Les contes de l'Eiesia - Un bon arrangement

Chapitre 7

1494 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/09/2021 11:54

Quand Daisy se réveilla, elle était agressée par le soleil de l’après-midi. Luigi et elle s’étaient installés dans une maison à l’entrée de la ville pour être à l’abri des regards. Ils avaient pu trouver de l’eau dans la grotte d’où ils venaient, mais maintenant, le problème de la princesse était la faim: elle n’avait rien mangé depuis la veille en plein milieu de l’après-midi et elle commençait sérieusement à le sentir. Elle se redressa en regardant autour d’elle. Luigi était allongé à sa droite et Chrysantheem sous ce qui était certainement une table il y a encore plusieurs années. Luntrell était retourné au château pour signaler leur position. Il était parti quand Luigi a décidé de se coucher et devait être à quelques kilomètres de sa destination à cette heure-ci. La rousse s’est finalement levée et a regardé par la fenêtre. La ville était déserte, il n’y avait même pas le cadavre d’un arbre pour laisser une éventuelle trace de vie. C’est comme si tout était mort en un instant. Elle se permit d’inspecter un peu la maison: pas de restes humains à l’horizon, que des meubles et de vieux objets d’une autre époque. Ceux qui logeaient ici avaient dû partir avant que la région ne meure.

Elle s’est à nouveau tourné vers Luigi, cette fois pour le réveiller. Il était plus prudent de chercher de quoi se sustenter ensemble. En sortant, leurs yeux se sont directement posés vers le château. Après un regard échangé, ils ont été d’accord de commencer leurs recherches là-bas.


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Le palais était immense, mais toujours debout. Il était dans le même état que la maison qu’ils avaient squattée, mais des tapisseries pendaient fièrement sur les murs. Elles représentaient Totomesu, Dragonzamazu, Hiyoihoi et Biotinkon. Il y avait aussi une autre créature, un cervidé. Daisy reconnaissait formellement un Kameth sur certaines, mais d’autres représentaient un cerf à deux têtes. Les tapisseries semblant raconter une histoire, on pouvait en déduire, que le cerf bicéphale a perdu une tête au profit d’un œil sur le front. Ca devait être le cinquième dieu de Sarasaland, celui dont personne n’avait retrouvé le nom. Néanmoins, il était marqué ici, dans la langue de ses ancêtres.

“Peut-être qu’un spécialiste pourrait nous déchiffrer tout ça…” suggéra le plombier.

“Je traduirai volontiers ce que je comprends, mais il nous faudra du temps.” La rousse posa à nouveau les yeux sur le nom. “Par exemple, il semblerait que le cerf s’appelle…” elle plissa les yeux. “Hokosoi…”

Elle n’était pas sûre de la phonétique, mais certaine de l’orthographe. Hokosoi. Ça sonnait bien pour un dieu. Elle n’eut pas le temps de penser davantage que Luigi la tira et partit dans un couloir pas loin.

Des pas. Ils n’étaient pas seuls. L’autre s’est arrêté à quelques mètres d’eux, certainement pour regarder les tapisseries. Est-ce que c’était une personne qu’ils connaissaient? Il fallait vérifier. La princesse a commencé à faire un pas quand le garçon s’est mis devant elle avec un “non” ferme, mais assez discret. Les pas ont repris, venant vers eux.

Une imposante silhouette cachait la lumière. Elle était grande, très grande et très musclée. Mais à la forme de sa tête, Daisy le reconnut immédiatement.

Tatanga.

“Ma parole, votre majesté. Vous, ici?” demanda l’extra-terrestre avec un sourire faux et ironique dans sa voix.

Daisy n’a pas hésité: elle a tenté de lui sauter dessus, oubliant que cet alien avait aussi une force très développée.

“On va aller discuter ailleurs, d’accord?” demanda-t-il enfermant le poignet de Daisy dans une main et attrapant le bras de Luigi avec l’autre.

Malgré que les deux se débattaient, Tatanga ne les a pas lâchés.

Les sabots de Chrysnatheem ont vite raisonné à côté de Daisy. Elle l’appelait doucement, lui demandant de la regarder. Quand les yeux de la princesse se posèrent sur le sacran, elle constata avec surprise que l'œil au milieu du front de la bête s’était ouvert. C’était un présage: une ou plusieurs personnes allait très bientôt mourir. Et pas n’importe qui: une personne dans les environs. Daisy cessa de se débattre et commença à calculer les chances de survie de chacun.

Elle se fichait de sa propre vie, si elle pouvait emmener Tatanga avec elle dans la tombe, ça ne la gênait pas. Mais il y avait un facteur problématique: Luigi. Il ne devait pas mourir, il n’était qu’une victime collatérale de cette histoire. Il faudrait donc s’assurer de sa survie tout en mettant la vie de Tatanga en péril. C’était pas évident, mais possible. Il lui faudrait juste un plan qui tienne la route.

L’extra-terrestre les a finalement lâchés dans une grande salle avec une espèce d'étoiles à quatre branches en son centre. Ils devaient être dans une tour, après tout les escaliers montés et les quatre grandes ouvertures. En face d’eux: les montagnes de Chai. La rousse fut rapidement repoussée vers le centre de l’étoile, Tatanga profitant de l’occasion pour mettre une lame sous le cou Luigi. La menace était claire, mais Tatanga étant une incarnation du vice, il fallait le couper dans son élan.

“Ecoute,” commença Daisy, levant les mains pour se montrer diplomate, “je vais faire ce que tu me demandes, mais laisse mon ami tranquille: il n’a rien à voir avec cette histoire.”

Les visage de son ennemi s’est déformé de surprise, comme si tout les nerfs qui gardaient son visage dans un rictus mauvais avaient lâché. Il prend toutefois une expression bien pire après, plus horrible, plus cruelle.

“Tant pis, j’avais de toute façon prévu de le tuer.”

Il en a pas fallu plus pour que la lame perce violemment la gorge du pauvre garçon avant qu’il ne le lâche finalement, Luigi se laissant juste tomber, l’expression de son visage cherchant une inspiration qui ne venait pas.

“NON!” a hurlé Daisy. 

Elle aurait aimé rejoindre Luigi, voir si elle pouvait le sauver, mais elle était immobile, comme si une force invisible la retenait là où elle était debout. Chrysantheem était encore libre de ses mouvements et a donc poussé Tatanga à reculer pendant que la princesse laissait ruminer ses émotions. La frustration de ne pas pouvoir bouger malgré ses efforts s’était transformée en colère.

Non.

C’était plus fort que de la colère, plus viscéral. Elle ressentait de la haine, une haine pure et débridée alors qu’elle étudiait son environnement pour espérer enfin se remettre à bouger.

Elle regarda brièvement les quatre fenêtres. Dans chacune d’elle se trouvait une région de Sarasaland. Un royaume de l’ancien empire de Sarasaland. Une lueur semblait émaner de chaque région. Ca lui a fait pensé à ses sœurs, chacune associée à un de ces royaumes. Elle s’était longtemps sentie loin de cette chance, comme délaissée par les dieux malgré un sacran divin. Mais tout était clair maintenant: ce royaume, Acerim, était le sien. Comme Azaléa contrôlait le feu et contrôlera Birabuto dans quelques temps. La révélation lui a retiré un énorme poids sur son âme, celui d’être un fardeau. Son enlèvement avait marqué le début de la guerre, alors peut-être qu’elle pouvait y mettre fin...

Quand le cervidé fut renvoyé vers la princesse, elle remarqua que l'œil superflu était toujours ouvert. Bien, il était encore possible que Tatanga meurt aujourd’hui.

Quelque chose se passait. Les quatre branches de l’étoile ont commencé à briller, puis Daisy a vu rouge. C’était littéral, le monde lui paraissait teinté de rouge alors Chrysantheem partait en poussières. La vue qu’elle avait était belle, horriblement belle, horriblement morbide. Puis, comme il y a 13 ans, sa tête a commencé à lui faire mal. Mais c’était bon, elle se sentait plus vivante que jamais. Elle sentit de l’énergie passée dans son corps, elle venait du sol et allait jusqu’au cœur de sa poitrine. La princesse a commencé à sourire, peut-être de façon malsaine ou maniaque. Tatanga reculait, il devait se savoir condamné. Puis quelque chose a été expulsé de son corps avant que la princesse ne tombe dans les ténèbres, l’image d’une silhouette approchant était sa dernière vision.

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