A Star Wars Story - L'Appel de la Force

Chapitre 5 : Veili

1534 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/06/2024 10:12

       Ses yeux gris aux reflets verts n’étaient plus troublés par l’alcool. Sous les filets de lumière jaunâtre que filtraient les grilles d’aération, ils étaient même d’un acier tranchant. Des cheveux longs, ternes, rêches de saleté, couvraient ses mandibules carrées envahies d’une hirsute barbe cuivre et argent. Son nez busqué, aux narines retroussées et dont la bosse révélait une cassure passée, était rougeâtre -tout comme ses joues, stigmate des méfaits de l’alcool. Une cicatrice barrait une de ses pommettes rondes et saillantes, une autre en forme d’éclat marquait son front haut. Malgré un dos voûté, couvert de guenilles, émanait de lui une aura de force profonde, implacable.

           Le Falleen s’était immédiatement renfrogné. Il se redressa de toute sa stature et toisa le technicien avec mépris. Sa voix était débarrassée de la moindre intonation séductrice. Le charme était passé, avait laissé place à sa nature fourbe et belliqueuse :

           « Fais silence, limace. Tu ne sais pas à qui tu t’adresses.

           - Ouais. T’es bien Ziton Moj, pas vrai ? Oui ? Alors je sais que ta place dans le Soleil Noir n’est plus c’qu’elle était, que Xizor n’a pas oublié ta trahison et que ta mère est une sacrée putain. »

           Ce ne fut alors plus du mépris mais une colère profonde qui anima le visage du dénommé Ziton Moj. Les autres Falleen se jetèrent des regards en coin. Le technicien avait prononcé cette phrase d’un ton faussement débonnaire, provocateur en vérité. Et l’évocation du prince du Soleil Noir, Xizor, semblait avoir plus ébranlé Ziton que les insultes. Le dénommé Veili avait pendant ce temps rejoint le groupe, pour se placer à côté de Jan. Celle-ci le dévisagea, l’air interdit, son cerveau fonctionnant à nouveau en pleine capacité. Elle ne pouvait croire à un nouveau hasard, ses soupçons s’éveillaient plus que jamais. Lui ? L’homme qui s’était malencontreusement écrasé, ivre, sur leur table au bar, travaillait exactement aujourd’hui dans le hangar de son vaisseau ? Impossible. Son entraînement ne lui permettait pas autre chose qu’une méfiance instantanée. La jeune espionne réfléchissait. Il ne leur restait probablement que quelques minutes avant que les Impériaux n’investissent l’endroit. Leur fuite deviendrait alors quasi impossible. Et si son intuition avait vu juste, si ce Veili était un agent de l’Empire, il les avait sans doute démasqués et ferait tout pour gagner du temps. Les stormtroopers se chargeraient de les arrêter, sans qu’il n’ait officiellement trahi sa couverture.

           Alors qu’elle se demandait si la seule solution n’était pas simplement d’oblitérer tout ce petit monde, Ziton Moj, le Falleen, s’approcha jusqu’à se retrouver à quelques centimètres seulement du ‘technicien de surface’, et abaissa son visage en le regardant d’un air menaçant.

           « Tu parles de choses que tu ne comprends pas. Tu n’es que de la chair à bantha.

           - Ouais, ouais, c’est un sujet sensible, répondit Veili avec une moue désintéressée. Règle ça avec un droïde psychiatre et fous la paix à ces voyageurs, z’en n’ont rien à carrer de tes histoires. »

           Ziton Moj était sur le point de lancer une réplique mordante, mais un rugissement résonna dans le hangar : Lashishuk avait terminé ses préparatifs et venait à la rencontre du groupe en courant. L’apparition du wookie propagea comme une décharge électrique parmi les Falleens. Ceux-ci portèrent tous la main à leur blaster, sur leur garde. Ziton Moj fit un pas en arrière pour faire face au wookie, qui s’était placé derrière Jan et le dévisageait en montrant ses crocs acérés. Si le Falleen était impressionné, il n’en montra rien et toisa Lashishuk avec tout le mépris dont il était capable.

           « En parlant de vermine. Après un balayeur, un esclave. »

           La créature poilue émit un son qui ne présageait rien de bon, entre le grognement et le feulement. Mais avant que Jan n’ait pu lancer une réplique assassine, Veili avait à nouveau prit la parole :

           « Fais quand même bien gaffe à la manière dont tu t’adresses à lui, Ziton. C’est pour toi qu’je le dis. On plaisante pas avec l’honneur des wookies. »

           Jan fut à nouveau troublée. Le Soleil Noir, l’espèce wookie : cet homme semblait maîtriser de nombreux sujets. Trop, à son goût.

           « Quel honneur ? s’esclaffa Ziton Moj d’un ton pédant. Ils sont tous morts ou réduits en esclavage. Un peuple de bâtards faiblards, voilà ce qu’ils sont ! Maintenant, écartez-vous, nous prenons possession de ce vaisseau, et… »

           Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Dans un rugissement à en percer les tympans, Lashishuk avait écarté Jan avec brusquerie et s’était précipité sur le Falleen. En une fraction de seconde, il avait déjà empoigné Ziton Moj et malgré son physique imposant, l’avait soulevé dans les airs comme s’il s’agissait d’un enfant.

           Cela produisit une réaction en chaîne. Les Falleens dégainèrent leur blaster, pointèrent leur arme soit sur Lashishuk, soit sur Jan, qui avait elle aussi dégainé et les tenait en joue, tandis que Veili s’était précipité entre les protagonistes, les bras levés, dans une posture tâchant d’apaiser la tension. Personne n’ouvrit le feu cependant, les Falleens craignant d’atteindre leur chef, Jan dans la peur que son compagnon soit touché.

           « Du calme, tout le monde, commença lentement Veili de sa voix rauque, on reste calme. Personne n’a besoin de se blesser ou… »

           Il fut interrompu à son tour. La porte du hangar venait de s’ouvrir dans un sifflement, laissant apparaître deux stormtroopers. En découvrant la scène, ils pointèrent leur propre fusil blaster sur l’ensemble du groupe en hurlant des « Les mains en l’air » et des « Posez vos armes » à tout-va. Comme dans une scène parfaitement chorégraphiée, les Falleens et Jan tournèrent leur arme d’un seul mouvement vers les soldats tandis que Lashishuk lâchait sans ménagement Ziton Moj et braquait lui aussi son propre fusil blaster sur les Impériaux.

 

           Mais alors que la fusillade semblait sur le point de débuter, juste avant que les tirs de blaster ne résonnent dans le hangar, que les lasers ne pleuvent sur les protagonistes, Veili s’avança. D’un pas posé, presque léger. Une lueur étrange habitait son regard, telle une étoile éclairant le monde qui l’entourait.

           Tout le monde s’immobilisa, exceptés les stormtroopers qui hurlaient de plus belle à cet homme en guenilles de cesser de s’approcher.

 

           Ce fut comme si le temps s’arrêtait. Comme si un pouvoir divin avait interrompu l’écoulement des choses. Une aura paraissait émaner de Veili. D’un geste fluide, harmonieux, il passa sa main ouverte en direction des soldats, paume vers le sol, comme s’il accompagnait le vol d’un papillon de nuit.

 

           « Nous ne sommes pas une menace. »

           Jan entendit alors les stormtroopers répondre à l’unisson :

           « Vous n’êtes pas une menace. »


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