Autres regards

Chapitre 17 : XVII

Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/10/2008 17:12

XVII

Fragile petite humaine.
Je la regarde s’effondrer au sol alors que son âme est tapie en moi, terrorisée et soumise. Tout à mon plaisir d’avoir capté le fruit de mes recherches passées, tout à mon excitation de pouvoir enfin décortiquer une humaine jusque dans les moindres recoins, j’oublie un instant l’homme qui me fait face et celui qui est collé à moi.
Alors que je me fais miel avec ma prisonnière, une ombre titille ma curiosité. L’homme, celui qu’elle appelle « colonel John Sheppard », s’est avancé doucement vers moi. Il murmure des mots incompréhensibles à ma proie initiale. Je le laisse faire sans crainte. Les mots peuvent blesser et torturer l’esprit mais ils ne peuvent en aucun cas me mettre en péril.
Je quitte donc le matériel pour me concentrer sur mon esprit et sur le sien.
Elle est paniquée. Je la sens qui se cherche. Je pose mon regard sur son corps inerte. Elle réagit immédiatement et se pelotonne dans un petit renfoncement de mon esprit.
Au désespoir, elle tente de m’imposer ses désirs.
Pathétique petit animal !
 
Ma proie s’agite sur moi et me ramène à la réalité. Sheppard, puisque tel est son nom semble très concentré, il va essayer d’attraper son ami. Toute sa détermination transpire à travers lui. Croit-il vraiment que j’ignore ce qu’il va faire ? Même ma chose…comment l’appelle-t-elle ? Ha, tien curieux nom, même McKay donne des signes précurseurs de son action.
Voila. McKay essaye de s’éloigner de moi et Sheppard va venir à son secours.
Quoi ?!!
Je n’ai rien vu venir ! Je suis furieux contre eux et contre moi. Sheppard n’a pas cherché à sortir son ami de mes griffes mais s’est jeté sur moi avec rage et me tient maintenant cloué au sol. Je suis ridicule, moi, un wraith, de m’être fait avoir aussi simplement que cela !
La faim. Voila l’explication de ma piètre résistance. J’ai mésestimé l’affaiblissement occasionné par la faim qui me tenaille depuis si longtemps maintenant. Le simple fait d’y penser me renvoie en pleine figure la souffrance que j’avais intellectualisée et bannie provisoirement loin de moi.
 
Sheppard enfonce le canon de son arme dans mon cou. Il croit me tenir et je sens la haine qu’il éprouve pour moi. Ma faim augmente à mesure que ma propre haine se développe. Comment cet humain insignifiant a-t-il pu me prendre à contre-pied ? Il m’a bluffé mais maintenant c’est à moi de lui montrer qui je suis vraiment.
 
Son regard est de braise lorsqu’il commence à enclencher le processus d’éjection du projectile meurtrier.
- Adieu ! 
Si ses yeux pouvaient créer la matière, je serai en feu. Je souris à sa provocation. Son regard se voile du doute, le pire fléau pour un combattant. Le doute est ce qui fait perdre une bataille. Je ne le sais que trop bien. Lorsque la pensée vient parasiter l’action du corps, wraith ou humain, nous ne sommes plus que les jouets de nos doutes et de nos peurs. Voila pourquoi mes congénères se barricadent contre de tels pièges. Voila pourquoi l’instinct est mis en avant au détriment de la réflexion. Voila pourquoi les humains sont de si faciles petites victimes, si fragiles et si manipulables.
Mais à l’instant présent, même si mon plaisir brille dans le doute qui vient de s’immiscer en Sheppard, je me sens également fragilisé par mes propres réflexions. Encore, encore et toujours le même problème. Mon problème. Ce côté humain qui est en moi et que j’ai bien du mal à réprimer. Ce sentiment de toujours vouloir comprendre avant d’agir.
Arg ! Stop ! Fini, je laisse mon instinct primer. Oui, mais elle est en moi et me donne matière à la réflexion.
Je donne à Sheppard le coup de massue dont il ne se relèvera pas.
- Dites adieu à Teyla, colonel Sheppard ! 
 
Voila, j’ai gagné, comme toujours.
Sheppard lâche la gâchette de son arme et bien que me maintenant toujours au sol avec fermeté, je sens la pression de l’arme s’amenuiser. Il fixe la femelle avec attention puis reporte son regard sur moi. Il a compris.
- Comment est-ce possible ? 
Comme il est touchant dans son habit de héros égratigné et impuissant.
- Teyla possède des gènes wraiths. Le saviez-vous ?
- Oui, mais même si les wraiths peuvent communiquer entre eux, ils ne peuvent pas…
- Si, lorsque l’autre wraith fait partie de la même unité au sein de la ruche. Votre petite amie est le fruit d’une expérience à laquelle nous nous sommes prêtés avec quelques autres scientifiques. 
Sheppard n’a pas relâché son étreinte mais je le sens vulnérable et moins précis. Paradoxalement sa colère, elle, ne s’est pas atténuée, bien au contraire.
Les terriens connaissaient le passé de Teyla, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Peut-être même qu’ils utilisaient ses capacités télépathiques. Oui, c’est fort probable. Mais ils ignoraient que cela pouvait se retourner contre eux. Tant mieux, ma victoire n’en aura qu’un meilleur goût.
- Nous pouvons communiquer entre nous, cela vous le savez déjà. Mais quand deux wraiths possèdent le même capital génétique, il leur est alors possible de se fondre l’un dans l’autre. A l’instant présent, votre petite athosienne est en moi. 
 
Sheppard me regarde alternativement avec le corps inerte de sa protégée.
- Me tuer maintenant, serait la condamner avec moi. Jusqu’où irez vous par amitié colonel John Sheppard ? Qui allez-vous choisir ? 
Je me repais de sa douleur et de celle de Teyla qui brûle en moi avec l’intensité du désespoir.
 
 
***

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