Ghostbusters Underneath
Chapitre 6
I can't dance
I can't talk
Only thing about me is the way I walk
New York, Manhattan , Bellevue Hospital
2 juillet 1990, tard dans la soirée.
Ray ouvrit péniblement les yeux. Il était couché dans un petit lit aux draps criards. La lumière vive et les murs blancs de la chambre n’arrangeaient pas le mal de crane qui lui chavirait la tête. Il vit d’abord Egon, debout à côté du lit. Ce dernier sortit une petite lampe qu’il braqua dans les yeux de son ami.
« -Hey ! Je vais bien ! Protesta Stantz. Eteins ça tu veux !
-Il va bien. » Confirma Egon a Venkman et Winston, debout au pied du lit.
La chambre n’était pas bien grande et d’un confort minimum: une chaise dans un coin, une table, sur laquelle reposé un bouquet de fleur couché à côté d’un vase, et au mur une télévision éteinte. En voulant s’assoir, Ray senti la perfusion lui tirer la peau, et en levant les yeux il constata que le soluté du flacon était presque entièrement passé.
« -Tu es à Bellevue. Expliqua Winston, inquiet. Peter nous a donné sa version des faits. Tu as des souvenirs ? »
Venkman avait l’air misérable. Ray, qui le connaissait peut être mieux que quiconque, aurait pu jurer que son ami avait versé des larmes. Il avait beau se creuser les méninges, aucun souvenir précis ne lui revenait :
« -On était à Castle Bill. Avec Butch, c’est ça? Fit Ray d’un regard incertain à Venkman qui acquiesça d’un mouvement de tête. Je me souviens du « Bleu ». On l’a eu? »
Venkman hocha de nouveau. Le pauvre Stantz n’arrivait a pas allez plus loin dans ses souvenirs. Peter dit seulement, d’une voie morne :
« -Je t’ai frappé. »
Ray se passa la main dans la nuque. Il se rappela la colère. Une colère brute qu’il n’arrivait plus à contrôler et les choses horribles dites à son ami. Son visage se décomposa :
« -Je suis désolé vieux… »
Peter ne savait pas quoi répondre. Il l’avait frappé comme rarement il avait frappé un homme, il avait menti aux flics, il l’avait envoyé inconscient a l’hôpital et Ray s’excusait. Peter tira la chaise et y tomba lourdement. Ray regarda Egon, et décrivit lentement :
« -C’était comme dans la rivière de slime. Là fois où on a failli s’entretuer tous les trois. » Remémora t’il en indiquant Winston.
« -Mais sans le slime. » Précisa le savant.
Un silence s’abattit sur la pièce. Au travers la porte fermée, on entendit grincer les roues du chariot de l’infirmière qui faisait sa ronde de nuit.
« -Ray aurait été possédé ? » Demanda calmement Venkman.
Spengler sorti de sa besace son détecteur PKE et scanna son ami.
« -Quoi qui lui soit arrivé, c’est terminé. L’hématome ou l’inconscience, voir la combinaison des deux, ont dû couper le lien psychique.
-Et ça aurait un lien avec ce qui est arrivé à Peck? Supposa Winston.
-Sans aucun doute, » Affirmas-t-il tout en prenant le pouls de Stantz.
Venkman, sur sa chaise, sortie de sa torpeur :
« -Il lui est arrivé quoi au châtré ? »
Winston fit un résumé concis de la journée qu’ils avaient vécu : de leur arrivé à l’EPA jusqu’au moment où ils laissèrent Giselle en bas aux urgences pour des points de sutures, en passant par l’Underwood et ce pauvre Bouffe-Tout. Ray fut presque plus inquiet pour le petit fantôme vert que pour Peck ou l’amie de Winston. L’infirmière frappa et entra. Une jolie blonde au sourire adorable et au nez en trompette. Un minois qui mit du baume au cœur du quatuor. Spengler fit le point avec elle sur les constantes de son ami, ainsi que sur les divers relevés qu’il avait lui-même effectué. Julie, comme l’indiqué le petit badge a sa poitrine, buvait chacune des paroles du grand brun.
« -Vous savez, j’ai ma pause d’ici une demi-heure… Nous pourrions… faire un point sur votre ami autour d’un café. » Proposa-t-elle.
Son regard se fit espiègle derrière ses lunettes et Egon accepta avec un sourire en coin :
« -J’aurai effectivement besoin de caféine. Et une charmante compagnie est toujours agréable. »
Julie quitta la chambre presque à reculons, et referma la porte.
« -T’es pas croyable ! » Fit Stantz amusé.
Avec un air dégagé, Egon réajusta sa cravate et repris d’un ton sérieux:
« -Hum, oui. Je pense que j’ai des éléments, et un début de théorie qui me semble cohérente. »
Il s’éclairci la voie et commença son exposé accompagné par de petit mouvement de main nerveux. Ses camarades étaient tout ouïs :
« -Je pense qu’une entité s’est mis à la recherche de personnes nourrissant une rancœur, voir une colère pure à notre égard. Très certainement pour servir de catalyseur à sa propre colère… Deux ou trois personnes devraient pouvoir facilement servir de matrice. Les sentiments de Peck à notre égard sont assez clairs. Dans le cas de Ray, la colère a dû être nourris, voir insufflé au travers quelques failles. N’y vois là aucun jugement mon vieux, » fit Egon a son ami, qui ne semblait pas lui en tenir rigueur. «Ray a, par deux fois, été en contact psychique avec des entités puissantes, pour le choix de Gozer et la possession de Vigo, si courte fut-elle. Et, très important, il y a eu plusieurs exposition au slime ainsi que, ces derniers temps, une fatigabilité accrue. Sans avoir de réel raison de nous détester, Ray été facilement accessible pour l’entité en question : psychiquement, physiquement et mentalement. »
« -Tu as parlé de deux ou trois personnes, s’inquiéta Stantz. Si l’entité a déjà Peck et que je ne suis plus accessible, ça devrait nous laisser une marge de manœuvre ? »
Egon marqua une pause, puis repris d’un ton presque désolé :
« -Il y a quelques jours, Janosh Poah est passé par-dessus le parapet du pont George Washington avec sa Volkswagen. Son corps n’a pas été retrouvé.»
Un silence écrasant tomba sur les camarades:
« -Mais c’est quoi le rapport avec ton histoire d’entité ? » Essaya de comprendre Venkman, perplexe.
« -Janosh, comme Ray, a eu un lien étroit avec Vigo. Par bien des aspects, c’est un lien proche de la possession. » Précisa Spengler. «Il a également été en contact avec une forte quantité de slime. Et même si il semblait reconnaissant au début, nos derniers échanges étaient de moins en moins courtois. »
Winston qui été resté muet jusque-là synthétisa :
« -Donc l’entité a déjà Janosh et Peck. Et si elle compte se servir d’eux comme batterie pour sa propre colère, elle devra les garder en vie. Ce qui nous laisse une chance de les sauver.
-Et il faut sauver Bouffe Tout également. Insista Ray, assis sur son oreiller.
-Sauver tout le monde c’est un plan qui me plais, conclu Pete, mais pour les retrouver on doit savoir à qui on a à faire. »
Egon et Ray se regardèrent en coin. L’espace d’un regard les deux hommes en était venu à la même conclusion :
« -Cette entité se nourri de colère, commença Spengler.
-Elle s’insinue et se glisse partout, continua Stantz.
-Elle nous en veut viscéralement.
-Comme un reflex naturel. »
Zeddemore et Venkman comprirent avant que les deux autres ne le disent à l’unisson :
« -Le slime lui-même… »
O
New York, Manhattan , sous-sol du Bellevue Hospital
2 juillet 1990, tard dans la nuit.
Après réflexion, Jeff avait roulé bien trop vite. Mais ne pas profiter de sa Ducati 750 par une si belle nuit aurait été stupide. D’un autre côté, filer à 180 km/h sur Amterdam Avenue l’était également. Oui, ce soir Jeff avait trop bu, mais une promotion, ça se fête. Mais Jeff avait encore l’esprit clair lorsqu’il évita de justesse cette mamie et son caddie rempli de fatras. C’est au moment où son bolide s’est dérobé entre ses cuisses que Jeff a perdu le fil. Il ressentait toujours cette impression de flotter. Il avait vu un ange aussi, il en était certain. A moins que ce ne soit cette fichue statut de la Cathédrale Saint John. Les détails lui revenaient à présent, l’aile de l’ange de métal l’avait frappé au ventre. En y pensant, Jeff posa ses mains sur ses pectoraux. Il était nu. Il était dans une pièce froide, sombre et métallique. Face à lui, s’étalaient de grandes façades de tiroirs sur un mur. Il aimait les films d’horreur et il n’était pas stupide, Jeff comprit donc rapidement qu’il était dans une morgue. Ses mains descendirent légèrement et ne trouvèrent rien sous son nombril. Le vide. Pas de ceinture, pas de poche, pas de cuisses, pas de jambes. Sous l’effet de la panique Jeff s’éleva dans les aires d’un bon mètre. Il était coupé en deux, nu et flottait dans la morgue froide d’un hôpital quelconque. C’est là qu’il les vit, ses jambes. Enfin il vit en premier lieu ses fesses nues, puis ses jambes. L’autre moitié de son corps qui faisait les cents pas.
« -Psss ! Viens là toi ! »
Les jambes se retournèrent.
« -Ho non, tu peux pas rester le derrière à l’air… »
Jeff chuchotait, de peur que quelqu’un ne l’entende. Il prit un drap blanc sur une table et le déposa sur la moitié libre de son corps. On aurait dit que la jupe d’un travesti été partie faire la bringue sans son propriétaire. Ainsi vêtu, les jambes repartirent en ligne droite et traversèrent la porte mal fermée pour disparaitre dans un sombre couloir.
« -Reviens là! » Chuchota t’il très fort.
Jeff tira sur une autre table un autre drap blanc. Celui qui recouvrait son cadavre, tranché par la moitié. Il ne prit pas la peine de s’apitoyer sur son sort. Jeff posa le drap sur ses épaules et s’envola à la poursuite de ses jambes. Il pesta entre ses dents :
« -Si je te retrouve j’te botte le cul! Ha non… J’peux pas t’étrangler non plus, t’as d’la chance… »
O
New York, Manhattan , Bellevue Hospital
2 juillet 1990, tard dans la nuit.
Egon était parti prendre sa dose de caféine et de compagnie féminine depuis un bon quart d’heure maintenant, et Winston, qui s’inquiétait pour Giselle, leur avait également faussé compagnie. Peter regardait la nuit et les lumières de la ville par la fenêtre.
« -Quelqu’un m’a déposé des fleurs? Demanda Ray au bout d’un moment.
-Ho, ça ? C’est moi. Fit Venkman d’un air dégagé.
-Tu devais sacrement t’en vouloir.» Fit Stantz en faisant son possible pour ne pas montrer à quel point le geste de son ami le touchait. Peter ne pris pas la peine de répondre.
« -Tu aurais pu les mettre dans le vase.
-Je me suis dit que c’était crétin.
-De les mettre dans l’eau ?
-Non, les fleurs. »
Ray souri, et fit à son ami d’un ton blagueur :
« -J’aurais pas craché sur un cigare.
-La petite Julie te viderai l’eau du vase sur la tête si tu allumais un de ces barreau de chaise ici. »
Les deux amis se sourirent, et Pete ajouta en sortant une flasque chromée de l’une des poches de sa combinaison :
« -Sinon j’ai ça.
-Ha! T’es un saint Venkman.
-Holà! Si tu deviens vulgaire je demande à ce qu’on te rendorme »
Pete s’assied sur le lit, les deux amis prirent chacun une bonne gorgé du vieux whisky tiède. Son mal de tête se calmait un peu, et Ray s’inquiéta :
« -T’as réussi à ramener l’Ecto 8?
-Je l’ai amarré, Capitaine Fracasse.» Affirma Venkman, fier, accompagnant sa réponse d’un salut militaire.
Ray était à la fois surpris et rassuré, et Pete ajouta :
« -Je t’écoute des fois.
-Et le matos ?
-Sous clé au dock. »
De l’agitation montait du couloir, puis gémissement de quelqu’un qui semblait s’expliquer en réprimant des sanglots de terreur. Spengler ouvrit violement la porte de la chambre :
« -Venkman! On a besoin de nous au sous-sol!»