Les contes de l'Eiesia - Un bon arrangement

Chapitre 5

1534 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/09/2021 17:56

A part les indications de Daisy, le trajet s’est fait dans un silence tendu. Luigi avait tenté d’allumer la radio pour combler, mais cette dernière ne parlant que d’une invasion imminente en rappelant les consignes de sécurité, Daisy s’était empressée de l’éteindre. Leurs deux sacrans étaient complètement absents, ne souhaitant probablement pas supporter le silence. Au bout d’un moment, Luigi prend la parole.

“Est-ce que tout va bien?”

“Oui, oui…” grommela l’autre.

“Vous savez, si vous voulez me l’expliquer, je vous écoute. Il parait que c’est jamais un mal de parler.”

Daisy le regarda, plus surprise que méfiante, puis elle soupira, parlant de l’injustice dont elle s’estimait victime depuis des années. Ses sœurs ont toujours eu tendance à la couver, et ça ne s’était pas amélioré avec le décès brutal de leur mère. Elle avait beau avoir fait son service militaire, elles s’étaient toutes opposées à son entrée dans l’armée, évitant soigneusement le “pourquoi”.

“Euh… vous ne vous êtes jamais dit que c’était à cause de vos pouvoirs?”

“Ils ne sont pas si dangereux que ça!” s’empressa de répondre la jeune fille.

Elle était dans le déni, ça sautait aux yeux. Edelweiss l’avait elle-même avoué, la jeune fille avait peur de ses propres capacités. Luigi se permit un regard vers la jeune fille à côté de lui. Elle avait baissé la tête et marmonnait quelque chose d’incompréhensible. Il était évident qu’elle savait pourquoi ses sœurs la protégeaient autant, mais elle devait aussi se voiler la face. En regardant à nouveau la route, le conducteur appuya brutalement sur la pédale de frein du véhicule.


Des insectes. Des insectes géants avec un sourire tellement exagéré que ça en était malsain fonçait droit sur eux. Luigi redémarra rapidement le véhicule et fonça dans une autre direction. Ça allait, leurs poursuivants n’étaient pas très rapides, bien que les distancer n’était pas une partie de plaisir. Ils sont entrés sur un territoire visiblement mort depuis des années, la terre avait une couleur morne, encore refroidie par pierres éparses sur la zone. Encore quelques kilomètres et ils ont commencé à longer une gorge asséchée. Puis quelque chose à explosé du côté de Daisy, envoyant la voiture dans le canyon.


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Le véhicule s’est arrêté à seulement quelques mètres du fond, retenu par d’épaisses plantes créées par Daisy. Ils avaient la tête en bas, mais les amener au fond en un seul morceau était parfaitement envisageable. Bon sang, heureusement que Chrys’ et Luntrell n’étaient pas là. Ils n’auraient pas apprécié de percuter le toit de la voiture. La princesse guida doucement les plantes vers le bas, repensant à ce qui venait de se passer. Des Flys avaient visiblement su qu’elle partirait pour Acerim et quelque chose, probablement un Nokobon, a explosé pour la précipiter dans la tombe. C’était l'œuvre de Tatanga, évidemment. Il était réapparut dans l’atmosphère après 13 ans à superviser ces troupes à distance. Il avait confié Daisy à ses troupes quand cette dernière avait été prise de violents de maux de têtes avant de retourner dans l’espace. Elle avait tué le régiment qui la surveillait quelques minutes plus tard, étant restée plusieurs heures seule à comprendre ce qu’elle avait fait. Mais depuis ce jour, elle ne l’avait pas revu.

Quand le véhicule fut au sol, il était toujours retourné. Il fallut un moment et quelques acrobaties pour sortir sans se taper la tête contre le toit, ni tomber sans aucune grâce sur le côté.

“Vous auriez pu déposer la voiture dans le bon sens.” se plaignit Luigi une fois qu’il était dehors, le choc l’ayant mit un peu sur les nerfs.

La princesse regarda l’état du véhicule. Elle ne comprenait rien à la mécanique, mais avec une roue en miette, une porte enfoncée et le capot ouvert avec un trou sous le véhicule, il était de toute façon inutilisable. Et si elle était honnête, elle avait peur que retourner le véhicule puisse déclencher une explosion. Mais il y avait d’autres priorités, elle leva les yeux. Les Flys s’étaient arrêtés au bord du ravin et les regardaient de leur spot, sans essayer de les rejoindre.

“Qu’est-ce qu’ils ont?” demanda le garçon en suivant son regard.

“Aucune idée, mais on a plus important à penser” répondit-elle en concentrant ses yeux sur les parois. “Comment on va remonter sans qu’ils ne nous tombent dessus?”

Le regard de Luigi a aussi parcouru la zone. A son état, il a dû comprendre qu’ils étaient piégés au fond d’un canyon sans la possibilité de sortir sans risquer leur vie. Il avait visiblement besoin d’être calmé, mais ce n’était pas quelque chose que la princesse maîtrisait. Bon sang, si Edel-


Non.


Elle n’avait pas besoin d’Edelweiss. Elle n’avait besoin de personne.

C’est donc tout naturellement qu’elle a pris le garçon par les épaules et l’a poussé à la regarder dans les yeux.

“Ecoute, on va trouver une solution. Mais pour le moment, on va devoir marcher et voir si on peut les semer. D’accord?” dit-elle en s’assurant de ne pas paraître trop autoritaire.

L’exercice n’était pas simple, mais le long souffle de Luigi suivi d’un hochement de tête suffit à lui dire qu’elle avait plutôt bien réussi. Ils ont donc commencé à descendre le ravin, le brouillard se levant progressivement autour d’eux.


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C’était une brume épaisse, pensa Luigi, et bien qu’il n’avait aucun mal à distinguer à quelques mètres autour de lui, voyant même Daisy qui marchait à son niveau, le ciel leur était invisible. Il n’avait aucune idée de l’heure qu’il était et le voyage devenait de plus en plus oppressant. C’était pire que dans la pièce avec cet immense miroir. Il était clair que la princesse le sentait aussi, à sa façon de laisser ses yeux regarder autour d’elle et sa tendance à presser le pas de plus en plus régulièrement. Puis elle s’est arrêtée, regardant là d’où ils venaient. Luigi l’imita, demandant ce qu’il se passait. La princesse l’a coupé d’un geste de la main.

“Il n’y a pas comme un bruit?” murmura-t-elle.

Luigi s’est évidemment concentré. Il y avait bien quelque chose qui les suivait. Ca produisait un son entre le grognement et le souffle, à la fois si lointain mais si proche de leur emplacement.

“Non…”

Elle avait fait un pas en arrière, les yeux écarquillés de peur.

“Cours!” cria la rousse en suivant son propre conseil.

Le plombier s’est empressé de la suivre. Elle était rapide, mais ça restait gérable, malgré qu’il était contraint de puiser dans ses forces pour garder le rythme.

Puis Daisy a fait un peu d’escalade, rejoignant une plateforme légèrement surélevée. Elle a tendu sa main vers Luigi pour lui offrir son aide. C’est donc tout naturellement qu’il l’a attrapé et s’est laissé tirer, se retrouvant accroupi auprès de la princesse.

Une eau blanchâtre s’est écoulée sur le sentier qu’ils foulaient quelques instant plus tôt, ce son qu’ils avaient entendu plus tôt était nettement plus fort.

L’Apente Mayes…”

Le plombier regarda la princesse, surpris du ton qu’elle avait pris. Elle semblait effrayée.

“Nous sommes dans l’Apente Mayes, c’est pour ça qu’ils ne nous ont pas suivi…”

“Le quoi?”

Il y eut un silence.

“La gorge des morts… on dit que tout ceux qui arrivent ici n’en reviennent jamais.”

Luigi regarda à nouveau la rivière. Il n’était pas encore familier avec les légendes de Sarasaland, mais il ne voulait pas confirmer celle-là.

“Je suis désolée.”

Le plombier s’est tourné vers la princesse, se demandant ce qu’elle voulait dire.

“Tu es là depuis deux jours et ces derniers doivent probablement être les deux pires jours de ta vie… tu as eu un sacran contre ta volonté et tu vas certainement rester ici…” la rousse soupira, baissant la tête. “Je n’aurait jamais dû demander à te rencontrer…”

“Vous… Vous êtes en contact avec ce fameux correspondant de Sarasaland?”

“Luigi, tu ne comprends pas: je suis la correspondante. Peach et moi étions amies avant que tout n’arrive. J’ai repris contact avec elle il y a quelques mois pour obtenir de l’aide.”

C’était donc pour ça qu’elle semblait autant en savoir sur Luigi. Il devrait probablement en parler à Peach, mais il avait autre chose à penser pour le moment.

Il y avait forcément une solution.



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