Les contes de l'Eiesia - Une histoire de famille

Chapitre 2

1509 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 30/09/2021 18:26

Cela faisait bien cinq minutes qu’ils étaient assis face à face en silence. Pauline était globalement la même, mais certaines choses avaient changé: elle avait quelques rides d’expressions qui étaient apparues, un air un peu fatigué et un maquillage plus discret. Elle avait aussi récupéré une manie de sa jeunesse: celle de se cacher derrière sa tasse pour éviter de parler. Elle savait qu’elle était en tort, mais ne savait visiblement pas quoi dire. Alors, Mario a naturellement décidé de l’aider.

“Tu étais à New Donk City pendant tout ce temps?”

“Non.” répondit la fille. “J’étais au Chestnut Kingdom.” Une pause. “J’ai pas eu le choix...”

Le plombier l’a poussé à continuer.

“Les Piuma. Ils ont tenté de me tuer.”

“Quoi? Mais… je croyais que c’était tes amis”

Le regard de Pauline s’est assombrit et elle a ouvert la bouche pour parler, quand une jeune femme fit irruption dans le café et vint directement à leur rencontre.

“Pau’!” dit-elle. “On a trouvé la planque de Katrina.”

Mario se permit d’examiner la jeune fille.

Elle était comme Pauline, grande et brune. Mais la comparaison s’arrêtait là car cette jeune fille n’avait pas les yeux bleus, mais verts, et le plus beau vert que Mario avait jamais vu. Ils étaient entourés par des lunettes avec de petits trèfles roses sur les branches. Elle portait un t-shirt magenta et une longue jupe bleue marine. Une montre au bracelet vert pastel complétait l’ensemble.

Une fois à hauteur de leur table, l’inconnue a regardé Mario avant de se tourner vers l’autre fille.

“C’est un des jumeaux dont tu m’as parlé?” demanda la fille.

“Oui.” répondit Pauline.

“C’est celui qui joue au poker?”

“Non, le joueur de poker est à Sarasaland.”

“Hanw, dommage!” Elle se tourna vers Mario pour se présenter. Elle prit la parole en tendant la main. “Belina. C’est un plaisir!”

“Mario.” répondit le plombier en serrant la main offerte. “Enchanté.”

Pauline se leva après l’échange, remballant les documents sur lesquels elle travaillait.

“C’était bon de te revoir, mais je n’ai pas le temps pour les retrouvailles…”

“Mais tu vas où?” demanda Mario.

“Rencontrer Katrina. J’ai besoin de son aide.”

Les deux filles commencèrent à se diriger vers la sortie.

“Je peux venir?”

Elles se sont arrêtées à cette question, se regardant. Le débat silencieux n’a pas duré plus de 10 secondes avant que celle aux yeux bleus ne fasse un mouvement de tête pour faire signe à Mario de la rejoindre.


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La planque était dans une partie encore plus délabrée de Noxem. Deux garçons étaient devant, se redressant à la vue du trio. Encore une fois, ils étaient grands, plus grands que Pauline, même.

“Un invité?” dit le plus grand des deux.

“Mario tenait à venir” expliqua Pauline.

Le plombier a pris le temps de les observer: celui qui avait parlé se démarquait par un t-shirt vert tout ce qu’il y avait de plus simple qui dévoilait les muscles assez fins de ses bras, ses cheveux bruns en queue de cheval et un feutre avec un pic décoratif sur la tête. Ses yeux violets l’étudiaient avec beaucoup d’attention. Le deuxième était tout ce que Pauline n’était pas: des cheveux blonds avec des pointes cyan coiffés dans un désordre organisé et les yeux ambrés et rieurs. Son seul point commun avec l’ancien maire était l’élégance car il portait un gilet sans manche bleu clair et une chemise blanche en dessous.

"Ça va," reprit Pauline. “Je sais ce que je fais.”

Sur ses mots, elle poussa la porte de la planque et fit signe à tout le monde de rentrer. Ce comportement a un peu surpris Mario, mais quand il vit le nombre d’insectes qui avaient élu domicile dans cet endroit, il comprit vite pourquoi elle tenait à rester dehors. Pauline détestait les insectes par-dessus tout. Toutefois, le garçon vert a vite forcé son amie à les rejoindre.

“Ma parole” s’éleva une voix. “Les quatre as? Ici?” un léger rire s’échappa “Si je m’y attendais!”

“On a pas le temps pour tes bêtises,” dit le garçon bleu, soudainement sérieux. “Montre-toi!”

“Allons, mon cher Achille,” une ombre s’approcha, dévoilant une femme une fois dans la lumière. “ce n’est pas comme ça qu’on traite un hôte.”

Cette femme, probablement Katrina, était certainement la plus étrange que Mario avait vu. Elle avait des yeux d’un rouge sombre et des cheveux noirs avec une mèche indigo à l’intérieur de sa queue de cheval. La coiffure était tenue par deux étranges piques en adéquation avec le reste de sa tenue: un débardeur bleu foncé tenu par un col noir et rouge foncé recouvert d’un gilet court en fausse fourrure blanche, une manche de la même couleur que le débardeur avec des losanges rouges de la même teinte que sur le collier. Et le pantalon arborait également ces deux teintes, avec un autre motif de losanges rouges. Elle avait l’air jeune, certainement de l’âge de Daisy, mais dégageait une aura qui la vieillissait à un point que Mario ne pensait même pas physiquement possible.

“Vous faites une balade en famille?” reprit la femme.

“On a pas le temps pour tes bêtises” dit Pauline. “On cherche juste Rodrigo et Ezera.”

“Enfin, “on”....” dit l’homme en vert, “plutôt le reste de la famille…”

"Ça va, ça va. Je vais vous donner une piste.”

La suite a été aussi étrange que Katrina elle-même. Elle tira les deux piques qui tenaient sa queue de cheval et ces derniers ont grandi jusqu’à devenir deux épées qu’elle a croisé au-dessus de sa tête. Une partie des lames a commencé à dégager une lueur rouge de plus en plus intense.

“Vous êtes prêts?” demanda-t-elle.

En réponse, Pauline et ses trois amis ont un peu plié leurs jambes, comme pour se préparer à sauter.

Puis un rayon lumineux rouge a quitté l’intersection des deux lames.

Avant que Mario puisse réagir, une paire de serres s’était déjà refermée sur ses épaules et lui permettait de suivre la lumière. La surprise passée, il vit à sa droite le plumage carmin familier de Pauline, mais également un plumage bleu hivernal et un autre rose flashy. En levant les yeux, il voyait du vert au bout des serres qui le transportait.

Le fait que Pauline était une harpie ne l’a pas choqué. Mais le fait que ces trois compagnons en étaient s’avérait être plus surprenant. Il en a toujours connu qu’une poignée -sa mère, sa tante, probablement sa cousine, bien qu’elle se soit pas manifestée, et évidemment Pauline-, mais il n’avait jamais vu de harpies mâles. C’était plutôt…. similaire à ce qu’il avait déjà vu, si ce n’est la forme du corps un peu plus masculine.

“Au fait” dit Achille, “je crois que le cousin et moi ne nous sommes pas présentés!”

“Tais-toi et concentre-toi sur la route” grogna la harpie verte.

"Ça va, les filles peuvent le faire pour nous.” Le bleu concentra à nouveau son attention sur Mario. “Je m’appelle Achille! Et c’est un plaisir de rencontrer un des héros du Royaume Champignon.” Il se rapprocha un peu. “Je t’aurais bien serré la main, mais c’est pas avec les trois pauvres griffes au bout de mon aile que je peux me le permettre.”

Les yeux de Mario dérivèrent à la fin de l’aile, ou plutôt, là où le muscle de l’aile finissait et était remplacé par de longues plumes pour planer. Il y avait trois griffes qui n’avaient pas réellement d’utilité, ne pouvant pas attraper quoique ce soit, mais Mario savait que leur seul rôle était d’aider leur propriétaire à s'agripper à quelque chose. Il avait déjà vu Pauline le faire, utilisant ses appendices pour garder prise sur un rocher ou un rebord de fenêtre. Puis le silence fut rompu.

“Cursio.”

C’était le vert qui avait parlé, les yeux rivés sur ce qu’il se passait devant lui.

“Eh bien,” commença Mario, “c’est un plaisir de vous rencontrer!”

Achille a souri et s’est éloigné en battement d’ailes pour se concentrer sur le trajet. Cursio n’a pas répondu.

Le rayon lumineux a fini par descendre, poussant tout le groupe à perdre de l’altitude. Ils étaient dans une décharge, et le rayon est parti au milieu d’une énorme montagne de déchets. Alors, ils ont tous les cinq commencé à dégager les déchets, ne sachant pas exactement ce qu’ils cherchaient.


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