Les liaisons épistellaires
Bonjour à tou(te)s ! Cette histoire est la suite quasiment directe de "Boulette diplomatique". Je voulais écrire une fic épistolaire pour sortir de ma zone de confort, et comme j'ai la moitié des chapitres, je commence à poster. Il s'agit d'un 5 + 1 qu'on pourrait résumer de la façon suivante : 5 fois où Kirk a cherché à sortir Spock de sa coquille vulcaine, et une fois où il n'a pas eu besoin de le faire. Comme si souvent, le titre n'est pas de moi mais de mon copain. J'ai eu envie (une fois n'est pas coutume, car je ne l'ai pas toujours apprécié à sa juste valeur) de montrer Kirk sous son meilleur jour : un capitaine doué, tolérant, curieux de tout, profondément humain (dans le bon sens du terme). J'espère avoir réussi. (Bien évidemment, d'un autre côté, cette fic est aussi un moyen de montrer à quel point Spock est exceptionnel. Que voulez-vous, on ne se refait pas.) Pas de H/C par ici, étonnamment, sauf peut-être un peu au dernier chapitre.
1.Premier contact
Mon cher Bones,
Profitant du fait que le Constellation et l'Enterprise [1] se trouvent encore à peu près dans le même secteur de la galaxie, je vous écris moins de vingt-quatre heures après avoir envoyé mon dernier message par hyper-ondes : vous pouvez considérer cette lettre comme le long post-scriptum de la précédente. En effet, vous m'avez demandé de vous tenir informé de l'avancée de mes progrès avec mon premier officier, et hier, lorsque je vous ai écrit, je n'avais rien à vous raconter à ce sujet. Cependant, une occasion s'est présentée aujourd'hui et je l'ai saisie, ce qui explique que je reprenne métaphoriquement la plume après si peu de temps, en espérant ne pas trop vous ennuyer avec mes états d'âme et déboires personnels.
Il faut avant tout que vous sachiez que le responsable du protocole a autorisé au petit groupe de scientifiques de la colonie E76 dont je vous ai parlé hier l'accès à la salle de réunion où je rejoins Spock quotidiennement et informellement pour faire le point sur la journée écoulée. Comme je vous l'ai expliqué, nos missions ont gagné en intérêt et en complexité ces derniers temps, et j'ai eu beaucoup de choses à gérer. J'avais donc complètement oublié que ces scientifiques avaient investi la salle en question. Voyant que j'interrompais leurs travaux, je me suis excusé et retiré aussi discrètement que possible (car figurez-vous que je peux parfois me montrer discret !). Spock se tenait debout derrière moi, les mains dans le dos, attendant visiblement mes ordres. Alors que j'ouvrais la bouche pour lui demander de me suivre dans la salle de réunion principale, beaucoup plus grande et partant encore moins confortable pour l'usage que nous en avons, je me suis entendu proposer à mon premier officier de tenir notre débrief quotidien dans ma cabine, devant une tasse de thé.
Je vous assure que ce n'est pas ce que je voulais dire et que les mots sont sortis tout seuls de ma bouche. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête à ce moment-là, réminiscence subliminale de notre conversation, la fatigue, le fait que je déteste la salle de réunion n°1, que sais-je encore, mais j'ai lâché cette phrase et je me demande, qui de Spock ou de moi, en a été le plus surpris. Bien évidemment, rien n'a transparu sur son visage, qui était tout aussi dépourvu d'expression qu'à l'ordinaire (je pense que ce type vous ferait devenir chèvre très rapidement si jamais vous étiez amené à travailler avec lui). Pour ce que j'en sais, il se réjouissait car il partage mon avis sur la salle de réunion n°1, il s'inquiétait à l'idée que je veuille l'attirer dans mes quartiers, ou bien il se livrait à des calculs internes sans aucun rapport avec notre conversation, mais je n'ai pu m'empêcher de remarquer qu'il a mis une ou deux secondes à réagir, unique indice qui me permette de penser qu'il a été vaguement étonné par ma proposition. Il s'est contenté, après cet instant de latence, d'acquiescer d'un très neutre « Comme il vous plaira, capitaine ».
Vous allez rire, Bones, mais je me sentais aussi intimidé qu'un adolescent à son premier rendez-vous, ce qui, je le sais bien, est complètement stupide. D'abord parce que Spock serait probablement la dernière personne qu'il me viendrait à l'idée de séduire. Ensuite parce que je suis son supérieur hiérarchique et qu'il me semble quelque peu embarrassant d'être intimidé par mon second, aussi brillant soit-il. Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de m'interroger avec une pointe d'angoisse sur l'état dans lequel j'avais laissé ma cabine ce matin, la manière dont je devais me comporter avec lui, les sujets que je pourrais bien aborder pour essayer de briser la glace. Depuis notre mission sur Bakiyn auprès des Hajiantaï [2], je ne savais pas comment me comporter avec Spock, et c'est pour cette raison que je ne vous avais pas parlé de lui. Tout ce qui s'est passé avec Gary, l'injustice flagrante dont je n'avais pas réussi à me rendre compte… je me sentais honteux, presque coupable, et c'est probablement la raison pour laquelle, malgré les conseils que vous m'aviez prodigués sur la base stellaire n°6, je n'avais rien fait pour essayer de me rapprocher de lui.
Je payerais vraiment très cher pour savoir ce qui se passait dans la tête de Spock pendant que je le faisais entrer dans mes quartiers. Que pensait-il à cet instant précis ? A-t-il été surpris par les livres papier que j'ai entassés dans un coin de ma cabine ? A-t-il cherché à en lire les titres ? Ou bien n'éprouvait-il pas la moindre curiosité à mon égard ? Quoi qu'il en soit, nous avons sans tarder commencé notre réunion de la même façon qu'à l'ordinaire : Spock a sorti son PADD et m'a débité de sa voix monotone les divers problèmes rencontrés dans chaque équipe tout au long de la journée. Nous en avons réglé un certain nombre avant que je ne m'enhardisse assez pour lui proposer un thé. (Si je n'ai pas cherché à l'aborder durant ces dernières semaines, je dois vous avouer que je l'ai un peu espionné. Dit comme ça, j'ai bien conscience que ça fait un peu psychopathe, mais je voulais juste essayer de mieux le cerner, comme vous me l'aviez conseillé. J'ai découvert qu'il ne boit jamais de café, mais prend très souvent du thé ou des infusions.) [3] Il a choisi presque instantanément une tisane aux épices véganiennes et notre réunion a continué, plus rébarbative que jamais.
Pendant l'heure et demie qu'a duré notre débrief, je cherchais désespérément une façon de donner à notre conversation un tour plus personnel. En vain. Passer du planning de la rotation des équipes de sécurité à la mention d'un quelconque loisir aurait sonné faux et peu naturel. A ma décharge, en bon Vulcain, mon premier officier ne faisait absolument rien pour me faciliter la tâche. J'ai repensé à ce que vous m'aviez dit la dernière fois au sujet de la séduction – vous savez, que je m'efforçais de « charmer » tout le monde autour de moi. Je dois vous avouer que cela m'a perturbé, et que j'y ai beaucoup repensé depuis, pour en arriver à la conclusion que vous n'avez pas tort. Cependant, il me semble que je ne suis dans cette logique de « séduction » que lorsque mon interlocuteur, je ne vais pas dire « ne demande qu'à être séduit », ma présomption ne va pas jusque-là, mais m'offre un contexte favorable. Entendez par là qu'il engage une conversation plus ou moins personnelle, qu'il ne me condamne pas à écouter l'énumération fastidieuse des quarante mille défaillances techniques qui peuvent survenir en une seule journée sur un vaisseau de la taille de l'Enterprise (pour votre gouverne et culture personnelle, cela peut aller de la machine à café en panne à l'enrayement d'un moteur d'impulsion), et, surtout, qu'il ne se borne pas à me fixer sans exprimer le moindre intérêt ou le moindre encouragement et en s'abstenant de me tendre la moindre perche.
Quand je dis que Spock n'a rien fait pour me faciliter la tâche, nous sommes dans l'euphémisme jusqu'au cou. Imaginez-vous un Vulcain d'un mètre quatre-vingt-cinq, l'uniforme impeccablement tiré à quatre épingles, assis sur le bord de sa chaise dans une posture militaire parfaitement réglementaire, les yeux vissés sur son PADD, comme si le cadre n'avait pas changé, comme si nous étions dans cette foutue salle de réunion : comment, dans ces conditions, passer du professionnel absolu à une relation ne serait-ce que vaguement personnelle ? Je me débattais avec les chiffres qu'il m'assénait tout en cherchant frénétiquement un moyen de l'amener à parler d'autre chose que de l'Enterprise.
Temps total de l'opération : une heure et trente-cinq minutes. Résultats probants : zéro.
La réunion s'est donc achevée sans que je sois parvenu à trouver la moindre chose intelligente à dire et je m'étais résigné à mon échec lorsque j'ai remarqué, ou peut-être cru remarquer, ou simplement imaginé, que le regard de mon impassible premier officier s'attardait sur le PADD personnel que j'avais laissé sur mon bureau et sur lequel s'étalait ma lecture du moment, un article d'archéologie portant sur les récentes fouilles effectuées à la surface de Tellar Prime, qui ouvrent de nouvelles pistes passionnantes à propos de l'origine des humanoïdes. Je me suis dit que je tenais là ma seule, unique et dernière chance d'initier un contact personnel avec Spock, et, sans réfléchir davantage, je me suis lancé dans une tirade enflammée sur les analyses des ruines tellarites, tirade qui a bien duré cinq minutes, au terme desquelles mon commandant en second me répond calmement… qu'il a déjà lu l'article dont je viens de lui parler.
L'espace d'un instant, je me suis demandé si on pouvait mourir de honte. Si cela vous intéresse, la réponse est non, car le cas échéant je me serais écroulé aux pieds de Spock à la seconde. Alors que je m'apprêtais à bafouiller des excuses, voilà qu'est survenu un événement totalement inattendu, largement préférable pour moi et nettement plus intéressant pour vous, qui êtes en train de lire mes états d'âme en vous demandant à quel moment je vais arrêter de me comporter comme un gamin: au lieu de me laisser m'enfoncer lamentablement, voilà que Spock me tend une main secourable en m'expliquant qu'un article paru il y a quelques semaines concernant d'autres fouilles dans un secteur totalement différent de la galaxie semble contredire ces récentes découvertes. « Si le sujet vous intéresse, capitaine, conclut-il de son habituel ton neutre, je peux vous envoyer les références de cette parution. » Et moi, comme vous l'imaginez probablement, d'accepter avec gratitude et de poursuivre la conversation par une série de questions qui, je l'espère, étaient pertinentes, me jetant sur cet aride sujet de discussion comme un chien sur un os sans moelle (pardonnez-moi la métaphore pourrie).
Sans vouloir me jeter des fleurs, je parviens tant bien que mal à intéresser suffisamment mon exigeant premier officier pour qu'il demeure dans ma cabine, figé debout au moment de partir, PADD à la main, une dizaine de minutes au terme desquelles, debout de l'autre côté du bureau, je me lance et lui propose un deuxième thé qui n'a pas lieu d'être puisque ce débrief est, Dieu merci, officiellement terminé. Je lis clairement l'hésitation dans les yeux de mon interlocuteur. Il est évident que la prolongation de notre réunion au-delà de ce qui est strictement nécessaire à la bonne marche de l'Enterprise lui pose un problème d'ordre éthique. Sans doute serait-il plus utile ailleurs, à rédiger des rapports que nos supérieurs ne liront probablement jamais, à inspecter je ne sais lequel des laboratoires qu'il supervise et dans lesquels tous les membres de l'équipage travaillent au maximum de leurs capacités.
Alors, je joue le tout pour le tout, la carte de la sincérité.
Je vous vois sourire en lisant ces mots. Souriez, souriez, mais admirez mon raisonnement: Spock, en demi-Vulcain peu enclin à accepter sa moitié humaine, ne comprend – ou feint de ne comprendre, un point qui me demeure encore obscur – que la logique. Les émotions, les sentiments (les siens ou ceux des autres) n'entrent pas en ligne de compte dans ses décisions. Le plaisir qu'il éprouvait peut-être – je dis bien peut-être, mais j'ose espérer qu'il n'est pas resté par simple politesse – à notre conversation ne le détournerait pas de ses devoirs, aussi rébarbatifs soient-ils, mais une idée de génie m'a alors traversé l'esprit : présenter notre conversation comme une action logique, bénéfique et même nécessaire à la bonne marche du vaisseau. [4]
Voyant qu'il haussait un sourcil – ce qui, je l'ai remarqué, équivaut chez lui à une manifestation d'intérêt et / ou de perplexité, et peut-être parfois d'amusement –, je me suis empressé de répondre à sa question muette. Une bonne entente, voire une complicité entre un capitaine et son premier officier ne peut qu'être profitable à l'équipage, qui verra aux commandes une équipe soudée. Une meilleure compréhension entre officiers permettra une communication plus efficace lors de situations de crise. Je crois avoir été d'autant plus éloquent que, vous vous en doutez, j'étais profondément convaincu par tout ce que je disais : l'image du capitaine Garrovick et du commandant Zhang était sans cesse présente à mon esprit. Au terme de ma (relativement) longue tirade, Spock s'est contenté de me répondre « Je n'avais jamais envisagé la sociabilité sous l'angle de l'efficacité, mais votre démonstration se tient, capitaine. » Et le voilà qui se rassoit, accepte le sencha que je m'empresse de lui offrir et se remet à parler de l'article que j'étais en train de lire comme si rien ne s'était passé. Nous avons donc bu notre thé en discutant, je ne dirais pas à bâtons rompus, car je vous avoue que je devais fournir un certain effort de concentration pour comprendre où ce Vulcain au bas mot dix fois plus intelligent et cultivé que moi voulait en venir, mais du moins très librement, pendant encore un bon quart d'heure, après quoi un appel de la passerelle nous a renvoyés vers nos devoirs respectifs.
Qu'en pensez-vous, Bones ? N'hésitez pas à me donner votre avis. Ai-je bien fait ? Je m'en voudrais d'être intrusif et de briser je ne sais quel tabou vulcain. Pensez-vous que je doive poursuivre mes efforts, m'arrêter là, attendre de voir si de son côté mon premier officier va refaire un pas vers moi ? Encore une fois, je me sens comme un adolescent maladroit. Je n'ai pas la moindre idée de ce qui se passe dans la tête de Spock. Je me demande jusqu'à quel point il a apprécié notre conversation, jusqu'à quel point je lui ai paru stupide et lent à comprendre ce qui pour lui doit être évident. Et je vais m'arrêter là, sans quoi je risque de radoter et de tourner en rond. Mais vous aviez demandé des nouvelles de « mon Vulcain », en voilà.
Je pense bien à vous et vous espère en pleine forme sur l'Intrépide. Ne faites pas trop tourner Matt Decker en bourrique, c'est un bon capitaine.
A très bientôt par hyper-ondes,
Amicalement
Jim Kirk
P.S.: Saviez-vous que votre ancienne élève, Christine Chapel, est infirmière à bord de l'Enterprise ? Je lui ai parlé de vous et elle m'a demandé de vos nouvelles.
…
PADD NYOTA UHURA ⁕ - Communication interne privée : Charlène, vous êtes de service ? [5]
PADD CHARLENE MASTERS ▲ - Communication interne privée : Oui, au laboratoire n°3. Je surveille une expérience sans trop d'intérêt mais qui peut mal tourner à tout moment. Par « mal tourner », entendez « exploser ». D'où ma présence. Pourquoi ?
⁕ Je suis au mess des officiers, et il vient de se passer un événement pour le moins inhabituel. Votre Vulcain préféré est venu de lui-même s'installer en face du capitaine pour le déjeuner.
▲ Ça, pour être inhabituel, c'est inhabituel!
⁕ Attendez, ce n'est pas fini : il est en ce moment même en train de parler de vous !
▲ Quoi? Vous avez le temps de me raconter ?
⁕ Je mange le plus lentement que je peux pour essayer de suivre leur conversation tout en faisant semblant d'être profondément absorbée par l'écran de mon PADD. Coup de chance, je suis seule et pas très loin d'eux.
▲ Et vous avez une super-ouïe. Allez-y, mon expérience est très calme pour l'instant.
⁕ Comme je vous le disais, M. Spock est venu s'asseoir en face du capitaine. Vous savez que d'habitude, il prend la première place vacante, de préférence sans vis-à-vis ? Eh bien, plusieurs places correspondaient parfaitement à ses critères habituels, mais il a hésité en entrant lorsqu'il a vu le capitaine assis seul (le lieutenant-commandant avec qui il mangeait a fini bien avant lui et venait juste de quitter le mess). Kirk a levé la tête à ce moment et l'a salué – et c'est tout ce qu'il a fallu à Spock pour s'installer à la même table que lui.
▲ Après cinq mois de navigation interstellaire, M. Spock finit par baisser sa garde ! Incroyable. Mais je ne vois pas très bien ce que je viens faire dans l'histoire.
⁕ J'y viens. Le capitaine entame la conversation en évoquant un article d'archéologie que Spock lui aurait conseillé hier – et là, je me demande si j'hallucine parce que je n'imaginais pas ces deux-là parlant d'autre chose que du vaisseau.
▲ M. Spock s'intéresse à beaucoup de sujets.
⁕ Pas la peine de prendre sa défense, je le sais très bien, mais c'est une chose de le savoir et une autre de le voir vraiment parler d'autre chose que de la panne du moteur B16 ou du transfert de l'enseigne Farrell à la sécurité. Bref, les voilà partis dans une discussion, qui dure encore au moment où je vous parle, au sujet de découvertes archéologiques auxquelles vous auriez participé il y a quelques années.
▲ Quoi? Ah, oui, les Farraqhi ? Mais comment Spock peut-il le savoir ? Je n'étais pas encore sur l'Enterprise à ce moment-là.
⁕ Apparemment, il le sait très bien car il a expliqué au capitaine Kirk que vous serviez sur le vaisseau qui a fait cette découverte et que vous avez même rédigé un article à ce sujet.
▲ Un article, c'est beaucoup dire…
⁕ Il a même ajouté que vous proposiez une étude très intéressante du système numérique des Farraqhi car – je cite – « le lieutenant Masters possède un esprit d'analyse fin et nuancé ».
▲ Spock a dit ça de moi ?!?
⁕ Oui, madame! Attendez, le capitaine change de sujet… Il vient de demander à M. Spock quels sont ses loisirs.
▲ Oups… Réponse de l'intéressé ?
⁕ C'est un peu triste, mais je ne suis pas sûre qu'il comprenne vraiment la question ou plutôt qu'il soit en mesure d'y répondre. Je ne suis pas certaine que le mot « loisirs » existe en Vulcain.
▲ Une spécialiste des langues comme vous ? Allons donc !
⁕ Bon, d'accord, il existe, mais il n'est employé que pour évoquer les loisirs d'autres peuples. Attendez, Kirk vient de lui demander s'il joue aux échecs. J'ai l'impression qu'il s'est donné comme mission personnelle de sortir notre Vulcain de sa coquille. C'en est presque mignon. Oh, et, apparemment, Spock joue, mais – précise-t-il comme si jouer aux échecs tridimensionnels était le pire des péchés – uniquement dans un but d'entretien cérébral (un peu léger, comme ligne de défense, non ?) et uniquement avec l'ordinateur de bord.
▲ En même temps, ça doit être le seul adversaire à sa taille, non ?
⁕ A voir le sourire qui vient d'apparaître sur les lèvres du capitaine, je me hasarderai à dire qu'il a peut-être une chance.
▲ Ou qu'il se surestime.
⁕ Je ne crois pas que ce soit le genre. Depuis cinq mois que je suis sur la passerelle, je crois que j'ai réussi à cerner le caractère de notre capitaine. Il est conscient de sa valeur, certainement, mais il ne se met pas en avant plus qu'il n'est nécessaire.
▲ Vous pensez vraiment que son but est de… comment dire ça? de « dérider » M. Spock ?
⁕ Je ne sais pas. Spock est assez isolé. Scotty a déjà servi avec lui sur l'Enterprise, sous le commandement du capitaine Pike, et il m'a dit qu'ils étaient très efficaces tous les deux, mais… je crois que ses mots exacts ont été « sur la réserve ». Notre capitaine m'a l'air d'avoir un tempérament bien plus liant et amical.
▲ Sauf quand le lieutenant Mitchell lui explique qu'il ne faut pas être liant et amical avec les Vulcains.
⁕ Je sais ce que vous en pensez et je commence à croire que vous avez raison. Peut-être que Kirk essaye de se rattraper, justement ?
▲ En tout cas, si jamais ces deux-là font une partie d'échecs, je veux voir ! Oh-oh, mon expérience commence à bouillir, je dois y aller si je ne veux pas me faire remonter les bretelles…
⁕ Affaire à suivre… et je vous garantis que je vais la suivre de très près !
…
Ma chère Christine,
ai appris par le lieutenant Alfred Cole [6] que vous aviez fini par franchir le pas et par vous engager sur un vaisseau ? Figurez-vous que c'est également mon cas : j'ai quitté l'hôpital de San Francisco et je sers actuellement sur l'Intrépide, commandé par le capitaine Matt Decker. Mon équipe médicale est très efficace, mais je vous regrette toujours et j'espère avoir l'occasion de retravailler avec vous. Si vous avez envie de renouer le contact avec votre vieux professeur ronchon, n'hésitez pas à me raconter comment vous vous sentez à bord de l'Enterprise. La vie dans l'espace est-elle à votre goût ? Qui est le médecin de bord ? Comment vous entendez-vous avec lui ? Jim Kirk est un de mes amis et je serais curieux d'entendre votre point de vue à son sujet: il me semble que, malgré sa jeunesse, il fait un très bon capitaine, mais l'amitié m'aveugle peut-être. J'ai entendu dire que votre premier officier est à demi Vulcain, et vous me connaissez, je me suis posé des questions à son sujet. Un Vulcain pour commander une équipe humaine ? Voilà qui a piqué ma curiosité !
J'espère que la vie sur l'Enterprise vous convient et que vous ne regrettez pas (trop) la Terre.
Avec toute mon amitié
Leonard H. McCoy
[1] A ce stade de la time-line, Bones n'est pas encore à bord de l'Enterprise. J'ai imaginé dans ma fic précédente qu'il servait sur le Constellation, le vaisseau de Matt Decker, personnage important de l'épisode "The doomsday machine", dans lequel ledit vaisseau est endommagé par une machine de mort qui tue tout l'équipage, à l'exception du capitaine.
[2] Voir "Boulette diplomatique". (Désolée pour l'auto-promo.)
[3] Absolument pas canon, mais je ne vois pas Spock boire du café.
[4] J'ai toujours pensé que c'était ainsi que Kirk avait réussi à sortir Spock de sa coquille. Je dois peut-être préciser que je n'ai vu de Strange New Worlds que quelques bribes, et que je n'arrive pas à faire rentrer ce que j'ai vu dans mon canon mental. Pour moi, il y a TOS, les films qui ont suivi, et les 3 films AOS (en gros, partout où il y a Leonard Nimoy, c'est bon, c'est canon).
[5] Les PADD servent à prendre des notes et les communicateurs à communiquer, c'est entendu. Star Trek ayant été tourné dans les années 60, et non il y a quelques années, l'essentiel de la communication passe par l'oral, mais je pense que les PADD sont équipés d'un réseau interne qui permet de communiquer par écrit. Là encore, ce n'est pas canon, mais... ça m'arrange.
[6] Personnage qui n'existe que dans mon imagination.