Drive

Chapitre 2 : « Ferme les yeux »

2323 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:23

Mon souffle était court, mon corps hésitait entre accélérer afin de ne pas arriver en retard ou s’arrêter net là où je me trouvais.

Malgré le confinement décrété par la garde et les multiples coupures électriques qui paralysait la ville, Il y avait quelques personnes dehors. Des jeunes comme moi qui se rendaient aux différentes casernes de recrutement, des junkies, des hommes ici et là à l'air douteux essayaient tant bien que

mal de refourguer les objets voler lors des émeutes.

 

Comme pour nous rappeler que la bulle dans laquelle nous nous réfugions était sur le point d'exploser, la garde était présente à chaque coin de rue.

 

Ils avaient laissé de coter les délits mineurs pour se concentrer sur des affaires plus graves.

 

Sombres et à l’afflux du moindre débordement, les membres de la garde en poste ne souriaient jamais.

Avaient-ils eu un lavage de cerveaux afin de ne pas montrer la moindre émotion ?

Toujours en nombre paire, je suppose qu'il devait y avoir une égalité parfaite entre Liberator et Exter.

 

En pleine réflexion, j’avançais vers la fontaine où m'avait donner rendez-vous Helmet.

 

Nous avions l'habitude de nous y retrouver avant d'aller en cours, c'est donc un itinéraire que je connaissais bien mais aujourd’hui il me paraissait plus long qu'à l'accoutumer.

 

J’aperçus, les boucles blondes que je cherchais à travers la foule avant même la fontaine inactive.

 

  • Hey Hel' !

  • C'est assez stressant de ne plus avoir de portable, tu es en retard. Me dit-il d'un air sérieux.

 

J'espérais qu'il remarquerait la belle chemise que j'avais mise pour l'occasion, ma chemise à carreaux tendance avant qu'il n'y ait plus de mode.

 

  • Quel accueil. Lui rétorquais-je.

  • Yep, désolé.

  • Tu as l'air plus stressé que moi.

  • C'est toi qui me dis ça ? Me dit-il en ricanant.

  • Pourquoi ?

 

Mes craintes devaient sûrement me donner un air suspect. La question me parut tout de suite idiote.

 

  • Tu as l'air de ne pas avoir beaucoup dormi et tes cheveux sont encore humides. Me fit-il remarqué.

 

Il avait vu tout ce qui n'allait pas mais pas la chemise. Je savais qu'Helmet prenait la situation très au sérieux et peut-être était-ce moi qui était trop futile. Après tout qui en avait à faire d'une chemise dans un tel moment ?

 

  • On échange ?

  • Hm, échangé quoi ?

  • Ton sac à l'air vraiment lourd, on doit bouger ou on sera vraiment en retard.

 

Pourquoi me parlait-il de retard, il n'y avait pas d'heure précise, ni même de jours pour se rendre dans une caserne de recrutement. Encore sur ma chemise, tout ce qu'il disait m’agaçait.

 

  • Au fait très belle chemise m’interpella-t-il avec un sourire taquin. Piper … J'ai une question.

 

Cela me réchauffa le cœur et effaça la rancœur que j'avais. La gêne et le fait qu'il avait une question

me fit rougir. Après tout si c’était comme dans les films où le beau garçon se rend compte que la fille banale est son âme sœur lorsqu'ils avancent tous deux vers leur destin.

 

  • Une question ? Vas-y.

  • Il y a quoi dans ton sac ? Je ne sais pas comment tu es arrivée ici avec ça sur le dos.

 

Je ne pus m’empêcher de répondre dans les méandres de mon esprit «  j'ai couru pour te rejoindre, idiot. »

 

  • Hmm, et bien j'ai apporté tout ce dont j'allais avoir besoin. Je ne sais pas, des vêtements, des affaires de toilette, deux paires de tennis par exemple puisque nous allons faire du sport je pense. Non ?

 

Pendant l’énumération de mon déménagement je me rendis compte que le sac qu'il m'avait donné était étrangement léger.

 

  • Tu as apporté quelque chose toi ? Il a l'air vide ton sac.

  • Des photos de ma famille et une brosse à dents.

 

Helmet parlait rarement de sa famille, le fait qu'il ait pris quelques souvenirs d'eux prouvaient peut-être qu'il voulait vraiment faire partie de la garde. Moi je voulais juste être avec lui.

 

Une fois sur place, l'ambiance était tendu. Des activistes semaient le trouble à coup de slogan et pancarte anti-recrutement, entourer de la garde protégeant la file d'attente de la caserne.

 

Un manifestant me sauta au visage en hurlant « Je suis de la garde meurtrière !».

 

Helmet s'interposa, entre l'individu et moi rester en arrière figé sur place par l'attaque.

Quatre membres de la garde vinrent maîtriser mon assaillant avant que deux d'entre eux ne le transportent jusqu'au camion de la militaire non loin ce qui augmenta la tentions entre les parties.

 

  • Ne restez pas là . Me dit une femme à peine plus âgée que moi.

 

C'était la première fois qu'un membre de la garde me parlait directement. D'un naturel discret je venais d’être interpellé telle une délinquante prise la main dans le sac.

La femme tourna les talons et alla rejoindre son équipier.

 

  • Ça va ? Me questionna Helmet.

  • Plus de peur que de mal. Répondis-je encore sur le coup de l'émotion.

  • vient on avance l’ambiance est tendu par ici.

 

Il me prit la main afin d'ouvrir un passage jusqu'à la file d'attente.

Après trois heures d'attente , nous avions épuisé tous les sujets de conversation. Nous étions revenu sur des événements passés, actuel, en inventer de nouveaux, en rigoler jusqu'à ne plus les trouver drôle. Un coup debout, puis assis ou appuyés sur différents éléments à notre porter quand nous avancions, les minutes devenaient pénible.

 

Le « futur » de la garde n'avait pas fière allure.

 

Certains motivés racontait comment ils s'imaginaient au sein de la garde à coup de grands gestes théâtral , d'autres prenaient des poses en s’évertuant à dire le nouveau slogan de la garde de façon héroïque.

 

  • On devrait peut-être revenir un autre jour ? Me questionna Helmet en regardant un groupe de quitter la file.

 

Cette question me révulsa encore plus qu'imaginer l'attente à venir.

 

  • On a déjà trop attendu, tu aurais dû me le dire avant ! Là maintenant je ne bouge plus. Rétorquais-je.

 

  • De toute façon on va devoir y passer, donc autant attendre un autre jour lorsqu'il y aura moins de personnes. Tu ne penses pas ?

 

  • Hel' j'ai mal partout je ne recommencerai pas, tu m'as traîné ici aujourd'hui donc maintenant on va le faire.

 

  • Dit moi que tu as au moins quelque chose à grignoté dans ton sac ?

 

La gêne sur mon visage répondit à sa question.

 

  • Je pensais que cela serait moins long, regarde ça bouge ! Lui soutenais-je en avançant de trente centimètres.

 

J'entendis son râle d'agonie en m’évertuant à ne pas y prêter attention. Je n'osais pas lui dire que j'avais mangé ce qu'il y avait dans mon sac lorsqu'il prit une pause pour aller se soulager à l'abri des regards.

 

Enfin, notre tour était arrivé, la délivrance nous donna un regain d’énergie.

Nous étions un groupe d'une vingtaine de candidats à être entré dans le bâtiment.

 

Les premiers pas furent timides, cela se voyait que nous avions tous une appréhension. Après tout qu'allait-il se passer ?

 

Beaucoup de personnes étaient entrées dans ce bâtiment mais je pense n'avoir vu personne en ressortir.

 

Deux personnes s'occupaient de l’accueil d'une part et d'autres d'une immense pièce, vêtues d’uniforme semblable à ceux de la garde mais d'un bleu foncé propre aux équipes médical.

 

  • Homme à gauche, femme à droite. Indiqua un homme de la garde.

 

Je me tournai vers Helmet qui fit de même.

 

  • C'est le moment, on se retrouve après ? Me dit-il avec un sourire forcé.

  • Ouais. Lui répondis-je en regardant tout autour de moi.

 

Je n'arrivais pas à croire, qu'un simple « ouais » serait la dernière chose qu'il aurait entendue de moi si nous ne nous retrouvions pas. Dans combien de temps allions-nous nous revoir ?

C'était peut-être plus facile de cracher un « ouais » plein de désinvolture que de me mettre à pleurer car je n'avais aucune envie d'être là.

 

Après avoir pris les papiers d'identité des membres de mon groupe, l'homme qui s'occupait de notre accueil nous fit entrer dans une autre pièce plus petite où il n'y avait que des sièges.

 

Assise je me demandais comment cela se passait-il pour Helmet quand soudain une femme m'appela.

 

  • Piper Newcome. Dit-elle à plusieurs reprises avant que je me souvienne que c’était moi.

 

Je la suivis à travers le dédale de couloirs comme un caneton après sa mère, scrutant l'enfilade de pièce la boule au ventre.

 

  • Bonjour, je suis M-481-255. Stressé ?

 

Sa voix douce me mis un peu à l'aise. Peut-être était-ce la force de la garde de nous envoyer de belle et grande blonde dans leurs centres de recrutement afin de mieux nous amadouer.

 

  • Non non ça va … Je crois. Où allons-nous ?

  • Salle d’examen 54. Dit-elle en me regardant avec un sourire.

 

Mon regard s'attardait sur les numéros des différentes pièces, jusqu'à apercevoir la fameuse salle 54.

 

  • c'est ici, entre.

 

Nous étions dans une grande salle où régnait une odeur aseptisée, en son centre il y avait un ACM. Cet appareil à la pointe de la technologie servait à prendre différentes mesures, passer des scanners, faire des prises de sang et bien d'autres choses. Aucun détail anatomique ne pouvait lui échapper.

 

Un homme entra et me demanda de me déshabiller avant d'aller la rejoindre au poste de contrôle.

Tout aussi détendu qu'elle, il revint m'installer dans l'ACM une fois que je fus dévêtu.

 

  • Tu vas t'allonger et ferme les yeux, cela va durer dix à quinze minutes. Nous allons injecter

    un produit … Si tu possèdes l’aptitude de maîtrise du drive, cela déclenchera une réaction.

  • Et si je ne l'ai pas ?

  • Alors il ne se passera rien. Me répondit-il avant de m'attacher les membres.

Quoiqu'il arrive reste calme.

     

    Je me retrouvais pied et poings lier au propre comme au figurer avec de parfaits inconnus, aiguilles plantées dans les bras.

     

    • Ferme les yeux me dit-il en souriant.

     

    Un bruit sourd retentit dans la pièce, puis au sein de l’énorme coffre qui se referma sur moi.

    J'arrivais à retracer tout le parcours de la substance qui m'était injectée. Je ne sais pas ce qu'elle contenait mais une chose est certaine, je n'avais jamais ressentit une telle brûlure.

     

    Les entraves m'irritaient la peau, car je me débattais pour sortir de mon enfermement.

     

    La douleur intense qui parcourait mon corps et le fait d'être dans un espace réduit me mis dans un état second. La situation m'échappait. Je voyais le film de ma propre vie défiler, des moments tristes, d'autres joyeux tantôt en accélérer tantôt au ralentit.

     

    Je n'étais plus là.

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