Ghostbusters Underneath

CHAPITRE 11

Open the door get on the floor

everybody walk the dinosaur

New York, Manhattan, croisement Station Warren & Broadway

4 juillet 1990, début d’après-midi.

           La nuit avait été horrible. Steven s’était retrouvé coincé dans le trafic sur son trajet retour vers Hoboken la veille au soir. Une véritable invasion de petites créatures avait ralenti la circulation dans le Holland Tunnel. Steven ne les avaient pas vus de ses propres yeux, mais le bouche à oreille est assez rapide dans une file d’automobiliste en colère à l’arrêt. Ce que le conducteur du poids lourd devant lui avait pu lui dire, il le tenait de la mamie de devant dans sa vieille Buick qui le tenait elle-même de deux étudiants roulant dans une Ford cabossée, et ainsi de suite. Un groupe de Gremlins, des rongeurs orange fluo, avaient renversé un Greyhound, malmenant sa vingtaine de passagers, volant sandwichs, biscuits et boissons au passage. La meute s’était évaporée au travers les parois du tunnel. Les secours mirent un temps considérable pour dégager la voie. Chaque conducteur présent la veille maudissaient les Ghostbusters, et leur vieille Cadillac tape-à-l’œil, de ne pas s’être montrés. Aujourd’hui, la banque était fermée, mais Steven y avait oublié sa mallette, et de nombreux dossiers sur lesquelles ils voulaient se pencher en attendant le feu d’artifice de ce soir. Ce coin de la ville était calme en ce Jour de l’Indépendance, les gens se réunissant dans les quartiers, les parcs et sur les quais pour préparer les barbecues, décapsuler les bières et lancer les festivités. Le soleil du matin chauffait agréablement au travers les vitres de la devanture. Steven était un jeune gaillard filiforme qui malgré ce jour de détente portait son costume gris de tous les jours. Il prit le temps de contempler son reflet dans le verre d’une affiche pour une assurance, fier de ce golden-boy à l’ avenir prometteur. Il réajusta sa cravate et recoiffa ses cheveux bruns foisonnants, et s’adressa a lui-même en sur-jouant un frisson d’excitation:

« -Tu sais que t’es beau gosse toi ! »

La fougère à sa droite frissonna à son tour. Steven se pencha vers la plante verte, qui frissonna de plus belle. Le cadre au mur se décrocha et s’éclata au sol. Sur les comptoirs, les pots a crayons, les petits calepins et calculatrices se mirent à vibrer, tomber et s’étaler sur les dalles. La secousse était telle que Steven tomba sur son séant au milieu du hall. Le mur de béton ciré se fissura sur la hauteur. Steven s’élança au travers la grande salle, trébucha, et passa au travers la large porte de verre. Dans sa lancé, il traversa la rue, le parc de la Mairie et atteignit Park Row, deux rues plus loin, quand la façade de la Bank Of America s’enfonça dans le bitume du trottoir, et qu’une bonne partie du bâtiment s’effondra dans un fracas, avec un déluge de béton et de poussière. De sous les décombres, de larges griffes se frayaient toujours un passage.

New York, Manhattan, Station Warren

4 juillet 1990, au même moment.

           Après en avoir relancé le système de soufflerie et dégagé de nouveau une bonne partie de la rivière de slime, les gars avaient quitté Reversoir Park au petit matin. Ils avançaient sous la bulle du filet d’Egon tout en chantant pour garder le moral. Bien que Bouffe-Tout n’ait pas reparu, et qu’ils aient dû se passer de petit-déjeuner, la nuit de sommeil avait été réparatrice. Le tunnel déboucha enfin sur Warren Station. Durant la fin du voyage, le niveau de la boue remontait rapidement et pour cause: suintant des larges fissures sur les parois et s’écoulant par diverses grilles des anciens conduits d’aérations, des filets de liquide rose cheminaient jusqu’à l’ancienne rame, et avaient formé, au fil des décennies, l’infâme rivière de slime. En aidant ses camarades à se hisser sur le quai, Ray commenta, déçu :

« -ça s’insinue au travers les parois, ça vient d’encore plus loin… »

En entreprenant ce voyage, il s’enthousiasmait à l’idée de découvrir l’origine de la matière psychokinétique. Il n’eut pas le temps de s’épancher sur sa déception. A peine les quatre chasseurs s’étaient extirpés hors des flots, qu’ils découvrirent les prisonniers des forces sous-terraine. Yanosh et Peck, chacun pris dans une coque de slime, semblaient ailleurs. Alors que ses collègues se précipitèrent vers les captifs, Peter pris le temps de contempler l’endroit. Comme un morceau de l’histoire New-Yorkaise perdu dans le temps et le slime. Un « Grand Central Terminal miniature à la sauce art-déco, sous-terrain et desservit par un large escalier de marbre» pensa t’il ébahi. Eclairé, comme tout l’endroit a la lueur du fleuve, l’Hôtel de Ville s’étalait fièrement sur une large mosaïque, au-dessus d’aquariums démesurément grands remplis d’eau rosâtre dans lesquels nageaient tranquillement d’étranges poulpes. Faisant peu de cas de Peck et Yanosh, et ayant toute confiance en Egon pour les libérer, Pete s’installa sur un banc. Stantz réveilla le Dr Poha en lui tapotant les joues, tandis qu’Egon et Winston réveillaient Walter Peck de leur côté.

« -Spengler, dis-moi que tu as une idée ? S’inquiéta Zeddemore ».

Sans même répondre, son camarade à lunette réenclencha sa canne, et l’approcha du cocon, qui se mis à fondre comme si il eut s’agit de confiture, et le bureaucrate tomba dans les bras de Winston. Qui ne put se retenir :

« -Ha mon pauvre vieux, vous puez… »

Après avoir réitéré avec le second cocon, Egon commença à ausculter ses deux nouveaux patients dociles, Ray essayant tant bien que mal d’avoir des réponses. Les souvenirs n’étaient pas tout à fait clairs dans l’esprit de ce pauvre Yanosh :

« -Je crois que j’ai perdu le contrôle de ma voiture… Commença-t-il avec son accent des pays de l’est… je n’en suis pas sur… »

Excédé, Peck arracha la petite lampe de poche que lui braqué Egon dans les yeux avant de lancer à ce dernier : 

« -Si vous recommencez je vous fourre ça là où la lumière ne passe habituellement pas, mon vieux !

-Ho, Wally, Coupa Venkman amusé, qui les avait rejoints. On évite de faire de telles avances quand on se parfume à la pisse tiède… »

De colère, le rouquin envoya la petite lampe au fond de la rivière. Ray tenta à nouveau :

« -Est-ce que l’un de vous a vu une créature ou une entité de taille significative ? Qui aurait éventuellement tenté de communiquer ?

-Oui, commença Yanosh, puis se ravisa, le regard plein d’excuse… Hum, non… Je n’en suis pas sur… »

Peck savait très bien de quoi voulez parler le chasseur de fantômes, mais ses dents étaient serrés, ses lèvres cousues, sa fierté l’empêchait d’obtempérer. C’est de Winston, le regard dans le loin, que vint la réponse :

« -Plus grosse qu’un camion ? » Demanda-t-il, à son collègue, qui ne put répondre que d’un mouvement de tête inquiet. « Et des griffes qui pourraient entailler la roche ? 

-Et comment tu sais ça ? »

Suivant le regard de son ami, Egon se précipita au bas de l’immense escalier. Les gars n’y avaient pas encore prêté attention, mais un large passage avait été creusé dans les décombres qui en bouchaient auparavant l’accès. Egon extirpa des ombres une sorte de large sac rose, qui été étalé dans un coin aux pieds des marches:

« -C’est une peau. La créature a mué. » Affirma-t-il, nerveux.

Venkman, qui avait du mal à cacher son dégout, plaisanta :

« -C’est mignon, il a pris le temps de se changer avant d’aller faire un tour en ville… »

O

           L’air frais de la surface et le soleil leur redonna un second souffle. Sortant de terre au milieu des gravats de l’ancienne banque, les chasseurs de fantômes venaient de remonter quatre à quatre l’interminable escalier de marbre de la station Warren, de suivre un tunnel fraichement creusé puis avaient fait surface dans les restes d’une salle des coffres. Suivit mollement par Yanosh et Peck, la petite troupe était dans les ruines d’un établissement bancaire, au milieu des débris de verre, des gravât et des restants de comptoirs. A une dizaine de mètres au-dessus de leurs têtes, le reste du building semblait tenir par un précaire équilibre sur les restants de poutre et de murs porteurs encore debout. « Ho non, non, non, non… » Marmonnait Ray Stantz, paniqué, s’élançant dans la rue, zigzaguant entre les carcasses et les arbres arrachés, suivit de ses collègues. Les badauds s’entassaient au carrefour de Row Park. Le bitume était entaillé de larges trace de griffes, les voitures écrasées ou retournées, tout comme les kiosques des vendeurs à la sauvette. Du milieu de la petite foule, un jeune homme, débraillé, pantalon large et cheveux en pagailles, les interpella :

« -Hola ! Ghostbusters ! C’est ça que vous cherchez ? »

Il pointait du doigt par-delà la Chapelle Saint Paul, vers les tours jumelles du World Trade Center.

Les bras ballant, la compagnie semblait désemparée devant le tableau. Peter sembla s’adresser à une quelconque divinité :

« -Mais vous vous payez ma pomme ? »

Agrippé à une quinzaine de mètre sur la tour la plus proche, en couvrant une bonne partie de son corps et l’enroulant de sa longue queue, un saurien démesuré, rosâtre aux écailles mauves, semblait prendre un bain de soleil. L’immense lézard, qui devait mesurer plus d’une vingtaine de mètre de longueur, avait enfonçait les griffes aux travers les larges vitres du bâtiment et sifflait de sa longue langue fourchue. La mâchoire fière au-dessus d’un long fanon gulaire orné d’épines, le regard froid et mauvais, la créature semblait à l’affut.

Les gars traversèrent la foule, s’engagèrent dans Fulton Street au pas de course. Arrivé au pied des deux tours, face à la grande sphère dorée d’Austin Tobin Plaza, Egon indiqua l’entré sous terraine du métro avant d’annoncer :

« -Winston et moi, nous allons retourner sur la première Avenue, on ramènera les deux Ecto. Vous les gars vous le garder sur place et vous limitez la casse.

-Ta confiance nous fais chaud au cœur, plaisanta Venkman avant d’ajouter: pas vrai Raymond ? »

La peur se lisait dans les yeux de ce dernier

-La créature est faite de slime solidifié, elle est mue par la haine et viens de s’agripper a l’un des buildings les plus important de ville. Il vous faudra bien trois quart d’heure pour faire l’aller-retour…

-Filez ! Coupa Peter en tapant sur l’épaule de Winston. »

Le groupe se sépara. Spengler et Zeddemore disparurent à nouveau dans les entrailles de la ville, et Venkman pris les choses en main. Ray était comme hypnotisé par le gargantuesque saurien au-dessus de leurs têtes. Peter claqua des doigts sous le nez de son ami:

« -Hey, Francine ! Contourne cette horreur, ordonna t’il en indiquant la Sphere, on va se placer chacun a une extrémité de la place. Tant qu’il ne bouge pas, on ne fait rien, on attend le piège et les renforts. »

Ce début de plan ramena Ray à un peu de logique, la détermination se lisait à nouveau dans son regard :

« -Le slime reste une matière fragile, nos rayons de protons devrait lui le faire suffisamment souffrir pour que l’on puisse le confiner sur la place.

-C’est bien mon grand, encouragea Peter d’une tape sur la joue. Je préfère ça! »

L’endroit avait été déserté par les touristes, tous pris du même élan d’instinct de survie. Toujours en gardant à l’œil la créature, Ray disparu derrière la sphère. Peter entendis alors une sirène qu’il ne connaissait que trop bien. Les voitures noires et blanches des forces de l’ordre, accompagnées de deux camions d’interventions, commençaient à encadrer la zone. Des agents positionnaient les barrières, lorsqu’un large flic en uniforme arriva vers le porte-parole de Sos Fantômes, un léger embonpoint, une grosse moustache grisonnante retombant sur un double menton. Les deux hommes échangèrent une franche poignée de main :

« -Comment ça va Phil ? Demanda Venkman d’un sourire sincère et décontracté.

-Pas trop mal, Pete, pas trop mal. »

Le sergent Donahu avait souvent eu affaire à Peter Venkman. Il avait même finit par apprécier son bagout et son humour. Il savait que Venkman restait pro en toute circonstance, mais suffisamment marlou pour arrondir les angles en cas de besoin.

« -C’est quoi ce machin ? Continua Phil Donahu, le nez en l’air.

-Manifestation psychokinétique rigide avatar d’une entité voué à la haine et la colère, annonça Peter en bombant le torse.

-Mouais, en bref, c’est une belle saloperie, résuma Donahu.

-C’est une belle saloperie, confirma Venkman. »