Usual suspect

Chapitre 3 : School's out for summer

1495 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/08/2023 18:20

School's out for summer

School's out forever

I'm bored to pieces




Éclairés à la faible lumière des torches murales, Raymond et Winston avançaient lentement dans les insondables souterrains du château. Ils avaient pris le temps de s'équiper et le ronronnement des packs à proton qu'ils portaient sur le dos résonnait le long des parois. Les différents voyants de l'équipement irradiaient les ombres comme de chétives lucioles. Entre le pouces et l'index, l'imposant Raymond pointait devant lui l'étrange toupie que leur avait confié le concierge. L'artefact restait inerte. Le canon à proton vibrant entre ses mains, Winston le suivait, en retrait de quelques pas.

-Je te préviens, avoua le chasseur à la peau d'ébène, moi la différence entre un fantôme et un poltergeist...

Quelques étages plus haut, Venkman, les mains dans les poches, venait d'avouer la même chose à Spengler.

-Un fantôme est le résidu spectral d'un être qui a été un jour un être vivant, commença Egon tout en scannant la statue d'une sorcière bossue.

Il secoua son PKE, frustré que son fidèle outil lui fasse visiblement défaut.

De son côté, à l'approche des cachots, Stantz avait également commencé l'explication pour son ami :

-Un poltergeist en revanche est démon né d'un amoncellement d'énergie négative. D'énergie spirituelle par exemple.

-Comme la rivière de slime ?

L'analogie fit sourire Stantz qui se tourna vers Zeddemore, remettant le Scrutoscope dans sa poche :

-Exactement! Confirma-t-il. Nous avons déjà prouvé par le passé que nos émotions agissent sur notre environnement. Une accumulation d'énergie négative peut être d'une telle intensité qu'elle dégage des résidus ectoplasmiques, et ces résidus donnent naissance aux poltergeists.

Il reprit le bon sens de la marche, puis précisa :

-Entre autres…

Avant d'ajouter :

-En théorie.

Si Winston était inquiet, Venkman lui, quelques étages plus haut, ne l'était pas. Il venait d'écouter la même leçon de la part d'Egon et regrettait d'avoir évoqué le sujet.


Leur équipement ronronnant également sur le dos, Pete et Spengler n'avaient cependant pas dégainé. À mesure qu'ils cheminaient, Venkman essayait d'actionner chaque poignée de porte, en vain. Rusard, le concierge, avait fini par leur expliquer que le château était une école du nom de Poudlard. Durant la période estivale, l'établissement n'accueillait ni élèves ni professeurs, ce qui laissait aux Ghostbusters le temps de s'aquiter de leur tâche.

Une lueur spectrale traversa la porte close d'une salle de classe, quelques mètres plus loin. Spengler et Venkman se précipitèrent, puis se stoppèrent net :

-Du coup, comment on procède ?

La question de Venkman laissa son ami perplexe. L'explication du scientifique ne permettait toujours pas de faire la différence entre Peeves et ses comparses. Démuni, Spengler leva de nouveau son PKE. Venkman le repoussa de sa main gauche et contourna son ami.

-Laisse, je vais lui parler.

C'était un petit homme chauve au visage triste recouvert d'une barbe fournie et vêtu d'un costume rapiécé aux coudes. Quelques bouquins menaçant de glisser étaient en équilibre sous son bras droit. Il avait le nez dans un ouvrage qu'il tenait d'une main et qui semblait absorber toute son attention. Pour en avoir vu des dizaines comme lui du temps où il donnait lui-même des cours, Venkman savait qu'il avait devant lui un professeur. Pâle, transparent et flottant à dix centimètres du sol, mais cela ne faisait aucun doute. Il n'avait rien du semeur de chaos après lequel Rusard les avait lancés.

Il leva une main amicale pour saluer le spectre :

-Salut mon ami !

Le professeur leva la tête, délaissant sa lecture. La fatigue qui émanait de son regard rappela Venkman que cette nuit semblait s'éterniser. Avec un certaine distinction, le fantôme lui adressa un :

-Oui ?

Il avait attiré son attention. C'était bien plus que ce à quoi s'attendait Peter. Parler avec les revenants n'était pas son fort, mais il savait baratiner :

-Vous enseignez ici ? On est tranquille quand ils sont en vacances, j'ai pas raison?

Lentement, le spectre haussa les épaules, peu convaincu :

-Les journées sont longues, vous savez…

Il pencha la tête sur le côté, considérant son interlocuteur :

-Seriez-vous notre nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal ?

Sans savoir de quoi voulez parler le spectre, Venkman claqua des doigts et sauta sur l'occasion :

-Exactement ! Fabula-t-il avec un grand sourire. Professeur Venkman.

Il tendit la main puis se ravisa. Il n'avait aucune envie de le toucher. Venkman indiqua son comparse d'un mouvement de tête :

-Et lui, c'est Monsieur Spengler, professeur en éloquence magique.

Ce dernier cessa de malmener son appareil et marmonna une salutation gênée. Le spectre posa son livre fermé sur la poitrine et annonça :

-Je suis le professeur Binns. J'enseigne l'histoire de la magie.

L'idée d'un revenant enseignant l'histoire provoqua l'espace d'un instant un léger sourire sur le visage de Spengler qui réajusta ses lunettes. Binns repris, un soupçon de compassion dans la voix :

-Je vous souhaite bon courage M. Venkman. En toute transparence, le poste de Défense contre les Forces du Mal n'est pas de tout repos.

Pete ne put s'en empêcher :

-Et vous vous y connaissez en transparence.

Aucunes réactions. Il toussota et enchaîna :

-Et vous faisiez quoi ? Avant votre mort, je veux dire.

Binns le regarda de travers, de l'incompréhension dans ses yeux épuisés.

-Vous êtes un curieux personnage. Ce doit être le poste qui veut ça.

Il esquissa une légère révérence :

-Je vous souhaite une bonne soirée messieurs.

Les deux Ghostbusters échangèrent un regard. Egon expliqua à voix basse :

-Déni de décès.

Spengler héla Binns avant qu'il ne disparaisse entre deux piliers.

-Une dernière chose, Monsieur Binns. Nous sommes à la recherche d'un certain Peeves. Peut-être un de vos élèves ?

-Dieu merci, non. Ma foi, essayer la salle des trophées. Ou peut être les toilettes des filles au deuxième étage. Peeves aime particulièrement tourmenter cette pauvre Mimi.

Puis, le nez dans son bouquin, le professeur s'évanouit au milieu des briques grises d'une paroi.

-Voilà qui était peu banal, commenta Spengler en repoussant ses lunettes de l'index.

Venkman commençait à fatiguer. Il s'étira et demanda :

-C'est qui Mimi?


Le Scrutoscope toujours pointé devant lui, Raymond ouvrait la marche dans les couloirs menant aux cachots, imposant sa bonne humeur à son partenaire :

-Imagine le nombre de passages secrets qu'il doit y avoir derrière ces murs.

-Tu veux me décourager, c'est ça ?

Dans leur dos, une lourde porte s'ouvrit en grinçant. Ils sursautèrent et firent demi-tour comme un seul homme tout en hurlant de peur. Face à eux se trouvait une haute silhouette sombre. Winston pointa son arme. Raymond lui jeta le Scrutoscope. La toupie frappa mollement la poitrine du nouveau venu, qui annonça d'une voix froide :

-Il me semblait bien avoir entendu des voix.

Ils avaient face à eux un homme aux cheveux noirs corbeau gras, au nez crochu et au teint cireux. Il était vêtu d'une longue robe noire.

Le verre du Scrutoscope venait de casser sur les dalles humides. L'homme en noir joignit les mains, ses yeux lancés des éclairs.

-Puis-je savoir, messieurs, ce que vous faites ici ?

D'une voix tremblante, Winston fit les présentations :

-Nous sommes l'équipe de Sos fantômes, votre honneur.

A cette distinction, l'individu ne put réprimer un sourire :

-Votre honneur ?

-Vous n'êtes pas juge ou avocat ?

-Je suis Severus Rogue et j'enseigne ici.

Le professeur pris le temps de la réflexion puis sembla les reconnaître :

-Oui, vous êtes ces fameux moldus chasseurs de fantômes.

Raymond fit des yeux ronds. Il avait l'impression qu'on venait de l'insulter.

-Moldu?

Rogue ne releva pas. Il reprit, impérial :

-Comment diable avez-vous fait pour entrer à Poudlard ? Et que faites-vous ici ?

Winston reprenait son souffle :

-C'est votre concierge Argus...

Raymond continua, indiquant du doigt le petit piège rectangulaire bardé d'électronique qui pendait à sa ceinture :

-Il nous a embauchés pour mettre un certain Peeves en boîte.

Rogue sembla impressionné :

-Ce fourbe de Rusard à attendu que Dumbledore se soit absenté. Je ne l'aurait jamais cru capable d'une telle audace.

Il se frotta le menton, considérant l'étrange duo qu'il avait sous les yeux. Puis, il se radoucit :

-Je vous demanderai de quitter mes catacombes. Nous ne nous sommes jamais vus.

Stantz balbutia:

-Si vous cherchez ce fameux Peeves, repris Rogue, je vous conseille la salle des trophées ou les toilettes du deuxième étage.

Il fit ensuite voleter sa robe et disparu dans la porte de sa salle de classe.

Winston se pencha vers son ami :

-C'était quoi ça ?

-Le fantôme de l'opéra...

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