Un de perdu

Chapitre 13 : Tout se passera bien, Daniel

1726 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 31/10/2013 04:16

- Qu'on amène le prisonnier ! Jetez-le dans cette cellule !

Daniel, assis par-terre dans sa prison releva la tête. Il ne parut pas voir Xiaolin qui l'observait.

- Bande de crétins ! protesta une voix furieuse. Ah non, je connais déjà ! Très mauvais emplacement pour les vacances !

Daniel se redressa en s'appuyant contre le mur.

- Jack ? Jack, c'est vous ?

L'image bougea un peu et les deux cellules jumelles se dessinèrent dans l'hologramme. Dans l'une, Daniel tatonnait contre le mur, écoutant. Dans l'autre, O'Neill se relevait en pestant.

- Jack ?

- Daniel ? Vous êtes ici, vous aussi ?

- Je suis là depuis le début !

- Carter et Teal'c sont avec vous ? Ils les ont emmenés…

Il y eut quelques secondes de silence, épouvantablement lourdes.

- Sam et Teal'c sont morts… répondit enfin Daniel.

Jack encaissa la nouvelle. Il fit le tour de sa cellule, les bras croisés, puis s'assit pesamment. De l'autre côté du mur, Daniel s'était assis aussi.

- Baal veut les codes de l'iris, dit enfin Daniel. Ça fait des jours et des jours…

- Il vous a torturé ?

Le jeune homme ne répondit pas.

- Teal'c est mort libre et Sam est morte en soldat, murmura Jack au bout d'un moment. Ils sont morts fidèles à eux-mêmes.

- Fidèles à eux-mêmes, répéta Daniel d'une voix rauque.

- Pourquoi il ne vous a pas tué ? demanda O'Neill en se grattant la tête.

Daniel posa ses coudes sur ses genoux et regarda ses mains pendre, vides.

- Je ne sais pas. Au début, il me mettait dans le sarcophage, puis il a arrêté.

- Savoir ce qu'il est en train d'inventer, maintenant, cette espèce de serpent tordu… grogna O'Neill.

Daniel eut un rire cassé.

- Je pensais qu'Apophis avait battu tous les records de monstruosité, mais Baal le surpasse…

- Ça empêche pas qu'on l'aura, lui aussi, martela O'Neill en tapant du poing contre le mur.

Un peu de poussière s'effrita du côté de Daniel.

- Je croyais que je n'entendrais plus la voix d'aucun d'entre vous…

- Faut positiver, assura Jack avec une expression qui disait le contraire. Tout se passera bien, Daniel. On va s'en sortir. On a des alliés, dans la galaxie, oui ou non ?… Ou vous avez écrit n'importe quoi dans le traité ?

- Le traité est très bien, Jack, lança Daniel avec un sourire amer. Les alliés sont moins bien. Et tout le monde doit nous croire morts…

- Le premier qui me dit ça quand je rentre au SGC, je lui botte les fesses, promit O'Neill.

Il y eut encore un silence.

- Je ne veux pas que le matin vienne, murmura Daniel.

Vous récitez des poèmes ? réclama O'Neill en haussant la voix. Je ne vous entends pas très bien.

- Je pensais tout haut ! riposta le jeune homme.

- Ah.

O'Neill se cala un peu mieux contre le mur. Ils étaient dos à dos, comme si un instinct les avait placés ainsi pour renforcer leur amitié.

- Vous n'avez rien dit, Daniel ?

- Non.

Il y eut encore un silence, toujours plus opressant.

- Je le savais, dit enfin O'Neill.

L'hologramme vacilla puis s'éteignit. Xiaolin ouvrit péniblement les yeux.

- Ensuite, je suis parti, expliqua-t-il. Je ne pouvais plus supporter de les regarder s'encourager alors que… qu'il… que l'un des deux allait mourir.

- Je suis donc mort… dit O'Neill.

- Le double de vous colonel, mon général, rectifia Carter.

- On peut tout expliquer à Daniel, alors, conclut le docteur Brightman.

- Nous n'avons pas vu la mort d'O'Neill, dit lentement Teal'c.

Il attacha ses yeux sombres sur Xiaolin.

- J'ai le sentiment que la clé du sauvetage de Daniel Jackson est là.

Xiaolin hocha la tête.

- En effet…

Les torches brûlaient en dansant dans la salle de torture. Baal fit un large mouvement pour étaler son manteau noir et s'assit sur son trône avec un sourire cruel.

- Qu'allez-vous faire de moi ? Pourquoi… qu'est-ce que vous attendez ?

La voix de Daniel était fatiguée, découragée. Il était plaqué contre la grille par la gravitation et scrutait le visage du goa'uld avec anxiété. Un peu de liquide bleu coulait contre son menton. Le sourire de Baal s'élargit.

- Une dernière fois, je te le demande, humain. Quel est le code qui permet d'ouvrir votre iris ?

Daniel redressa la tête.

- Jamais je ne vous le dirais. Jamais.

Baal fit la moue. Il leva le bras et claqua des doigts. La double porte s'ouvrit et deux jaffas entrèrent, traînant Jack O'Neil, enchaîné. Ils le jetèrent au pied de Baal et on vit distinctement ses écussons de colonel à la lueur des torches.

- Jack !

- Daniel. Heureux de vous voir en face.

- Silence ! aboya un jaffa en frappant Jack avec sa lance.

- Doucement, les gars, j'vous ai rien fait, marmonna le colonel en humectant sa lèvre fendue. A l'autre Dark Vador, peut-être, mais pas à vous.

Baal eut un petit rire. Il se leva et ouvrit la console. Daniel se raidit.

- Oh, chouette, dit O'Neill. Que de bons souvenirs…

- N'est-ce pas ? gloussa Baal en faisant sauter dans sa main la petite fiole de poison.

- Ne… commença Daniel. Je…

- Laissez-le faire son petit discours, Daniel, lança Jack d'un ton méprisant. Les goa'ulds adorent raconter leur vie. C'est la seule chose potable qu'ils sachent faire.

Les sourcils de Baal se froncèrent imperceptiblement.

- Vous êtes toujours aussi bavard, glissa-t-il avec un air sournois. Avez-vous raconté à vos amis de quelle manière vous m'avez supplié ? Imploré ?

Les yeux d'O'Neill étincelèrent de rage.

- Peut-être pourrait-on… lui montrer ?sussura le goa'uld en débouchant la fiole.

- Ne lui faites pas de mal ! intervint Daniel. Je… je vous l'interdis ! Je vous ai tout dit, je…

- Assez ! hurla Baal en jetant son poignard à la tête du jeune homme d'un air furieux.

La lame frôla le visage de Daniel puis retomba sur le sol avec un bruit mat.

- Assez ! répéta Baal. Pour la dernière fois, je vous ordonne de me répondre !

- Comme s'il vous suffisez d'ordonner, maugréa Jack.

Il poussa un hurlement de douleur quand le poison fit brûler sa peau et se recroquevilla sur son bras gauche. Baal le considéra avec satisfaction puis se tourna vers Daniel.

- Alors ?

- Je ne vous dirais rien, articula Daniel entre ses dents serrées.

Baal haussa les épaules et fit un signe à un jaffa. Celui-ci arma sa lance et tira sur le colonel. Il y eut un éclat de lumière, un cri et Jack s'effondra, touché en plein ventre.

- Arrêtez ! cria Daniel. Je vous en prie !

Les coins de la bouche de Baal se relevèrent un peu.

- Ne… dis… rien…

Les yeux du goa'uld s'arrondirent. Jack se souleva légèrement sur un coude, son bras gauche crispé sur la blessure fumante.

- Ne… parle… pas… hoqueta-t-il, la bouche pleine de sang.

- Jack ! S'il vous plait ! Ne…

La voix de Daniel s'étrangla. Baal ricana.

- Donne-moi le code et je le mets dans un sarcophage. Vous travaillerez dans une de mes mines. Ce sera une mort lente, douloureuse… mais vous mourrez ensemble, puisque vous le voulez tant…

- Mieux vaut… mourir… maintenant… que trahir… les nôtres…

Baal crispa ses lèvres, exaspéré. Il se pencha vers O'Neill et le retourna sans ménagement.

- Implore mon pardon, humain, siffla-t-il. Implore ou…

Il versa lentement son poison dans la blessure.

- Non ! Noon ! Je vous en supplie !

Les larmes coulaient sur le visage ravagé de Daniel tandis que le hurlement de Jack s'éteignait avec un gargouillement.

- Je vais tout vous dire, je… s'il vous plait… arrêtez… ne… ne faites pas ça…

Baal se redressa en souriant.

- Il n'est pas encore mort. Parle, et il vivra.

- Je…

Daniel fixait le corps recroquevillé du colonel. Il avala sa salive.

- Da… niel…

Les épaules de Jack bougèrent lentement. Il battit des paupières, aveuglé par le sang qui coulait de son arcade sourcilière. Baal frémit.

Les yeux de Daniel s'accrochèrent à ceux de Jack. Le colonel secoua lentement la tête.

- Je…

Baal grinça des dents. Il leva la main et enveloppa le front de Jack de la lumière mortelle.

- Non ! hurla Daniel. Attendez !

- J'ai assez attendu ! riposta Baal.

Le code résonna dans la salle VIP.

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