A Star Wars Story - L'Appel de la Force

Chapitre 6 : Ne cède pas à la peur

1940 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/06/2024 17:38

« Vous allez garder la porte et empêcher quiconque d’entrer. Il y a une fuite de gaz, c’est dangereux.

- Nous allons garder la porte et empêcher quiconque d’entrer. Il y a une fuite de gaz, c’est dangereux. »

 

Les deux stormtroopers s’éloignèrent d’une démarche robotique, qui rappelait celle d’un droïde de protocole. Lorsqu’ils refermèrent la porte derrière eux, montant la garde, un silence pesant écrasa l’atmosphère du hangar. Tous les regards s’étaient tournés vers Veili, qui resta un instant là, immobile, son dos voûté face à l’assistance. Lorsqu’il se retourna avec lenteur, personne ne dit mot. Tous le fixaient, mais la personne qui l’observait le plus intensément était Jan.

La jeune femme n’en revenait pas. Les informations étaient bonnes. Il y avait bien un ancien Jedi caché sur Ord Mantell. Ce n’était pas le combattant de l’arène clandestine. L’homme du bar, le technicien de surface du spatio-port nommé Veili, n’était pas un espion de l’Empire. C’était le chevalier Jedi qu’ils recherchaient.

Jan étudia plus attentivement son visage. Ses traits étaient rudes mais abritaient quelque chose de noble, comme une pierre de jade que l’on aurait oublié de polir. Ses lèvres fines étaient gercées par la déshydratation, des cernes marquaient profondément ses orbites épatées et la couleur de ses yeux ronds oscillait entre le vert et l’acier. Il avait l’aspect de quelqu’un qui avait beaucoup vu, vécu, souffert.

 

Veili ouvrit la bouche, avec l’air de vouloir dire quelque chose, puis se ravisa. Tous savaient ce qu’il venait d’accomplir. Tous savaient désormais qui il était. Jan échangea un bref regard avec Lashishuk. Le wookie était encore sur ses gardes. Leur mission venait peut-être de rencontrer le succès au tout dernier moment, mais s’ils voulaient garder une chance d’échapper à l’Empire, il devenait maintenant nécessaire de se confronter aux Falleens. Le temps pressait. La jeune espionne savait qu’elle et son compagnon d’armes partageaient la même pensée : faudrait-il les faire taire ?

Ziton Moj fut d’ailleurs celui qui brisa le silence, d’un ton mielleux au sifflement reptilien qui le rendait plus perfide encore.

« Tiens, tiens. Merci… Jedi, dit-il en regardant Veili. Voilà un secret qui était bien gardé, mais les choses finissent toujours par se savoir, surtout à Ord Mantell City. Et avec l’Empire ici… si tu ne veux pas que ça s’ébruite, il faudra convaincre tes amis de me laisser leur vaisseau… »

Veili resta silencieux quelques instants, l’air interdit. Puis il réagit en une fraction de seconde et vint se placer face au Falleen, si près que leur nez se touchaient presque.

« Joue pas à ça avec moi, sale petit lézard puant, susurra-t-il entre ses dents serrées. Parce que si tu parles, moi aussi. Tu crois que ça lui plaira, à ton patron, d’avoir des déserteurs ? À ton avis, il te f’ra pendre par les tripes ou par les couilles ? »

Jan ne jurerait de rien, mais il lui semblait bien que Ziton Moj avait blêmi -le vert de sa peau écaillée paraissait plus pâle qu’auparavant. Il recula d’un pas, fixait toujours l’humain d’un regard de feu. Il tourna la tête vers la jeune femme, qui resserra ostensiblement sa prise sur son blaster ; puis vers Lashishuk, qui montra ses crocs dans un grognement guttural.

Le Falleen s’avoua vaincu. Dans un concert de sifflements, que Jan interpréta comme une floppée de jurons, il fit signe à ses compagnons, lesquels le suivirent vers la sortie d’une démarche hargneuse. Juste avant de franchir la porte, Moj se retourna une dernière fois et lança, comme une s’il jetait un mauvais sort :

« Si tu reviens à Ord Mantell, Jedi, je clouerai ta langue à la porte de ce spatio-port. »

Puis ils sortirent, dépassant les Stormtroopers qui gardaient toujours la porte et leur adressèrent un signe de tête.

 

Jan ne savait par où commencer. Tant de questions lui brûlaient les lèvres, mais elle savait aussi que chaque minute passée dans ce hangar les mettait encore plus en danger. Ce fut Veili qui parla le premier. Sa voix cassée s’était adoucie, mais son regard était toujours aussi dur.

« Partez vite. J’sais pas pendant combien de temps il s’ra possible de s’échapper en passant inaperçu.

- Vous devez venir avec nous, répondit instantanément Jan. Nous vous avons cherché pendant des semaines. Nous avons besoin de vous.

- Vous m’avez cherché ?! Veili s’alarmait soudain et regardait les deux compagnons rebelles tour à tour avec frénésie. Comment vous saviez qu’j’étais ici ? J’ai laissé aucune trace ! »

Jan tâcha d’être patiente. Elle avait été bien briefée par son supérieur Aiden Cracken : elle savait qu’après tant d’années de fuite, il était probable que la paranoïa ait rongé le Jedi jusqu’à l’os. Elle opta pour la sincérité, sans trop donner de détails.

« Je ne suis qu’une messagère. Nous faisons partie de l’Alliance Rebelle, son commandement nous a confié cette mission. Si vous êtes vraiment un Jedi, nous avons besoin de votre aide pour combattre l’Empire.

- Mon aide… Elle veut mon aide… répondit le Jedi à voix basse, presque pour lui-même, d’un ton qui virait au sarcasme. Regarde-moi, reprit-il en haussant la voix. Comment tu veux que je vous aide ? Allez, filez d’ici, avant que les Stormtroopers ne se réveillent.

- Mais vous ne pouvez pas rester ici ! Ils savent qui vous êtes ! Et maintenant que l’Empire est arrivé, vous n’avez aucune chance.

- Ah ! s’esclaffa Veili. J’ai échappé à ces chiens d’Inquisiteurs pendant une décennie ! J’ai pas peur de quelques Stormtroopers. J’m’en sortirai. Je m’en suis toujours sorti. »

 

Jan regarda Lashishuk avec anxiété. Le wookie resta silencieux. Ils s’attendaient à une possible résistance du Jedi, peut-être même à de la défiance. Mais cette arrogance était mal venue, alors qu’un croiseur interstellaire impérial flottait au-dessus d’eux. Si les troupes de l’Empire investissaient leur hangar… Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu à se servir de son costume de lieutenant impérial. Elle doutait de faire illusion longtemps dans une telle situation. Et le temps pressait : chaque minute écoulée rendait plus improbable encore leur possibilité d’échapper aux chasseurs TIE et au croiseur qui les commandait.

La Rebelle décida de presser le Jedi.

« Écoutez, je sais que tout cela est loin, mais vous n’avez pas le choix. Il faut que vous nous accompagniez. Vous ne pouvez pas rester les bras croisés devant les horreurs perpétrées par l’Empire.

- J’ai bien réussi à les ignorer jusqu’à aujourd’hui, répliqua Veili avec un haussement d’épaules. Avec la gnôle et les femmes, on peut échapper à pas mal de choses. »

Il avait prononcé cette phrase avec une malice mauvaise, une goguenarde provocation. Jan se raidit. L’évocation des vices dans lesquels cet homme sale et grossier s’était perdu la répugna. Elle le jugeait désormais officiellement en son esprit comme un ex-Jedi. Elle se mit à douter. Le jeu en valait-il vraiment la chandelle ? Mais elle avait des ordres. Mieux valait tenter coûte que coûte de l’emmener avec eux. Elle laisserait ensuite à Cracken la responsabilité d’une quelconque décision. Un regard échangé avec Lashishuk lui apprit qu’ils étaient sur la même longueur d’onde. Jan abandonna alors toute retenue.

« Vous devez l’ignorer, caché pendant si longtemps dans ce trou à rat qui vous sert de maison, mais le peuple souffre, la galaxie agonise. Je vous le dis, au cas où ça ferait quelque chose à l’alcoolique que vous êtes. »

La jeune femme fit mine de se détourner pour regagner son vaisseau, mais en quelques enjambées, Veili s’était approché d’elle, avec une brusquerie telle que Lashishuk s’avança et feula un avertissement. Le visage de l’humain était encore plus rouge qu’auparavant, une colère mauvaise habitait ses yeux injectés de sang. Mais Jan lui fit face, soutint son regard, droite et féroce.

« T’en sais rien de ce que je ressens, la p’tite espionne, cracha Veili entre ses dent. C’que j’ai vécu. Votre combat, c’est le vôtre. J’en serai pas. J’ai vu la République se corrompre jusqu’à l’os, l’égocentrisme, la vanité des politiques, l’arrogance des Jedi. Vous voulez abattre l’Empire ? Que les étoiles vous gardent ! Mais pour faire quoi à la place ? Rev’nir à c’qu’il y avait avant ? Sans moi. Maintenant tirez-vous de là avant que les durs du casque rappliquent. »

Veili se détourna alors et fit quelques pas vers le fond du hangar.

« Alors pourquoi nous avoir aidés ?! »

La phrase avait claqué tel un fouet. La voix de Jan était décidée. Le Jedi déchu se stoppa, mais ne répondit pas.

« Pourquoi vous êtes-vous aplati précisément sur notre table, au bar ? Comment se fait-il que vous travailliez dans le hangar où est posé notre vaisseau ? Vous pensez vraiment que c’est dû au hasard ? »

Veili resta silencieux ; Jan sentit qu’elle avait touché une corde sensible. Elle s’enhardit.

« Depuis combien de temps vous étiez-vous coupé de la Force ? J’imagine des années. Si vous avez ressenti cette connexion aujourd’hui, si vous vous y êtes ouvert, ça ne peut pas être une coïncidence. Il y a quelque chose de plus grand que vous, que nous en jeu ici. C’est votre Destin qui vous appelle, vous devez en faire partie ! Vous ne le ressentez pas ? »

Lashishuk lança un sonore feulement d’assentiment. Mais Veili resta de dos aux deux agents rebelles. Un silence s’installa. Puis, sans se retourner, tournant simplement la tête de côté pour que le son de sa voix leur parvienne, l’homme brisé répondit d’un ton plein d’une douceur douloureuse :

« C’est derrière moi tout ça. »

 

Alors que Veili s’éloignait des deux Rebelles, le cœur lourd, pour gagner la bouche d’aération par laquelle il les avait vus entrer, quelque chose s’ouvrit soudain dans son esprit.

Un flux le traversa, un flux tel qu’il n’en avait plus senti depuis près de vingt ans. Et une voix résonna, comme si elle émanait du sommet d’une montagne, du plus profond des lacs, de la cime d’une forêt millénaire. Une voix qu’il n’avait plus entendue depuis sa jeunesse au sein de l’Ordre, une voix dont il pensait qu’elle ne s’élèverait jamais plus.

C’était la voix de Qui-Gon Jin. Et elle lui parlait.

 

« Ne cède pas à la peur. Fais-lui face. »

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