A Star Wars Story - L'Appel de la Force

Chapitre 4 : Le Spatio-port

2244 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 04/09/2022 19:57

       Le spatio-port était sens dessus dessous. Jan étouffa un juron. Le hall grouillait déjà de soldats impériaux. Leur armure d’un blanc rendu brillant par les heures passées à l’astiquer contrastait avec la crasse qui suintait de tous les recoins du bâtiment. Les militaires se pressaient vers chaque guichet, chaque porte d’embarquement pour les verrouiller. Leur célèbre brutalité ne manquait pas de se manifester. Souvent gratuite, toujours implacable. Des groupes de créatures, bipèdes ou autres, couraient dans tous les sens pour monter dans un des derniers vaisseaux disponibles et tenter d’échapper à la poigne de fer de l’Empire. Ord Mantell City était la cité des contrebandiers et des chasseurs de prime. Beaucoup semblaient avoir quelque chose à se reprocher. Même si peu risquaient autant que des membres de l’Alliance Rebelle.

            Impossible de traverser le hall pour gagner leur hangar. Mais en espionne aguerrie, Jan avait étudié dès leur arrivée la configuration cadastrale du spatio-port. Toujours se prévoir une porte de sortie ; toujours anticiper le plus de situations possibles. Il y avait un autre accès. Elle fit signe à son compagnon wookie de la suivre. Essayant de prendre l’air le plus nonchalant possible, ils longèrent le bâtiment principal vers son flanc gauche. Il fallait malgré tout ne pas réduire leur allure : sans même considérer leur appartenance à la Rébellion, le simple fait de voir un wookie en liberté était une sirène d’alerte pour les Impériaux. Le sort réservé aux semblables de Lashishuk était bien connu à travers la Galaxie. Il n’était envié par personne.

            Ils gagnèrent enfin la ruelle que Jan cherchait, plus étroite, presque un goulot en réalité, coincée entre la façade Est du spatio-port et de courts immeubles en décrépitude, dont on se demandait comment quiconque pouvait y vivre. Il régnait dans l’allée un calme brusque, inattendu, loin des cris de panique et des scènes de violence qui se déroulaient déjà à l’initiative des cruels sergents stormtroopers. Les deux Rebelles s’y engouffrèrent. Ils progressèrent quelques minutes durant. La ruelle empestait les excréments ; des fumées jaunâtres s’échappaient des bouches d’égouts, leurs particules toxiques attaquaient leurs bronches au point de faire larmoyer Jan. La quiétude de l’allée contrastait avec la panique qui s’était emparée de toute la cité des vices.

Soudain, le cœur de la jeune espionne manqua un battement. Elle fit un signe au wookie, le poing serré dirigé vers le ciel. Ils s’arrêtèrent et s’accroupirent. Au bout de la ruelle, 200 mètres plus loin, un régiment de soldats apparût, lancé au petit trot. Affaissés dans l’ombre, les deux compagnons rebelles restèrent hors de leur vue. Le cœur de Jan battait à tout rompre, mais elle se força à maintenir immobiles ses muscles crispés par la tension. Si le moindre stormtrooper les repérait, la situation deviendrait… passablement compliquée.


Les Impériaux passèrent sans les voir. Jan laissa échapper un soupir. Soulagée, elle se retourna vers Lashishuk, qui lui fit un signe de tête. Il fallait aller vite. Ils reprirent leur chemin sur quelques enjambées supplémentaires. Elle leva alors les yeux et repéra ce qu’elle cherchait : à deux mètres cinquante du sol, une grille d’aération, large de deux écarts d’épaules. Rouillée par le temps et l’humidité nauséabonde. Une grille facile à faire sauter. Sans rien d’autre qu’un regard vers son ami velu, elle monta sur les épaules de Lashishuk qui s’était baissé pour l’accueillir. Puis, le wookie se releva et la plaça à hauteur des écrous maintenant la grille. Jan tira prestement de sa sacoche un laser à rayon continu.

            En quelques minutes, elle délogea la grille d’aération de son socle, sans bruit, et ils se hissèrent à l’intérieur de leur hangar. Ils se faufilèrent entre les caisses de matériel spatial, toujours courbés en deux pour passer inaperçus. À leur soulagement, tout était calme. N’était présent qu’un technicien de surface, affairé à nettoyer un atelier de bricolage à l’autre bout du hangar. Et, au milieu de l’espace circulaire, trônait leur vaisseau : le Sparrowhawk.


De construction corellienne, long d’une vingtaine de mètres et large d’une douzaine, sa voilure était assurée par deux ailes convexes profilées vers l’avant, par-devers le cockpit, la proue et le bord d’attaque devançant d’environ sept mètres l’habitacle et donnant ainsi à l’appareil une forme en V. Quatre canons blaster armaient cette même proue et l’on apercevait, sous le fuselage gris argent, une tourelle laser bitube lourde. Le cockpit aux fenêtres circulaires caractéristiques offrait une vision à 180° aux pilotes. Un puissant bimoteur alimentait deux réacteurs, à l’arrière de la soute. L’ensemble dégageait une sensation de vitesse et d’agilité, de même qu’il laissait deviner une puissante riposte de tir.

            Jan s’assura que l’homme de ménage était bien absorbé par sa tâche : il leur tournait le dos et ne semblait pas les avoir entendus. Alors ils coururent subitement vers la passerelle d’accès du Sparrowhawk. Celle-ci s’ouvrit avec un bruit strident et la fumée de sa soupape se dépressurisant. Leur astro-droïde, un modèle R3-S8 à la tourelle transparente et aux peintures bleu ciel et blanche vint à leur rencontre dans une frénésie de bips sonores. « Je sais qu’il y a des Impériaux en orbite, R3 ! lui lança Jan à la volée. Prépare le vaisseau, on n’a que quelques minutes ! » Lashishuk était déjà en train de s’affairer dans le cockpit. La jeune femme redescendit en sprint pour actionner le levier d’ouverture du sas de décollage de leur hangar. Il ne leur faudrait qu’une dizaine de minute pour régler les commandes et faire suffisamment chauffer le moteur pour pouvoir décoller. Les fonctions de base suffiraient au moins pour s’éloigner d’Ord Mantell City.

Jan s’arrêta alors, brusquement. Un groupe de Falleens venait de pénétrer dans l’enceinte où stationnait le Sparrowhawk, et lui barrait la route du panneau de commandes.


            Elle se mit à réfléchir à toute vitesse. Elle qui planifiait tout, avec toujours deux coups d’avance, n’avait que quelques secondes pour tenter d’évaluer correctement cette situation. Elle détestait cela. Difficile pourtant d’anticiper une invasion surprise de l’Empire ; mais l’exigence qu’elle s’imposait l’amenait à penser qu’elle aurait dû. Tout cela la rendait nerveuse, irritée. Elle dût fournir un effort supplémentaire pour rester maîtresse de son esprit. Surtout face à de telles créatures.

Les Falleens comptaient parmi les plus redoutables manipulateurs de la Galaxie. L’espèce elle-même, dans son évolution au cours des millénaires, avait développé des défenses physiologiques leur permettant de contrôler l’esprit d’autrui. Grâce à ses années passées au sein de l’Empire, Jan avait appris ce que peu savaient au sein de ce système solaire : ces créatures à la peau verte, aux cheveux noirs poussant uniquement à l’arrière du crâne et attachés, selon leur tradition, en queue de cheval, possédaient une glande émettrice d’une hormone dont l’inhalation par la plupart des espèces humanoïdes créait un sentiment de confusion et de désir sexuel. Les Falleens étaient donc particulièrement redoutables. Sans compter qu’ils étaient à la tête d’une des plus vastes organisations criminelles de la Galaxie : le Soleil Noir. Jan se sentait prise en étau entre l’Empire et ces créatures. Son sentiment était clair, limpide : ce groupe de six Falleens n’était pas ici par hasard. Il allait falloir la jouer finement.

« Vous cherchez quelque chose messieurs ? »

            Un des Falleens s’avança. Sa taille, proche du mètre quatre-ving-dix, et ses bras puissants lui assuraient une stature dominante. Vêtu bien plus noblement que ses comparses, il semblait clairement être leur leader. Sa mâchoire carrée aux muscles saillants étira ses lèvres fines en un sourire mielleux qui procura à Jan un désagréable frisson. Des dents très blanches aux canines pointues se découvrirent tandis que ses yeux couleur fauve se plissèrent légèrement. 

            « Vous semblez pressée, jeune demoiselle. On se demanderait presque ce qui pourrait causer un départ si… précipité. » La phrase, prononcée avec un ton doucereux au possible, avait tout d’un poison lent. Jan tenta de contrôler chaque muscle de son visage pour ne rien laisser paraître. Cette créature avait manifestement l’intention de compromettre leur fuite. Il fallait s’en débarrasser, vite et sans violence.

            « On peut aussi se demander pourquoi vous entrez dans ce hangar à l’instant même où des Stormtroopers prennent le contrôle du spatio-port, répondit-elle avec un soupçon de provocation. Ou alors ne les avez-vous peut-être pas remarqués ?

            - La présence des Impériaux n’est pas passée inaperçue, répliqua le Falleen, le regard soudain animé d’une lueur flamboyante. Mais j’imagine que cela n’a rien à voir non plus avec ces préparatifs à la hâte autour de votre vaisseau…

            - Puis-je savoir en quoi cela vous concerne ? » Le ton de Jan s’était fait plus autoritaire, sans basculer dans le mordant. Elle ne désirait pas perdre une minute de plus avec ces Falleens, mais ne voulait pas non plus se montrer agressive.

Le visage de la créature, lézardé de lignes tribales vert bouteille, se fendit d’un nouveau sourire qui laissa juste échapper une unique canine, aussi longue qu’immaculée. Jan se sentit soudain vacillante. Son rythme cardiaque s’accéléra, le rouge lui monta aux joues. Une sensation de chaleur l’inonda, du bassin jusqu’à la poitrine. Elle tenta de maintenir sa posture aussi raide que possible, mais ses pensées se brouillaient. Dans un éclair de lucidité, la jeune espionne parvint tout de même à réaliser que le Falleen était en train de sécréter ses phéromones séducteurs. C’était la première fois qu’elle était confrontée à cette situation. Elle se savait en danger, pourtant, à mesure que les secondes passaient, elle avait de moins en moins envie de contrarier ce personnage dont les traits, se dit-elle alors, étaient bien plus gracieux qu’elle ne l’avait d’abord cru. Son visage était même… beau, et elle prit conscience que les contours des puissants muscles animaient le tissu soyeux de sa chemise violette. La sensation de chaleur s’accentua. Bien plus encore lorsque le Falleen reprit la parole, d’une voix qui résonna d’intonations de miel aux oreilles sensibles de Jan.

            « Peut-être, reprit-il avec lenteur, nous laisseriez-vous profiter exclusivement des bénéfices qu’offre votre vaisseau ? Cela comblerait… nos moindres désirs. »

            Sa voix langoureuse fit tourner la tête de la jeune femme. Des images s’immiscèrent dans son esprit devenu fiévreux. Lui venaient des visions de son corps dénudé pressé contre le torse bombé du Falleen, de leur sueur entremêlée, de ses griffes d’émeraude traçant des saillies au creux de ses reins… Elle ne parvenait plus à réfléchir, seule l’idée de répondre aux besoins de cet éphèbe la submergeait.

            « Eh Ziton Moj, arrête ton charme avec les voyageurs spatiaux ! »


            Une voix rocailleuse s’était élevée dans le dos de Jan. Elle fit volte-face et sa stupéfaction lui imposa un brutal retour sur terre. À sa plus grande surprise, elle avait reconnu le visage de l’homme qui venait de s’exprimer de la sorte. Il s’agissait du technicien de surface du hangar. L’homme du bar. Veili.

Laisser un commentaire ?