Un de perdu
Chapitre 12 : Alors, quelle est ta réponse ?
3270 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 08/11/2016 14:06
A nouveau ils étaient tous réunis dans la salle VIP. Le module était sur la tempe de Xiaolin, relié au projecteur d'hologrammes. Tout le monde retenait son souffle.
Lentement, une image se forma…
Le poignard s'était planté juste sous les côtes, comme si Baal avait visé exactement pour l'épargner tout en le faisant souffrir.
- Tu parleras, ricana le goa'uld. Tu parleras, comme bien d'autres avant toi. Tous ont parlé. Personne ne m'a jamais résisté !
- Jack l'a fait, articula Daniel avec difficulté.
La sueur coulait sur son front. Son T-shirt était déchiré à plusieurs endroits et on voyait nettement la marque violacée d'un coup violent sur les côtes, à travers un accroc.
- Insolent ! cracha Baal.
Il fait un geste, comme si cette fois il allait le tuer, puis il se ravisa et eut un sourire diabolique.
- Qu'on amène l'esclave !
Les jaffas ne furent pas longs et revinrent en poussant devant eux une femme aux longs cheveux auburn, enchaînée lourdement.
Baal lui souleva le menton pour que Daniel puisse la reconnaître.
- Cette femme ne t'est pas inconnue, n'est-ce pas ? Elle pourrait faire un hôte de choix pour ma fille ou ma soeur… comme l'était ton épouse, humain… Abydos fait naître de bons produits pour la récolte des Goa'ulds.
Les yeux horrifiés de Carter étaient fixés sur le visage terrorisé de la jeune femme agenouillée. Teal'c se leva à demi, comme s'il voulait intervenir dans la scène. O'Neill scrutait l'hologramme, Xiaolin, tout ce qui lui semblait pouvoir faire changer le cours des choses. Jacob avait l'air grave. Suzie Brightman se tordait les mains sans s'en apercevoir.
- Olleya, balbutia Daniel. Oh non, pas elle…
La jeune femme ramena ses bras contre elle. Ses poignets saignaient, écorchés par les chaines. Un peu de sang coulait de sa lèvre meurtrie. Elle portait des traces de bleus sur les épaules et les jambes. Sa robe pendait sur elle comme un sac et sa ceinture était trop large pour sa taille amaigrie.
- Daniel, supplia-t-elle. Daniel, ne les laisse pas me faire du mal ! Je t'en prie !
Baal lui tordit un bras et attrapa un flacon de poison.
- Donne-moi ce code, humain, ordonna-t-il. Ou sinon…
Il versa un goutte de poison sur le bras de la jeune femme. Elle hurla et se débattit.
- Je ne peux pas, Olleya, je ne peux pas…bégaya Daniel.
- Si ! Donne-lui ! Dis-lui tout ce qu'il te demandera ! Daniel ! Non ! Ne me touchez pas ! Non ! Daniel, je t'en prie ! Noon !
Baal gloussa en regardant Daniel détourner les yeux de la jeune femme qui se tordait en sanglotant.
O'Neill donna un coup de poing sur la table et se fit mal.
- Comment pouviez-vous assister à ça ? Comment ?
Sa voix faisait mal à force d'être rauque.
Daniel releva soudain la tête.
- Arrêtez ! Arrêtez tout ! Je vais vous le dire !
Baal lui lança un coup d'œil soupçonneux puis versa sur les blessures d'Olleya le contre-poison. Puis il la lâcha et elle s'effondra comme une poupée de chiffons.
- Vraiment. Eh bien, je t'écoute.
- Promettez-moi que vous ne lui ferez plus de mal !
Les yeux de Daniel fixaient le goa'uld, déterminés. Son visage reflétait la douleur et l'amertume.
- Tu n'es pas en position pour négocier, sussura Baal, menaçant.
- Promettez !
Baal prit le flacon de poison.
- Parle, ou la femme que tu protèges mourra.
Daniel donna le code de l'iris.
Carter et Teal'c échangèrent un regard avec O'Neill.
L'hologramme s'éteignit et Xiaolin poussa un soupir de fatigue.
- Que se passe-t-il ? demanda Jacob.
- C'est le premier des anciens codes qui sont apparus le mois dernier, expliqua enfin Carter. Daniel a menti, délibérément.
- C'était un jeu trop dangereux, dit Xiaolin.
- Quand Baal s'en est-il aperçu ? demanda Teal'c.
- Dès qu'il l'a eu essayé, dit l'ancien lothar en se calant un peu mieux dans son fauteuil et en se massant les tempes. Puis-je avoir quelque chose à manger ?
- Bien sûr, dit Carter sans bouger.
Le docteur Brigthman la regarda pendant quelques secondes puis finit par se lever. Elle s'arrêta sur le pas de la porte et considéra longuement ceux qui étaient rassemblés dans la pièce.
- Tout ceci ne nous explique pas pourquoi Daniel se croit un an en arrière.
- Ils ne lui ont pas fait boire de ce liquide bleuté, cette fois-ci, remarqua O'Neill tout haut.
Personne ne réagit. Tout le monde était encore sous le choc.
- C'est monstrueux, murmura Carter. Comment Baal a-t-il pu avoir l'idée de faire ça ?
- Et comment a-t-il pu nous faire apparaître ? précisa Teal'c.
Suzie revint avec un plateau du mess et se rassit machinalement, sans vérifier les fonctions vitales de Xiaolin. Celui-ci mangea un peu, but beacoup et se renfrogna. O'Neill tapotait nerveusement la table, sans s'en apercevoir.
- Prêt ? demanda Jacob.
Xiaolin inclina la tête. L'hologramme trembla au-dessus de la surface polie de la table…
- Daniel ? Daniel, je t'en prie, réveille-toi… Daniel… s'il te plaît, réveille-toi, ils vont revenir…
Les longs cheveux d'Olleya balayaient le sol jaunâtre de la cellule à gravitation basculée. Elle était penchée sur le corps du jeune archéologue et le secouait par l'épaule de temps à autre, tout en tentant de le soigner.
- Comment se fait-il que… commença O'Neill en se tournant vers Jacob.
- Xiaolin a sûrement assisté à cette scène, répondit celui-ci en haussant les épaules.
Daniel émergea lentement.
- Olleya ? Tu es toujours… en vie ?
- Le dieu a arrêté son propre poison.
- Ce n'est pas un dieu. Juste un parasite monstrueux. Pourquoi nous a-t-il mis dans la même cellule ? Que veut-il encore de nous ?
- Il vous accorde une faveur, dit la voix caverneuse de Xiaolin qui était invisible sur l'hologramme. Ne soyez pas ingrats.
Daniel se releva avec difficulté et redressa la tête en clignant des yeux pour mieux distinguer son interlocuteur.
- Pourquoi lui permettez-vous de nous traiter de cette façon ? Que vous a-t-on fait pour que vous soyez si insensible ? Où sont mes autres amis ?
- Taisez-vous ! Vous posez beaucoup trop de questions et vous n'êtes pas respecteux envers mon maître.
Xiaolin dut tourner la tête car la cellule disparut de l'hologramme, laissant à la place le couloir ocre de la base de Baal et deux jaffas plantés de chaque côté de l'entrée.
- Attendez ! Ne partez pas si vite ! Où est Jack ? Où sont les membres de SG14 ? Les avez-vous capturés aussi ?…
La voix de Daniel faiblit au fur et à mesure que Xiaolin s'éloignait d'un pas vif de la cellule. La prison défilait sur l'hologramme, entièrement vide… Xiaolin tourna à gauche et des portes coulissèrent devant lui. Un instant un intérieur de laboratoire scintilla dans un soleil trop éblouissant, puis l'hologramme vacilla, comme défectueux.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Carter précipitemment. J'ai cru voir… enfin, il m'a semblé que…
- Peut-on faire une pause ? réclama Xiaolin d'un ton fatigué et anxieux.
- Non, répondez d'abord ! intervint O'Neill. Je n'ai pas rêvé, j'ai cru moi aussi apercevoir…
- J'ai vu moi aussi ce qui m'a semblé être un laboratoire, ajouta Teal'c d'un ton grave, en se levant pour se placer entre le frère de Freya et la porte.
- Tu ne nous as jamais parlé d'un laboratoire, continua lentement Jacob. Je me doutais que tu nous cachait quelque chose, Xiaolin. Parle, maintenant. Explique-toi.
Xiaolin se rassit lentement, les yeux fixés sur les quatre autres qui l'entouraient, presque menaçants.
- Pas maintenant, soupira-t-il. Plus tard… après…
- Après quoi ? coupa O'Neill.
- Je comprend tout ! cria Daniel. Tout est faux ! Ils ne sont pas vrais ! Vous me faîtes boire ce truc pour que j'y crois mais ce ne sont pas mes amis ! Vous me mentez depuis le début !
- Tu es plus malin que je ne le pensais, humain, ricanna Baal, mais tu te trompes malgré tout. J'ai bel et bien capturé tes amis et je les exécuterai un par un devant tes yeux jusqu'à ce que tu me donnes le code exact pour ouvrir l'iris de ton monde.
Il caressa la griffe de fer qu'il tenait dans son gant noir et tourna sournoisement autour d'Olleya à genoux à ses pieds, la tête baissée.
- T'ai-je fait boire quoi que ce soit, aujourd'hui ? Ne t'ai-je pas laissé en présence de ton amie escalve pendant la nuit pur que tu constates que c'était bien elle ?…
Sa voix était douce, cruelle. Un frisson courut dans le dos de Daniel.
- Si vous avez capturés mes amis, montrez-moi Jack !
- Donne-moi d'abord ce code, humain.
- Jamais je ne vous laisserai envahir la Terre !
Une crispation de la mâchoire tordit le visage courroucé de Baal. Il appuya brutalement la griffe de fer sur la nuque d'Olleya et la regarda se tordre de douleur sans bouger un cil.
- Nooon ! Ne faîtes pas cela ! Arrêtez ! Arrêtez !
Baal releva la griffe d'un air interrogateur et un sourire cynique se peignit sur ses lèvres.
- As-tu quelque chose à me dire, humain ?
Daniel regardait fixement le corps d'Olleya agité de soubresauts de souffrance et de sanglots. Baal attrapa la lance d'un jaffa et la lança en direction du jeune homme. La lance s'écrasa contre les côtes de Daniel qui étouffa un cri de douleur. Il releva la tête et croisa les yeux sarcastiques du goa'uld.
- Eh bien ? Quelle est ta réponse ?
Un autre code bien trop ancien résonna dans la salle VIP.
- Il ne savait pas à quoi il s'exposait, murmura Jacob.
- Il ne savait plus quoi faire, dit lentement O'Neill, comme pour lui même. Il avait besoin de nous… il voulait nous aider… et nous n'étions pas là pour lui répondre…
- Tu mens ! cracha le goa'uld. Tu mens, encore une fois ! Tu me braves, insolent ! Vois donc l'esclave mourir à cause de toi !
Baal leva son gantelet de fer et la lumière mortelle enveloppa le front désespéré qu'Olleya levait vers Daniel.
- Non ! Je vous en prie, non ! Ne faites pas cela ! Je vous donnerai le vrai code ! Je… S'il vous plaît ! S'il vous plaît…
Les larmes lui coupèrent la parole. Les bras de la jeune femme se levèrent spasmodiques, comme pour l'implorer une dernière fois, puis elle tourbillona lentement sur elle-même et s'affaissa sur le sol brillant. Un peu de sang coula de son nez.
Carter essuya ses joues d'un revers de poignet.
- Baal a quand même essayé ce code, n'est-ce pas ? dit doucement Xiaolin. Il ne savait que penser du courage de votre ami. Un jour il le prenait pour un lâche, un autre il aurait voulu le déchiqueter de ses propres mains pour lui arracher ses secrets…
Jacob lui retira le module. Xiaolin le reprit doucement et le remit sur sa tempe en secouant la tête.
- A présent vous devez tout savoir. Votre ami doit aussi savoir. Pourquoi il a souffert. Ce que j'ai fait. De quelle manière j'ai trahi les miens en croyant les servir. De quelle manière il m'a montré que je devais reprendre le bon chemin…
L'hologramme dansa presque au ralenti au-dessus de la table avant de se stabiliser. Lentement, les premières images du laboratoire apparurent…
- Où en es-tu, à présent ? demanda la voix de Baal qui se déplaça de sa démarche ondulante pour aller de l'autre côté de la table.
- J'ai presque fini, maître. Ces êtres étaient issus d'une technologie avancée mais j'ai pu encore les améliorer.
Les mains de Xiaolin entrèrent dans l'image et soulevèrent le tissu blanc qui recouvrait une forme, sur la table. Le torse de Teal'c apparut.
- Le shol'va a été le plus difficile à reproduire. Faire un clone de jaffa à partir d'une machine a…
- Oh, intervint O'Neill. Là, j'ai du mal à suivre. De quelle machine parlez-vous ? Et de quel clone ?
Jacob lui fit signe de se taire. Carter plissait les yeux, essayant de comprendre. Teal'c fixait son double allongé sur la table, figé par l'image.
- Cet Harlan a cru nous empêcher de réussir, avec son autodestruction, mais…
- Harlan est donc mort… murmura Carter.
- Ses recherches étaient parfaitement à l'abri, ainsi que toutes les notes qu'il avaient prises au sujet de SG 1, ajouta Xiaolin. Je peux vous promettre que les clones seront opérationels d'ici quelques jours.
- Et persuadés d'être les vrais ?réclama Baal avec un sourire sournois.
- Persuadés, Seigneur, confirma Xiaolin. Et sans aucun moyen de prouver le contraire, puisqu'ils seront en chair et en os, cette fois-ci.
- Qu'est-ce que vous avez fait ? souffla Jacob, attéré.
L'hologramme s'éteignit. Xiaolin rouvrit les yeux. Ses traits tirés par le remord lui donnaient un air encore plus épuisé.
- J'étais persuadé que cela pourrait servir les Tok'ra, un jour ! se défendit-il. Que vous auriez davantage d'hôtes sans avoir à attendre que des humains soient aux portes de la mort ! Baal ne se méfiait pas de moi et avait mis son laboratoire à ma disposition…
- Et quel était le rôle de Daniel là-dedans ? demanda O'Neill d'une voix tranchante.
Xiaolin appuya sa tête contre le dossier de son fauteuil. Il respira profondément.
- L'arrivée du docteur Jackson n'avait rien à voir avec mes plans. Vraiment rien…
L'hologramme se remit à scintiller.
Les portes s'ouvrirent d'un coup et Baal entra d'un air excité, son long manteau noir flottant derrière lui.
- Voilà une occasion idéale pour tester vos clones ! s'écria-t-il. Les humains sont obstinés lorsqu'il s'agit de trahir les leurs mais ils détestent que l'on fasse souffrir leurs amis. Je veux qu'on les amène un par un devant le docteur Jackson afin qu'il comprenne que je suis le maître !
- Pardonnez-moi, Seigneur, mais mes clones présentent un inconvénient…
Les yeux de Baal étincelèrent de fureur.
- Je puis y remédier, bien sûr ! assura aussitôt Xiaolin.
Baal se détendit un peu, les sourcils toujours froncés.
- Quel est ce défaut ?
- Mes clones ont été fait à partir de machines basées sur SG 1 avant que l'humain nommé O'Neill ne se retire des combats. Ils s'appellent entre eux colonel, major… ils pourraient dévoiler la ruse par maladresse.
- Qu'allez-vous faire, alors ? riposta Baal, agacé.
- Laissez-moi un jour de plus, maître, et je terminerai un breuvage qui troublera les sens du prisonnier et l'empêchera de remarquer les… anomalies.
Baal inclina la tête, satisafait.
- Un jour… bien.
Suzie Brightman attrapa la manche de Xiaolin.
- Qui avait-il là-dedans ? Est-ce que Daniel va en subir les effets à vie ?
- Non, répondit Xiaolin doucement. J'imagine qu'il retrouve peu à peu la mémoire, maintenant, qu'il se situe à nouveau dans la bonne année.
- Mais le traumatisme persiste ! insista la jeune femme.
- Il cessera quand vous lui montrerez ces images. Lorsque vous lui ferez voir tout ce qu'il a enduré à cause de moi.
- Daniel ne vous en voudra pas si nous sommes en vie, dit Carter.
- Olleya n'était pas un clone, rectifia doucement Xiaolin. Elle était là pour le destabliser encore plus. Il luttait contre la drogue beaucoup plus vigoureusement que ce à quoi nous nous attendions.
- Vous êtes un monstre, laissa tomber O'Neill.
- Baal est un monstre, corrigea Jacob.
- Non, il a raison. J'aurais pu éviter… j'aurais pu empêcher que vous… qu'il…
- Quoi ? demanda Carter en sentant un frisson se couler dans son dos.
- Il manque encore un membre de votre équipe, murmura Xiaolin. Pour celui-là, Baal voulait que le docteur Jackson cède…
- Un dernier ?
Il eut un long silence puis tout le monde se tourna vers O'Neill. La lumière de l'hologramme glissa sur son visage, lui donnant un teint livide.