Les contes de l'Eiesia - Un bon arrangement

La situation ne s’est pas améliorée, au contraire. Cette espèce d’eau blanche s’approchait dangereusement de la plateforme et Luigi était maintenant prêt à jurer qu’un bras en était sorti pour l’attraper. Les parois du ravin étaient devenues soudainement lisses et le plombier avait dû empêcher sa compagne de continuer ses tentatives d’escalade car il ne voulait pas qu’elle se retourne les ongles à force d’essayer. Ils étaient donc coincés, et certainement condamnés. Puis, la princesse a eu un plan. “Si il n’y a pas d’accès, je vais le créer moi-même” disait-elle. Il n’a pas fallu plus de temps pour que ses poings soient réunis dans une masse de cristal et qu’elle frappe le mur une fois, puis s’est brutalement arrêtée. Ça sonnait creux. Donc le plombier l’a poussé à recommencer.

Un coup.

Deux coups.

Trois coups.

CRASH!

Une grotte s’est dévoilée. Le couple s’est regardé avant de s’y engouffrer.

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Ça devait bien faire des heures qu’ils marchaient. Les seuls sons que le binôme entendait étaient les échos de leurs pas et l’eau gouttant occasionnellement. Pour combler le silence, Luigi décida de prendre la parole.

“Et donc, vous connaissez la Princesse Peach depuis longtemps?”

“Je crois que je l’ai toujours connu” répondit la princesse. “Nos pères respectifs sont amis, mais même si Peachy à l’âge de Lily, elle a toujours voulu avoir une petite soeur.”

“Et… pourquoi pas Thismia ou Edelweiss, alors?”

“Les jumeaux sont connus pour avoir des retards de développement du langage ou des relations. Et Peach n’avait que deux ans quand elles sont nées, le temps qu’elle veuille une petite sœur, j’étais déjà née.”

Ça semblait logique. Il est vrai que les enfants n’avaient pas forcément envie d’avoir des frères ou sœurs cadets avant un certain âge. Il avait déjà étudié ça au collège, bien qu’il ne se rappelait plus du nom de ce phénomène. Ils ont fini par tout les deux s’arrêter, se permettant une pause.

“Et pourquoi vous avez voulu me rencontrer?” demanda le plombier en s’asseyant contre la paroi fraîche.

“Eh bien, je me suis un peu reconnue, en toi.”

“Vraiment?”

“Bien sûr: on est tous les deux les éléments de l'ombre de nos fratries respectives, ce qui nous a poussé à avoir quelques problèmes d’estime de nous-même qu’on cherche à pallier. Mais là où tu as choisi de rester dans l’ombre de ton frère, je cherche depuis mon adolescence à me pousser dans la lumière.” Elle soupira. “Mais mes sœurs ne semblent pas de cet avis: elles préfèrent me couver.”

“Mon frère est aussi assez protecteur envers moi. C’était souvent lui qui me défendait contre Waluigi.”

“Qu’est-ce que cet abruti a fait exactement?”

“Harcèlement moral. Pendant 4 ans.”

“Pour changer de victime en arrivant à Sarasaland.”

“Ah?”

“Harcèlement moral pendant 6 ans, puis il m’a coupé les cheveux. Il n'a même pas été foutu de tout couper de manière un temps soit peu régulière.”

Il n’aurait pas dû rire, mais c’était plus fort que lui. Il avait maintenant l’image en tête et la tension accumulée depuis leur départ avait soudainement éclaté. La princesse l’a rapidement rejoint.

“Oui, c’était assez ridicule. Mais je t’assure que sur le moment, c’était pas marrant.”

Elle souffla après ces mots, comme fatiguée d’avoir ri ainsi.

“Bon sang, j’ai pas ri comme ça depuis une éternité!” admit la rousse.

“Moi aussi.”

Le silence s’installa entre eux, plus confortable qu’il ne l’avait jamais été. Ça a permit à Luigi de réfléchir. C’est vrai que lui et Daisy avaient plus de points communs qu’il ne l’imaginait. Peut-être qu’elle cherchait une personne avec qui elle pourrait créer un soutien mutuel pour être deux à se tirer vers le haut, reprendre le contrôle de leurs destins. C’était parfaitement possible, et il ne mentirait pas en soutenant que cet avenir lui plairait. Il avait perdu l’espoir d’épouser une personne qu’il aimait vraiment il y a trop longtemps, quand sa timidité maladive avait pris le dessus sur ses ambitions romantiques. Oui, ça leur faisait un nouveau point commun. Et même si la princesse lui faisait encore peur, il devrait étudier la question plus en détail. Quand ils auront rejoint la surface, du moins.

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Ce n’est qu’après un long moment de marche, pendant lequel les deux ont amèrement regretté de pas avoir de avoir de téléphones pour au moins connaître l’heure -celui de Luigi était au palais de Sarasaland tandis que celui de Daisy a été bien trop amoché pour être utilisé quand leur voiture avait quitté la route-. Chrysantheem et Luntrell les ont rejoint au bout d’un moment, disant qu’ils avaient senti un courant d’air plus loin. Mais visiblement, ils n’y étaient pas encore. Quoique…

Les yeux de Luigi, depuis longtemps habitués à la pénombre, ont vu une porte assez moyenâgeuse. Daisy fut contrainte de la forcer un peu, mais elle put finalement l’ouvrir sans la casser.

L’endroit ressemblait en tout point à une cave à vin, avec des tonneaux contre les murs et des arches pour soutenir le plafond. Il faisait frais, mais l’air n’était pas spécialement humide. Enfin, pas plus qu’on l’attendait d’une cave. Ceux qui avaient aménagé cet endroit avaient de bonnes notions à ce sujet, cela ne faisait aucun doute. La princesse a étudié un des tonneaux, puis a ouvert un robinet. Il faisait trop sombre pour voir la couleur du liquide, mais le son s’est arrêté quand Daisy s’est permise de goûter.

“C’est du vin” dit-elle, catégorique. “Mais il a l’air de fermenter ici depuis un bon bout de temps, j’en ai jamais bu d’aussi marqué.”

Elle fit un signe pour inviter le plombier à goûter, gérant de son côté le robinet pour éviter de trop en gâcher. Il pouvait être à quelqu’un, après tout.

Le vin était plutôt acide, mais avec une touche de sucre. Ca ne ressemblait en rien à ce que Luigi avait eu l’occasion de boire. Il n’y connaissait pas grand-chose en œnologie, mais il n’avait aucun mal à supposer que cette cuvée était plus vieille que lui.

Le claquement des sabots de Chrysantheem sur le sol de pierre l’ont tirés de sa réflexion. Elle était en face d’une porte à l’opposé de celle qui avait été ouverte. Daisy pu une nouvelle fois l’ouvrir en forçant un peu, bien que le verrou se soit cassé dans le processus.

La lumière du matin les a immédiatement agressés. Le soleil s’était paré de de corail et d’améthyste pendant leur épopée dans la gorge, puis dans cette grotte. Ils avaient marché toute la nuit. Luigi pensa immédiatement à chercher un endroit où se reposer quand une silhouette se dessina dans l’horizon: une ville. Elle ne semblait pas très loin de là où ils étaient. Un château semblait fièrement se dresser en son centre.

“Je crois que c’est Rimery” souffla Daisy devant ce spectacle.

Luigi tourna son regard vers elle, ne manquant pas les reflets de l’aube dans ses yeux.

“C’était la capitale d’Acerim jusqu’au XIVe siècle. Puis Acerim est devenu un territoire mort, sans qu’on sache ce qu’il s’est vraiment passé.”

Son regard s’illumina d’avantage.

“C’est une planque parfaite…”

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“Comment ça, “vous l’avez perdu”?”

“Eh bien, elle a survécu à sa chute dans la gorge maudite et-”

“SILENCE!”

Tatanga était furieux. Ces Flys n’avaient qu’une chose à faire et avaient échoué. Il aurait dû se débarrasser de Daisy quand cette dernière avait eu ses maux de têtes. La douleur soudaine et inexplicable était le prémisse de l'apparition brutale d’un sacran. Néanmoins, il gardait aussi à l’esprit pourquoi il l’avait laissé en vie dans un premier temps: à l’instar des quatre dieux liés au éléments fondamentaux et à une sœur de la princesse, Daisy était aussi liée à un dieu, plus puissant, plus dangereux que les quatre autres réunis. Il avait pour projet d’appeler le cinquième dieu en utilisant la princesse. Dans un premier temps, il avait lu qu’elle devait être dans un danger grave et imminent. Mais ses recherches avaient prouvés qu’elle devait soit mourir brutalement, soit se vider de son énergie avant qu’il n’apparaisse. Maintenant, non seulement elle était vivante, mais aussi introuvable. Il lui fallait un plan.

“Par contre, elle ne voyage pas seule…”

“Quoi?”

“Un gringalet vert qui n’a visiblement pas inventé l’idée de boire de l’eau.”

L’alien s’est mit à réfléchir. Peut-être qu’il avait un coup à jouer avec ce garçon. Néanmoins, il devait déjà se rendre à son nouveau point de contrôle pour finir d’achever les quatre autres princesses. Daisy était un problème qu’il pouvait remettre à plus tard pour le moment.