Un de perdu

Chapitre 10 : Ne dis rien. Ne dis surtout rien.

1367 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 19:00

Le silence régnait dans la salle de briefing.

- Xiaolin se repose, dit finalement Jacob.

Carter triturait ses mains, les lèvres crispées. O'Neill fixait le mur en face de lui, le dos très droit. Teal'c regardait la table, l'air impénétrable. Suzie Brigtman entra et vint s'asseoir tout en continuant de feuilleter les rapports qu'elle avait dans les bras.

- D'après ce que j'ai pu apprendre, vous n'avez été cloné qu'une seule fois, par le nommé Harlan, à l'exception du colonel Carter et du général O'Neill, mais le clone de celui-ci est encore adolescent et de plus j'ai vérifié, il…

- est toujours sur Terre, j'ai vérifié moi aussi, coupa O'Neill.

- Le clone du colonel Carter est occupé à envahir la galaxie et de toute manière, il n'est pas apparu dans les souvenirs de Xiaolin, a priori, continua le docteur sans se démonter. Vous avez recontré cette créature qui peut prendre la forme d'un être humain à partir de souvenirs et qui s'est fait passer pour le lieutenant Taylor. Mais je ne pense pas qu'il s'agisse de ça.

- Quand à la drogue qu'ils lui ont fait avaler, il ne s'agit pas du "sang de Sokar" pour plusieurs raisons, dit Jacob. Le liquide qu'ils nous avaient fait absorber était rouge…

- Evidemment, maugréa O'Neill.

- De plus, aucun d'entre nous n'est revenu avec l'inflamation de la gorge qu'avait Daniel. Elle semblerait avoir été provoquée par ce liquide. Enfin, si Daniel avait été sous l'effet des hallucinations que provoque le "sang", nous n'aurions pas pu voir Teal'c nous aussi.

- Alors ? demanda Carter.

- Alors je ne sais pas, avoua Jacob. Je ne comprends pas plus que vous.

Xiaolin ferma les yeux. Daniel écarquilla péniblement les paupières. Du sang avait séché sur son arcade sourcillère et des traces bleuâtres veinaient son front. Baal lui adressa un sourire sardonique, les mains croisées dans le dos.

La mort de ton ami t'a-t-elle fait réfléchir, humain ?

- Sur votre cruauté ? Il n'y avait plus besoin de réfléchir, répliqua Daniel en avalant sa salive avec difficulté.

O'Neill se redressa avec l'air de vouloir faire une réfléxion mais se ravisa. La colère, la douleur et la fierté se disputaient la place sur son visage.

- Quelqu'un d'autre a voulu partager ta captivité, sussura Baal en faisant un signe en direction de Xiaolin. La porte coulissa et deux jaffas entrèrent, trainant le major Carter. Ils la jettèrent sur le sol, devant le Goa'uld qui la poussa un peu du pied.

- Tes amis sont tenaces et tiennent à toi, humain, gloussa-t-il.

Il claqua des doigts et les jaffas obligèrent Daniel à avaler le liquide bleuté pour la deuxième fois.

Le colonel Carter porta les mains à sa gorge, les yeux fixés sur son double recroquevillé sur le sol. O'Neill avait les mâchoires crispées et avait déchiré un coin de sa veste à force de tirer machinalement dessus. Jacob essayait de dégager son bras sur lequel s'était refermé la poigne de Teal'c.

- Sam, balbutia Daniel en revenant à lui. Sam… est-ce que ça va ? Est-ce qu'ils…

Il toussa. Baal se pencha et attrapa la jeune femme par les cheveux.

- Charmante, en vérité, ricana-t-il. Et aussi fidèle à votre cause perdue que le shol'va !

Daniel se tordit pour essayer d'échapper à la grille.

- Ne lui faîtes pas de mal, je vous en prie ! Je vous jure que…

Baal se tourna vers l'archéologue, le visage déformé par la colère.

-" Je vous jure que" quoi ? Vos semblables font toujours des serments ridicules ! Donnez-moi les codes de votre iris et j'épargnerai la femme, voilà tout ce à quoi je consens !

Daniel fixa Carter d'un air désespéré. Elle grinçait des dents, les yeux fermés. Ses bras étaient noués dans le dos et son blouson était déchiré. Elle avait un bandage suintant sur la jambe et des traces de poudre sur le visage.

- Ne dis rien... articula-t-elle douloureusement. Surtout… ne … dis… rien…

- Tais-toi ! hurla Baal, fou de rage.

Il la projeta contre le sol et attrapa la fiole de poison sur la table.

- Non ! cria Daniel. Non ! S'il vous plaît ! Non !

Baal versa l'intégralité du flacon sur le major.

O'Neill bondit sur ses pieds.

- Parle, Daniel ! Mais parle ! sanglota Carter en tapant du poing sur la table.

Jacob détourna la tête tandis que Teal'c croisait son bras sur sa poitrine.

Le hurlement de douleur s'éteignit lentement. La tête de la jeune femme glissa lentement sur le sol tandis que son corps se détendait peu à peu. Son blouson fumait doucement dans le silence.

Vous êtes un monstre... bégaya Daniel, des larmes coulant sans retenue sur ses joues. Un monstre…

Baal haussa les épaules. Il lissa son bouc puis fit un large signe.

- Emportez ça et brûlez-le, ordonna-t-il. Qu'on remmène le prisonnier dans sa cellule.

Il sortit avec un grand mouvement de son manteau. Xiaolin s'approcha de Daniel et désactiva la grille. Le jeune archéologue s'écroula sur le sol. Il rampa jusqu'au corps du major et la tourna délicatement vers lui.

- Sam... murmura-t-il comme s'il ne se rendait pas compte qu'elle était morte. Samantha Carter… je leur dirai… je leur dirai que tu as été… héroïque… Oh, Sam…

Il rassembla ses forces, se souleva sur les coudes, puis sur les genoux. Les jaffas le déséquilibrèrent en passant à côté de lui et ramassèrent le corps sans ménagements. L'un des deux le chargea sur son épaule.

- Pourquoi... pourquoi permettez-vous des choses pareilles ? demanda Daniel à voix basse aux pas de Xiaolin qui s'approchaient. Vous êtes humain, vous aussi, non ?

Il n'y eut pas de réponse. Daniel referma les yeux et se laissa sombrer dans l'inconscience.

O'Neill attrapa le bras de Xiaolin et le secoua.

C'est vrai. Pourquoi permettez-vous cela ? Pourquoi avez-vous laissé Baal nous tuer devant lui ? Pourquoi vous êtes-vous plié à cette… mascarade morbide ?

Xiaolin lui rendit son regard d'un air las.

Même si je vous le disais, vous ne comprendriez pas...

O'Neill l'empoigna.

- Oh si, on comprendrait ! Si vous ne passiez pas votre temps à nous croire plus bêtes que ce que nous sommes !

- Les Tok'ra ont leurs méthodes, commença Jacob. Je ne les approuve pas toujours, mais…

- Fichez-nous la paix, avec vos méthodes ! hurla O'Neill en quittant la pièce à grands pas.

La porte claqua dans le silence pétrifié.

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