Les contes de l'Eiesia - Une histoire de famille

Chapitre 3

1655 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/10/2021 22:52

Après quelques heures de recherches, Cursio s’est arrêté pour faire une pause. C’est celui qui avait le moins parlé jusqu’à maintenant, donc Mario a décidé de le rejoindre pour le connaître davantage.

“Quoi?”

“Eh bien,” commença Mario. “J’ai remarqué que tu n’avais pas trop parlé, alors --”

“Ce n’est rien.” admit son interlocuteur. “J’ai toujours été assez taciturne.”

Cursio regarda la pile qui avait pas mal dégrossi.

“Mais… je me demandais un truc”, reprit le plombier. “A propos des personnes que vous cherchez… pourquoi vous avez dit que ce n’était pas vraiment vous qui les cherchiez?”

Il y eut un silence seulement coupé par les soupirs et souffles des autres.

“Ca fait 4 ans qu’on a coupé les ponts avec la famille Piuma”

“Mais pourquoi?”

“Ils ont cherché à tuer Pauline et on s’y est opposé”

Mario a regardé Pauline. Elle était sous sa forme harpie, poussant les objets avec ses serres pour les faire tomber.

“Pauline m’en a brièvement parlé…”

“Elle t’en dira plus. Elle te fait confiance.”

Aucun des deux n’ont dit quoi que ce soit pendant une bonne minute. Les yeux de Cursio avaient dérivé de la pile à la harpie rose qui soulevait ce qui devait être des coussins de canapés. Mario a brisé le silence.

“Ta copine est assez mignonne.”

“Bien tenté Seagle, mais c’est ma soeur.”

“Ah, désolé…”

“C’est rien.”

Pauline a crié un bref moment. A sa position, elle avait certainement dérangé une famille de blattes et avait eu aussi peur que ces bestioles. L’homme vert a roulé des yeux et est allé voir ce qu’elle avait vu, laissant Mario seul. Puis Belina a appelé tout le monde déplaçant avec peine une valise avec une légère lueur rouge vers le pied du tas.


Le contenant semblait lourd, elle était certainement pleine. Pauline a vite avancé que c’était certainement la piste que Katrina avait promit. La lumière s’estompait à vu d’oeil pour laisser place à une valise noire qui semblait avoir été souillée de l’intérieur, vu les nuances de noir présentes. Belina posa la valise et s’accroupit avant de soudainement hésiter. Ses traits étaient tendus, elle devait avoir un mauvais pressentiment. Puis, elle a fini par tirer sur la fermeture, dévoilant ensuite le contenu.


Il y eut un halètement choqué général. La jeune fille recula rapidement, dégoûtée par l’odeur qui émanait du contenu. Un cadavre humain était en position foetale à l'intérieur de la valise. Il était encore habillé et à l’odeur, il semblait avoir moisi un bon moment. Achille a finalement parlé.

“Papa?”

Mario l’a regardé sans dire un mot.


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Ils étaient tous les cinq dans le café où Mario et Pauline s’étaient rencontrés, les quatre harpies débattants de s'il fallait ou non en parler aux Piuma. De ce que Mario avait compris, l’homme dans la valise était non seulement le père d’Achille, mais aussi le chef de la maison Piuma et l‘homme qu’ils recherchaient, Rodrigo. Le blond se sentait mal, mais Belina lui accordait beaucoup de regards inquiets et de caresses rassurantes dans le haut du dos. Il fera son deuil plus tard.

Apparemment, Rodrigo n’avait aucun ennemi connu, poussant sa petite sœur, Ezera, dans la lumière. Toutefois, il semblait être mauvais, Pauline ayant reçu plusieurs plaintes de filles de la maison qui se plaignaient qu’un de leur “supérieur” leur avait fait des avances ou des attouchements. Pauline se disait elle-même victime, mais dit qu’il ne l’avait plus touché depuis qu’elle s’était rapprochée des trois autres. Mais ça leur laissait deux problèmes: où était Ezera et qui avait pu tuer Rodrigo.

Et c’était bien beau, mais Mario se sentait complètement apathique. Oui, il avait vu le corps d’un homme, ça l’avait choqué, mais entre le fait qu’il ne le connaissait même pas de nom ou de visu avant aujourd’hui et que les quatre autres personnes à sa table parlaient bien de lui comme une chose et non une personne décédée l’a complètement déconnecté de son sort. Finalement, ils se sont tous levés pour partir, Cursio emmenant la valise au casino et les trois autres allant vers un hôtel.

“Par contre,” dit Pauline en voyant que Mario commençait à les suivre. “Tu vas pas plus loin. Cette histoire n’est pas la tienne.”

“Je n’ai pas le droit d’aider une amie?”

La brune a ouvert la bouche, certainement pour protester, mais Belina l’a vite arrêté, plaidant en italien qu’il pouvait être utile.

Attendez, Belina maîtrisait l’italien?

“Je te rappelle que si tu es d’origine italienne, il n’y a pas de raison que lui ne le soit pas non plus.” Pauline avait fini sa phrase en pointant Mario du doigt.

“Mais tu sais que j’ai raison!” argumenta Belina. “C’est le héros du Royaume Champignon! C’est toi qui nous l’a présenté ainsi. Il peut nous aider!”

Son interlocutrice ferma les yeux, pensive, avant de soupirer et de regarder Mario.

“D’accord, tu peux venir.”


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L’hôtel dans lequel le quatuor s’était installé était loin d’être luxueux, mais c’était suffisant. Sur le chemin, Achille avait expliqué les liens tumultueux que Pauline avait entretenu avec la Casa di Piuma, comme il l’appelait. Pauline était une cousine un peu lointaine du groupe et Rodrigo avait profité de sa recherche d’influence dans sa carrière politique pour l’associer à la famille. Les Piuma se rapprochaient du vieux cliché de la mafia italienne, déjà par leurs origines calabraises, mais aussi par leurs activités: le casino en guise de façade, mais beaucoup de trafic, principalement de drogue, et du proxénétisme. Ils dominaient Noxem et le partenariat avec Pauline leur avait permis d’étendre leur pouvoir. Tout cela, Mario le savait, ou du moins, s’en doutait. Mais il ne savait pas que son amie avait été enrôlée de force et qu’ils l’avaient traité comme un simple pion dont ils ont cherché à se débarrasser quand elle a commencé à s’éloigner du chemin qu’ils lui avaient imposé. Les Piuma avaient plus à gagner avec une femme politique qu’avec une jolie chanteuse. Les trois autres s’étaient physiquement opposés à la mort du maire et avaient donc fui avec elle après être parti récupérer Frederick, le fils de Pauline.

Avec ces informations, il était plus simple de comprendre la brutale disparition de Pauline, se doutant que c’est certainement ce qu’elle a voulu lui expliquer avant que Belina ne viennent à leur rencontre.

Mais plusieurs détails ont retenu son attention: est-ce que Pauline était une cousine par le biais de sa famille biologique ou adoptive? Il était bien connu dans l’entourage de l’ex-maire qu’elle avait été adoptée quand elle n’avait que quelques semaines et ça se voyait: ses parents, monsieur et madame Cres étaient tout les deux noirs, et le racisme ne les avait pas empêché de se faire une belle place dans la société. Pauline était blanche aux yeux bleus, clairement typée européenne, sans compter qu’elle était une chimère là où aucun de ses parents officiels n’avait ce type de sang. Donc, il serait plus logique qu’elle soit une cousine biologique.

Puis les origines de cette famille visiblement dysfonctionnelle. Selon Achille, ils venaient de la région de Calambe. Ça a surpris Mario car, malgré la communauté italienne importante dans la ville, il ne connaissait que sa famille maternelle qui avait une ascendance de la région. Un beau hasard, sans doute.

Pendant qu’il réfléchissait, Pauline avait pris place sur le lit et a commencé à taper sur les touches de son ordinateur portable. Il s’est donc installé à côté de lui et Pauline lui a montré une photo dans ses documents.

Il s’agissait de Pauline, d’un homme et d’une femme, tout les deux semblant avoir l’âge d’être ses parents. Ils portaient tous les trois un visage fermé. Les deux plus âgés se ressemblaient assez, arborant des yeux verts qui rappelaient ceux de Belina. Étrangement, il était sûr d’avoir vu la femme quelque part.

“A gauche, c’est Rodrigo et à droite, Ezera.”

“Ils me rappellent un peu Belina…”

“Ezera est la mère de Bel et Cursio, mais aussi la soeur de Rodrigo.”

“Je sais, Cursio en a parlé. Mais pourquoi tu me montres ça?”

“Tu ne l’aurais pas vu, ne serait-ce qu’une fois?”

Le plombier s’est de nouveau concentré sur la photo et ce sentiment de familiarité est revenu. Puis ça l’a frappé: il avait déjà croisé une femme similaire au Royaume Koopa, ils avaient fait le chemin ensemble jusqu’à Koopapolis et se sont séparés une fois là-bas. C’était il y a deux ans, mais il se souvenait d’une femme très agréable à la conversation avec une part sombre et peu bavarde vis-à-vis d’où elle venait. Il a donc fait part de tout cela à Pauline. Avant que cette dernière puisse répondre, Belina s’est plainte:

“Pau’! Achille est encore en train de tricher!”

Ça a valu un rire de la principale intéressée qui s’est contentée de répondre qu’il fallait frapper le tricheur. Elle se tourna ensuite vers Mario en le remerciant de sa piste et qu’ils prendraient la route pour Koopapolis dès le lendemain.


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