Les contes de l'Eiesia - Une histoire de famille
Mario a expliqué leur étrange rencontre à Koopapolis, puis l’arrivée dans cet étrange New Donk City. Il a décrit leur rencontre avec Rodrigo et Ezera, puis leur brutale transformation. Ezera était devenu une sorte de papillon orange se tenant sur ces pattes arrières avec quatre bras le long de son corps. Sans les antennes, il devait bien faire la taille de Peach. Ses yeux en amandes brillaient comme deux flammes, une lueur plus douce et semblable présente sur ses ailes. L’autre était bleu, ressemblant plutôt à un coléoptère, ayant également la même posture et le même nombre de pattes. Son abdomen avait des losanges rouges brillants, deux épées attachées à ce dernier. Son cou était recouvert de fourrure, ses yeux en amandes brillaient d’une teinte rougeoyante, une couronne de cristal rouge présente sur la partie gauche de sa tête.
“Katrina.” dit Pauline en sortant de sa transe, interrompant le récit de Mario.
Tous les regards se sont tournés vers elle.
“L’insecte bleu est…. Katrina.”
“Comment tu peux en être sûre?” demanda Belina.
“Elle m’a déjà montré ce visage. La fille que nous avons rencontrée devait être une de ses amies.”
C’était cohérent. Surtout quand Pauline expliquait que Katrina savait toujours tout. La piste de la décharge s’était avérée bonne, et, d’une manière ou d’une autre, elle avait anticipé la présence de Mario dans la suite des événements puisqu’il était maintenant leur guide. Une consoeur avec les mêmes capacités pouvait parfaitement exister.
“Elle a toujours été bizarre, cette fille.” dit Cursio en regardant la route.
Pauline a sagement hoché la tête, laissant Mario reprendre son récit.
A la fin, ses yeux étaient rivés sur Pauline, cherchant visiblement une explication sur cette histoire de mensonge.
“Oui,” admit Pauline, énonçant et admettant chaque chose qu’elle avait caché au groupe. A l’absence de réaction autour d’eux, le reste du groupe était indéniablement au courant.
“Et moi, dans l’histoire?” demanda le plombier en faisant allusion aux paroles de la copie d’Ezera.
Elle a marqué une pause, puis a regardé son ami d’un ton grave et solennel.
“Je t’en parlerai une fois qu’on sera arrêté.”
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La voiture s'est arrêtée sur un parking éloigné de tout, au cœur de la nuit, avec des bois et un fleuve pas loin. Pauline et Belina ont entrepris de survoler la zone pendant que les garçons préparaient un campement improvisé. Ils n’avaient ni tente ni sac de couchage, mais la saison était plutôt tempérée et assez sèche pour limiter l’apparition de rosée matinale. Une nuit à la belle étoile serait au pire fraîche, mais restait parfaitement envisageable. Mario a réussi à allumer le feu après quelques essais. Ce n’était pas aussi simple qu’avec une fleur de feu, mais ça restait faisable. Les deux filles ont atterri avec des poissons pour tout le monde. Ils étaient assez gros pour faire un repas acceptable. Quand Mario a récupéré le sien, il a été surpris de voir que l’animal était encore vivant, se débattant dans un effort désespéré pour se dégager de la prise du plombier. Cursio l’a récupéré et l’a empalé sur un pic à brochette avant de le lui rendre. La pauvre bête a peu à peu cessé de se débattre.
Une fois sûr que son repas était mort, Mario a entrepris de le cuire, quelque peu surpris de constater qu’il était le seul à le faire. Enfin, surtout surpris que Pauline ne l’imitait pas. Elle était une harpie et donc il était normal pour son espèce de manger de la viande crue, mais son amie s’était montrée si distinguée et si éloignée de cette idée que la seule viande crue qu’il l’avait vu mangé jusqu’alors était du steak tartare. C’est vrai que les gens peuvent beaucoup changer en 4 ans.
Après le repas des quatre harpies a été terminé, Achille, Cursio et Belina ont décidé d’aller chercher un peu de bois pour la nuit. Pauline s’est contentée de se rapprocher de Mario pendant qu’il mangeait son poisson. Ils ont tous les deux regardé l’eau en silence, l’ancienne maire attendant le bon moment pour parler. Ce moment est finalement arrivé quand Mario a abandonné l’idée de finir son repas, ce dernier n’ayant plus assez de chair pour rester accroché à son support.
“Je devrais peut-être te mettre dans le contexte des paroles d’Ezera…” commença Pauline en tripotant la bague qu’elle avait à son doigt. Une alliance, pensa Mario vu son emplacement. Elle devait être là avant leur retrouvaille, mais le plombier n’y avait pas prêté attention.
“Je suppose que tu sais que j’ai été adopté à une époque où j’étais trop jeune pour m’en souvenir.”
“Qui ne le saurait pas? Ça saute aux yeux.”
Pauline a laissé échapper un petit rire.
“Ouais, pas faux.” Son visage est redevenu grave. “Eh bien… j’ai voulu rencontrer ma vraie famille. Je l’ai donc cherché.”
Elle a fermé les yeux un instant avant de les rouvrir.
“J’ai finalement retrouvé mon frère par des tests ADN et-”
“Tu m’en avais parlé à l'époque" interrompit Mario. “Il devait aussi venir avec votre soeur et vos parents. Puis du jour au lendemain, tu n’en as plus parlé.”
Pauline soupira.
“Car je les ai rencontré…. et ça s’est mal passé...”
Ah, ça pouvait arriver.
“Mais ce n’est pas le sujet, je vais plutôt te parler d’eux.” la brune a respiré profondément. “Mon frère s’appelle Henri, ma soeur Carmina, mon père porte le nom de Travis,” les yeux de Mario se sont écarquillés, ces noms étaient ceux de sa famille, la famille que sa tante avait fondé, “et ma mère -”
“Ophelia…” fini Mario. “Ils avaient eu une fille du nom de Daniella en ‘81, mais elle a disparu le jour de sa naissance…” Une pause. “Et… tu es… née en ‘81, toi aussi...” à ce stade, il était presque sûr de la prochaine phrase de Pauline.
“Daniella est mon nom de naissance…”
Pourquoi fallait-il qu'il ait raison? Mario s’est soudainement revu embrasser Pauline. C’était il y a environ 15 ans, mais le haut-le-cœur était bien présent. Il y a 15 ans, il avait aimé sa propre cousine sans le savoir.
Tout ces gens qui avaient dit qu’ils se ressemblaient beaucoup, sa propre mère opposée à leur relation tout en restant évasive… d’une manière ou d’une autre, le doute avait toujours existé, et Pauline ressemblait tellement à Ophelia, sa mère avait dû comprendre qui lui faisait face, ayant pour une raison ou une autre caché ce qu’elle savait.
Puis les paroles de Katrina lui sont revenues. Pas n’importe lesquelles: “vous faites une balade en famille?”, ça résonnait dans sa tête alors qu’il n’y avait pas prêté attention, mais tout était logique. Sa mère et Ophelia devaient elles-même être des cousines de Rodrigo et Ezera. C'étaient tous des harpies originaires de Calambe, certainement la seule famille qui avait des critères aussi précis à travers le Royaume Champignon.
C’était trop.
Une partie encore cohérente de son esprit tentait de lui dire que c’était une blague bien ficelée et absolument pas drôle, mais le regard grave de son amie a suffit à achever cette pensée. Il n’a pas su exactement si c’est le choc de la découverte ou le dégoût face à cette relation incestueuse, mais le plombier s’est retrouvé sans aucune autre possibilité que de vomir son repas.