Les contes de l'Eiesia - Un bon arrangement

Chapitre 4

1979 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/09/2021 22:53

Le soir commençait à tomber, mais Luigi devait encore interroger deux sœurs. Après quelques questions auprès des domestiques et autres gardes avant de trouver Thismia dans une salle aménagée en gymnase. Ca sentait la transpiration à plein nez, la princesse aux cheveux courts devant être là depuis un moment, frappant son sac de frappe uniquement vêtue d’un bikini de sport gris et bleu fumée, comme sa robe. Comment Daisy avait nommé la variété qui portait cette couleur? Thismia kina...baleinesis? Ou quelque chose comme ça… Ses coups étaient précis et Luigi plaignait profondément le sac. Puis elle a fait une pause pour boire un coup. Elle a cessé de marcher en voyant Luigi, ses yeux bleus toisant le garçon froidement, comme si elle allait lui sauter au cou. Si le plombier ne s’était pas enfui, c’est parce que ses pieds étaient vraisemblablement collés au plancher. Les yeux de la femme s'apaisèrent quand elle s’approcha.

“Un problème?”

“Oh, euh… je voulais des informations au sujet de Daisy…”

Thismia ferma brutalement la distance entre eux en frappant Luigi juste en-dessous des côtes. La victime s’est immédiatement penchée en avant se tenant au niveau de l’impact. Ca faisait mal et il ne pouvait que pousser un gémissement plaintif.

“Ca,” commença la princesse, “c’est la plus grande différence entre Daisy et moi.”

“Elle ne frappe pas les gens sans raison?”

“Non.” répondit Thismia, impassible. “Ma force est de frapper là où c’est le plus douloureux. Daisy a une force brute telle que ça en est presque parodique.”

Luigi leva les yeux, incrédule malgré la douleur.

“Bon, par exemple, si elle veut utiliser un parpaing pour te tuer, elle te fracassera le crâne avec jusqu’à qu’il y a plus de cervelle sur le parpaing que sur le sol.”

Il a dégluti en ayant l’image en tête. Ca semblait irréaliste, mais Thismia était aussi premier degré qu’elle était violente et bon sang, cette fille pratiquait du MMA depuis qu’elle avait 8 ans. Il l’avait appris la veille, quand le groupe parlait des passe-temps de chacun.

“Et… elle le fait souvent?”

Thismia secoua la tête.

“Elle l’a jamais fait. Mais porter des lourdes charges ou déplacer des rochers visiblement trop lourds pour elle, je l’ai vu plus d’une fois.”

Ça devait être un spectacle impressionnant, Luigi était maintenant curieux de voir ça.

La douleur a commencé à s’estomper et le garçon put se relever sans efforts. Il fut presque surpris de voir que Luntrell n’était pas intervenu, cette fois. Il n’était même pas là. Néanmoins, il avait eu une réponse intéressante. Il remercia Thismia et décida de chercher la dernière sœur à interroger.


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Luigi était assis dans la bibliothèque, face à Edelweiss qui servait le thé pour eux deux. Son sacran, un serpent de l’espèce des Nyololins, était lâchement enroulé autour de son cou, somnolant contre le côté de celle qui lui était liée. Jusqu’à maintenant, elle s’était révélée être une incarnation de la sagesse et elle pourrait certainement mieux expliquer le comportement de Daisy.

“Bon,” commença-t-elle en mettant un sucre dans sa tasse, “qu’est-ce qu’on t’a dit exactement?”

Luigi fut un peu surpris de la question.

“Nous sommes une famille, nous communiquons beaucoup entre nous.”

C’était logique. Donc le garçon a transmis toute les informations qu’il avait récupéré, sentant le regard de Luntrell derrière lui. La princesse lui a d’ailleurs fait signe de venir et il s’est posé sur la table, écoutant le récit de Luigi sans dire un mot.

“Tu as dû remarquer que Daisy était un puzzle complexe.”

Luigi hocha la tête.

“Et tu as dû comprendre que tout cela était lié à la guerre que nous traversons.”

Un autre hochement de tête.

“Bien, je vais te parler de la dernière pièce: Chrysantheem.”

Le sacran de Daisy. La créature apparemment paisiblement allongée contre une enfant en état traumatique quand elles ont été découvertes.

Mais avant de parler du kameth, la princesse a parlé des dieux, des quatres éléments primordiaux qui auraient façonné le monde -le feu, l’eau, la terre et l’air- et du double élément du commencement et de la finalité. Les quatre aînées s’étaient retrouvées, d’une manière ou d’une autre, liées aux quatre premiers: Azaléa contrôlait le feu, Waterlily l’eau, Thismia la terre et Edelweiss l’air. Le hasard a fait que Luigi les a également interrogés dans cet ordre, comme le roi les avait présentés dans ce même ordre. Il était comme inscrit dans la réalité.

“Et…. Daisy, dans tout ça?” demanda l’aigle.

“J’y viens.” dit Edelweiss.

Elle trempa d’abord ses lèvres dans son thé, profitant du goût. Luigi l’imita par politesse et constata que le thé était délicieux, se permettant un regard surpris vers sa tasse. Dans sa vision périphérique, la princesse esquissait un sourire avant de reprendre son récit.

Daisy était la représentation du double élément, celui qui pouvait donner ou prendre la vie en fonction de son humeur. Elle n’avait utilisé ce pouvoir qu’une fois, décimant un régiment par la même occasion. Elle n’avait pas vraiment détruit la vie, mais l’avait plutôt absorbée, développant ainsi une force physique considérable. Elle semblait aussi être capable de sauver des personnes mortes avec ceci et la princesse pensait que l’apparition de son sacran était dû à son besoin de sauver leur mère ce jour-là. Toutefois, dans un cas comme dans l’autre, ce pouvoir avait ses limites. Déjà, il était logique qu’une personne morte depuis trop longtemps ne pouvait pas bénéficier d’un retour à la vie sans garder de profondes séquelles, quitte à être un légume jusqu’à la fin de ses jours. Elle ne pouvait pas non plus rajeunir ou vieillir un organisme non-végétal avec ce don. Et utiliser sa capacité à rendre la vie pouvait affaiblir Daisy, surtout si elle donnait plus qu’elle n’avait pris. C’était pareil dans l’autre sens: Daisy accumulait de l’énergie vitale en permanence, surtout quand elle était confrontée à la mort. Cette énergie était convertie en compétence physique, mais elle ne pouvait pas en avoir une quantité importante sans risquer de devenir léthargique au trop long terme. Sa magie se basant sur les fleurs, n’avait qu’à les faire pousser pour ne pas garder trop d’énergie vitale, ou bien créer des cristaux, plus gourmands en énergie, comme elle l’avait fait plusieurs fois par le passé. D’ailleurs, il était plus que probable qu’à cause du choc qu’elle avait subi à cette époque. La jeune princesse avait dû absorber toute l’énergie vitale autour d’elle, puis lancer le surplus qu’elle ne pouvait pas supporter dans une explosion qui a presque désintégré les corps, mais rendu la zone plutôt luxuriante. Un étonnant paradoxe que la princesse au serpent semblait vouloir étudier.


Maintenant, Luigi avait définitivement peur de Daisy. Elle était dangereuse et ne s'en rendait visiblement pas compte. Edelweiss s’empressa de le rassurer, disant que Daisy n’oserait jamais utiliser ses pouvoirs sur lui, la preuve étant qu’elle n’avait jamais voulu le faire à Waluigi alors qu’elle le détestait profondément. Cette pensée à quelque peu rassuré Luigi, mais il savait que cela biaiserait complètement l’image qu’il aura de celle qu’il allait peut-être épouser…

Une main se posa sur la sienne. Edelweiss le regardait dans les yeux, elle se voulait apaisante et, d’une manière ou d’une autre, arrivait à détendre Luigi.

“Je suis sérieuse, Luigi.” dit-elle avec un ton doux, comme si Luigi était un animal à calmer. “Ma petite sœur ne te fera jamais de mal. Ce n’est pas parce qu’elle est capable de le faire qu’elle aura forcément recours à ces méthodes. Pour te dire, elle a elle-même peur des capacités que les dieux lui ont accordées et à cause de cela, elle n’ose pas les utiliser.”

“Et pourquoi vous la défendez comme ça?” demanda Luntrell en se braquant.

“Car il n’y a qu’une seule personne qui subira la haine de ma sœur, et elle n’est pas dans ce château…”

La main d’Edelweiss s’est brutalement crispée, son visage se fermant de douleur. Mountain, jusque-là somnolant autour du cou d’Edelweiss, s’est brutalement laissé tomber sur le sol et s’est complètement enroulé sur lui-même. Ils avaient l’air de souffrir. Le garçon tenta d’appeler la princesse, mais elle ne répondait pas. Puis il y eu un souffle, et tout est devenu blanc, comme un épais brouillard qui empêchait Luigi de voir ses propres mains. Quand la brume a commencé à se dissiper à la hauteur de ses yeux, il put voir Edelweiss, une main sur celle de Luigi et l’autre appuyée sur la table, les yeux dégageant une lueur blanche intense. Elle était visiblement dans un état de transe, et son expression était passée de la douleur à une sidération assez impressionnante. La brume s’était plus ou moins levée dans la pièce, à l’exception d’au-dessus de la princesse, tant et si bien qu’il ne pouvait pas voir ses cheveux. A moins que… c’était ses cheveux, le brouillard? En regardant bien, ça y ressemblait. 

Elle resta ainsi pendant une longue minute avant que le brouillard se dissipe, ses longs cheveux tombèrent, complètement lâchés. Elle respirait fort, les yeux pleins de peur. Elle semblait très différente de cette allégorie de la sagesse qu’elle présentait il y a encore un instant. Quand elle revint à son état normal, elle lâcha la main du garçon et saisit son téléphone, commençant à envoyer des messages. Elle se leva ensuite, ne prêtant plus aucune attention au plombier.

Luntrell et Luigi ont regardé la princesse quitter la pièce. Ils se sont échangés un regard avant de la suivre.


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Les cinq sœurs s’étaient retrouvé dans le hall principal, visiblement à la demande d’Edelweiss. Luigi était assez loin pour ne pas se faire repérer, mais il les entendait très bien quand même.

La princesse brune n’avait pas pris le temps de se recoiffer. Elle parlait d’un message, d’une vue extérieure d’un vaisseau à Chai. Puis d’une menace imminente, qu’elles devaient toutes appliquer le protocole d’urgence.

“Et moi?” intervint finalement Daisy.

“Toi, tu vas à Acerim et tu prends Luigi avec toi.”

“Quoi? Mais--”

“Il n’y a pas “mais”, le colosse. C’est le protocole d’urgence.”

“Vous l’avez mis en place sans moi….”

“Tu avais 11 ans, DD.”

Le groupe s’est dirigé vers la sortie, laissant Daisy seule. Elle remarqua l’invité et lui fit signe de venir, partant à son tour vers la sortie.

“Tu sais conduire?” demanda-t-elle en s’approchant d’un véhicule.

“J’ai le permis, pourquoi?”

“Car je ne l’ai pas.”

La princesse lui lança les clés de la voiture avant de s’installer sur le siège passager, lui assurant qu’elle le guiderait jusqu’à leur destination.



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