Un de perdu

Chapitre 9 : Il était seul

1800 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 23/10/2013 15:28

Xiaolin se plia de mauvaise grâce à leur demande. Jacob glissa en douce que l'homme refusait expressément de raconter exactement ce qui s'était passé pendant son service en temps que lothar de Baal. Il avait toujours transmis fidèlement les informations concernant les déplacements des jaffas, etc. Mais il semblait cacher quelque chose.

On l'installa dans une salle VIP. Tout le monde se percha sur les tables, les fauteuils. Jacob appliqua le module sur la tempe de Xiaolin et tout le monde retint son souffle.

Lentement, les images se formèrent. Un premier hologramme montra le corps déchiqueté de Daniel, sur le champ de bataille, Baal ordonnant qu'on le ramène à la base et qu'on le mette dans un sarcophage, puis la photographie mouvante se dilua.

Xiaolin fronça les sourcils et pencha la tête de côté pour se concentrer.

Une autre image apparut.

- Souvenirs, souvenirs... chantonna O'Neill d'un ton aigre.

La grille de la salle de torture de Baal venait de se reconstituer. On voyait les jaffas amener Daniel et l'y jeter. Baal tourna lentement autour de lui, son sourire sadique sur le visage.

- Tu es l'humain qu'on appelle Daniel Jackson ? Celui grâce à qui les Tauris ont pu franchir la Porte des Etoiles...

- Dommage pour vous, hein ? crâna Daniel sur l'écran.

Baal ouvrit le tableau des commandes, devant lui, et en sortit plusieurs flacons, ainsi qu'un poignard effilé qu'il caressa nonchalamment.

- Aïe, dit le général.

Carter et Teal'c lui lancèrent un coup d'oeil en coin, incertain. Jacob soupira.

Daniel poussa un cri de douleur.

- Tes semblables sont très résistants, ricana Baal. Vos corps sont pourtant si primitifs !

Daniel haleta un peu. Il s'efforça de se redresser d'un air fier.

- Primitif toi-même ! éructa O'Neill tandis qu'un second poignard s'enfonçait dans la hanche de Daniel.

- On va assister à... cela, jusqu'au bout ? demanda péniblement Carter, en essayant de ne pas écouter le hurlement qui répondait au poison lancé par le goa'uld sur leur ami.

- C'est la seule manière de savoir pourquoi Daniel nous croit morts, dit le général d'une voix rauque.

- Vous pouvez bien me tuer cent fois, bégaya Daniel sur l'hologramme, aveuglé par des larmes de douleur. Je ne vous dirais jamais rien !

La jeune femme tenta de retenir sa colère et sa frustration devant les souffrances de son coéquipier. Teal'c se tortilla sur sa chaise, sentant l'émotion qui étreignait Carter le gagner. O'Neill serrait les poings, les yeux fixés sur l'image, tellement près que son nez touchait presque l'hologramme.

- Mais je ne compte pas vous tuer indéfiniment, sussura Baal. J'ai des méthodes... bien plus intéressantes...

Il pencha une dernière fois son flacon en direction de Daniel... Puis il appuya quelque part sur la console et la grille fit basculer Daniel dans un abîme. L'image se brouilla, puis le jeune archéologue fut à nouveau plaqué sur la grille. Il y eut encore des cris, des questions sans réponses, des halètements de douleur. Daniel mourut encore une fois, puis une suivante.

Les yeux d'O'Neill étaient injectés de sang. Il broyait le rebord de la table. Carter lui toucha le bras, légèrement.

- Il vous a fait subir cela aussi, n'est-ce pas ?

Le général ne répondit pas. Il y eut quelques minutes de silence, pendant lesquelles Xiaolin se reposa. Aucune image n'apparaissait donc.

- Qu'est-ce qu'il cherche, en le faisant passer tout le temps dans le sarcophage ? murmura le docteur Brigthman, accablée.

- A le rendre dépendant, dit Teal'c.

- Il n'a pourtant montré aucun signe de manque, protesta la jeune femme.

- Daniel est resté prisonnier pendant un mois, réfléchit tout haut Carter, renonçant à sa réponse. Si Baal a cessé de le tuer à un moment, il a pu se désintoxiquer peu à peu...

- Il était seul...

Toutes les têtes se tournèrent vers le général. Il s'était levé, leur tournait le dos. Il avait les yeux fixés sur Daniel, à travers le miroir sans tain.

- Il était venu me soutenir... Il est resté avec moi, tout le temps...

Sa voix n'avait pas de timbre. Carter frissonna. C'était la première fois qu'O'Neill reparlait de sa captivité.

- Il était seul... seul pour résister à Baal...

Il se retourna. Ils virent distinctement qu'il luttait avec son émotion.

- Ce n'est pas un militaire... il n'a jamais eu de formation pour ça... et il était seul...

Carter se mordit les lèvres. La culpabilité l'envahissait à nouveau. Xiaolin ouvrit les yeux, se secoua.

- On continue ? demanda-t-il.

O'Neill reprit sa place. Le silence aussi.

Daniel était si pâle. Ses yeux bravaient Baal avec l'énergie du désespoir. Il ne portait aucune blessure, mais il avait l'air à bout de forces. Le goa'uld ouvrit la console et prit son poignard. Il joua avec, un sourire cruel aux lèvres.

- Tu es très courageux, humain, dit-il, sarcastique. Mais voyons comment tu réagirais si c'était l'un de tes amis que je tuais...

Teal'c apparut sur l'écran, enchaîné. Il portait plusieurs marques de fouet sur le visage et les épaules. Du sang lui coulait dans les yeux.

- Ce n'est pas possible, murmura Carter.

Teal'c se souleva de sa chaise sans s'en rendre compte, le regard fixé sur son double holographique. O'Neill plissa le front.

- Il y a un truc qui cloche...

- C'est aussi mon impression, marmonna Carter, mal à l'aise.

- Je n'ai pas de cheveux, dit lentement le jaffa.

- C'est exactement ça ! dit Jacob. On dirait une vieille version de vous, Teal'c. Comme si c'était une vidéo de l'année dernière ou...

Il s'interrompit. Deux jaffas s'étaient approchés de Daniel. L'un d'eux lui tenait la bouche ouverte, tandis que l'autre y versait un liquide bleuté. Daniel se débattit, crachant, toussant, puis finit par se calmer, à demi inconscient.

- C'est cette boisson horrible, décréta O'Neill. Le sang de Sokar ! Ce fils de...

- C'est une drogue hallucinatoire, expliqua Carter à Suzie Brightman. Elle nous renvoie dans le passé, nous fait croire que ce qui nous entoure est réel et permet aux Goa'ulds de nous poser des questions en prenant la forme de nos amis ou de notre famille.

- Je ne pense pas qu'il s'agisse de cette drogue, dit Jacob d'un air perplexe. Regardez, Daniel reprend connaissance. Il n'est pas dans une réalité illusoire. Il a l'air très conscient de l'endroit où il se trouve.

- Teal'c ! C'est pas possible... oh, non ! s'écria Daniel en découvrant le jaffa.

- Ils nous ont tous eu, dit lentement Teal'c, clignant des yeux pour distinguer le jeune archéologue malgré ses paupières gonflées et ensanglantées.

- Tu les croyais plus malin que toi ? railla Baal en prenant la tige à tête griffue que lui tendait un jaffa.

- Je connais ce truc-là, marmonna O'Neill. Et je n'aime pas du tout le voir...

Teal'c se plia en deux sous l'effet de la douleur. Son hurlement emplit les oreilles de ceux qui regardaient l'hologramme, impuissants, pétrifiés.

- C'est monstrueux... murmura le docteur Brightman en pâlissant.

- Arrêtez ! hurla Daniel. Je vous en prie ! Vous allez le tuer !

Baal retira un instant la griffe de l'abdomen de Teal'c.

- Qui vous dit que ce n'est pas justement ce que je veux ? se moqua-t-il. A moins que tu ne te montres un peu plus coopératif, humain. Donne-moi le code de votre iris et je cesserai de faire souffrir le shol'va.

Les yeux de Daniel firent l'aller-retour à toute vitesse entre le corps martyrisé de Teal'c et le visage sarcastique du goa'uld.

- Ne répondez pas... Daniel Jackson... ne trahissez pas...

Le jaffa avait relevé la tête, péniblement. Les mots s'échappaient de ses lèvres meurtries. Daniel le fixait de toutes ses forces. Baal donna un coup de pied à Teal'c, furieux.

- Donne-moi ce code où il mourra ! s'écria-t-il, la voix pleine de rage.

- Non... bégaya Daniel, déchiré. Non... je ne dirai rien... Teal'c... Teal'c...

Baal appuya férocement la griffe de fer sur Teal'c. Il y eut un dernier hurlement de douleur, terrible, puis le corps du jaffa roula sur le sol, inerte.

- Adieu, Teal'c... pardon... balbutia Daniel, les larmes ruisselant sur son visage.

Baal se retourna vers lui et lui jeta la tige de fer à la figure. Elle heurta l'arcade sourcillère de Daniel et il perdit conscience.

- Xiaolin, ordonna alors le goa'uld. Tâche de maintenir en vie l'humain. Mais ne le mets pas dans le sarcophage. Je reviens !

Baal sortit de la pièce et les jaffas ramassèrent le corps de Teal'c pour l'emmener.

L'image vacilla puis se dilua complètement.

- Est-il possible que nous fassions une pause ? demanda Xiaolin d'un air épuisé.

O'Neill hocha la tête, encore sous le choc.

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