Chante pour moi

Chapitre 2 : Un petit ami

4672 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/04/2023 11:09

Merci pour la lecture, n’hésitez pas à me faire des retours ! C’est important 😊

Chapitre 2 – Un petit ami

Le temps était devenu relatif au fond de cette prison étouffante. Les jours s’écoulaient, filaient telles des étoiles filantes dans le cosmos infini. La prisonnière n’avait aucun moyen de savoir combien de temps elle passait ici toute seule au fond de sa cage dorée, recevant que très rarement de la visite d’un garde pour lui apporter de quoi se rafraîchir. A se demander si elle n’avait pas été oubliée … Un jour, puis deux, peut-être trois ou quatre, l’humaine perdait cette notion du temps alors que la solitude se faisait de plus en plus ressentir dans cette partie isolée du château maléfique. La chaleur suffocante n’aidait pas non plus à rester lucide tandis que des formes commençaient peu à peu à envahir les bords de sa vision jusqu’à la rendre trouble. Ces conditions extrêmes allaient finir par la rendre folle !

Affalée dans sa cellule en suspension, la jeune femme laissa paresseusement tomber ses bras à travers les barreaux pour faire des dessins imaginaires dans le vide au-dessus du feu. Bien qu’elle trouvait la lave très jolie à regarder, cela devenait ennuyant de constamment voir le même paysage. Du gris, du noir, du rouge, du jaune … L’herbe chatoyante lui manquait. Les petites fleurs roses et blanches du printemps aussi, tout comme la beauté de la galaxie et ses spectaculaires couleurs à n’importe quel moment de la journée. Des aurores au crépuscule, le ciel était en permanence d’une harmonie inégalable à en couper le souffle. Une palette de couleur qui ne connaissait aucune limite, tout autant que ce sentiment de liberté écourté par sa récente capture par la créature au mauvais caractère. Qu’avait-elle de si spécial pour autant titiller son intérêt ? Une question à laquelle elle pouvait facilement répondre depuis qu’elle avait appris à comprendre son don.

Ses longs cheveux bouclés se faufilaient entre les barreaux épais et encerclaient son joli visage pâle pendant qu’elle poursuivait ses dessins avec ennui. Inconsciemment, perdue dans ses pensées, elle débuta un chant qu’elle avait baptisé le Luma parmi les étoiles. Une chanson qui exprimait sa tristesse mais aussi ses espoirs de revoir un jour le merveilleux monde de l’extérieur, ne l’ayant que brièvement aperçu. Lentement, les octaves de sa voix s’élevèrent dans la prison souterraine délaissée. Chaque note était parfaite, unique. Une chanson qu’elle chantait doucement pour accompagner son esprit tourmenté sans se rendre compte qu’elle attirait l’attention de quelqu’un avec sa voix qui faisait écho jusque dans les escaliers en colimaçon. Exprimant sa profonde mélancolie par le chant, la jeune femme aux cheveux rougeoyants regarda comment les bulles se formaient à la surface de la lave jusqu’à ce qu’elle n’entende une petite voix aigüe s’exprimer.

«Pourquoi tu chantes s’il n’y a personne pour t’écouter ?» Demanda quelqu’un sur sa gauche.

La prisonnière sursauta puis se leva d’un bond quand elle vit l’auteur de cette question inattendue. Il s’agissait d’un petit Koopa, mais il n’avait pas exactement les mêmes caractéristiques que les tortues ordinaires qui peuplaient ce château. Un enfant, plus exactement. Deux petits yeux noirs la fixaient avec confusion tandis qu’il haussait un sourcil rouge touffu au manque de réponse de la jeune femme en cage. Une queue de cheval se dressait sur sa tête toute ronde et il portait deux bracelets métalliques aux poignets, pratiquement les mêmes que son ravisseur juste sans les pointes argentées. Un corps écailleux jaune, deux minuscules cornes, avec une grosse carapace verte épineuse qui se trouvait sur son dos. Effectivement, il ressemblait comme deux gouttes d’eau à la créature qui l’avait enlevée !

Attrapant les barreaux pendant qu’elle observait attentivement l’enfant au bord du précipice, elle pencha la tête quand ce dernier se gratta le menton dans la réflexion.

«C’est parce que tu es triste ? C’est ça ? Pourtant elle est géniale cette prison ! On peut y mettre tout un tas de prisonniers !» S’enchanta-t-il d’un claquement de doigts suivit par un sourire espiègle. Toutefois au regard sceptique de l’humaine dans la cage, la jeune tortue ramassa un long crochet sur le sol pour ensuite attraper les barreaux afin de ramener la cage jusqu’à lui sur le rebord. Incérant aisément sa petite griffe dans la serrure, il réussit à la déverrouiller pour ouvrir la porte de la cage.

«Viens avec moi ! Je vais te montrer ma chambre.» Indiqua ce dernier ravi tout en faisant des gestes précipités à l’humaine pour qu’elle le suive jusqu’aux escaliers en colimaçon pour gravir les marches deux par deux.

D’abord hésitante, la jeune femme n’eut d’autre choix que de suivre l’enfant hyperactif. De toute façon, où pouvait-elle bien aller ? Elle ne savait même pas où elle était … D’autant plus qu’elle ne connaissait rien de ce monde. Alors elle souleva sa robe plus aussi blanche qu’autrefois pour tenter de suivre le petit Koopa bien plus rapide qu’elle qui avait déjà atteint le haut des marches. Celles-ci étaient nombreuses jusqu’au sommet ! Elle manqua presque de souffle lorsqu’ils arrivèrent dans un couloir puis que l’enfant s’empressa de passer par une autre porte sans même jeter un regard en arrière. Décidemment, il était pressé ! Toujours sur ses traces, l’humaine se retrouva soudainement dans un grand hall majestueux avec un long tapis rouge, des peintures, des chandeliers, des statues de pierre et des armures de chevalier soigneusement exposées. Le plafond était si haut qu’elle n’en voyait pas la fin.

«C’est le couloir préféré de papa ! Et le mien aussi !» Déclara la petite tortue surexcitée déjà loin devant.

Emerveillée par cette architecture singulière, la jeune femme tourna doucement sur elle-même pour regarder les immenses peintures qui représentaient toutes, sans exception, la créature terrifiante qui l’avait kidnappée sur sa planète. Représentée dans plusieurs positions, systématiquement menaçantes. Ces peintures étaient impressionnantes mais pas autant que les statuettes en pierre grise à l’effigie de la même tortue épineuse aux sourcils rouges épais et au sourire effrayant. Apparemment, il s’agissait d’un monarque très respecté d’après tous ces ornements flatteurs qui peuplaient ce hall à la fois fascinant mais aussi angoissant par ses couleurs et son style atypique. Elle s’approcha lentement d’une grande statue de pierre proche des escaliers que le petit Koopa venait tout juste d’emprunter. Ses grands yeux verts fascinés examinèrent l’imposante statue de ce Roi redoutable qui prenait la pose pour montrer ses muscles, s’attardant un instant sur le petit écriteau à la base du socle.

Bowser, Roi des Koopas

«Bowser …» Chuchota cette dernière qui voulait essayer de dire le prénom avec sa propre voix.

«Eh oh ! Tu viens ? On n’a pas que ça à faire ! Dépêche-toi ! Je veux jouer !» S’impatienta l’enfant identique à ce Bowser d’une pointe d’exaspération.

Sortant de sa rêverie passagère à ce cri indigné, l’humaine repris ses jupons en mains pour courir derrière le Koopa qui avait d’ores et déjà atteint le sommet des marches. Il se montrait très impatient, mais semblait excité à l’idée d’avoir un compagnon de jeu. Rattrapant finalement celui qui l’avait libérée d’un souffle d’épuisement, elle n’eut cependant pas le temps de se reposer car il s’enfonça aussitôt dans un autre couloir un peu moins large que le précèdent. Toujours avec ces grands chandeliers en fer forgé accrochés au mur de pierre noir, son guide finit par bifurquer à droite avant de s’arrêter net devant une grande porte en bois sombre. Sur le dessus était écrit dans un gribouillage coloré "Bowser Jr". L’enfant ne perdit pas une seule seconde pour ouvrir les portes afin de pénétrer dans son sanctuaire, ou en d’autres termes, sa chambre faisant aussi office de salle de jeu.

«Tada ! Voici mon antre ! Mon repère ! Ici, tu me dois obéissance et respect. Sinon, retour à la case départ et je le dirais à papa que tu n’es pas gentille avec moi.» Menaça l’enfant à la voix criarde tout en invitant la jeune femme à entrer d’un arc élégant, le bras tendu à l’intérieure de la pièce.

A nouveau émerveillée par cette immense salle regorgeante de jouets et autres trucs, l’humaine s’avança jusqu’au centre de la chambre pour constater qu’une fois encore elle paraissait incroyablement minuscule comparée aux meubles. Des cubes, des tubes de peinture, des chevalets, des jouets diverses et variés, des peluches faisant trois fois sa taille, des robots, des créations originales … Mais parmi ce désordre se trouvaient aussi un grand lit à baldaquin rouge et or défait, deux grandes commodes en bois qui ne servaient apparemment pas à grand-chose parce que les tiroirs débordaient de tissus défaits. Il y avait aussi un superbe plafonnier avec des bougies et des tapis bariolés rouges sous les dizaines de jouets qui jonchaient le sol en pierre de lave.

Surexcité, la tortue se faisant appeler Bowser Junior sautilla sur place puis se jeta dans ses peluches pour en sortir un lapin qui semblait déjà avoir survécu à une bataille. Un de ses yeux noir pendant par une ficelle, la créature pelucheuse fût secouée dans tous les sens par le jeune Koopa qui n’était pas familier avec la délicatesse, ne prenant pas vraiment soin de ses jouets. Il se mit à faire l’avion autour de l’humaine avec son lapin négligé jusqu’à ce qu’il ne s’arrête derrière elle d’un petit "oh !" de fascination. Elle se retourna pour lui faire face et ainsi constater qu’il admirait ses cheveux roux foncés en cascade dans son dos, le museau formant toujours ce petit Ô de surprise. Lui esquissant un sourire timide, elle cligna des yeux de surprise lorsqu’il jeta son lapin de côté comme une vieille chaussette avant de se pencher vers elle pour l’inspecter sous toutes les coutures.

«J’aime tes cheveux ! Ils sont jolis. Je veux les toucher !» Bowser Jr n’attendit pas l’accord de la propriétaire pour passer ses quatre doigts griffus dans sa chevelure soyeuse. La texture était si douce … Il avait l’impression de toucher de l’eau ! Ravi, la jeune tortue sautilla.

«J’en veux une mèche !» S’écria-t-il tout à coup après avoir couru vers son bureau bordélique pour chercher un outil qui lui permettrait de récupérer cette fameuse mèche de cheveux.

Trop accaparée par tous ces incroyables objets qui l’entouraient, l’humaine ne fit pas attention au Koopa un peu plus petit qu’elle qui cherchait une paire de ciseaux dans ses tiroirs débordants d’affaires en tout genre. Elle n’en revenait pas de tout ce qui se trouvait dans cette chambre ! Il y avait également des carcasses de prototypes de vaisseaux qui croupissaient dans un coin, à côté de peintures déchirées et gribouillées de toute part comme si quelqu’un avait libéré sa frustration dessus. D’un simple coup d’œil, elle remarqua du rose et du jaune sur l’une d’elles mais ce n’était plus identifiable ... Peut-être une silhouette féminine ? Cependant elle se raidit au moment où ses yeux vert pomme se posèrent sur une grande horloge comtoise en boiserie sombre à côté des portes. Elle ne l’avait pas remarquée en entrant dans la pièce, mais désormais elle ne pouvait décrocher son regard effrayé de cette dernière d’aspect pourtant banal.

«Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as la trouille de l’horloge ? Pwah, c’est ridicule d’avoir peur de ça ! Moi, je n’ai peur de rien ni de personne !» Assura Junior dans son dos qui avait enfin récupéré ses ciseaux après deux longues minutes de recherches effrénées. Pour ensuite les jeter sur le sol. Il attendit que l’humaine se retourne pour grogner et faire la même posture que son père en statuette, sauf qu’il était beaucoup trop mignon pour faire le même effet que lui. Ce qui l’a fit rire.

«Arrête de rire !» S’agaça le jeune Koopa, les sourcils froncés et les mains en poings. Quand il souriait ou grimaçait, une petite canine ressortait à gauche de sa bouche, le rendant encore plus adorable qu’il ne l’était déjà à essayer d’être intimidant.

Adorable cependant bien mal élevé …

«D’ailleurs moi aussi je peux chanter ! Je chante beaucoup mieux que toi. Regarde.» A défaut d’avoir dit regarde au lieu d’écoute, l’humaine se mit à grimacer d’inconfort à toutes ces fausses notes qui sortirent de sa bouche.

«Do ré mi fa sol la si do !» Le poing sur son torse bombé, Bowser Junior récita cette partition plusieurs fois d’affilée, jusqu’à ce qu’il ne s’en lasse d’un soupir d’ennui. Au plus grand bonheur de sa spectatrice et de ses oreilles douloureuses. Dorénavant assis au milieu de ses jouets, la tortue présenta certains d’entre eux à la fille qui prit place juste en face de lui afin de faire connaissance. A l’écoute de ses histoires pour la plupart complètement farfelues, à l’image d’un enfant de son âge, elle remarqua vite qu’il était distrait par son apparence.

«Comment tu t’appelles ?» Lui demanda-t-il soudainement.

«Je n’ai pas de nom.» Répondit timidement son interlocutrice après quelques secondes d’hésitation, les mains nouées sur sa robe crasseuse.

«D’où tu viens ?» Vint la prochaine question. Cette fois-ci elle lui répondit d’un petit haussement d’épaules indécis, ce simple geste faisant tomber ses longs cheveux sur sa poitrine. Honteuse, elle baissa les yeux sur les jouets au regard perplexe de l’enfant faisant preuve de beaucoup de curiosité.

«Tu as la mémoire courte on dirait … Mhmm, laisse-moi réfléchir.» Bowser Jr tapota son doigt contre sa bouche puis leva les yeux vers le plafond trop haut tandis qu’il réfléchissait à un prénom qui lui irait bien. Depuis tout à l’heure, la jolie chanson de l’humaine résonnait dans sa tête, ce qui l’amena à prendre sa décision.

«Je vais t’appeler … Solfège !» Dévoila-t-il victorieusement d’un claquement de doigts après lui avoir fait un immense sourire, fier de son choix.

«C’est joli.» Accorda l’humaine portant désormais le prénom Solfège, quelque chose qui collait bien à sa personnalité. Elle devait le reconnaître.

«C’est normal c’est moi qui l’ai trouvé d’abord. Papa serait fier !» Se réjouit-il alors qu’il bondissait à ses pieds pour rejoindre deux carcasses de jouets pour les présenter à Solfège qui restait sagement assise sur le tapis.

Bowser Jr entama une discussion à sens unique pendant que l’humaine écoutait avec intérêt l’histoire passionnante de ses deux premiers prototypes de robots. Quelque chose qui lui tenait à cœur au même titre que ses peintures enfantines cependant très jolies car elles étaient toutes très colorés avec un réalisme assez surprenant. Il était doué ! Il lui parla également de son père et à quel point sa fierté était importante pour lui et qu’il adorerait pouvoir rejoindre son armée pour conquérir le monde à ses côtés. Mais évidemment, il était trop petit pour partir à la conquête des royaumes. Quelque chose qui semblait lui faire beaucoup de mal … D’après son museau tombant et son regard fuyant. Solfège comprit vite que cet enfant était un enfant très solitaire, et qu’il en souffrait de cette solitude qu’il tentait de cacher derrière cette assurance. N’avait-il aucun ami avec qui s’amuser ? Il n’y avait pas d’autres enfants ici ? Heureusement que non ! Cet endroit regorgeait de danger. Mais où était sa maman ?

«Où est ta maman ?» Questionna Solfège curieuse lorsque le petit Bowser parti dans une explication qui n’avait ni queue ni tête concernant un siège éjectable défectueux. A cette question, il cligna des yeux de confusion puis il haussa les épaules avec nonchalance.

«Mama Peach ? Elle vient ici de temps en temps, mais ça fait longtemps que je ne l’ai plus vu.» Lui dit-il d’une pointe de tristesse dans sa voix fluette. Elle ressentit le besoin de le réconforter, mais la jeune tortue à épines changea vite de sujet pour parler de sa robe sale qu’il pointa grossièrement du doigt d’un froncement de sourcils.

«Tu es toute cracra ! Tu aimes te rouler dans la boue ou quoi ? Attends-moi là, j’ai une idée ! Je reviens !» Aussitôt dit, Junior sautilla jusqu’à la sortie de la chambre en laissant la porte entre ouverte le temps qu’il ne revienne.

Solfège resta assise-là à attendre patiemment le retour du Koopa, n’ayant même pas l’idée de prendre cette occasion pour tenter de s’échapper. Où irait-elle de toute façon ? Se demanda-t-elle encore pendant qu’elle attendait gentiment sur le sol avec les mains nouées sur ses genoux, son regard évasif s’attardant sur les nombreuses peintures au mur. Il se passa plusieurs longues minutes dans le silence avant que son jeune ami ou plutôt son mini ravisseur ne repointe le bout de son museau avec quelque chose de rose entre les mains. Il s’agissait d’une robe, une jolie robe rose avec des gants blancs en soie que Bowser Jr s’empressa de donner à l’humaine qu’il avait trouvé dans la prison grâce à son chant mélodieux. Montrant un autre sourire à pleines dents, le jeune Koopa croisa ses mains dans son dos avant de se balancer sur ses pieds en attendant de recevoir des compliments de sa nouvelle amie apparemment surprise par son cadeau.

«Ça appartient à mama Peach ! Mais je suis sûr qu’elle ne sera pas contrariée si tu l’utilises. Comme ça, tu ne seras plus toute cracra ! Alors, tu aimes ? Dis, tu aimes ?» S’impatienta l’enfant quand il n’eut pas tout de suite de réaction, jouant nerveusement avec deux de ses griffes tandis que Solfège examinait la robe qu’il avait placé sur ses genoux.

«C’est très joli, oui. Mais je ne peux pas mettre cette robe … Elle ne m’appartient pas.» Refusa poliment cette dernière d’une secousse de sa tête, ses cheveux roux rebondissants sur ses joues. Elle lui tendit la robe et les gants toutefois ce refus exaspéra Bowser Jr.

«Met-là !» Il piqua une crise de colère, enfonçant son talon dans le sol d’un grognement.

«Bon, je vais la mettre pour te faire plaisir. Mais ensuite je te la rends, d’accord ?» Proposa ensuite Solfège qui leva les bras pour admirer la magnifique robe soyeuse au touché. Une véritable robe de princesse … Elle ne se sentait pas digne de la porter ! Mais aux sautillements du jeune Bowser Jr qui ne tenait bientôt plus en place tant il était impatient, elle se leva pour aller se changer derrière le lit après lui avoir demandé de couvrir ses yeux, ce qu’il fit sans poser de questions.

«Maintenant tu peux les rouvrir.» Indiqua Solfège une fois la robe endossée à la place de l’autre. Elle passa doucement ses mains sur le tissu doux sous les yeux ébahis du petit Koopa en admiration qui ne cessait de faire des bruits d’étonnement, le front sillonné. Pour qu’au final il n’hausse les épaules avant de se détourner pour revenir à ses jouets.

«Mouais, elle te va bien, mais elle va mieux à mama Peach. Il faudra trouver une autre couleur pour toi. Pourquoi pas du bleu ? Oh, j’ai une autre idée ! Hé hé hé !» Bowser Junior bondit d’un rire contagieux pour attraper la main de Solfège et avant même qu’elle ne puisse dire ou faire quoi que ce soit, il la tira jusqu’à la porte.

Pour l’ouvrir et dévoiler la silhouette menaçante de son père.

«Oups …» Gémit Bowser Jr qui se recroquevilla sur lui-même à côté de l’humaine figée par l’apparence colérique de Bowser, son ombre les recouvrant tous les deux.

La grande tortue les épia à tour de rôle, sans dire un mot. Il avait été sur le point d’ouvrir la porte de son fils pour lui demander quelque chose quand il les croisa tous les deux au même moment. Haussant un sourcil à Bowser Jr qui avait subitement perdu la parole, il passa ensuite à l’humaine qu’il avait pourtant faite prisonnière il y avait de cela trois jours ! Alors pourquoi était-elle ici ? Mais son cœur manqua un battement douloureux quand il vit son apparence. Elle portait l’une des robes de rechange de Peach … Comment avait-elle fait pour mettre la main dessus ?! De la voir vêtue ainsi lui faisait du mal. Son visage perplexe se transforma vite en de l’irritation tandis qu’il la regardait de haut en bas avec des yeux plus rouges que la normale. Elle se tenait timidement aux côtés de son fils désobéissant, les mains croisées sur la robe avec ses cheveux ondulés descendants sur ses bras. Elle n’osait pas croiser son regard fielleux, mais après quelques hésitations, elle finit par établir un contact visuel avec le Roi des Koopas.

«Qu’est-ce qu’elle fiche ici elle ? Et pourquoi elle est dans cette tenue !» Grogna Bowser à son fils en tendant une griffe en direction de l’humaine après l’avoir longuement dévisagée. Il fallait laisser les affaires de Peach intacte pour son prochain kidnapping ! Personne n’avait le droit de les utiliser, surtout pas une prisonnière ! Elle allait encore la salir.

«Elle, c’est Solfège ! C’est moi qui lui ai trouvé ce prénom. Et je voulais juste m’amuser un peu …» Admit le plus jeune tout en nouant ses mains entre elles sous le regard réprobateur de son paternel. L’expression de Bowser s’assombrit, la colère rayonnait hors de lui.

«Tu trouves que tu n’as pas déjà assez de jouets pour t’amuser ? Je t’avais pourtant défendu d’aller te servir dans mes prisonniers !» Gronda ce dernier entre ses dents, ce qui fit réagir Junior.

«Elle a chanté et-» Bégaya-t-il, mais son père intervint.

«Elle a chanté ?» Répéta lentement Bowser qui reporta son attention sur la fille muette aux côtés de son fils. Les sourcils froncés, il la fusilla du regard d’un grondement mécontent, ses poings craquants à tel point il les serrait de rage. Alors comme ça elle avait chanté pour son fils, mais pour lui elle refusait ? Se payait-elle de sa tête ? Comment osait-elle ! Il était sur le point de la rôtir pour son manque évident de respect, mais il n’allait certainement pas faire ça devant Junior. Voyons, il ne voulait pas brûler la jolie robe de Peach !

«Toi, file dans ta chambre !» Somma-t-il fermement à son fils d’une griffe pointée à l’intérieur de la pièce.

«Mais, je suis déjà dedans …» Rappela Bowser Junior d’une petite moue qui effectivement, se trouvait toujours dans sa chambre depuis qu’il avait croisé son père à l’embrasure. Bowser gonfla ses joues au ridicule de la situation avant de prendre les poignées de porte puis de rapidement les fermer au nez de son fils.

Non mais oh, et puis quoi encore ?

«Quant à toi, le petit oiseau chanteur …» Bowser baissa sa voix d’une octave pour paraître plus menaçant alors qu’il soulevait le menton de l’humaine avec sa griffe pour l’obliger à le regarder. Il fût frappé par ses grands yeux verts remplis de terreur, par cette expression effrayée quand elle rencontra son regard irrité. Quelque chose lui piqua le cœur, mais il reprit vite ses esprits pour finir sa phrase en suspens.

«Sache que j’arrive toujours à mes fins. Tu n’en feras pas exception. Et si tu continues à me résister, eh bien, tu ne seras plus là pour en voir les conséquences.» Offrant un sourire carnassier à sa prisonnière à qui il prenait un malin plaisir à intimider, Bowser s’éloigna pour aboyer à ses gardes de venir sur le champ.

«Gardes ! Ramenez la prisonnière dans sa cage et faites en sorte qu’elle y reste pour de bon cette fois-ci. Je m’en occuperais plus tard !» Ordonna-t-il sèchement aux deux Koopas ailés qui volèrent jusqu’à la fille pour la prendre par les bras et ainsi l’emmener de force avec eux.

Des larmes étaient sur le point d’envahir ses yeux verts alors qu’elle se faisait entraîner par les deux Koopas en armure dans les couloirs puis dans l’escalier en colimaçon menant tout droit à la prison. Elle ne voulait pas y retourner … Elle ne faisait rien de mal ! Elle voulait juste un peu de compagnie, rien de plus. Les deux gardes la lâchèrent pour lui permettre de marcher à son rythme une fois assez loin de Bowser, assez loin des potentielles représailles. Les deux tortues ailées escortèrent Solfège jusque devant la grille de sa cage dorée mais cette dernière s’arrêta à la porte pour lisser la robe qu’elle portait toujours, n’ayant pas eu le temps de retourner dans son ancienne robe. Elle ne voulait surtout pas la froisser ! Elle était bien trop jolie. Se tournant vers les deux Koopas en attente, elle leur offrit une petite révérence polie. 

«Merci.» Leur dit-elle d’un sourire avant de rentrer à l’intérieur de sa cage sans faire d’histoire.

«Euh, bah de rien ?» Hébétés, les tortues s’échangèrent un regard incrédule puis ils refermèrent le verrou de la cage d’un claquement brusque pour repartir par l’escalier.

Solfège se retrouva bien trop vite seule … De retour dans cette prison ennuyeuse sans personne avec qui parler. Cependant contrairement à la première fois, un petit sourire ornait son visage tandis qu’une petite larme roula sur sa joue.

Car maintenant, elle avait un ami.

A suivre …


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