L'irresponsable

Chapitre 4 : Smalltown Girl

7297 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 01/04/2024 16:02


Disclaimer : Stranger Things est aux frères Duffer ;)


Pas de bêta… espérons que les fautes ne nous fassent pas passer à trépas :p


Avant-propos : Voilà le chapitre centré sur Robin ! Je me réfère à quelques éléments du roman « Rebel Robin » d’Amy Rose Capetta, le livre inspiré de la série qui est consacré à ce personnage. Je n’ai lu que quelques extraits du bouquin en question mais son pitch m’a plutôt parlé : « Robin a un secret, elle aime les filles. Comment pourrait-elle être elle-même dans la minuscule ville de Hawkins ? Robin est convaincue qu’il n’y a qu’un seul moyen, pour elle, de faire l’expérience de la vraie vie : s’échapper en Europe. ». Ça m’a immédiatement fait penser à l’extraordinaire chanson « Smalltown Boy » de Bronski Beat, d’où a naturellement découlé le titre de ce chapitre et l'idée directrice de son contenu… Pour info, en 1984 quand ce tube est sorti c’était sans doute l'une des seules chansons évoquant ouvertement les difficultés liées au fait d’être homosexuel au sein d’une petite ville isolée où les mentalités sont « peu ouvertes » et la différence mal perçue. Je me dis que les paroles doivent nécessairement avoir une résonance très particulière pour Robin et Will…


Bonne lecture :)


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1 - 2 - 3 - 4 - 5


Robin essaie de ravaler ses larmes et d’empêcher son cœur de battre frénétiquement. Elle doit se calmer. Toute la situation est sérieusement foutue et personne n’a besoin qu’elle empire encore un peu les choses en s’agitant. Elle regarde Jonathan ; il semble — comme d’habitude – au bord de l’épuisement nerveux et est agenouillé sur le sol boueux, comptant de un à cinq, essayant avec une concentration appliquée d’accomplir un étrange tour de magie consistant à faire respirer Will normalement. Le type a l’air de savoir ce qu’il fait, malgré son expression fatiguée et tendue. Il a hésité moins d’une seconde sur la marche à suivre après que Nancy lui ait donné un résumé succinct des événements ayant mené à la catastrophe. La méthode de Jonathan ne donne cependant pas de résultats immédiats et l’attente semble interminable à Robin ; elle se retient de sauter dans tous les sens et de babiller pour décharger un peu de l’énergie anxieuse qui coule en elle. La peur la fait autant trembler que le froid et, à ce stade, elle se retient de claquer des dents.


Will va-t-il vraiment s’en tirer ?


Elle a dit à Steve que le père Byers était un salaud. Un salaud ? Le qualificatif ne semble pas suffisant, le mot ne couvre pas tout à fait ce qu’elle ressent à l’égard de l’ordure en ce moment. Tout le dégoût, la rage et l’indignation que lui ont fait ressentir l’histoire de Will. Au fond, le pire est sans doute de savoir que les hommes comme Lonnie sont loin d’être une exception dans le paysage. Qu’ils sont parmi eux, braillant leur opinion sur ce qui est ou non normal et brutalisant ceux qui n’entrent pas dans leur définition de ce qu’est la norme si on leur en donne l’occasion. « Pédale, tapette, lopette ». Il y en a tellement des termes comme ça. Tous pour désigner les gays ou se moquer des mecs pas assez virils. Après tout ce ne sont que des mots, elle les a entendus mille fois, elle en a parfois elle-même prononcé certains. Pas réellement pour insulter quelqu’un de différent, bien sûr. Pour plaisanter. Pas les plus offensants, bien sûr. Juste des choses basiques comme « ne fais pas ta fillette […] ne joue pas les tapettes ». Des mots que tout le monde dit et dont tout le monde rit sans mettre une pensée derrière. Pour ne pas se singulariser ou être à la marge.


Elle entend la voix douce de Jonathan résonner, dans le silence de la nuit, et ça remue quelque chose en elle de l’entendre essayer de convaincre Will que personne ne va le blesser.


— Personne ne va te faire du mal. Il n’y a aucun problème, tu vas bien. Essaye de respirer.


Elle n’est pas dans la même situation que Will. Pas du tout. Ses parents sont de gentils hippies, tout ce qu’il y a d’inoffensifs qui passent leurs temps à s’occuper d’œuvres caritatives et de projets fumeux. Selon la légende familiale, elle a été conçue à l’arrière d’un van du côté de l’Oregon alors qu’ils étaient complètement perchés : certainement pas des parangons de vertu du genre à vouloir que Robin rentre dans les clous ou à lui servir des sermons sur la nécessité d’être une fille convenable. La nécessité d’être une fille normale… peu importe ce que c’est supposé vouloir dire.


Ils n’ont rien de cinglés insultants ou violents. Rien à voir avec Lonnie, donc.


Pourtant, même en sachant à quel point ils sont tolérants et peu susceptibles de la rejeter, elle n’a jamais osé leur avouer son secret, jamais osé leur dire qu’elle n’aime pas les garçons. Ça a bien plus à voir avec elle qu’avec eux : elle n’a pas peur qu’ils la rejettent. Pas vraiment. Ses parents sont bien trop… ouverts et cool pour ça. Ce n’est pas une option crédible qu’ils la rejettent et malgré tout, quelque chose l’a toujours retenue. L’ombre d’un doute peut-être. Et une indicible peur des conséquences d’un aveu. Comme si prononcer les mots rendrait le phénomène réel. Que l’avouer à quelqu’un – à n’importe qui, même à ses parents – la condamnerait et lui collerait de manière définitive une étiquette indélébile sur le dos.


La main forcée par le destin, elle avait tout avoué à Steve, vautrée sur le sol de toilettes publiques. Elle n’avait pas exactement prononcé le terme, elle avait dansé autour et s’était dévoilée à mots couverts, incapable de prononcer la phrase, mais laissant les synapses du garçon faire le travail et se connecter pour sauter à la seule conclusion possible.


« Mais Tammy Thompson est une fille… »*


Elle entend encore l’incompréhension dans la voix hébétée de Steve, défoncé et les sourcils froncés, qui essayait durement de remettre ses paroles en ordre et d’y trouver un sens tout en luttant contre les effets de la drogue et la douleur résiduelle de tous les coups qu’il avait pris ; elle se rappelle la terreur qui lui prenait les tripes tandis qu’elle s’efforçait de le regarder dans les yeux alors que les morceaux du puzzle se rassemblaient doucement dans sa tête. Le faible « Oh » qui sortait finalement de ses lèvres craquelées et la réalisation choquée qui éclairait son visage ensanglanté. Le carrelage glacé et poisseux des toilettes, le goût âcre du vomi dans sa bouche, sa tête qui tournait, son cœur qui battait la chamade alors qu’elle suppliait silencieusement Steve du regard de ne pas la haïr.


Et il ne l’avait pas fait.


Steve Harrington, le roi du lycée, le sportif à la coupe de cheveux impeccable et au sourire de vainqueur dont la petite bande de crapauds tyrannisait les marginaux moins de deux ans auparavant. Steve Harrington, l’archétype du parfait petit américain jouant les mauvais garçons, qui jugeait avec mépris les marginaux et qui deviendrait un membre tout à fait respectable de la société dès qu’il aurait gagné un minimum en maturité ; Steve dont les parents, des notables à l’esprit étriqué, avaient voté Reagan et allaient à la messe tous les dimanches ; Steve qui pourrait avoir Tammy Thompson dans ses bras en un claquement de doigt avec un seul regard enjôleur dans sa direction alors que Robin était condamnée à se morfondre et à sangloter dans ses oreillers jusqu’à la fin des temps. Ce Steve Harrington, qui était tout ce qu’elle n’était pas, mais qui s’était avéré différent de tout ce à quoi elle s’était attendu, lui avait tendu la main.


En dépit de ses propres préjugés qui auraient fait que — dans une situation normale – il aurait été unes des dernières personnes de tout Hawkins à qui elle aurait pu envisager de dévoiler ses penchants. Il avait été au-delà de toutes ses attentes ; se remettant de son début de béguin unilatéral en une fraction de secondes et lui offrant ce que personne ne lui avait jamais offert avant ; ce dont elle ne savait pas avoir besoin avant qu’il ne lui donne librement sans rien demander en retour : une acceptation totale et absolue. Steve était l’ami dont elle n’avait jamais osé rêver, le grand frère dont elle ne savait pas avoir besoin avant qu’il ne soit là, toujours accroché à ses basques.


En parlant de frère… Robin se sent traversée par une bouffée d’affection inattendue pour Jonathan Byers en l’observant sur le sol en train d’essayer de réconforter Will après que celui-ci ait enfin repris ses esprits alors qu’elle se perdait dans ses pensées. Elle n’avait jamais vraiment rien eu contre le mec. À vrai dire, elle ne le connaissait pas du tout et mis à part l’étonnante rivalité amoureuse entre lui et Steve pour le cœur de l’incroyable Nancy Wheeler -elle doit reconnaître que la fille n’a pas grand-chose à voir avec l’image de la petite bourgeoise mesquine, inintéressante et coincée qu’elle s’en était faite avant de la connaître- elle ne s’intéressait pas à lui en tant que personne. Mis à part le fait qu’il faisait officieusement partie de l’équipe de chasse aux monstres de Hawkins et que ça le mettait dans le même bateau qu’elle, elle ne savait presque rien de lui.


Ce qu’elle savait, c'est que voir le visage défait de son meilleur ami après que la fille qu’il aimait se soit jetée dans les bras de Jonathan lui avait serré la gorge. Steve était un garçon formidable, au milieu de tout ce chaos, il méritait bien un peu de bonheur et, après tout ce qu’il avait fait pour elle, elle se devait de le soutenir contre vents et marées. Si elle pouvait suffisamment savonner la pente pour pousser Nancy dans les bras de Steve, alors, quelques commentaires sarcastiques — et apparemment immérités – sur Jonathan n’était qu’un faible tribut à payer.


Elle s’était trompée sur les coûts : Jonathan ne méritait pas qu’on le tourne en dérision et ils avaient tous payé le prix de son commentaire un peu trop chèrement. Surtout Will.


Robin ne s’attendait pas à ce que Will Byers soit un dommage collatéral à sa dernière remarque indélicate, ni que ce qu’il avait dit avant sa crise d’angoisse ne lui brise le cœur. Elle n’avait pas pu s’empêcher de surveiller le garçon du coin de l’œil depuis le retour des Byers à Hawkins, essayant de repérer si les rumeurs le concernant étaient juste ça – des rumeurs – ou si une part de vraie se cachait. Robin était plutôt observatrice, elle n’avait pas manqué les regards douloureux que Will jetait à Mike Wheeler et Elfe, ni à quel point il avait l’air triste et incertain lorsqu’il croyait que personne ne le surveillait. Will était comme elle : une anomalie. Une anomalie avec un béguin impossible. Une anomalie qui deviendrait définitivement un paria s’il commettait la folie d’assumer qui il était en face des mauvaises personnes.


Être soupçonné d’être gay était une chose déshonorante dans le coin. C’était être l’objet de toutes les rumeurs les plus folles et de toutes les insultes les plus dénigrantes. Elle se souvenait parfaitement des bruits qui avaient couru lorsque le gosse avait disparu près de trois ans auparavant… « enlevé et tué par un autre pédé »*. Ça avait été pire lorsqu’il était finalement réapparu quelques jours après son enterrement : « a fugué avec un sodomite puis est revenu en prétendant s’être perdu dans les bois ». Elle se souvenait de l’époque lointaine où elle et Barbara étaient encore amies, avant que l’insupportable — pas si insupportable – et parfaite Nancy Wheeler ne se greffe à elle et ne la fasse s’évaporer dans la nature. Elle se souvenait parfaitement les mots qu’elle lui avait dits le jour où elles avaient découvert que le professeur Hausser vivait avec un autre homme « Il ne faut en parler à personne. Je lui ai promis, si le bruit court qu’il est homosexuel, il pourrait perdre son travail ! ».


Ça avait toujours été spécialement mauvais d’être soupçonné homosexuel dans une petite ville comme la leur mais maintenant que le « cancer gay » courrait partout dans le pays, être ouvertement gay était considéré presque plus grave que d’avoir des sympathies communistes… Certains de ses amis de la fanfare qui étaient pourtant des marginaux et des tocards eux aussi avaient clairement fait savoir leur point de vue sur le sujet l’an dernier : les homosexuels avaient un truc qui clochait, c’était une maladie et le sida était juste le dernier symptôme en date. Elle avait à peine réagi en entendant leurs propos. C'étaient des conneries, mais ça ne la concernait pas, elle n’allait pas attirer l’attention sur elle en prenant position.


Ce n’était pas son problème et, à l’époque, elle avait juste hâte de partir, de s’enfuir à New York, à Florence ou à Paris. Dans n’importe quelle grande ville progressiste du monde où son état ne rencontrerait pas une franche désapprobation et où elle pourrait se noyer dans la masse. Elle espérait qu’elle ne se berçait pas d’illusion et que ces villes progressistes existaient vraiment ailleurs que dans les reportages rétrogrades et fatalistes décrivant par le menu comment les mœurs décousues des dégénérés venant des milieux artistiques gangrenaient doucement les grandes métropoles européennes et capitales culturelles. Décrivant comment les dégénérés se multipliaient et allaient mener au déclin progressif de la société et à l’effondrement des bonnes mœurs. Alléluia ! Va pour l’effondrement et le déclin. Robin espérait de tout son cœur qu’un endroit où une « dégénérée comme elle » puisse vivre en paix existait vraiment et qu’il ne s’agissait pas d’une simple vue de l’esprit de quelques politiciens conservateurs et évangélistes en colère.


Mais c’était il y a plus d’un an qu’elle préparait ses plans « d’évasion » en Europe. Maintenant tout avait changé. Sa vie avait pris le tournant d’un mauvais film de série B depuis qu’elle et la « Troupe Scoops » avaient été kidnappés par des militaires russes cachés dans les tréfonds d’un centre commercial faussement érigé à la gloire du capitalisme et qu’elle avait été confrontée à des monstres qu’elle n’aurait pas pu imaginer, même dans ses pires cauchemars.


Et elle n’avait plus l’intention de fuir Hawkins alors qu’elle avait toutes les raisons du monde de le faire. Parce qu’elle avait Steve Harrington et une bande de gosses à protéger, elle ne pouvait pas simplement tourner les talons et courir au loin pendant que la ville était réduite en poussière par la malédiction de Henry alias Vecna alias Creel alias numéro 01 alias… leur tourmenteur à tous. Elle devait rester.


— Voilà, comme ça. C’est parfait. Prends ton temps. Tout va s’arranger, je te le promets.


Il y a une certitude dans la voix de Byers qui lui fait serrer les dents. Elle aimerait étreindre Will et pouvoir lui affirmer la même chose avec autant de conviction.


Jonathan a aidé Will à se relever et celui sanglote maintenant entre ses bras en faisant le moins de bruit possible, comme pour ne pas déranger. Ça n’avait duré que quelques instants, mais Robin avait pu voir la honte brûlant dans les yeux du garçon quand il était revenu à lui et s’était rendu compte des remous que sa crise d’angoisse avait causés. Elle a à peine le temps de lâcher une remarque sarcastique en réponse à l’énième bouderie d’Erica que l’adolescent semble avoir repris un certain aplomb, affirmant avec conviction à son frère être assez bien pour bouger, alors qu’il tremble de tout son corps et semble peiner à tenir sur ses jambes.


Ils se mettent en route et Robin ne peut pas détacher son regard de Will qui chancelle entre Nancy et Jonathan, la démarche instable et le visage fermé, mais les yeux encore pleins de panique et d’humiliation, tandis que tout le groupe se dirige vers le Surfer Boy dans un silence pesant. Elle ne peut pas s’empêcher de s’identifier à Will en ce moment : parce qu’elle sait ce que ça fait de se sentir complètement inadéquate, complètement à côté de tout ce qu’on pourrait attendre d’elle. Trop grande, trop maigre, trop maladroite et — surtout– beaucoup trop à côté de ses pompes. Elle ne dit jamais les bons mots au bon moment et elle arrive rarement à se comporter comme il le faudrait. Parfois elle aussi a l’impression d’étouffer, alors elle babille et part dans de longs discours décousus et flamboyants et elle choisit de manier son ironie comme une arme. Une pauvre défense. Oui, elle s’identifie un peu trop à Will et pas seulement à cause de leurs goûts particuliers.


Ils atteignent le camion et montent presque tous à bord mais, alors que Robin pense que leur interminable soirée va enfin approcher de son terme, Byers entraîne Steve dans la forêt pour « discuter quelques minutes » et ils disparaissent à couvert des arbres. Encore un temps mort. Robin est positivement surprise qu’Erica n’explose pas de rage : c’est l’histoire sans fin.


Sans la chanson, Dieu merci !


À peine installée dans le van, Nancy a tourné la clef dans le contact et a allumé le chauffage à fond. Robin ne peut pas encore en ressentir les effets, mais elle salue intérieurement le geste salvateur. Elle est toujours frigorifiée et il doit en être de même pour les autres. En particulier Will et Nancy qui ont bien dû passer une trentaine de minutes agenouillés sur le sol glacé de la forêt de Hawkins dans un amas de feuilles trempées.


Heureuse de pouvoir profiter de la largeur des banquettes du Surfer Boy, elle ramène ses longues jambes devant elle, s’enfonce dans le siège et enroule ses bras autour de ses jambes pliées. Elle essaye d’ignorer la froide humidité du tissu de son pantalon, désirant désespérément regagner un peu de chaleur. Eh bien ! C’est inconfortable. Personne ne dit un mot, même Erica qui s’est glissée d’autorité sur le siège passager à l’avant quand Jonathan a annoncé vouloir parler à Steve, s’est enfermée dans un mutisme boudeur, la mélodie sortant faiblement de l’autoradio est la seule chose qui les sauve d’un silence de plomb.


Elle ferme les yeux un instant se laissant bercer par la voix de Freddie Mercury. La musique s’est allumée en même temps que le chauffage et la fin de Bohemian Rhapsody résonne à bas volume dans l’habitacle. Les dernières notes aux allures opératiques retentissent doucement et la voix de Mercury s’éteint, laissant sa place à un étrange mélange de pop et d’électro. La voix haut-perchée et planante de Jimmy Sommerville la transperce lui faisant malgré elle ouvrir les yeux. Sans doute une compilation que Jonathan Byers a préparée à desseins pour son frère. Ce sera quoi après ça ? T-Rex ou Bowie ? Superbe timing ! Elle se retient de rire. Ou de pleurer. Elle n’en est plus très sûre à ce stade. Cette fichue nuit va-t-elle finir un jour ? Cette foutue chanson pouvait-elle tomber à un pire moment ?


Elle regarde Will, qui a la tête pressée contre la vitre et les yeux clos, sa respiration est presque calme maintenant, mais en observant la tension dans ses épaules, elle est persuadée qu’il ne dort pas. Les paroles de Smalltown Boy s’élèvent dans une inlassable litanie et Robin a presque l’impression que les mots les narguent, gravant inconfortablement quelque chose d’indicible dans l’air autour d’eux. Et soudain, c’en est trop pour elle : l’ironie de la situation la frappe de nouveau sans qu’elle puisse rien y faire et un rire nerveux lui échappe. Puis un autre. La lesbienne et le gay refoulés de Hawkins, ensemble dans un fourgon de livraison de Pizza Californien orange vif écoutant Bronski Beat qui leur intime de courir et de fuir leur petite ville de merde où ils ne pourront jamais être eux-mêmes. C’est hilarant ! Tellement qu’un fou rire commence à se construire en elle de manière irrépressible et qu’elle sent les larmes lui monter aux yeux. Elle est le genre de personne grossière et déphasée qui rit aux enterrements : elle l’a fait longuement aux obsèques de son grand-père maternel ; pourtant elle adorait l’homme.


Le souvenir ridicule, triste et mortifiant finit de lui faire perdre ses moyens. Elle pouffe ouvertement maintenant. Elle rit en se tenant les côtes et en essayant de ne pas perdre son souffle.


— On peut savoir ce qui te prend ?


— Les fils se sont touchés et elle a perdu ses derniers neurones en état de marche ?


La voix sèche de Nancy se mélange avec le grommellement ébahi et indigné d’Erica. La réprobation dans le ton des deux filles l’a fait encore s’esclaffer davantage. Elle lutte pour s’expliquer et regagner son calme. Peine perdue. Elle rit tellement qu’elle est incapable de finir sa phrase.


— Je… je suis… vraiment désolée, c’est juste que…


Robin rit toujours, mais parvient progressivement à retrouver un peu de contenance, essuyant les larmes aux coins de ses yeux essayant de focaliser sur Will qui la regarde fixement les sourcils froncés, l’air inquiet. Elle essaie de s’accrocher au souvenir de la « crise » que vient de traverser le gamin pour se sortir de ses rires immotivés. Somerville continue en arrière-fond à les encourager à courir, sa voix prenant des accents de plus en plus désespérés tandis que la tessiture monte encore dans les aigus, devenant presque stridente. Ses lèvres bougent avant qu’elle ne puisse réfléchir et sa question est parfaitement compréhensible entre deux rires douloureux.


— Désolée… je… Ton frère est un mec vraiment subtil, n’est-ce pas ?


Un nouveau rire la secoue. Will la regarde avec une expression de choc si complète qu’elle se demande s’il va faire une nouvelle crise d’angoisse. Il bégaie lorsqu’il lui répond et ses mains tremblent tandis qu’il enroule ses bras autour de lui comme pour se défendre. Et merde, de toutes les conneries qu’elle pouvait dire… Son père l’a collé dans un placard ; maintenant, c'est elle qui l’en sort de force.


— Je… je… ne comprends pas de quoi tu parles.


Ses yeux sont presque écarquillés par la terreur et la honte. Il a l’expression d’une bestiole traquée qui va être mise à mort. Bizarrement ça suffit à dissiper les dernières traces de l’amusement incongru qui persistait en elle.


— Robin ! À quoi est-ce que tu joues, putain ?!


Elle enregistre à peine le juron et le ton outragé de Nancy, tout ce qu’elle sait, c’est que la fille a coupé la musique juste avant la fin du morceau et est à moitié sortie de son siège à l’avant pour se pencher vers eux et la fixer d’un air furieux. Elle ne parvient pas à se préoccuper de la colère évidente de Nancy, elle est happée par les yeux effrayés de Will Byers. Il n’y a plus d’échappatoire. Peut-être parce que c’est la fin de la chanson, peut-être parce qu’elle est une fille d’une petite ville qui veut fuir depuis qu’elle a douze ans et qu’elle fait face à un gamin qui veut sans doute s’échapper depuis presque aussi longtemps. Les mots coulent naturellement hors de sa bouche sans qu’elle puisse les retenir.


— Je suis désolée. Je suis désolée pour ce que je viens de dire et je suis désolée pour ce que j’ai dit sur ton frère tout à l’heure. Écoute, je ne sais rien de lui et tu avais raison ce n’était pas à moi de le juger. Et je n’ai pas le droit de présupposer quoi que ce soit sur toi. Je ne vous connais pas et, toi non plus, je pense que tu ne me connais pas. Je suis juste…


Elle respire difficilement. Ça n’a rien de facile. Cette fois, elle n’a même pas de drogue mijotée par les russes pour rendre la situation moins effrayante et lui délier la langue. Elle préférerait fuir n’importe où ou s’enterrer dans le trou le plus profond qui soit plutôt que de reconnaître être « la lesbienne de service » de la petite ville d’Hawkins. La normalité, elle avait longtemps essayé et ça lui avait filé entre les doigts, mais ce n’est pas pour autant qu’elle veut être définitivement étiquetée comme le phénomène de foire le plus étonnant des environs. Être gay est une chose humiliante qui est à longueur de temps tournée en dérision ; être lesbienne semble, d’une certaine manière, encore plus aberrant… Personne n’en parle jamais, comme si ça n’existait pas du tout. Au-delà de quelques commentaires graveleux sur les « filles qui s’embrassent », ça n’intéresse pas qui que ce soit, n’a aucune existence tangible. Ce n’est même pas digne d’une plaisanterie ou d’une insulte : la pire de toutes les anomalies. Celle à laquelle on répond par l’indifférence.


Elle n’a aucune envie de faire ça en face de Nancy Wheeler et d’Erica Sinclair, mais elle a la sensation qu’il n’y a plus d'endroit où se cacher et elle en a, de toutes manières, marre d’essayer. Depuis qu’elle l’a révélé à Steve, c'est comme si elle ne pouvait plus contrôler sa bouche et que son secret suintait par tous les pores de sa peau. Comme si un panneau géant clignotait au-dessus de sa tête, attendant juste que quelqu’un ne comprenne l’information évidente et la diffuse dans toute la ville. Et, finalement, peut-être qu’elle s’en moque : il y a un exode massif de population depuis que Vecna a ouvert des failles partout dans Hawkins. Quelle importance ça peut faire qui elle aime ou non ? Quelle importance alors qu’ils vont sans doute tous mourir ? Elle vient à moitié de faire l’outing du gosse parce qu’elle est incapable de garder les lèvres closes, alors, elle lui doit au moins ça. Elle tente un pauvre sourire et se jette à l’eau. Si elle peut affronter des monstres interdimensionnels, elle peut bien faire ça pour Will Byers.


— Tu sais la chanson qui vient de passer, ça me parle. Ça me parle tellement que c’en est presque douloureux. C’est pour ça que je n’ai pas pu m’empêcher de rire, tu vois, parce que j’ai la sensation ridicule qu’elle a été écrite pour moi. Je suis juste une fille d’une petite ville qui a toujours eu envie de fuir. Je voulais fuir depuis que j’étais gamine parce que j’avais l’impression d’être trop différente… une énorme erreur qui ne pourrait jamais s’intégrer nulle part. Je voulais courir très loin de Hawkins et ne jamais y revenir parce que, dans cette ville, je pensais que personne ne pourrait jamais m’accepter et m’aimer telle que je suis. Parce que je suis différente et qu’être différent… eh bien, ça craint. Ça craint partout, mais dans une petite ville comme la nôtre, c’est encore moins acceptable. Encore moins supportable. Mais tu sais quoi ? Je me trompais.


Will est pâle comme la mort et il la regarde d’un air incertain maintenant, comme s’il n’osait pas tout à fait croire ce qu’elle vient de faire plus que sous-entendre. Oh diable les sous-entendus et les subtilités ! Comme toujours, c'est un long monologue décousu qui sort de sa bouche. Où est Steve pour l’arrêter alors qu’elle s’éparpille dans tous les sens ? Elle va sans doute se ridiculiser devant son auditoire auto-imposé et entraîner Will dans sa chute. Elle sent les yeux de Nancy transpercer son dos et entend l’exclamation étouffée d’Erica, mais elle ne peut pas se détourner de Will pour regarder les autres filles et voir leurs expressions. Est-ce qu’elles désapprouvent ? Est-ce qu’elles vont la mépriser et l’éviter à partir de maintenant ? Elle aimerait s’arrêter là, mais elle en a déjà bien trop dit. Alors, autant aller jusqu’au bout. Elle doit faire ça pour Will. Elle doit lui montrer que c’est possible d’assumer réellement ce qu’on est sans tomber en morceaux. Que tout ça n’est pas si grave et sérieux que le prétendent les politiciens conservateurs et les prédicateurs. Pas si abominable et déshonorant que ce qu’en disent des hommes comme Lonnie Byers.


— Tu sais, dans des circonstances normales, je pense que je n’aurais jamais pu dire la vérité sur le genre de personne que je suis à qui que ce soit à Hawkins. C’est toute la situation foutue sur le monde à l’envers qui a rebattu toutes les cartes et a fait que j’ai avoué le genre de fille que je suis dans un moment où… eh bien, je ne sais pas où j’avais la tête ce jour-là ! On peut faire l’hypothèse que le fait que je sois passée en quelques heures de vendeuse de crèmes glacées à otage dans le cadre d’un complot gouvernemental, enlevée et droguée par de méchants soldats russes, ne m’ait pas donné les idées très claires. Ça m’a poussée à me confier à ce bon vieux Harrington. Et, tu sais quoi Will ? Je suis heureuse de l’avoir fait. Steve m’a acceptée sans aucun jugement. Ça m’a enlevé un poids que je n’avais même pas conscience d’avoir sur les épaules. Je ne savais pas à quel point j’avais besoin que quelqu’un le fasse avant qu’il… avant qu’il me montre à quel point ça ne changeait rien à ce qu’il pensait de moi. À quel point il s’en foutait que je sois différente. J’ai Steve de mon côté. Et, tu vois, une seule personne des fois, ça suffit à faire la différence. Je suis qui je suis et ce n’est pas grave si ce n’est pas considéré normal, parce que de toutes manières, je me moque de ce qui est normal et je n’ai plus envie de m’enfuir. Parce que ce n’est pas important que je sois une fille qui aime les filles ! Être lesbienne ne change rien à ma personnalité et, dans un monde idéal, personne ne devrait s’en soucier ni ne penser moins de moi à cause de ça !


Voilà, c’est fait. Les mots qu’elle s’est toujours interdits de prononcer à haute voix, elle vient presque de les crier dans une fourgonnette pourrie en face d’une gamine de douze ans qu’elle adore, de l’une de ses rares amies -qu’elle s’est faite le mois dernier – et de Will Byers. Un peu théâtral comme déballage, elle se demande si elle aurait pu le gérer autrement. Peut-être qu’elle aurait juste pu clamer « aimer les nibards »* et affirmer d’un ton péremptoire que ça n’avait rien de mauvais, pas plus que d’être un inverti. Sans blague. L’expression de Will est indéfinissable, il semble à la fois fasciné et totalement sous le choc, la bouche entrouverte et les yeux brillants. Il la dévisage comme si elle était le tout premier être humain qu’il rencontrait.


Robin hésite quant à la suite, mais quelque chose dans les yeux du garçon, la pousse à continuer. Elle espère juste ne pas commettre un impair majeur. Sa mère lui a dit des centaines de fois de réfléchir avant de parler mais peu importe combien son cerveau turbine, sa langue a toujours une longueur d’avance et elle crée incident diplomatique sur incident diplomatique lorsqu’elle se laisse emporter et s’exprime à tort et à travers.


— J’ai Steve et je suis contente que tu aies Jonathan, parce que tout le monde devrait avoir quelqu’un là pour soi. Et je ne suis pas en train de suggérer quoi que ce soit sur toi. Je ne dis pas que nous sommes pareils ou que nous nous ressemblons. Je ne sais pas grand-chose sur toi, mais au fond, je ne crois pas que ce soit important pour la suite de ce que je veux te dire. Ton père… ce qu’il te disait, tout ce qu’il t’a fait, c’était complètement faux… tout ce que d’autres attardés de Hawkins peuvent dire sur les homosexuels, c’est complètement faux également. Peu importe que tu sois homosexuel ou non, ça ne change rien au fait que tout ça ce soient des conneries. Et je suis contente que Jonathan ait été là pour toi, mais je suis désolée qu’il ait apparemment été la seule personne à pouvoir te protéger. Et surtout, je suis désolée qu’il ait en premier lieu eu besoin de te protéger. Le monde ne devrait pas fonctionner comme ça. Tu n’aurais pas dû avoir à entendre de telles saloperies de la part de ton propre père alors que tu étais juste un enfant. Dire que quelqu’un n’est pas un vrai mec parce qu’il n’aime pas les loisirs virils ou taper du poing sur la table, c’est lamentable ! Ceux qui disent des trucs aussi stupides prouvent juste qu’ils ont quelques cases en moins et ils ne méritent rien d’autre que d’être ignorés. Même si c'est plus facile à dire qu'à faire. Dans un trou paumé comme le nôtre, on peut parfois se sentir comme si on était tout seul et avoir la sensation d’être entourés de connards mais… c’est une illusion. Ce n’est pas parce que les connards crient plus fort que les autres ou sont nombreux, qu’ils ont raison. Et, même dans un trou paumé comme le nôtre, il y a des gens bien, alors, peut-être que ce n’est pas si terrible d’être différent. Et, tu sais, cette période qu’on traverse, je crois que ce n’est qu’une étape : le monde change, les mentalités évoluent ; un jour, je pense sincèrement que les filles comme moi et les garçons comme Jimmy Somerville n’auront plus à quitter leur ville natale pour pouvoir être eux-mêmes et avoir le droit d’aimer qui ils veulent. Voilà, je voulais juste te faire savoir que… je sais qu’on n’a jamais vraiment parlé, mais avec toute la galère du monde à l’envers et le reste, je considère qu’on est tous dans la même équipe et j’aurais dû m’en rappeler lorsque j’ai prétendu que ton frère n’était pas un type fiable. Enfin bref, on est dans la même équipe, alors, si un jour, tu veux parler, je suis là. Je sais que je n’en ai pas l’air à jacasser comme ça et à partir dans tous les sens mais quand je veux, je peux juste me taire et écouter. Vraiment. D’ailleurs, je vais faire ça maintenant. Me taire, je veux dire.


Will la regarde comme si une seconde tête venait de lui pousser et elle se retient difficilement de repartir dans un rire nerveux. Après quelques secondes de flottement, il lui adresse finalement un étrange sourire et hausse les épaules d’un air désabusé, son ton est plutôt amusé quand il prend parole.


— Je ne pensais pas qu’il était possible pour quelqu’un de parler autant sans reprendre son souffle. Je crois que tu as prononcé plus de mots en cinq minutes que je ne le fais en une semaine.


Bien. De l’humour, parfait. Robin soupire de soulagement, sa logorrhée n’a pas causé de ravages visibles et elle n’a pas déclenché un nouveau drame. Le gamin n’a pas l’air de lui en vouloir pour l’avoir plus ou moins exposé. Elle ose un regard vers l’avant de la camionnette et aperçoit les yeux bleus glacés de Nancy posés sur elle, l’expression de la fille est méditative. Méditative, pas dégoûtée ou énervée : elle prend ça comme une victoire. Elle doit sourire malgré elle, parce qu’elle voit les lèvres de Nancy se tordre légèrement en réponse et le béguin éternel de Steve lui offre le plus léger des sourires et un signe de tête. Robin ne peut pas voir Erica, mais elle ne peut pas manquer le reniflement dédaigneux de sa morveuse préférée. Elle sent son estomac se tordre inconfortablement, deux sur trois, ce n’est pas si mal. Statistiquement, c'est même plutôt une réussite mais… elle ne veut pas que la petite Sinclair la déteste. La gamine est une vraie peste mais elles ont risqué leur vie ensemble. Plusieurs fois. Elle n’est pas sûre de pouvoir supporter son mépris.


— Cinq minutes ? Tu veux rire, Will ? Ça fait bien dix minutes que Robin déblatère ! D’ailleurs, on se demande bien ce que ton frère et Harrington foutent. Jonathan a dit en avoir pour quelques minutes, mais ça fait bien un quart d’heure qu’on poireaute !


Erica n’est finalement peut-être pas offensée par ses révélations, elle semble assez égale à elle-même. Robin doit arrêter de s’angoisser pour rien. Tout va bien.


Et la gamine a raison à propos du temps qui défile : de quoi Steve et Byers peuvent-ils bien discuter depuis plus d’une dizaine de minutes ? À sa connaissance, ils s'évitent comme la peste et n’échangent jamais plus que quelques monosyllabes. Curieux. Inquiétant même.


Elle se déplace et se colle à la vitre gauche essayant de distinguer quelque chose à travers le carreau malgré l’obscurité. Peine perdue.


Soudain la musique retentit de nouveau dans l’habitacle, Smalltown Boy est bel et bien finie ; Fame de Bowie résonne joyeusement.


Ne pas rire. Ne pas rire.


Robin résiste vaillamment, même si elle sent les coins de sa bouche s’étirer irrésistiblement. Elle entend soudain un rire étouffé retentir à sa droite et tourne brusquement la tête. Will est secoué d’un rire presque silencieux, son expression plus authentiquement joyeuse que Robin ne l’a jamais vue. Il relève les yeux vers elle et ils brillent d’un curieux éclat. Il se rapproche d’elle et se penche pour attraper sa main droite et la serrer. Lorsqu’il ouvre la bouche, son murmure est si bas qu’il est presque inaudible, mais Robin n’en manque pas un mot.


— Hé… pour tout ce que tu as dit, merci. Tu as raison, au fait, mon frère est quelqu’un de génial mais… visiblement, la subtilité n’est pas son fort.


Elle serre sa main en retour. Au diable Steve et Jonathan, ils peuvent bien passer la nuit dans la forêt si cela leur chante. Finalement ce n’est pas une si mauvaise nuit si les enfants d’une petite ville peuvent s’y retrouver.



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Remarques:


Les diverses informations complémentaires sur Robin viennent du roman « Rebel Robin ». Le fait qu’elle veuille fuir Hawkins pour une grande métropole européenne, que ses amis de la fanfare fassent des commentaires dénigrants sur les homosexuels en 1984 pendant le pic de l’épidémie du SIDA, qu’elle et Barbara Holland aient été amies d’enfance (et que c'est pour ça qu'elle a une dent contre Nancy Wheeler avant le début de la saga, puisqu'elle considère que la fille lui a "volé" sa meilleure amie) et aient appris l’homosexualité du Professeur Hausser, etc., sont des références à ce livre.


Mercury, Somerville, Bowie et Marc Bolan (le leader du groupe T-Rex) étaient considérés comme des icônes de la communauté gay dans les années 80. J’aurais pu choisir Boy George à la place de Bolan (beaucoup plus connu) mais je ne pouvais pas vraiment imaginer que le, musicalement parlant, élitiste Jonathan Byers puisse inclure du Culture Club dans une compilation maison… même par amour pour son petit frère ;)


Pour ce chapitre, je me suis retrouvée gênée aux entournures par mes propres postulats : je voulais vraiment écrire une discussion entre Robin et Will mais je ne voulais pas faire de saut dans le temps (pour ne pas nuire à la temporalité instaurée depuis le début de la fic), ce qui faisait que leur discussion ne pouvait avoir lieu qu’en présence de Nancy et Erica… ce qui posait bien évidemment problème. J’ai essayé de faire quelques pirouettes pour que ce que dit Robin à Will ne soit pas considéré comme un « outing forcé » pur et simple. J’espère ne pas m’en être trop mal sortie et que vous avez aimé ce chapitre. A bientôt pour la suite :)


Ps : les propos directement suivis d'une astérisque sont des répliques empruntées à la série.


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