Équilibre
Dagobah – Marais – Crépuscule.
Mace Windu méditait, assis en tailleur au bord du marais, les paupières closes, le souffle calme. Et pourtant…
Un frisson parcourut son échine.
Il ouvrit brusquement les yeux.
Quelque chose venait de toucher la trame même de la Force. Pas une perturbation… non. C’était autre chose.
-C’est… paisible. Mais pas lumineux. Et pourtant… ce n’est pas obscur non plus, murmura-t-il.
Il se leva lentement, les pieds ancrés dans la boue tiède, et s’avança jusqu’au cœur du marécage. Là, il s’agenouilla, la main tendue en direction de la grotte où Doremi s’était enfoncée des jours plus tôt.
Il sentit alors un flot d’émotions, plus fort que tout ce qu’il avait connu.
Colère maîtrisée.
Puissance tempérée.
Douleur transcendée.
Et surtout… un amour immense, infini.
Ce n’était ni le Côté Obscur, ni le Côté Lumineux.
C’était une fusion.
Une harmonie que même les Jedi, dans leur quête de sagesse, avaient oublié d’enseigner.
-C’est… impossible.
Et elle apparut.
Elle marchait sur l’eau. L’eau du marais, sombre et trouble, ne la touchait même pas. Ses paumes étaient levées vers le ciel, ses yeux fermés, et autour d’elle, la Force rayonnait en cercles concentriques, pure, dense, vivante.
Windu peina à reconnaître l’enfant qui s’était présentée autrefois au Temple Jedi sous l’apparence d’une assassin Sith. Mais maintenant… il savait. Il savait que c’était elle. Celle qui avait découvert la voie que l’Élu aurait dû suivre.
Elle n'était pas puissante par la Force : elle était en équilibre avec la Force.
Et c’est cela qui la rendait redoutable.
INT. BUREAU DU CHANCELIER SUPRÊME – CORUSCANT – NUIT.
La pluie fouettait les vitres immenses du bureau plongé dans l’obscurité. Seule la lumière rouge des couloirs aériens de la ville perçait l’obscurité. Palpatine, seul, debout, les mains croisées dans le dos, observait le chaos silencieux de Coruscant.
Mais il n’était pas calme.
Il ferma les yeux. Médita.
Et sentit l’écho.
Pas une lumière.
Pas une ombre.
Mais les deux, en parfaite harmonie.
-Ce n’est pas… un Jedi.
Ni un Sith.
Qu’es-tu ? murmura-t-il dans le silence.
Il se concentra. Une vision le frappa.
Un être, les yeux calmes, brillants, marchait seul sur un champ de bataille.
Un sabre violet à la main.
Les droïdes tombaient autour de lui… mais aussi les clones.
Sa présence n’inspirait ni peur, ni colère.
Seulement… l’équilibre.
Palpatine rouvrit les yeux, fulminant.
-Une… aberration.
Il se tourna, activa un communicateur crypté.
-Lord Tyranus. Quelqu’un s’est éveillé dans la Force. Ce n’est pas un Jedi. Ce n’est pas un Sith. C’est autre chose. Trouvez-le. Avant que les Jedi ne le fassent.
-Oui, mon maître, répondit la voix grave de Dooku. Et si… cette personne refuse de choisir un camp ?
Le regard de Palpatine se durcit, sa voix devint tranchante comme une lame.
-Alors elle n’aura aucune place dans le nouvel ordre que nous forgeons.
Il allait tout faire pour que cette aberration ne croise jamais le chemin de l’Élu.
Quelque part dans l’hyperespace – Vaisseau Venator.
Anakin Skywalker échangeait avec Obi-Wan quand il s’interrompit soudainement.
-Maître…
-Oui, Anakin. Je l’ai senti aussi. Tous ceux qui sont sensibles à la Force l’ont senti. Et pourtant, ce n’était pas… puissant.
-Qui peut maîtriser les deux côtés… sans sombrer dans l’Obscur ?
Obi-Wan ne répondit pas tout de suite.
Puis, doucement :
-C’est peut-être cette voie que tu devrais suivre.
Anakin resta silencieux. Bouleversé.
Coruscant – Appartement privé de Padmé Amidala.
Depuis qu’elle avait appris sa grossesse, Padmé ressentait un poids diffus, une inquiétude sourde pour l’avenir de la galaxie.
Mais ce soir-là, inexplicablement… elle se sentit apaisée.
Comme si une source d’espoir venait de naître quelque part.
Mandalore.
Ahsoka Tano sentit la vibration comme les autres. Un souffle dans la Force.
Elle se redressa, ferma les yeux, et murmura :
-Doremi.
Elle n’avait aucun doute.
Elle l’aurait reconnue même dans les ténèbres les plus profondes, se qui n’était pas le cas, ici.
Et elle sourit, sachant à quel point elle avait de la chance de l’avoir connue.
Dagobah – Aube.
Doremi s’arrêta devant Mace Windu. Le marais se taisait.
-Je vais retrouver Ahsoka, dit-elle calmement.
-Pourquoi ? demanda-t-il.
Elle leva les yeux, sans trembler.
-Parce que je l’aime. Et c’est grâce à elle que j’ai compris ce que les Jedi ont oublié.
Windu haussa un sourcil, intrigué.
-Et qu’ont-ils oublié ?
-Que l’amour, sans attachement, est vain. Il ne faut pas avoir peur de perdre ceux qu’on aime. Il faut s’y préparer. C’est ainsi qu’on maîtrise le Côté Obscur… sans s’y abandonner.
Un long silence suivit.
Même un maître aussi aguerri que Windu n’avait rien à rétorquer.
-Je vais t’emmener sur Tatooine. Là-bas, tu seras livrée à toi-même, l’ordre ne pourra pas t’aider dans t’a quête.
Elle sourit.
-Je ne demande pas mieux.