Trafic
Chapitre deux
Prendre l’air
Sheppard s’agite sur sa chaise. Le contact de la lame est loin de lui sembler sensuel.
Malgré ses yeux bandés, il perçoit le stress de son compagnon d’infortune.
Réservoir-Dogs.
Un film violent et coloré où un flic est attaché à une chaise au centre d’un entrepôt. Un flic qui se fait trancher l’oreille. Voila une perspective peu réjouissante.
Pour Sheppard un autre message est caché derrière cette allusion cinématographique. Dans l’entrepôt, un troisième homme est à terre. Il est blessé et ne peut malheureusement pas aider le policier à l’oreille découpée. C’est un flic infiltré.
Donc si Sheppard résume la situation, l’autre prisonnier est un policier mais il ne peut pas l’aider…voila qui lui fait une belle jambe.
Gloria pose ses lèvres dans le cou de Sheppard. Ce dernier sent l’étreinte du baiser.
- Je vais garder un petit bout de toi en souvenir.
D’une main experte elle glisse ses doigts sur son visage puis attrape une mèche de ses cheveux, lui rejetant violemment la tête en arrière. Sheppard retient sa respiration. En dépit du sang-froid dont il fait preuve, il ne peut réprimer un terrible frisson. Gloria glousse de plaisir en faisant glisser brutalement la lame contre la nuque du militaire. Sheppard n’ose pas reprendre son souffle. Il n’a rien senti. Est-ce normal ?
Gloria s’éloigne, humant délicatement la petite touffe de cheveux bruns parsemés de rouge qu’elle tient dans sa main comme un précieux trésor.
Sans un mot, elle sort de la pièce, laissant la trappe légèrement ouverte.
Lorsque les deux hommes sont certains d’être seuls, ils éclatent simultanément de rire. Sheppard est le premier à prendre la parole.
- J’ai bien cru qu’elle allait me trancher l’oreille.
- Moi aussi. Quand je l’ai vu avec le scalp dans la main, j’avoue avoir été soulagé. Comment vous sentez-vous ?
- Je serais mieux dans mon lit c’est certain mais bon, j’ai mes deux oreilles alors disons que ça peut aller.
- Mouai, un bon lit, une bonne pizza et un bon film. Gloria vous a appelé John, c’est bien ça ?
- Hum, hum.
- Enchanté John, moi c’est Tony DiNozzo, je suis du NCIS et vous ?
- Et moi je suis dans la même galère que vous ! Que fait le NCIS dans un bled paumé des rocheuses canadiennes ?
- Disons que je suivais la belle Gloria pour remonter à la source d’un problème qui tracasse mes supérieurs. Votre présence ici n’est sûrement pas du au hasard John. Dois-je me méfier de vous ?
- Pourtant je vous assure que je suis vraiment un simple militaire en vacances. Mais j’ai l’art de m’attirer les pires ennuis.
- Vous n’êtes pas de la Navy.
- C’est une question ou une affirmation ?
- Un peu des deux. Visiblement vous connaissez le NCIS mais Gloria a parlé de Cheyenne Montain, donc j’en déduis que vous êtes de l’Air Force. Vu votre âge, je dirai que vous êtes vraisemblablement major. Un pilote sans doute. Mais il y a un petit quelque chose de différent… Est-ce que mes déductions sont correctes jusque là docteur Watson ?
- Moi, monsieur Sherlock Holmes, j’en déduis que l’armée est impliquée dans une sale affaire. Gloria n’est pas militaire mais l’homme au magnum l’est certainement.
Sheppard entend Tony rire gaiement comme un gamin insouciant du danger. Pourtant des bruits lui infirment clairement cette impression. L’agent est en train de s’agiter.
Que fait-il ?
Sheppard aimerait ne plus avoir de bandeau sur les yeux. Cette obscurité le met davantage mal à l’aise que le fait d’être ficelé dans une cave perdue au fin fond de la montagne.
- Que faites-vous Tony ?
- Vous connaissez la règle numéro neuf des Marines ?
- Non.
- De toutes façons ça n’a aucune importance, ces règles n’existent pas.
- Mais qu’est-ce que vous racontez ?
- Règle numéro neuf : toujours avoir un couteau sur soi. J’en ai un dans la boucle de mon ceinturon, j’essaye de l’attraper.
- J’ai un ami qui doit avoir le même règlement que vous. Il ne se balade jamais sans une dizaine de lames plus ou moins grandes, mais toutes particulièrement bien affûtées.
- Et bien, il doit avoir quelques difficultés dans les aéroports.
Sheppard explose littéralement de rire en entendant mot pour mot la remarque qu’il avait lui-même faite à Ronon dans le vaisseau ruche.
Sheppard rit encore lorsque Gloria refait son apparition.
Tony se tait instantanément. Sheppard en fait autant. Gloria est entrée comme une chatte, sur la pointe des coussinets, mais Sheppard a immédiatement senti la tension augmenter.
Le silence est si pesant que John ose à peine déglutir.
Gloria passe devant lui toujours aussi silencieusement. Seul un léger courant d’air froid indique la présence d’une forme en mouvement. Gloria poursuit son chemin jusqu’au fond de la cave. Tony s’est agenouillé, ce qui lui procure un équilibre relativement précaire. Il redresse la tête à l’approche de Gloria et la dévisage avec un immense sourire. La bouche en cœur, il tend ses lèvres et la nargue.
- Tu viens pour moi cette fois-ci ?
La femme n’apprécie guère cet humour. D’un jeté magistral, elle éjecte l’agent du NCIS contre le mur. Tony se redresse, la joue cuisante. Une trace de semelle apparaît doucement sur sa face.
- J’aurai préféré un tendre bisou.
Gloria peaufine le tatouage d’une claque sonore.
- Voila des manières plus féminines Gloria. L’espace d’un instant tu m’as fait peur.
- Tu vas te taire, oui !
L’agrippant par le col, Gloria le redresse légèrement puis s’agenouille à sa hauteur. Tenu en équilibre par un poing ferme et menacé d’un regard d’acier, Tony n’est guère en position de force. Pourtant sa position l’amuse… et celle de Gloria encore plus!
- J’aimerais savoir ce que tu as dit à ton supérieur.
- Faudrait savoir, tu m’as demandé de me taire.
Seconde claque.
- Ne joue pas avec moi Tony !
Tony la déshabille des yeux.
- J’aimerais bien crois-moi !
Encore une!
- Je lui ai dit que j’avais repéré une superbe nana.
- Et qu’est-ce qu’il t’a répondu ?
- Rien, il m’a donné une baffe derrière la tête.
Et une de plus!
- Rien, il n’a rien dit ! Si vous le connaissiez autant que moi vous sauriez qu’il ne dit jamais rien.
- Bon, de toute façon dans quelques heures l’affaire sera conclue et je serai loin.
Elle dépose un langoureux baiser sur la joue brûlante de Tony et se relève, lâchant l’agent qui s’effondre sur le dos.
- Merci Tony.
- C’est tout ? Il a eu droit à des baisers torrides et moi, rien, macache, juste un smack de potes…
Gloria rit de bon cœur. D’autant que l’agent est vraiment sérieux. Décidément ces hommes !
Elle quitte Tony pour se réinstaller devant Sheppard. D’un geste un peu brusque elle lui retire son bandeau.
- Je voulais voir tes yeux une dernière fois. Je suis vraiment désolée John. Mon informateur m’a confirmée que ta présence n’est que le fruit du hasard. Je t’avoue que tu chatouilles notre curiosité. Il n’a trouvé aucune trace de toi depuis une dernière affectation en Antarctique il y a deux ans. Comment t’es-tu retrouvé ici ?
- Si je te le disais, tu ne me croirais pas.
- Essaye.
- Je faisais une balade dans l’océan avec mon ami McKay et… nous nous sommes égarés.
- Aussi étrange que cela puisse paraître, je te crois. Mon informateur m’a confirmé que vous étiez tous deux considérés comme des naufragés. Vous êtes ici en attendant de rejoindre votre base. Mon pauvre John…
Gloria le surplombe. D’un revers de l’index elle caresse et dessine le contour de son visage, incitant Sheppard à relever la tête. Une attitude qui rappelle étrangement celle des reines wraiths. Sheppard se tétanise en faisant le rapprochement. Gloria n’est pas si différente des reines qu’il a rencontrées. Elle le domine et jouit de l’emprise qu’elle a sur lui.
- Je te fais peur John ?
- Non, mais tu me rappelles une femme que j’ai bien connue.
La voix de Tony vient pimenter la discussion.
- Ce devait être une des ex de mon patron.
Gloria lui envoie un regard assassin qui fait sourire le prisonnier. Elle fait mine d’ignorer l'impertinent, pour mieux se consacrer à Sheppard. Dans peu de temps elle sera loin et ils seront morts. Elle aimerait profiter de ces dernières minutes mais elle a la désagréable impression qu’il ne lui donnera pas satisfaction…encore une fois !
- Et qu’est devenue cette femme ?
- Je l’ai tuée.
La réponse est articulée avec netteté et claque avec tant de violence que Gloria surprise, tressaute et manque de perdre l’équilibre.
Pour la première fois depuis qu’elle joue les dominatrices, Gloria se sent en infériorité. Cet homme attaché, malmené et visiblement récemment blessé a réussi à la faire reculer. Son visage n’est plus aussi angélique. Ses yeux semblent jeter des flammes. Elle frissonne. Une peur irraisonnée et totalement en inadéquation avec la situation, la submerge. Sheppard remarque aussitôt le renversement de situation.
- Gloria, libère-moi.
- Je…
Gloria bafouille. Sa perte de maîtrise l’angoisse. Elle regarde Sheppard fixement puis s’en va en courant, laissant la trappe béante.
- Et bien dites-moi, vous savez parler aux femmes vous !
Tony s’est relevé et n’attend pas la réponse de Sheppard pour ramper, tant bien que mal, dans sa direction.
John examine son codétenu dont il ne connaissait que la voix. L’inspection est rudimentaire car Tony s’arc-boute et sautille ridiculement afin d’avancer. Voyant l’attention de Sheppard peser sur lui, l’agent s’arrête un instant et soutient son regard.
- Quoi ?
- Qu’est-ce que vous faites ?
- Je vous l’ai dit, j’ai un couteau dans mon ceinturon, mais je ne peux pas l’atteindre. Donc je m’approche de vous pour que vous m’aidiez. Vous avez une autre idée ?
- En fait…
Sheppard visualise sa chaise tombant brutalement sur le coté, cassant un ou deux barreaux lui permettant de se libérer. Un plan brutal et sans nul doute douloureux.
- Non ! Pas d’autre idée.
Les minutes suivantes s’écoulent au rythme saccadé des halètements de Tony et des gloussements mal retenus de John. Tony refuse de perdre son énergie à râler contre Sheppard. Cet homme, capable d’annoncer froidement qu’il a tué une femme lui donne la chair de poule. En même temps il se sent proche de lui. A sa place, il est certain qu’il ne retiendrait pas son fou rire. Finalement Tony se sent reconnaissant.
Alors qu’il n’est plus qu’à un mètre de Sheppard, une odeur désagréable pénètre dans la cave.
Sheppard et Tony reconnaissent immédiatement l’âcreté caractéristique d’un incendie. Voila comment Gloria comptait se débarrasser de ses prétendants.
Tony accélère sa cadence pour se retrouver bientôt en bonne position, à genou derrière la chaise de Sheppard. Alors que John tente de défaire la boucle du ceinturon, Tony plaisante et divague comme à son habitude sur les similitudes avec le septième art.
- Cela me rappelle BackDraft, un film de Ron Howard avec Kurt Russel.
- Sortie en 1991. Je connais. Mais là, ce n’est pas une situation de backdraft. La pièce n’est pas close. Par contre, il y a un risque important d’embrasement. Il faut se grouiller de sortir avant que l’on soit au choix, intoxiqués ou brûlés. Kurt Russel est excellent dans ce film.
- Oui, fabuleux. Vous avez aimé New York 1997.
- Un film culte, c’est certain.
Tout en commentant la situation et les films, Tony récupère enfin son petit couteau, tranche ses liens puis aide Sheppard à se dégager des bandes adhésives. John se relève et tend une main franche à DiNozzo.
- Merci Tony.
Une poignée ferme et chaleureuse. Un pacte tacite d’entraide.
Tony désigne du doigt la tenue légère et fluide de John.
-Mes vêtements sont en pur coton, importés d’Europe. Les vôtres par contre sont synthétiques. Il faut les enlever sinon ils risquent de fondre à même votre peau au moindre contact avec une flamme.
Sheppard retire sa chemise, exhibant ses multiples contusions et blessures. Tony ne peut s'empêcher de les fixer, puis d'ironiser pour dissiper le malaise qui s'insinue entre lui et Sheppard.
- Effectivement avec vous, les vacances ne doivent pas être de tout repos.
- Les risques du métier. Vous ne connaissez pas ?
- Non, moi je me contente d’attraper la peste pneumonique.
Tout deux s’approchent de la trappe. Un rapide coup d’œil confirme leurs pires soupçons.
Tout en faisant la grimace, Tony retire sa veste italienne et la tend à Sheppard.
- Mettez ça. Vous en aurez besoin pour traverser cette fournaise.
De fait, de nombreuses flammes brûlent déjà les coquets fauteuils et une partie de la charpente apparente. L’embrasement n’est pas encore généralisé mais la propagation des gaz de pyrolyse est déjà suffisamment importante pour que Sheppard et DiNozzo en ressentent les effets toxiques. La sortie n’est pas très loin, à peine dix mètres. Un court chemin parsemé d’objets pouvant s’enflammer à tout instant.
Les yeux larmoyants, ils pénètrent dans la pièce, rampant le plus près possible du sol. La fumée, la chaleur, les gaz, tous semblent se lier contre eux.
Soudain de longues langues de feu se mettent à lécher les murs, remontant le long des cloisons. Ces RollOver traduisent la rupture prochaine du point limite d’auto inflammation. Dans quelques secondes, tout va s’embrasser, ne laissant aucun espoir aux deux hommes. Un brasier d’autant plus important que Gloria a pris soin d’ouvrir en grand les fenêtres… mais pas la porte d’entrée.
Sheppard attrape le poignet de DiNozzo, se relève et court aussi vite qu’il le peut. Tony ne se fait pas prier. Il retient sa respiration, ferme les yeux et court également.
Leurs vêtements sont en feu lorsqu’ils arrivent enfin devant la porte. Cet obstacle ne parait pas les gêner outre mesure. Ni l’un ni l’autre ne s’arrêtent. Peut-être ne l’ont-ils tout simplement pas vue. Qu’importe, celle-ci vole en éclats, apportant aux prisonniers l’air frais de la liberté. John et Tony attendent d’être relativement éloignés du restaurant pour s’effondrer dans la neige et reprendre leur souffle.
Un répit de courte durée. Une immense détonation retentit, traduisant la présence d’explosif dans le chalet. Le souffle de la déflagration propulse les deux hommes plus profondément dans la neige.
Après avoir souffert de la chaleur, les voici tout dépenaillés et transis de froid.
Malgré la situation, Sheppard et DiNozzo ne peuvent s’empêcher de rire. Un rire d’abord libérateur puis fataliste. Ils sont en vie, certes, mais la situation n’est guère avantageuse.
Sheppard est le premier à se relever.
- Mieux vaut ne pas traîner par ici. La nuit ne tardera pas et nous allons mourir de froid.
- Je vais avoir un petit handicap major Sheppard.
DiNozzo désigne du doigt sa cuisse d’où dépasse une fine barre de fer, appartenant visiblement à la charpente du restaurant.
Sheppard regarde la jambe blessée de son nouvel ami.
- Appelez-moi John, tout simplement.
Avec précaution, il aide Tony à se relever.
- Je vais vous aider. Et puis je ne suis pas major.
- Désolé mon général !
Tony s’est excusé en effectuant un salut très protocolaire. Sheppard rit franchement à la boutade. Ces deux-là sont vraiment fait pour s'entendre !
Porté par le vent, un chuintement familier arrive aux oreilles du colonel Sheppard. Ragaillardi, John traîne DiNozzo vers sa provenance.
- John, où m’emmenez-vous ? La vallée c’est plutôt par en bas.
- Chut. Écoutez…
Le bruit caractéristique d’un rotor bipales, des voix, celle de Gloria.
Tony DiNozzo adresse à Sheppard un regard emprunt d’une forte curiosité.
- C’est donc ainsi qu’ils comptent s’en aller.
Sheppard et lui s’allongent sur un monticule enneigé mais relativement abrité par des arbres.
Devant eux, trois hommes chargent de lourdes caisses dans un hélicoptère aux couleurs jaunes du SAR (Search And Rescue) canadien.
Sheppard en bon professionnel fait la leçon à DiNozzo.
- C’est un UH1 Huey CH118. Bien que reconvertis en hélico de secours, ce sont avant tout des engins de guerre.
- Apocalypse now, Francis Ford Coppola. Magnifique vol sur Wagner.
- La chevauchée des walkyries. Ils peuvent transporter une petite dizaine d’homme en plus de l’équipage. Un hélicoptère de secours n’attire pas la suspicion, surtout en haute montagne, mais les M16 font quand même un peu tâche.
Sans quitter des yeux l'hélicoptère et ses M16, Sheppard donne un brusque coup de coude à Tony.
- Si vous me disiez qui sont ces gens ?
DiNozzo examine son nouvel ami avec un œil neuf.
Sheppard est plus que sûrement un militaire rompu aux missions extrêmes. Ses connaissances, son attitude et sa détermination soudaine trahissent l’homme d’action caché derrière le militaire en vacance.
- Ce sont des trafiquants d’armes. Depuis plusieurs mois des armes exclusivement d’usages militaires circulent entre les mains de différents gangs. Nous avons remonté la source jusqu’à deux marines. Nous les avons arrêtés et je me suis fait passer pour l’un d’eux, pensant que ma couverture tiendrait le coup. Cela aurait du être le cas mais mon homonyme est réapparu hier alors que j’allais conclure avec Gloria.
Sheppard fixe amusé l’agent du NCIS. Celui-ci paraît faussement outré.
- Je parle du marché ! Que croyiez-vous ?
- Et Gloria dans tout ça ?
- Elle est en contact avec un autre militaire, mais pas un marine. Il propose une cargaison d’armes très performantes. L’occasion était trop belle d’infiltrer plusieurs ramifications au sein de l’armée. J’ai foncé et je me suis ramassé.
Sheppard lui désigne les trafiquants qui ont fini de charger les armes.
- Et maintenant, que comptez-vous faire ?
Tony DiNozzo regarde l’hélicoptère, Gloria vient de monter à l’arrière. L’homme au magnum apparaît dans l’encadrement de la porte. Il attrape la poignée et referme la lourde cloison de métal. Les pales de l’hélice accélèrent leur cadence. Le départ est proche. Un épais nuage de neige se soulève, camouflant provisoirement l’imposante machine.
Tony se relève.
- Foncer…
Oubliant sa douleur à la cuisse, Tony s’élance claudiquant vers l’hélicoptère.
- Et vous allez encore vous ramasser.
Sheppard le suit.
Il y a une minute, deux hommes étaient transis de froid, couchés dans la neige glaciale des rocheuses canadiennes.
Maintenant deux hommes sont transis de froid, accrochés vaille que vaille aux supports d’un l’hélicoptère qui décolle.
DiNozzo hurle contre le vent.
- Merci d’avoir choisi DiNozzo Air Line. Attachez bien vos ceintures, nous allons décoller !
John lui adresse sa sublime moue « à la Sheppard », lèvre retroussée, regard interrogateur.
Puis, il se glisse le long du fuselage vers la cabine avant.
- Je déteste les vols charters. Je vais en toucher un mot au pilote.
Tony le regarde sidéré.
- Je me demande lequel est le plus fou de nous deux ?