La Sorcière et le Vampire
Qu’il est agréable de lire une fic intitulée « Ma première fic » sans Mary-Sue dégoulinant et forme hallucinante ! Ponctuation respectée, majuscules présentes aux bons endroits, syntaxe correcte et bien peu de fautes… Voilà qui change.
Enfin, un reproche tout de même, concernant la description. Est-il vraiment nécessaire de mentionner le fait qu’il s’agit de ta première fic ? Et que le résumé est pourri et tout le tralala ? Enfin, si tu y tiens, à ta guise, néanmoins, ce serait à revoir. Le résumé de la fic en lui-même est concis et annonce plutôt bien ton style : phrases courtes, style haché avec pour seul conjonction un malheureux « et ».
Par la suite, on constate que tout le récit est ainsi, dépourvu d’identité propre, un style débutant au lexique d’une simplicité enfantine et une syntaxe basique, répétitive. Des défauts aisément surmontables avec un peu de pratique, histoire de roder un peu cette plume encore trop commune, impersonnelle.
Des exemples tout bêtes et utiles. Tu devrais éviter d’utiliser les auxiliaires, sauf en cas de temps composé. Cela rajoute une couche à la répétition puisque cela pousse à utiliser sans cesse les mêmes verbes. Pour se construire un style, il faut aussi se détacher du lexique enfantin, trouver des mots plus élaborer sans pour autant pousser le lecteur à ouvrir son dico toutes les cinq lignes non plus, sortir de l’optique « bon pour une dictée pour une classe de cinquième ». Le meilleur conseil que je puisse te donner pour progresser dans ce sens, c’est de lire des choses considérées comme étant bien écrites, assez différentes les unes des autres, pour te faire une idée de ce que tu préfères en telle ou telle matière, selon l’histoire, le contexte, le genre, etc.
Dernier détail. Les onomatopées sont plus du domaine de la BD. En général, il est plus plaisant de voir « se ferma dans un claquement sec » que « dans un « Clap » ».
Le scénario, à présent.
Pour commencer, on a aucune situation vis-à-vis du manga lui-même, aucune indication sur l’intrigue, si ce n’est la mention de Chrona. Résultat, le lecteur ne peut pas savoir quand se déroule l’action et ne peux en rien évaluer la mentalité des personnages à ce stade de l’histoire. Dommage, sachant que leur évolution d’un bout à l’autre de l’intrigue d’Atsuhi Ohkubo.
Maka ? Souhaiter être dans un livre ? C’est pourtant un personnage très rationnel. Ce genre d’aventure serait plus vraisemblable si la cadette des sœurs Thompson, Patty, en soit l’instigatrice. Avec l’imagination débordante qu’elle a, elle pourrait très bien faire le souhait de transporter tout le monde dans le livre. Après tout, c’est elle qui détient le rôle le plus enfantin de Soul Eater.
Les pensées de Maka manquent d’intensités. On a l’impression de faire face à un raisonnement froid, dénudé d’intérêt, et ses désirs sont plutôt OOC, tout comme sa façon de s’exprimer intérieurement (« décidément, ce n’était pas juste »). Les sentiments ne sont pas de mise, et ce pas uniquement concernant notre protagoniste. En effet, l’univers de Soul Eater connait du succès non seulement pour son côté dément et son intrigue originale, mais aussi en raison de l’ambiance très friendship, de la promiscuité des personnages et de leurs relations qui ne cessent d’évoluer dans le sens d’une amitié toujours plus profonde. Cela commence par les duos –trio, plutôt, pour Kid et les Thompson – puis les liens s’approfondissent entre les élèves, puis avec l’apparition de Chrona, etc. C’est une chose qu’on ne retrouve pas chez toi, puisqu’on a qu’une brève énumération disgracieuse de la petite bande qui se contente de « jouer au bascket » (énumération par ailleurs répétées à la fin…). Pas de dialogue, pas de bonne blague, pas de faits anodins qui montrent la personnalité de chacun, comme l’esprit maniaque de Kid ou le manque de discrétion de Black Star. Or, ce sont là des choses qu’il est toujours plaisant de constater et qui nous rapportent plus aisément à l’univers de l’auteur, rendant la fic plus fidèle.
Tout ça pour dire que cette intro est bien courte, complètement dépourvue de descriptions et d’élément qui permettraient de nous intégrer plus aisément dans l’univers du manga. Il va sans dire que le décor même devrait être étoffé, puisqu’ici il est inexistant. Il me parait pourtant essentiel de mettre en valeur les dessins d’origines, ne serait-ce que les astres grimaçants et sanglants, l’architecture tordue ou encore les objets anodins démentiels comme la moto de Soul.
Tu aurais aussi pu développer le passage sur ta sorcière, construire ton récit afin de lui donner de la consistance, du suspens, et non pas étoffer bêtement le résumé, ce qui a quelque chose d’assez ennuyeux pour le lecteur. Il y a aussi le roman. Il n’est que rapidement présenté par ses personnages par un « tout est bien qui finit bien. ». Or, tu nous annonces d’ores et déjà une romance Soul/Maka… Un peu trop prévisible, non ? Tu pousses le lecteur à des conclusions hâtives, tout est joué d’avance et le voilà désintéressé. Il aurait été préférable que tu mettes en place quelque chose de plus complexe, de plus intense, sans nous dévoiler la fin pour que par la suite, le lecteur puisse voguer de surprise en surprise, entraîné dans l’intrigue. N’oublions pas, en plus, qu’il s’agit d’une lecture du petit génie de Maka, cette complexité aurait d’autant plus été la bienvenue, non ?
Pour conclure, sur cette petite review, je dirais donc que le concept est plaisant quoi que classique et que le peu de faute pour une première est plutôt agréable. Néanmoins, le style est encore enfantin, le suspens absent et l’univers d’origine passé à la trappe pour le moment. Ce court prologue n’est pas très engageant pour la suite, mais en fonction de celle-ci, la note pourrait augmenter de façon conséquente. L’auteur mérite tout de même des encouragements dans la mesure où elle fait des débuts plutôt respectables comparés à tant d’autre.
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