Équilibre

Chapitre 2 : Entraînement

1125 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour il y a environ 2 mois


Le vaisseau de transport s’éleva dans un grondement sourd, quittant l’atmosphère brûlante de la Terre.

Doremi, assise sur une banquette froide, ne comprenait pas tout ce qui venait de se passer. Ses yeux fixaient le hublot, regardant les nuages disparaître, puis la planète entière devenir un globe bleuté, lointain, silencieux.


Encore vêtue de son pyjama, elle regardait sa planète s’éloigner. Elle n’avait plus de larmes. Plus rien, sinon un vide. Immense.


Le Comte Dooku ne disait mot. Il l’observait du coin de l’œil, les mains croisées sur ses genoux.

Il n’y avait en lui ni chaleur, ni dureté. Juste une présence. Stable. Froide. Inquiétante.

La voix métallique du droïde traducteur, à sa droite, n’arrangeait rien à cette froideur.


— Tu ressens la peur, dit-il enfin. C’est naturel. La peur est une compagne fidèle… mais elle ne doit jamais te diriger.


Doremi baissa la tête.


— Tu n’as pas dit non, petite. C’est déjà une force. Tu as choisi de vivre. Tu as refusé de rester là, à attendre que l’univers t’écrase.


Elle n’était pas certaine de ce qu’elle avait choisi. Survivre, peut-être. Mais à quel prix ?


— Où va-t-on ? demanda-t-elle d’une voix tremblante.


Dooku tourna les yeux vers elle. Une ombre passa dans son regard.


— Là où commence ton apprentissage. Sur Serenno. Ma planète natale.

Tu y apprendras à parler le galactique standard et tu recevras de nouveaux vêtements. Ceux-là me semblent peu appropriés.


Il se leva. Sa cape flotta un instant derrière lui, telle les ailes sombres d’un corbeau.


— Tu ne seras pas mon esclave. Ni une prisonnière. Tu auras le choix. Tu pourras apprendre. Et si, un jour, tu choisis un autre chemin… je te laisserai partir.


Il marqua un silence. Puis ajouta, plus grave :


— Mais si tu restes, tu devras devenir forte. Assez forte pour survivre dans une galaxie qui ne te fera aucun cadeau.



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Le voyage dura deux jours.

Deux jours pendant lesquels Doremi reçut de nouveaux vêtements, simples mais solides, et apprit les bases du galactique standard.


Sa tenue était une tunique taillée dans une toile épaisse, rude contre la peau, d’un gris charbonneux, sans aucun ornement, comme pour effacer toute vanité.

Par-dessus, une ceinture de cuir grossier maintenant la tunique serrée au niveau de la taille, pour libérer ses mouvements de combat.

Un pantalon sombre, souple mais résistant, lui permettait de courir, de tomber et de se relever sans gêne.

À ses pieds, des bottes lourdes, renforcées de plaques usées, frappaient le sol à chaque pas comme un rappel du poids du chemin qui l’attendait encore.


La seule protection supplémentaire était un manteau court à capuche, élimé aux bords, conçu pour dissimuler son visage.

Les matières portaient l’odeur âcre du cuir mal tanné et de la sueur : rien n’était fait pour le confort, mais pour la lutte constante.

Doremi n’aimait pas cette odeur.


Chaque pli, chaque éraflure de ses vêtements serait un rappel : la douleur forge. L’ascension détruit ce qui est faible.


Doremi ne serait plus jamais la petite fille qui, quatre jours plus tôt, était montée dans une voiture avec ses parents et sa petite sœur pour visiter Tokyo.

Sa maison n’était plus une petite maison japonaise ; c’était maintenant le palais de Serenno qui l’attendait, dressé au sommet des falaises, tout de pierre grise et de tours acérées.


Doremi ressentit de la peur en le voyant.


Elle y fut conduite sans bruit, sans cérémonie, sous le regard froid et mécanique des droïdes de combat qui gardaient les lieux.

Une chambre austère l’attendait.

Une salle d’entraînement vide.

Une bibliothèque immense, remplie de savoirs anciens… et interdits.


Les jours passèrent. Puis les semaines. Peut-être même les mois.

Doremi avait perdu la notion du temps, rongée par la peur constante qu’elle ressentait.


Elle apprit à se concentrer. À méditer.

À mieux comprendre le galactique standard.

À ressentir la Force comme une pulsation autour d’elle.

À reconnaître les espèces étranges de la galaxie.


Dooku ne la pressait jamais.

Il guidait. Observait. Corrigeait parfois d’un simple mot, d’un regard tranchant.

Tout était calculé pour la mettre en colère, pour éveiller quelque chose en elle.


Mais chaque nuit, Doremi rêvait.


D’étoiles qui tombaient.

D’un monde de couleurs devenu gris.

De sa mère, criant son nom dans un vent sans fin.

Et d’un sabre de lumière rouge — rouge comme ses cheveux, rouge comme le sang.


Parfois, elle rêvait d’un homme.


Il surgissait de la lumière pâle, tel une flamme vacillante entre l’ombre et l’éclat.

Son visage était ciselé, sculpté dans une matière plus vivante que la chair, marqué par une jeunesse dure et tourmentée.

Ses cheveux, sombres comme la terre brûlée, tombaient en mèches indisciplinées sur son front.

Ses yeux — d’un bleu presque irréel — semblaient déborder d’une mer intérieure, où se mêlaient grandeur et perte.


Sa silhouette élancée, enveloppée de cuir et de tissu sombre, portait à la fois la noblesse d’un chevalier et la lourde menace d’un destin brisé.

Il avançait sans bruit. L’air lui-même semblait frissonner à son passage, comme si même les étoiles retenaient leur souffle.


Et parfois, Doremi rêvait aussi d’une Togruta.


Elle surgissait du voile des songes comme une étoile filante, vive et insaisissable.

Sa peau orange semblait luire doucement sous une lumière invisible, pareille à une aurore lointaine.

Ses montrals et lekkus, aux rayures pures de bleu et de blanc, ondulaient comme des rubans dans un vent spectral.


Ses yeux, vastes et d’un éclat profond, portaient la sagesse de mille batailles et l’innocence jamais éteinte de l’espoir.

Fine et rapide comme une pensée, elle dansait dans l’espace du rêve, deux lames brillantes tournoyant autour d’elle, éclairant l’obscurité sans jamais s’y perdre.


À leurs côtés, le futur et le passé semblaient trembler, suspendus à leur souffle.


Et chaque fois que l’homme apparaissait, une respiration mécanique et terrifiante s’élevait,

une respiration qui la réveillait en sursaut, le cœur battant à tout rompre.


Mais lorsque la Togruta apparaissait, Doremi se sentait en sécurité.

Un sentiment doux naissait alors en elle, un sentiment qui faisait oublier la peur et la colère qu’elle ressentait…

Ce sentiment, elle le comprenait maintenant : c’était de l’amour.

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