Un de perdu

Chapitre 2 : Je vous demande pardon, mon général

1277 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 17:14

Furieux, à demi-levé, O'Neill parcourut les têtes baissées du regard.

- Il est mort en brave, mais personne n'a été assez brave pour ramener son corps ! cria-t-il, sa voix rauque trahissant sa souffrance. Il tapa du poing sur la table, heureux de se faire mal, comme s'il l'avait mérité.

- Ce n'est pas vrai, protesta le major Celine Park en secouant ses épais cheveux bruns. Le colonel Carter a risqué sa vie vingt fois pour aller le chercher.

- Il y avait deux lignes de jaffas entre lui et nous, ajouta vivement Matt Green, le docteur en archéologie qui était affecté à SG 14.

- Nous avons été pris dans une embuscade, continua le colonel Silver en réprimant une grimace de douleur. O'Neill avait heurté sa cheville blessée en se rasseyant.

- Pourquoi Daniel n'était-il pas avec vous ?

- Il aidait Olleya, la jeune abydonnienne que nous avons trouvé à notre première visite.

- Personne ne lui a dit que...

Il s'interrompit. C'était typique de Daniel de se séparer du groupe pour jouer les Zorro.

- Le colonel Carter lui a dit de se presser, dit Teal'c.

Ses joues frissonnaient, comme chaque fois qu'il était troublé. O'Neill fixa la jeune femme qui se taisait depuis le début du briefing. Ses cheveux humides étaient collés à son front sur lequel s'étalait un pansement. Les larmes coulaient sur son visage. Elle regardait dans le vide.

O'Neill se radoucit, désemparé.

- Carter. Carter, écoutez-moi. Je suis certain que vous avez fait votre devoir. Carter ? Est-ce que vous m'écoutez ?

- Je l'ai laissé derrière, bégaya-t-elle soudain dans le silence consterné. J'ai abandonné l'un des nôtres. Je vous demande pardon, mon général, je...

Les larmes lui coupèrent la parole. Elle serra les poings pour se reprendre.

- Ce n'est pas votre faute, colonel, dit lentement O'Neill. Ecoutez-moi. Daniel connaissait les risques aussi bien que n'importe qui ici. Ce n'est pas votre faute. Ce n'est la faute de personne. C'est la guerre.

Il se leva, signifiant la fin du briefing. SG 14 sortit de la pièce. Carter n'avait pas bougé.

- Je peux vous parler, Teal'c ? chuchota le général en lançant un regard de détresse en direction de la jeune femme.

- Je l'ai abandonné... murmurait-elle à travers ses larmes. Je l'ai abandonné...

O'Neill entra dans son bureau avec brusquerie et se laissa tomber dans son fauteuil.

- Vous êtes certain qu'il est mort ? lâcha-t-il soudain. Je veux dire... Daniel est comme les chats, il a neuf vies... il s'en sort toujours...

Sa voix se cassa malgré lui. Teal'c s'inclina doucement.

- Daniel Jackson courrait derrière moi, il...

La scène se reconstituait peu à peu, sous ses yeux, encore une fois...

Il y avait des tirs et des jets de flammes de tous les côtés. Les alkeshs et les planeurs tourbillonnaient dans le ciel au-dessus d'eux. Les villageois s'enfuyaient de tous côtés en hurlant. Il y avait des blessés, des maisons en train de brûler, des jaffas, des rafales de P90.

Daniel Jackson courait en zigzags, poussant d'une main la jeune femme, tirant des coups de zat au jugé derrière lui. La Porte était à moins d'un kilomètre. Un tir explosa à côté de lui, l'envoyant rouler sur le sol à quelques mètres. Il se releva aussi vite qu'il put, frottant son bras qui avait heurté un mur. Il aida la jeune femme à se relever et ils se remirent à courir. SG 14 et SG1 les avaient distancé, le temps de l'impact. La Porte se profilait à travers les arbres. Carter était presque au DHD. Teal'c s'arrêta et fit face aux jaffas pour couvrir la jeune femme le temps qu'elle compose.

La jeune abydonnienne trébucha et s'écroula dans une ornière. Daniel s'arrêta pour l'aider. Il n'était pas question qu'il laisse la dernière survivante du peuple dont il avait fait partie subir le même sort que Sha're.

- Teal'c ! D'où ils sortent, ceux-là ? hurla Carter en désignant les troupes de jaffas qui venaient de surgir de la forêt et marchaient sur eux, encerclant peu à peu la Porte.

Daniel empoigna le bras d'Olleya et l'entraîna vers le piédestal. L'embuscade se refermait lentement sur les équipes. Daniel augmenta son allure, se courbant malgré lui pour éviter les jets de flammes qui vrombissaient autour de lui. Encore quelques mètres et ils seraient avec les autres. Encore dix mètre, encore cinq, encore...

- Daniel !

La voix de Carter lui parvint en décalé alors que la douleur éclatait dans ses poumons. Il s'effondra.

- Daniel ! Daniel...

Les sanglots d'Olleya flottaient quelque part autour de lui. Il se souleva sur un coude, la bouche pleine de sang, s'efforçant de rejoindre les autres. Tout devenait flou. Il lui sembla voir Teal'c abattre deux jaffas qui s'approchaient de lui, puis des mouches noires dansèrent devant lui.

- Daniel ! Tiens bon !

La voix de Sam... déchirante. Son coude céda. Son menton heurta le sol boueux. La souffrance était si... insupportable... Il voulut se relever, continuer... Son regard était tellement brouillé...

Le corps de la jeune abydonnienne s'écroula à côté de lui, comme au ralenti. Les longs cheveux auburn d'Olleya se répandirent dans la boue...

- Daniel !

- Colonel Carter ! Non ! Attention !

La voix de Celine Park était déformée par l'angoisse. Teal'c rattrapa Sam et l'obligea à se baisser pour éviter un jet de flammes. A l'abri derrière le DHD, les yeux ruisselant de larmes, Sam fixait le corps de Daniel, à une vingtaine de mètres. Il eut encore un soubresaut, comme si le jeune homme essayait de se relever une fois de plus, puis un jaffa dirigea son arme sur lui...

- Carter ! Carter, bon sang ! Réveillez-vous !

Elle sursauta. Elle était dans la salle de débriefing. Le général était devant elle, la secouant par les épaules. Elle le regarda sans comprendre.

- Ils l'ont achevé ! hoqueta-t-elle. Ce sont des brutes ! Je les ai laissés faire, je...

- Sam... C'est fini... calmez-vous...

Elle frissonnait de tout son corps, les yeux dans le vide, les poings crispés contre son cou. O'Neill hésita puis l'attira doucement contre lui.

- C'est fini, répéta-t-il. Ce n'est pas votre faute... calmez-vous...

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