Un de perdu
Chapitre 5 : Daniel ne cèderait pas à la torture
1537 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 23/10/2013 15:22
Le général promena son regard sur les visages du docteur Brightman, de Carter, de Teal'c et de Xiaolin qui étaient assis autour de la longue table rouge et noire. La joie et l'incompréhension se mêlaient dans la plupart des regards.
- Comment va Daniel depuis hier soir ?
- J'ai pu établir un diagnostic et commencer un traitement, dit le docteur Brightman. Il est très faible et porte plusieurs blessures sur le corps : des brûlures, des contusions, des coupures. Il a deux côtes cassées et une inflammation de la gorge. Et il manque visiblement de sommeil.
- Rien qui ressemble à une bombe à retardement ?
- Aucun piège. Physiquement, il n'a rien dont je ne puisse m'occuper. Mais...
Elle s'interrompit et fronça les sourcils.
- Il est persuadé qu'il fait partie d'un SG1 dont vous seriez encore le colonel, monsieur, expliqua-t-elle. L'une des infirmières l'a entendu parler du "major Carter" et du "général Hammond" dans son sommeil. Et... il vous croit tous morts.
- Vous croyez qu'on a affaire à un Daniel d'une dimension parallèle ? demanda O'Neill en se tournant vers Sam.
Xiaolin se racla la gorge avant que la jeune femme n'aie eu le temps de répondre.
- C'est bien vous qui êtes venus sur Babêlona, il y a un mois ?
- Je n'ai envoyé personne sur une planète qui a un nom de fromage, protesta le général.
Carter fit apparaître sur l'écran les coordonnées de la planète où ils avaient perdu Daniel.
- Il veut dire P9W453. Oui, c'est nous.
- Alors Daniel Jackson est bien ce Daniel Jackson que vous connaissez. Aucun autre habitant de la Tauri n'est venu sur Babêlona à part vous depuis des années.
- Qu'est-ce qui a pu lui faire faire un bond en arrière, alors ?
- La torture, dit Teal'c.
O'Neill serra les dents.
- Vous voulez dire qu'ils l'ont rendu à moitié fou ?
- Pas eux, intervint Xiaolin. Lui. Baal.
- Je me suis volontairement retenu de vous interroger avant le débriefing, dit le général, mais maintenant nous allons avoir besoin de quelques lumières sur votre rencontre avec Daniel. Vu que lui ne peut pas nous répondre...
Il appuya sa dernière phrase d'un regard coulé en direction du docteur Brightman. Elle secoua vigoureusement la tête.
- Daniel est dans un état d'épuisement extrême. Toutes les visites sont interdites. Je dirais même surtout vos visites, général, et celles de SG1.
- Pourquoi ? demanda O'Neill tandis que Teal'c levait un sourcil et que Carter avançait le menton pour protester.
- Honnêtement, c'est une intuition plus qu'autre chose, avoua le docteur. Mais j'ai le sentiment que le choc émotionnel de vous voir vivants alors qu'il est persuadé du contraire serait trop rude pour lui, en ce moment.
- Est-ce à moi de parler, maintenant ? réclama Xiaolin.
Le général ne put retenir une moue.
- OK. C'est à vous. Soyez convainquant.
- Je dois vous dire en premier que j'ai parfaitement compris les raisons pour lesquelles vous m'avez tenu enfermé toute la journée et le fait que je sois encore actuellement surveillé, même si je ne les aies pas appréciées.
Il jeta un coup d'oeil dégoûté aux deux gardes armés qui se tenaient à quelques pas derrière son fauteuil.
- Je comprends votre réaction. Vous n'avez aucune preuve de ma bonne foi.
- L'essentiel... s'il vous plaît, l'essentiel... soupira O'Neill à mi-voix.
Xiaolin le regarda d'un air choqué.
- Je suis Xiaolin, le frère de Freya, l'hôte du Tok'ra Anise.
- De beaux jours en perspective... grogna O'Neill.
- Si vous ne me croyez pas, faîtes venir les Tok'ra...
- Inutile, dit la voix de Jacob Carter, debout en haut des escaliers. J'ai confirmé ton existence dès que j'ai su ton nom par une communication du général O'Neill.
- Vous ne portez pas de symbiote, dit Teal'c.
- C'est ce que je pensai aussi, confirma Carter.
- Ma soeur était gravement malade lorsqu'elle a accueilli Anise, dit Xiaolin. J'ai promis de partager mon enveloppe avec un Tok'ra le jour où je serai terrassé par une maladie ou une blessure. En attendant, je rends d'autres services.
- Tout à fait, dit Jacob en venant s'asseoir à côté de sa fille. Xiaolin est le lothar de Baal.
- Etait, rectifia Xiaolin. Je doute que l'évasion du docteur Jackson fasse bon effet auprès de mon maître.
Il eut un petit rire de gorge, très content de sa plaisanterie.
- Les lothars sont toujours des humains. Aucun Tok'ra ne pourrait se faire passer pour tel car Baal sentirait aussitôt la présence du symbiote. Aussi Xiaolin nous est très utile. Il excelle dans l'art de donner confiance aux Goa'ulds.
- Est-ce qu'on peut en venir à ce qui nous intéresse ? demanda O'Neill d'un ton agacé. Comment avez-vous su qui était Daniel, pourquoi l'avez-vous aidé, etc. ?
Xiaolin secoua les épaules, un peu irrité.
- Baal savait exactement qui était ce jeune homme quand nous l'avons ramassé. Il n'a pas hésité une seconde.
- Vous l'avez "ramassé" ?
- Baal fait toujours la tournée des champs de bataille pour voir s'il n'y a pas un corps qui pourrait lui servir d'hôte ou un ennemi qu'il pourrait échanger contre des territoires parmi les cadavres, expliqua Jacob.
Carter frissonna.
- Baal a réussi à lui extirper certains codes de votre iris, continua Xiaolin.
- Daniel n'a pas pu trahir ! affirma O'Neill en donnant un grand coup de poing sur la table.
Tout le monde sursauta.
- La torture… dit tristement Jacob.
Le général ouvrit la bouche pour contester encore mais Xiaolin le devança.
- La base de Baal a été attaquée, hier. Je ne sais pas exactement par quel Goa'uld. Il y a de fortes chances pour qu'il s'agisse de Amatserasu… mais je ne pourrais pas le prouver. Les tirs ont touché la base avec violence et la plupart des communications et des dispositifs ont été mis hors-service dès le début de l'attaque. J'ai donc profité de la confusion pour aller libérer votre ami.
- Vive Amatserasu, grogna O'Neill.
- Tout ça ne nous explique pas pourquoi Daniel se croit revenu un an en arrière, dit Carter.
- La torture, répéta Teal'c.
La jeune femme ouvrit la bouche, l'air de vouloir protester. A ce moment-là le téléphone sonna. O'Neill alla décrocher.
- Doc, on vous réclame à l'infirmerie, dit-il après avoir écouté quelques secondes.
Suzie Brightman abandonna son dossier sur la table et se précipita hors de la salle de débriefing.
- Je vais retourner parmi les Tok'ra, puisque vous n'avez plus besoin de mon aide, dit Xiaolin. Je vous fournirai un rapport écrit. C'est votre habitude, n'est-ce pas ?
Jacob hocha la tête et l'accompagna jusqu'au poste de commandes. Teal'c s'était levé, les bras croisés dans le dos. Il alla jusqu'à la vitre et regarda la Porte se mettre en marche. Carter se frottait les tempes, toujours assise.
- Je ne peux pas croire que Daniel ait cédé sous la torture, murmura-t-il. A Honduras, il n'avait pas craché le morceau. Et pourtant…
- Baal n'a rien d'un guérillo, dit tristement Carter.
- Je ne veux pas le croire, répéta rageusement O'Neill.
- Je n'y crois pas non plus, dit gravement Teal'c en se retournant.
Carter soupira, puis acquiesça à son tour.