Ghostbusters Underneath
CHAPITRE 12
Don't go for second best, baby
Put your love to the test
New York, Manhattan, QG de Sos Fantômes
4 juillet 1990, après-midi.
Ses pensées se télescopaient dans son crâne alors qu’elle remontait Varick Street. Gisele avait attendu toute la matinée près de son téléphone, malade de ne pas avoir eu de nouvelles de Winston. Quelque chose de phénoménal se préparait, ça elle l’avait bien compris. Elle avait toujours pris les histoires de Winston à la légère, jusqu’à ce qu’elle rencontre son premier fantômes, la veille. Elle n’avait pas réussi à trouver le sommeil. Les yeux rivaient sur son plafond éclairé par les faibles leds rouge de son radioréveil, repensant à Winston, au black-out de 84 et aux différentes histoires entendues autour de la soirée du nouvel an. Elle voyait désormais le monde au travers un nouveau prisme. Elle redécouvrait l’homme qu’elle croyait pourtant connaitre si bien. Elle savait Winston honnête et droit. Il était plus que ça. Son champion, comme elle l’appelait du temps où ils étaient ensemble, en était très certainement un. Elle lui découvrait un apanage insoupçonné, une folie et un courage qui ne le rendait que plus attachant. Revers de la médaille : Gisele se faisait un sang d’encre.
La large porte rouge était grande ouverte, le hall était vide. Mc Neal entra timidement. Les casiers étaient restés ouverts, les vêtements civils jetaient pèle mêle à l’intérieur. Sortant d’un pas vif de derrière les casiers servant de paravent au bureau de Venkman, une énergique rouquine inspectait une liasse d’enveloppe derrière ses grandes lunettes rondes, visiblement mécontente. Les lèvres aussi rouge vif que ses cheveux pincés sur une cigarette a demi consumé, elle portait un petit top orange échancré bras nues, une mini-jupe en skaï rose fluo sur des collants a motif tout aussi flashy. Elle venait juste de jeter de colère toute la correspondance sur le bureau quand elle sursauta à la vue de Gisèle. Après un petit cri de surprise, la main sur le cœur, elle intima à la visiteuse d’une voix nasillarde, sans retirer sa tige:
« -Faut frapper ma bonne dame ! C’est ouvert, mais c’est pas un moulin ici ! »
Gisele s’excusa, et s’avança en tendant une main amicale :
« -Vous devez être Janine, la secrétaire ? »
Janine détailla la brunette d’un regard noir : Maquillage sommaire, mettant néanmoins son regard profond en valeur, veston de cuir sur chemisier ivoire, une longue jupe noire et des bottines cirée assortie, sous le bras un petit sac à main a lanière. En lui serrant la main, Janine ausculta sa manucure. S’il s’agissait d’une cliente, elle n’aurait aucun mal avec la facture. Janine Melnitz eu un léger sourire : Peter serait fier de ses dons d’observation. Bien consciente de la manœuvre, la psy offrit son sourire le plus rassurant avant de préciser :
« -Je suis une amie de Winston... »
Déçu, Janine lâcha un « ha » puis se laissa tomber sur sa chaise :
« -Il n’est pas là. D’ailleurs il n’y a personne, continua t’elle en se servant un café sans même en proposer à son interlocutrice. Dieu seul sait où ils sont… »
Une voix éraillée se fit entendre au-dessus d’elles :
« -Ils sont dans les égouts ! »
Les deux femmes levèrent les yeux. La tête de Louis Tully se découpé dans la lumière de l’ouverture de la rampe dorée qui descendait du plafond.
Janine se leva d’un bond :
« -Louis Tully ! Ne t’avise pas de descendre le long de ce machin ! J’ai pas envie de te voir te casser une jambe !
-T’inquiète pas ma louloute, lui fit-il tout sourire. C’est plutôt au niveau sanitaire que j’ai pas confiance. »
Puis sa petite tête binoclarde gominée disparu.
« -C’est un casse-cou mais il est pas fou » Déclara fièrement la secrétaire, radoucie, à l’attention de Gisèle.
Descendant les marches d’un pas rapide, Louis sorti de sous son veston en laine, de la petite poche de sa chemise à carreaux, un petit papier. Il voulut l’exhiber au-dessus de sa tête mais glissa sur une marche, il se rattrapa de justesse à la rampe et résuma la teneur du petit mot :
« -Ils ont annulé le barbecue de Monsieur Victor pour rechercher une créature dans la ri-ri-rivière de slime… »
Janine poussa un long soupire exaspéré. Très concerné, Gisèle implora :
« -Il faut les rejoindre ! Ils sont surement en danger !
-Non non non mon choux, coupa Janine catégorique. Je ne descends pas la dessous, vous non plus, j’vous l’conseille pas, et Louis non plus. Pour le peu de reconnaissance qu’il a eu la dernière fois qu’il a sauvé la ville… »
Face à un tel aplomb, la pauvre brunette n’eut pas le temps d’opposer d’argument. Janine ajouta :
« -Ils sont tout le temps en danger. C’est un style qu’ils se donnent. »
Le petit binoclard aida la secrétaire a enfilé sa veste léopard. Face à la mine déconfite de la nouvelle venue, Melnitz conclu :
« -Nous on va s’acheter des ballons et regarder le feu d’artifice. Venez avec nous si vous n’avez rien de prévu… »
O
New York, Manhattan, Austin Tobin Plaza
4 Juillet 1990, fin d’après-midi
Le retour depuis la première avenue s’était fait sans peine. Les rues n’étaient pas bondées, et la sirène de la Ecto-1 faisait toujours son effet. Egon n’aimait pas prendre le volant de la Cadillac: la conduite en centre-ville était une expérience soumise à tant de variable qu’il n’arrivait pas à se concentrer sur la route. Toujours dans le rétroviseur, la moto de Winston jouait également sa partition de sons et lumières. A leur arrivé aux pieds des deux tours, les forces de l’ordre ouvrirent le cordon de sécurité, reculant l’un des camions, et laissèrent passer les deux véhicules rouges et blancs. Gardant toujours un œil dans le rétro, Egon manqua de renverser Peter, qui frappa le capot du plat de la main en hurlant :
« -Coupe la sirène, Speg’ ! Coupe la sirène ! »
Alors que Winston descendait de sa Harley, Egon coupa la sirène et sorti de la voiture alors Peter pointa la créature du doigt :
« -Tu fais peur au dinosaure ! »
Sans bien comprendre lui-même pourquoi, Spengler cru bon de préciser d’une voix gênée:
« -Techniquement, il tient plus de l’iguane… »
La gigantesque bestiole était désormais au milieu de la place. Face à la boule dorée, Ray tirait des giclés de proton pour éloigner la créature, poussant des cris et gesticulant. Winston ne put s’empêcher de penser à ces hommes des cavernes de ces vieux films en noir et blanc qui lancer des cailloux a de faux dinosaures grotesques. De l’une des vitres éclatés, un vieil agent d’entretiens moustachu hurlait a plein poumons :
« -Arrêtez de jouer avec ! Faites le dégager ! »
Peter expliqua :
« -Il est devenu fou en entendant la sirène, il ne nous aime vraiment pas !
-Winston tu va rapprocher le piège, ordonna Spengler tout en s’équipant à l’arrière de la voiture. Peter et moi on le rabattra vers toi. »
Remontant sur sa monture Zeddemore redémarra l’engin d’un bond lourd sur le kick. En concert avec le ronronnement du moteur sa sirène se mit à nouveau à hurler. La longue créature qui couvrait une bonne partie de la place tourna sa longue gueule vers les trois autres chasseurs de fantômes et poussa un mugissement guttural sourd. L’un des jets de proton se Stantz frappa violement la bestiole au cou. Un saut violent accompagné de coup de pattes fit tomber Stantz au sol, et la queue, d’un mouvement vif, frappa la Sphere qui s’arracha de son socle et roula sur quelques mètres.
« -Il faut dégager Raymond de là ! » Hurla Venkman, en jetant son pack à proton à l’arrière de la voiture, puis se mit au volant. Enclenchant gyrophare et sirène à nouveau, la Cadillac fonça vers la titanesque créature rose qui disparut en quelques sauts entre les tours, écrasant le capot d’une voiture de police, en direction de l’Hudson. La longue voiture blanche s’arrêta près de Stantz, qui se relevait péniblement. Winston suivait de près sur la Ecto 5, et Egon arrivait en courant. Toujours au volant, la fenêtre baissée, Venkman annonça :
« -Grimpe Speg’, on l’avoir !
-Je monte avec Winston, expliqua Ray. On va essayer de l’avoir en tenaille cette saloperie ! »
La Ecto 5 partie devant, tandis que le Sergent Donahu arrivait en courant pour annoncer à Egon, qui rangeait son équipement :
« -Mes hommes m’annonce que l’animal a sauté dans l’Hudson !
-Te fait pas d’bile, Phil ! Conseilla Venkman de la fenêtre conducteur, Il va se dissoudre dans l’eau ! »
Egon monta à droite de Venkman et lui glissa a l’oreille :
« -Tu sais pertinemment que c’est faux.
-Oui mais Phil il en sait rien, lui. »
Peter enfonça son pied à fond sur la pédale, la Ecto 1 sembla rugir de plaisir, traversa la place en direction de l’Hudson, sauta au-dessus des quelques marches pour redescendre sur la route, frottant le bas de caisses au passage, son parechoc arrière y laissant quelques étincelles.
Derrière sa moustache, Donahu marmonna :
« -Putains d’frimeurs… »
New York, Manhattan, Brooklin Bridge
4 Juillet 1990, début de soirée
Les câbles qui reliaient les gigantesques arches aux solides poutres métalliques encadrant le niveau piéton du pont de Brooklin donnée une allure d’air de jeu rouillé a la structure. Le vent sifflait dans les câbles, l’odeur de l’East River était presque agréable en cette toute fin d’après-midi et la foule commençait à s’entasser. Karen avait des journées compliquées. Mère célibataire cumulant double emploi, elle chérissait le moindre moment passé avec son petit David, la prunelle de ses yeux. Appuyé sur la rambarde, ils avaient encore une petite heure à attendre avant que le feu d’artifice ne soit tiré, de l’autre côté de la rive. Après avoir expliqué à sa mère pourquoi « les Tortues Ninja étaient quand même bien plus forte que les Transformers », le petit garçon de 6 ans s’était attelé à manger son cornet de glace chocolat-fraise, tout en tenant précieusement le ballon que leur avait vendu un marchand ambulant à l’entrée du pont. Karen n’avait détourné le regard que quelques secondes, lorsque David se mit à pleurer :
« -Mon ballon ! »
Le petit garçon pleurait à grosses larmes, le chocolat lui coulant sur la main, pointant du doigt les hauteurs des câbles.
« -Mais pourquoi tu as lâché ton ballon mon chérie, s’enquit la maman.
-C’est pas moi, expliqua t’il tant bien que mal au travers ses sanglots, c’est le petit singe !
-Excusez-nous Madame, fit une voix nasillarde derrière eux. Donnez-lui celui-ci.»
Karen se retourna et vit trois personnes avec de larges sourires, un petit homme et deux femmes. Au milieu, une rouquine à lunette ronde lui tendez un nouveau ballon.
« - C’est gentil Madame, commença Karen. Mais…
-Taratata! C’est d’bon Cœur, et Louis peut s’en passer.”
Le petit homme acquiesça de toutes ses dents, pris le ballon des mains de Janine et se pencha vers le petit garçon :
« -Cas de force majeur, confirma t’il. »
Le petit David s’essuya les yeux, en laissant une trace de chocolat sur ses joues, s’essuya les mains sur son t-shirt des « chevaliers d’écailles et de vinyle », puis pris le ballon :
« -Merci beaucoup M’sieur… »
Gisele n’écoutai que d’une oreille la discussion entre Karen, Louis et Janine, il lui sembla voir quelques choses passer du coin de l’œil, dans les hauteurs. David se mit à pleurer de nouveau :
« -Ma glace ! »
Les adultes se tournèrent à nouveau vers lui. Il tenait toujours son ballon, et pointait du doigt :
« -Là, Maman ! Le petit singe ! »
A quelques mètre, sur la rambarde, une petite créature orange fluo, aux allures simiesque, finissaient de croquer le biscuit du cornet de glace qu’il venait de chaparder. Gisele indiqua les hauteurs en criant :
« -Il y en a là-haut aussi ! »
Sautant de câble en câble, une dizaine de ses congénères excités descendait vers la foule, l’un d’eux tenant le premier ballon de David. Plus loin parmi les badauds des hurlements s’élevèrent. La jeune psychiatre monta sur un banc pour apercevoir un monstre mauve sans jambes, le torse finissant comme de la barbe à papa, hauts d’une dizaine de mètre, il se déplaçait sur les mains, cherchant à mordre les passants en fuite. Plus inquiétant encore était l’ombre qui envahie alors le pont. Tous les yeux se levèrent. Obscurcissant le ciel, un galion Espagnol aux flancs déchirés survolait la foule, des lambeaux de voiles vaporeux suivant le vent, son drapeau battant fièrement à l’arrière. Le pont grouillé d’activité, et au travers les énormes entailles à bâbord, de squelettiques pirates s’afféraient autour des canons luisant dans le soleil couchant. D’une voix sûr et clair, Louis hurla à Janine :
« -Il faut appeler les gars !
-Oui mais comment ?! »
Karen était tout autant hallucinée par le spectacle que par le calme du trio. Par-dessus le hurlement de la foule, elle demanda d’une voie forte :
« -Qui c’est qu’on appelle ? »
Et David, qui ne pleurait plus:
« -Les tortues ninjas ? »