Trafic
Chapitre huit
Bienvenue au SGC
Attaché, paralysé peut-être ?
Voila les premières pensées de Tony DiNozzo.
Sortir du néant est bien plus difficile que cela ne paraît.
D’abord il faut respirer. Prendre une grande insufflation d’air. Du frais qui pénètre douloureusement dans la gorge puis emplie brutalement des poumons endoloris. De l’air qui s’expulse avec tout autant de violence mais avec un petit bonus agréable, la chaleur. Deux puis trois respirations qui réveilleraient un mourant.
C’est un fait. Respirer fait ressusciter les morts. En tout cas, DiNozzo a bien un sentiment de résurrection. Il sent l’air qui l’oxygène maintenant avec douceur. Il ressent son corps vivre de l’intérieur mais étrangement ses sensations s’arrêtent là. Ses membres, sa tête, ses doigts, tout cela lui paraît être lointain. Non inexistant, simplement inaccessible.
Pas de mouvement.
Quelques bruits viennent casser celui de son rythme cardiaque. Des bips, des chuintements, des claquements aussi et puis… oui, une voix, douce et féminine. Tony DiNozzo essaye de réorganiser sa mémoire.
Où est-il ?
Ses derniers souvenirs lui glacent le sang. Un gnome au regard aussi ahurit qu’ahurissant ! Bon, celui-là on peut le classer dans la catégorie, délire pré mortem.
Quoi d’autre ?
L’avion, l’explosion, John et Gloria… tout revient avec brutalité. Voila l’explication. Tony ne s’en trouve pas mieux pour autant. Il se devine étendu dans un lit d’hôpital, sans doute bourré de morphiniques et autres stupéfiants. Combien de centimètres de peau sont encore intacts ? Une tristesse intense le submerge et l’entraîne au plus profond de son être. Ne pas survivre, surtout pas ! Tony se perd, se laisse couler… et sombre.
***
Un léger raz le bol. C’est ce que ressent le colonel Caldwell lorsqu’il se remémore toute cette affaire. Décidément il sera dit que sur Terre comme sur Atlantis, le lieutenant-colonel Sheppard sera dans ses pattes. Comment un excellent militaire, que c’est difficile à avouer, peut-il se mettre systématiquement dans des situations dignes des pires scénarii de séries B ?
D’abord cette sombre histoire de triangle des Bermudes avec pour finalité une pêche fructueuse en métaux rares. Bon, cela satisfait les ingénieurs et pour tout dire, Steven en garde un souvenir impérissable. Quand il repense à cette histoire, il est prêt à tout pardonner à Sheppard. Ha, la tête d’Hermiod en voyant les vestiges de la vieille porte ! Même le docteur Novak est radieuse depuis ce jour. Curieusement son hoquet se manifeste aussi lors d’émotions intensément jubilatoire. Cinq jours de sursauts diaphragmatiques pour Hermiod. Le pauvre, on aurait presque pitié de lui. Presque.
Ensuite vient le moment sublime où le général Landry le contact pour lui refiler, l’air de rien, les deux naufragés. Le colonel se souvient parfaitement de la discussion qui a pris doucement une tournure bien étrange pour un échange entre deux militaires de hauts rangs.
- Colonel, je ne vous demande pas un service mais je vous donne un ordre. Vous embarquez ces deux zozos et tout de suite ! Demandez à Hermiod de les téléporter.
- Sauf votre respect mon général, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Hermiod est… comment dire ? Légèrement indisposé ces derniers temps et je crains qu’il n’ait une fâcheuse envie de perdre en court de route quelques morceaux du colonel Sheppard et du docteur McKay.
- Franchement, ce n’est pas moi qui l’en blâmerai.
- De plus, leur présence risque de nuire à la bonne marche des préparatifs.
- Je ne vois pas en quoi.
- Je commencerai par le docteur McKay qui va vouloir mettre son nez un peu partout dans nos logiciels. Quant au colonel Sheppard, l’inactivité a tendance à le mettre dans des situations difficiles. Je suis intimement persuadé que même inconscient il serait capable de mettre en péril mon équipage.
- Vous ne pensez pas que vous exagérez un peu Steven ?
- Non mon général, je ne le crois vraiment pas, sinon pourquoi voulez-vous tant vous débarrasser d’eux ?
- Depuis quand un général doit se justifier colonel Caldwell?
- Depuis qu’il demande à ses hommes d’embarquer docteur Calamité et colonel Catastrophe à bord de son vaisseau.
- Caldwell !!! Etes-vous dans votre état normal ?
- Je dois avouer que non, mon général. Mon équipage est assez remonté contre le colonel Sheppard et le docteur McKay. Il les rend responsables de notre retard. Nous aurions dû partir pour Pégase depuis deux jours au moins et nous voila obligés de repousser notre départ aux calendes grecques.
- Bon, je vois… Je vais donc accéder à la demande du docteur McKay et les autoriser à faire une virée, comme ils disent, dans les montagnes canadiennes. Y aura-t-il assez de distance entre eux et vous pour que les préparatifs aboutissent rapidement ?
- Oui mon général. Mais pour plus de sécurité je souhaite que quelques-uns de mes hommes les accompagnent. Que se soit au Canada ou sur la Lune, il n’y a pas de risque zéro avec Sheppard et McKay.
- Je suis malheureusement enclin à vous croire. Bien, faite venir cinq de vos hommes au SCG.
Et voila comment on se sort d’une situation difficile pour tomber dans une autre encore plus catastrophique.
Un trafic d’arme. Et qui plus est, un trafic impliquant des membres du SGC et sans l’ombre d’un doute un membre du Daedale. Qui d’autre aurait pu introduire sur Terre des grenades wraiths en quantité ? Connaître l’existence d’un traître dans son vaisseau est une chose, mais découvrir son identité en est une tout autre.
Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg.
***
Au SCG c’est l’effervescence. Le général Landry, ainsi que McKay et le docteur Mallard sont retenus comme… invités exceptionnels.
McKay pourrait être plus libre de ses gestes car des trois hommes, il est le seul à connaître la nature réelle du SGC, mais le générale Landry lui a expressément demandé de rester avec le NCIS.
- Prenez cette requête comme un service personnel.
Avec le recul, Rodney a bien le sentiment de s’être fait avoir comme un bleu. Mais qu’importe. Le bonheur de savoir le colonel Sheppard vivant suffit. Enfin vivant… le mot n’est sans doute pas le plus approprié.
Lorsque les hommes du SGC avaient débarqué et emporté toutes traces d’un quelconque passage sur l’aéroport canadien, Gibbs, Ducky et lui-même inclus, McKay avait bien compris qu’il n’en saurait pas davantage. Un grand coup de balai et l’histoire était close, inexistante. Pourtant, trois minutes en tête à tête avec un homme du SGC avait suffit pour redonner le sourire à Rodney. Le colonel avait été téléporté sur le Daedale. Rodney s’était senti tout léger. Du moins jusqu’à son arrivé à Cheyenne Mountain. Là, il avait découvert la réalité. John était au bloc chirurgical entre les mains du docteur Zespatto, le chirurgien du Daedale. Trois heures déjà qu’il opérait. Trois heures encore avant qu’un pronostique ne tombe… réservé. Tu parles d’un pronostique !
Maintenant il fallait trouver une explication logique à donner à l’agent Gibbs.
L’avion avait explosé sous ses yeux. Rien de plus facile que de dire simplement que l’agent DiNozzo n’était pas à bord. Oui, mais que dira le dit agent lorsqu’il retrouvera ses comparses ? Il fut envisagé un temps de lui faire croire à un délire. De lui dire qu’il avait été blessé lors de l’incendie du restaurant, mais les images satellites prouveraient le contraire. Idem pour toute autre stratégie.
Que cela relève de la mémoire ou des moyens technologiques auxquels ils ont accès, les agents du NCIS prouveraient sans peine que DiNozzo était bien dans l’appareil au moment de son explosion. Qu’allait-il se passer ? Beaucoup trop d’interrogations dont la finalité était l’attente.
Attendre que Tony DiNozzo sorte de ses songes. Cela ne saurait tarder.
***
Tony revient à lui avec l’étrange sensation d’être extirpé de force d’un sommeil réparateur. Sa vue est encore trouble mais il distingue néanmoins deux visages penchés sur lui.
- Ha, il revient enfin à lui. Bonjour agent DiNozzo, je suis le docteur Zespatto. C’est moi qui vous ai opéré.
- Hum…
- De quoi vous souvenez-vous ?
Tony se force à ouvrir davantage les yeux mais rien n’y fait, les contours restent obstinément troubles et pâles.
- J’étais dans un avion. John m’a demandé de piloter et a perdu connaissance. Je ne suis pas pilote. On s’est crashé.
- Vous avez fait un drôle de trip mon gars.
La fin de la phrase se perd un peu dans un bourdonnement d’oreilles fort désagréable. Tony referme les yeux et se concentre sur ce qui l’entoure. Le médecin et la seconde silhouette s’éloignent de lui, pensant sans doute qu’il s’est assoupi.
DiNozzo rouvre les yeux. Tout est toujours flou. Tant pis !
Comme il le craignait, il est allongé sur un lit électrique d’hôpital. Ses mains sont attachées à des barreaux par deux sangles en similicuir. Une perfusion part de son bras droit vers une potence fixée au lit.
DiNozzo tente d’accommoder sa vision mais c’est encore un échec cuisant. Quelque soit le contenu de la pochette, celui-ci s’écoule avec la lenteur d’un garde veine. Tout à l’examen de son environnement, Tony a oublié celui, un peu plus stressant il est vrai, de son propre corps. Une douleur sourde au niveau de son abdomen le rappelle à l’ordre. Opéré a dit le médecin. De quoi ?
Tony fait un effort de mémoire et se rappelle le coup de couteau. Ce serait donc ça ? Uniquement ? Pas de brûlures au troisième degré, pas de fractures ouvertes, pas d’amputation ? Comment a-t-il donc pu se sortir de cet atterrissage catastrophe ? Trop heureux de se savoir en un seul morceau, ou tout simplement trop épuisé pour chercher plus loin des explications, Tony se détend enfin. Doucement ses muscles se relâchent, tout son corps se libère d’une crispation latente et sa vue de clarifie enfin. Il est dans un petit box aseptisé. Pas de fenêtre, pas d’affiche, rien que des instruments médicaux. Aussi sommaire qu’une infirmerie de porte-avion. En d’autres termes, le strict minimum.
Le médecin n’a pas quitté les lieux. Avec l’infirmière que Tony devine jolie, il est au chevet d’un autre patient. Leur conversation parvient jusqu’à DiNozzo.
- Bon diminuez progressivement la Pethidine et le Penthotalmais ne relâchez pas la surveillance de la saturation et du scope. Le réveil en sera hâté, même s’il sera vraisemblablement plus douloureux.
- Est-ce que je dois l’extuber docteur ?
- Non, il le fera lui-même en se réveillant. Partiellement du moins. De toute façon je ne serai pas loin. Vous pouvez vaquer à vos occupations Katia.
DiNozzo ne distingue l’infirmière que de dos lorsqu’elle sort du sas médical. Grande, élancée avec de longs cheveux bruns noués gracieusement par une simple pince métallique. Il se surprend à imaginer le visage allant avec la silhouette. De curieux râles le sortent prématurément de son imaginaire. Le docteur officie auprès du patient voisin.
- Est-ce John Sheppard ?
Le médecin le rejoint. Il est assez petit et trapu d’épaules. Son sourire adoucit gentiment des traits un peu trop aquilins.
- Oui c’est effectivement le lieutenant-colonel Sheppard.
- Lieutenant-colonel… Comment va-t-il ?
- Pas trop mal compte tenu des évènements.
- Le crash ?
- La balle de 347.
- Ha !
- Pas d’organes vitaux d’atteint mais beaucoup de dommages collatéraux, si je peux m’exprimer ainsi. Mais ne vous inquiétez pas pour lui, c’est un coriace, il s’en remettra vite.
Le médecin s’approche de Tony et plante une aiguille dans la tubulure de sa perfusion. Une sensation fraîche engourdit son bras.
- Où suis-je ?
- Au pays de Morphée.
- Elle est jolie ?
La question est à peine audible. DiNozzo commence un long voyage vers un pays cotonneux mais pas désagréable. Quelques mots atteignent péniblement son cerveau. Quand à savoir s’ils s’y impriment… c’est une autre histoire.
La voix du docteur, douce, berçante et étrange.
***
La salle de briefing a rarement été aussi remplie. Des membres plus ou moins actifs du SGC, le colonel Caldwell, le docteur McKay et l’agent Gibbs. Ne manque à l’appel que les membres du SG1 partis en mission peu avant les évènements. Manque également le médecin légiste du NCIS, le docteur Mallard. McKay espère secrètement que personne ne remarquera cette absence.
Quelques heures plus tôt, le général Landry avait demandé à Rodney de mettre les deux hommes au courant du strict minimum, en insistant bien sur le caractère secret du SGC. McKay se souvient de la discussion surréaliste qui en avait découlée et surtout de sa conséquence immédiate… la disparition de Ducky.
- Voila le topo. Ici nous utilisons des technologies qui nous surpassent tous. Comme vous l’avez remarqué il y a plusieurs continents impliqués dans ces recherches. Elles sont internationales et elles dépassent largement les barrières des pays voire même plus. Les armes sont un exemple d’exploitation mais cela va bien plus loin. Et le terme n’est pas anodin. Nous utilisons également une technique qui permet de transporter des gens d’un endroit à l’autre. C’est comme cela que DiNozzo et Sheppard ont été extrait de l’avion avant son explosion.
Rodney se tait pour laisser le temps à la digestion cérébrale de se faire.
A sa grande surprise, c’est Ducky qui commente ses explications.
- Comme la téléportation dans Star Trek ?
- Heu… oui en quelque sorte.
- Et vous êtes qui, le capitaine James Kirk ou le docteur Leonard McKoy
- En fait, même si je répugne à l’avouer, je serais plutôt monsieur Spock. Kirk c’est le colonel Sheppard sans l’ombre d’une hésitation.
- Bien alors, si cela ne dérange personne, j’aimerai être téléporté dans mon laboratoire. Voyez-vous jeune homme, madame Mallard, ma très chère mère, n’est plus de toute fraîcheur. Je l’ai confiée à Abby mais je crains pour sa santé… et surtout pour celle de ma jeune amie. Pouvez-vous faire quelque chose pour moi ?
Aussi étonnant que cela puisse être, ce qui surprend le plus Rodney, ce n’est pas la demande mais la facilité avec laquelle le vieil homme a assimilé le concept et souhaite s’en servir. Gibbs ne commente pas les révélations et se contente d’un sourire asymétrique, le genre même qu’affectionne tout particulièrement Sheppard.
- Bon, je vais voir ce que je peux faire mais j’aimerais en échange que vous me promettiez le silence absolu sur cette technologie.
- Voila une requête à laquelle je ne peux point accéder monsieur Spock. Je ne suis pas un menteur. Quoiqu’il en soit cela n’a guère d’importance. Qui me croirait ? Seuls mes amis de la morgue seront à mon écoute.
- Et s’ils viennent à ébruiter vos propos ?
- N’ayez crainte, ils seront muets comme des tombes !
Le fou rire de Gibbs permet à McKay de traduire les étrangetés de langage du médecin. Rassuré autant qu’on puisse l’être, Rodney quitte les deux agents du NCIS.
Une fois loin de tout témoin, il contact Hermiod et le docteur Novak. Ce n’est pas la première fois qu’il entre en communication de façon insidieuse avec l’équipe du Daedale. Après des pourparlers intenses, McKay obtient l’accord pour téléporter Ducky dans son labo.
Et ce fut chose faite.
Gibbs ne fit pas plus de commentaire. Juste un haussement de sourcils. Cet agent doit être un mutant, croisé de Sheppard et de Teal’c. McKay en est là de ses réflexions quand le général Landry pénètre dans la pièce.
Le général préside évidement la séance.
- Bien, messieurs, prenez place.
Une formule de politesse qui tombe dans le vide vu que tous se sont déjà affalés sur les fauteuils. Il n’est que cinq heures du matin et la nuit fut courte voire inexistante. Landry poursuit naturellement.
- Il y a parmi nous un traître qui fournit un trafic en armes Goa’ulds et Wraiths…
Son regard se porte sur Gibbs et sur le fauteuil vide de Ducky.
Sans s’en rendre compte le général a plongé toute l’assistance dans un profond désarroi. Son silence étant interprété comme une accusation directe sur l’un d’eux.
- Ressaisissez-vous ! Si j’imaginais un seul instant que l’un d’entre vous était un trafiquant, je l’aurais déjà fait fusiller ! Bon. L’agent Gibbs ici présent a mis en évidence la mise sur le marché de zat’nik’tel et de grenades Wraiths. Cela implique automatiquement la participation active d’un membre du SGC et d’un membre du Daedale. Nous avons interrogé une dénommée Gloria qui a pu nous fournir un premier nom. Il s’agit du caporal Nirvel, attaché à la maintenance. Ce n’est qu’un maillon insignifiant. Il ignore le nom de son contact mais confirme qu’il y a au moins une personne impliquée sur le Daedale. Maintenant il nous faut trouver qui sont ces individus, et rapidement ! Si vous avez des suggestions ?
Un grand blanc pour toute réponse. Quelques toux mal étouffées et deux ou trois raclements de gorge très virils.
- Bien je vois que nous sommes d’accord. Le colonel Caldwell et moi avons déjà abordé le problème. Nous allons tendre un piège aux renégats. Nous avons commencé à faire courir le bruit que seul le colonel Sheppard et l’agent DiNozzo connaissent les noms des trafiquants. Notre meilleure opportunité est d’attendre qu’ils se manifestent et tombent dans nos filets.
Le colonel Caldwell enchaîne comme dans une chorégraphie bien orchestrée.
- Ce qu’ils ne manqueront pas de faire une fois que nous auront décollés.
Le dernier mot fait tilter l’agent Gibbs, mais seul un spectateur averti aurait pu s’en rendre compte. C’est pourtant le cas de Rodney.
Ce dernier interrompt le colonel Caldwell sur sa lancée.
- Mais c’est extrêmement dangereux. Que ferons-nous si le renégat ne se manifeste qu’une fois dans Pégase ?
- Si c’est un homme intelligent c’est assurément ce qu’il fera. Il attendra que nous ne soyons plus capable de contacter la Ter… heu… le SGC. C’est pourquoi il est impératif de surveiller correctement notre appât.
- C’est du lieutenant-colonel John Sheppard qu’il s’agit, pas d’une chèvre attachée à un poteau.
Le général Landry intervient avant que l’animosité latente entre le colonel Caldwell et le scientifique n’explose et ne soit incontrôlable.
- Nous sommes bien conscients du danger que l’on fait peser sur le colonel Sheppard. Cependant, il est le seul lien entre les trafiquants et nous. Croyez bien qu’il sera surveillé avec une attention toute particulière. Si vous en doutez docteur McKay, vous pourrez vous en occuper personnellement. Le colonel Sheppard ne quittera pas l’infirmerie du Daedale de tout le trajet. La pièce est hermétiquement cloisonnée et parfaite pour tendre une embuscade.
- M’enfin vous parler d’un militaire là ! D’un type qui sait déjouer ce genre de plan « à la papa » !
Le général Landry manque de s’étouffer avec sa salive. Rouge de colère, contenant assez mal son énervement, il se redresse, tape du doigt sur la table et défie quiconque de trouver une meilleure solution.
Très détendu, l’agent Gibbs se relève à son tour et prend la parole sans attendre qu’on la lui donne.
- Je ne voudrais pas paraître grossier alors que je ne suis qu’un invité parmi vous, mais je pense que le docteur McKay a raison. Si votre homme a un tant soit peu de jugeote, il verra venir le piège de très loin. Cependant je vous accorde qu’il n’aura pas d’autre choix que d’agir dès que possible.
- C’est bien pour cela que nous allons exécuter notre plan avec minutie. Le colonel sera gardé jour et nuit et les rares moments sans surveillance seront en réalité autant de pièges prêts à se refermer sur l’intrus. Des caméras ont été installées en toutes discrétions. Nulle ne pourra s’introduire dans l’infirmerie sans que l’on en soit aussitôt averti.
- Bien et qu’advient-il de mon agent Tony DiNozzo ?
- Votre homme a été légèrement blessé. Il sera rapatrié ici avant le départ du Daedale.
- Et en attendant ? Est-il également sous surveillance ?
C’est le colonel Caldwell qui répond aux accusations à peine voilées de négligence.
- Cela va de soit ! Il est auprès du colonel Sheppard en cet instant et ne le quittera que pour être transporté ici.
- Et qu’est-ce qui me prouve que le renégat issu du SGC ne l’attaquera pas dès son arrivée.
- En fait agent Gibbs, c’est un peu ce que nous espérons.
- Si je résume bien, vous proposez d’utiliser le colonel Sheppard comme appât sur le Daedale et mon agent à Cheyenne Mountain.
- C’est exactement cela.
- Et qu’en pensent les intéressés ?
- …
- Je vois.
Gibbs s’est raidi en un parfait garde à vous… le coté solennel en moins.
Il parle avec une voix si calme et à la fois si autoritaire qu’il impressionne même les plus chevronnés.
- Je ne porterai mon concours à cette mascarade que si mon agent est mis au courant et ce, sans tarder !
Sur ces belles paroles, il quitte la salle, laissant les militaires pantois.
Le général Landry reprend la parole laissée en suspend.
- Bien puisque tout le monde est d’accord je pense que l’on peut lever la séance.
***
A bord du Daedale, Tony DiNozzo essaye maladroitement de défaire ses liens. Katia entre sans faire de bruit et le surprend, gigotant en tout sens. Son œil expert s’arrête une minute sur le pansement qui commence lentement à rougir, puis glisse l’air de rien vers la poitrine tendrement accueillante de l’agent.
- Ne vous agitez pas agent DiNozzo. Vous allez rouvrir votre cicatrice.
D’une main câline, elle caresse le torse de Tony avant de stopper à hauteur du bandage. Avec beaucoup de douceur elle le décolle et exhibe une cicatrice couturée au mersuture.
- Joli travail n’est-ce pas ? C’est moi qui ai fait les points.
- Merci beaucoup heu…Katia ?
- Oui. De rien, c’est mon job en fait. Mais j’avoue que ce fut un plaisir de travailler sur un aussi beau spécimen.
- Katia ? Est-ce que vous pourriez avoir l’obligeance de me détacher ?
- Je ne sais pas ? En fait, c’était pour éviter que vous vous blessiez en dormant, vous comprenez ?
- Oui mais là je suis bien réveillé et j’aimerai….
D’un mouvement de la tête il désigne ce qui semble être les latrines de l’infirmerie.
- Hooo… Et bien je pense qu’il faut savoir faire des exceptions.
D’un geste franc elle libère les deux mains de Tony et attrape la perfusion qu’elle tend au dessus de sa tête.
- Je vous accompagne.
- Je n’en attendais pas moins.
Si Katia était de glace, elle aurait littéralement fondu. Mais comme elle est de braise, elle s’enflamme en rougissant.
Tous deux disparaissent dans l’alcôve.