de la couverture pour atterrir sur le sol d’un petit rebond à côté de son panier en osier. Junior lui avait laissé une petite couverture pour qu’elle n’ait pas froid durant la nuit, juste à côté d’une gamelle d’eau. Sérieusement ? Solfège haussa un sourcil à cette petite attention. La considérait-il comme sa servante ou son nouvel animal de compagnie ? Elle se le demandait alors qu’elle préparait son coussin pour faire une bonne nuit de sommeil, sans doute la meilleure depuis qu’elle était retenue prisonnière ici ! La meilleure nuit de sa vie tout court. Fini la cage inconfortable, terminé cette chaleur étouffante, place au confort de luxe. Ravie, elle s’installa dans le panier à peine assez grand pour se recouvrir de la couverture blanche épaisse jusqu’à ne laisser apparaître que son visage. Au moins dans cet angle elle ne pouvait pas voir l’horloge comtoise qui faisait face au lit … De quoi grandement la rassurer et lui permettre de se détendre. Epuisée de sa journée, elle s’endormit relativement vite.
«Psst.»
Solfège rouvrit les yeux puis se redressa dans son panier pour regarder vers la porte entre ouverte qui laissait passer une fine ligne de lumière dans la pièce plongée dans l’obscurité. Non, elle n’avait pas rêvé, il y avait bel et bien quelqu’un derrière la porte. D’un rapide coup d’œil à la grande fenêtre, elle put voir que la lune était haut dans le ciel, se dressant au-dessus des nuages noirs et des éclairs qui grondaient en permanence. D’abord hésitante, elle finit par se lever de son lit pour aller voir ce qui se passait à l’extérieur et surtout savoir pourquoi on la dérangeait à cette heure tardive de la nuit. Frottant un œil pendant qu’elle passait sa tête par la porte, elle vit qu’il s’agissait d’un Koopa avec des ailes. Mais pas de n’importe lequel, celui qui l’avait raccompagnée à sa cage la première fois il y avait de cela plusieurs jours en arrière.
Le garde face à elle jeta d’abord quelques petits coups d’œil aux alentours pour s’assurer qu’ils étaient bien seuls avant de tendre un objet à Solfège.
«Ma montre !» S’exclama-t-elle aussitôt de surprise, mais le Koopa devant elle lui fit rapidement signe de se taire tout en plaçant avec empressement la montre à gousset dans la paume de sa main.
«Cet objet est si précieux à mes yeux … Je t’en suis infiniment reconnaissante, merci.» Solfège serra affectueusement la main de la tortue d’un sourire plein de gratitudes. Ce dernier abasourdi cligna des yeux quand il vit ce sourire sur son visage radieux, n’ayant pas l’habitude de voir ça par ici. Son sourire était authentique, chaleureux … Il perçait les carapaces endurcies.
Toujours sous le choc face à une telle reconnaissance pour trois fois rien, le Koopa hébété regarda l’humaine qui serrait la montre à gousset contre sa poitrine avant de doucement refermer la porte d’un petit bonne nuit poli. Le laissant planté là avec la bouche grande ouverte à se demander si c’était ça, le visage de la gentillesse.
A suivre …