Le vampire de Londres

Chapitre 9 : Horizon Nuclear Power

2243 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 15:15

Chapitre 9

 

«Mais t'es un grand malade toi!»

 

Sherlock, appuyé contre la porte de la salle d'interrogatoire laisse Lestrade se défouler sur lui. Il n'écoute qu'à moitié ses réprimandes laissant son esprit voguer dans des endroits plus accueillants que ce poste de police bruyant et étouffant. Bon, c'est vrai qu'il y est allé un peu fort sur le coup mais ce salopard l'a bien mérité! Il n'avait pas à tirer sur Molly, et encore j'ai été gentil! Pense le détective, les phalanges encore un peu douloureuses par la violence de son geste.

 

«- Si j'avais su, je t'aurais empêché d'aller le voir! Continue Lestrade. T'en a pas marre de décevoir toutes les personnes que tu rencontres?

- Je vous signale Fred, que …

- Mon nom c'est Greg!

- … Oui c'est pareil! Donc, GREG, c'est grâce à moi que nous allons obtenir des informations sur la victime qui pourront sûrement, c'est même certain je dirais, aider à résoudre cette enquête!

- Ça c'est pas dit! Je ne te l'ai pas dis mais la demande de transfert au pénitencier de Lewisburg est un faux …

- Vous me prenez vraiment pour un abruti Lestrade! S'emporte Sherlock, le visage dur.

- Je suis désolé, bredouille l'officier, je ne pouvais pas faire autrement, c'est pas possible …

- Je sais très bien que ce document ne vaut rien! Vous me prenez vraiment pour un crétin! Vous pensez vraiment que le directeur de ce service pourrait avoir une quelconque influence sur ce transfert? Sa signature aurait pu être celle d'un chat, le résultat aurait été le même mais Tom O'Neil est si stupide qu'il ne s'en rendra même pas compte!»

 

Lestrade soupire, soulagé de rester dans les bons rangs du détective. D'un geste de la main, il lui fait signe de le suivre jusque dans son bureau et l'invite à s'installer sur le sofa sous la fenêtre, en face de la porte d'entrée. Sherlock s’assoit, les jambes croisées et le dos droit.

 

«- Tu veux un café? Demande Greg en se dirigeant vers la machine à café, derrière son bureau.

- Je voudrais bien un thé, merci.

- Un thé? Le raille l'officier dans un rire. Tu crois vraiment qu'il y a du thé dans un poste de police? Tu me surprendras toujours Sherlock Holmes!»

 

Le détective ne dit rien et se contente de hausser les épaules. Pendant quelques minutes, l'officier lui explique les dernières nouvelles concernant l'enquête. D'après ce qu'il a lu dans les notes de Molly, le meurtre aurait eu lieu aux alentours de sept heures du matin, dans le jardin de la résidence à la victime. Comme il l'avait deviné, l'alibi d'Amanda Baird a été vérifié: elle était bien à la Drug Clinic au moment du meurtre.

 

«- C'est le gardien de l'immeuble qui a découvert le corps, explique Greg. Je suis allé l'interroger hier après-midi mais il n'a rien vu et rien entendu non plus. Il n'y a aucune caméra aux alentours et aucun témoin non plus. La scientifique s'est rendue sur les lieux du meurtre également mais les agents n'ont rien trouvés de concret. Ils pensent que le corps a été déplacé, que le tueur l'a vidé de son sang puis placé ici, dans un lieu public et bien visible par tous. On dirait qu'il n'a pas eu le temps de cacher le corps …

- Non, non, s'exaspère Sherlock. Il l'a mis ici EXPRÈS, pour qu'on le retrouve! Il veut qu'on voit ses victimes, comme si elles représentaient quelque chose pour lui. Je pense que c'est un message. Oui, un message qu'il veut faire passer! Si on comprend pourquoi il vide le sang de ses victimes, on s'approchera un peu plus de lui».

 

Lestrade acquiesce, peu convaincu par le discours du détective. Soudain, quelqu'un frappe à la porte du bureau.

 

«- Entrez, lance Lestrade sans se retourner.

- Excusez-moi commandant, dit l'agent qui vient de rentrer dans son bureau, je viens vous remettre les déclarations du suspect dans l'affaire McCourtney. Il n'a pas écrit grand chose mais je pense que ça peut vous intéresser».

 

Sherlock se lève, et sans laisser le temps à Greg de répondre, attrape le papier des mains de l'agent. Ce dernier sort, sans se soucier de Sherlock pendant que Lestrade s'approche du détective pour lire le document. Seule une phrase est écrite sur le petit bout de calepin:

Contactez Sam Fender

Sherlock le relit plusieurs fois, se demandant si c'est une blague, puis se dirige finalement vers l'ordinateur de Lestrade et commence à taper le nom écrit sur le papier dans la base de données de la police d'Angleterre. Après quelques secondes de recherche, l'ordinateur lui affiche cinq résultats. Les deux premiers sont morts et le troisième, qui approche des quatre-vingts ans, habite dans une maison de retraite. Ce qui lui en laisse deux qui n'habitent pas loin de Londres. Le premier est un ingénieur de 37 ans qui vit à Merry Hill Road près de Watford et travaille à deux kilomètres du poste de police. Il est marié, et a un enfant mais ne possède pas de casier judiciaire. Je pense pas que ça soit notre homme mais les apparences sont parfois trompeuses et je ne sais pas quel type d'homme à voulu nous désigner Tom O'Neil. Sherlock griffonne son adresse sur un bout de papier puis se penche sur le deuxième Sam Fender. Celui-ci habite à Merlin Grove et bosse dans une petite entreprise de plomberie depuis six ans. Il a 29 ans et son casier judiciaire est presque vierge, seul un vol de voiture a été relevé. Le détective note également son adresse puis se lève et sort du bureau de Lestrade, sans un regard pour l'officier.

 

A l'extérieur, l'effervescence du milieu d'après-midi donne à la ville l'effet d'une fourmilière géante. Quelques flocons de neige viennent se poser sur les épaules du détective et l'air frais lui balaie ses cheveux bruns maculés de blanc. D'un pas décidé, il s'engage sur le trottoir rempli de passants et commence à remonter l'avenue. Il marche ainsi pendant plusieurs minutes puis entre finalement dans un grand bâtiment surmonté d'une horloge géante affichant 16h26. Une hôtesse blonde, tirée à quatre épingles, l’accueille chaleureusement, un sourire niais flanqué sur le visage.

 

«- Bienvenue à l'entreprise «Horizon Nuclear Power» monsieur. Que puis-je faire pour vous?

- J'aimerai parler à Sam Fender, un de vos ingénieurs, répond poliment Sherlock sans pour autant regarder la jeune femme, j'ai quelques questions à lui poser.

- Un instant je vous prie».

 

La jeune femme décroche son téléphone et, pendant quelques secondes, parle à voix basse, les yeux rivés sur son comptoir.

 

«- Oui monsieur, je comprend très bien, je lui fais parvenir votre message, dit la jeune femme en posant le téléphone devant elle. Désole mais Mr Fender ne peut pas vous recevoir pour l'instant, il est en réunion et ses invités sont d'une haute importan ….»

 

Sans lui laisser le temps de finir sa phrase, le détective s'empare du téléphone.

 

«- Monsieur, je suis lieutenant de police, dit-il en brandissant la carte de Lestrade devant les yeux de la secrétaire, je dois absolument vous parler, c'est très important. Si vous refusez, je vous arrête pour entrave à une enquête policière!»

 

Un long silence suit la déclaration de Sherlock. Finalement, l'ingénieur soupire puis accepte, lui demandant de monter dans son bureau et de l'y attendre le temps de clore sa réunion. Satisfait, le détective raccroche le cellulaire puis se dirige vers l'escalier et monte quatre à quatre les deux étages séparant le hall d'entrée du bureau de son suspect.

 

Il arpente les couloirs de l'étage à la recherche du bureau de son suspect, puis ouvre d'un geste la porte et pénètre dans la pièce spacieuse de Sam Fender. Les grandes baies vitrées embrassant la pièce éclairent d'une lumière vive les meubles du bureau. Un sofa couleur crème se tient sur la droite, dos à la porte d'entrée et fait face à une télé écran plat éteinte. Sherlock se dirige vers le fauteuil du bureau et s'y assoit, scrutant chaque élément de la pièce: un cadre photo fait main, enfermant le cliché d'une femme et d'une petite fille, montrant son attachement à la famille, un carnet d'adresse bien remplie et soigneusement tenue traduisant son sens de l'organisation et une surface de bureau impeccable, sans la moindre trace de poussière. Encore un qui aime la propreté pense le détective. Sur sa droite, une grande étagère composée de multitude de vitre laisse apparaître quelques bibelots: une coupe et deux médailles gagnées lors de marathons, des livres sur le nucléaire, les mathématiques et les sciences appliquées ainsi que quelques souvenirs de ses différents voyages comme des portes-clés d'Espagne et de Corse, une Tour Eiffel miniature de Paris, une roche volcanique provenant certainement du Vésuve, une théière directement importée du Japon ainsi que quelques albums photos. Je vois que Monsieur aime voyager.

Son regard se pose sur l'agenda de Sam Fender. D'un geste, il l'ouvre et tourne les pages une à une jusqu'à tomber sur le jour qu'il cherchait: le 18 mars, le jour du meurtre de Ben McCourtney. Seulement deux notes sont écrites sur la page. Une réunion d'affaire de 6h30 du matin jusqu'à la pose du midi puis un rendez-vous à Mill Green Road, sur un chantier de centrale nucléaire qui l'a occupé toute l'après-midi.

A première vue, il ne semble pas être le tueur de Ben mais Sherlock note mentalement les noms des personnes présentes ce matin là et se promet d'aller leur parler pour savoir si Sam Fender s'était éclipser durant la réunion. D'une oreille, il entend l'ingénieur entrer dans le bureau et sans lever les yeux du journal, le salut brièvement d'une main.

 

«Bonjour Mr Fender, je suis venu pour vous poser quelques questions mais votre bureau s'est chargé de me répondre.

- Dans ce cas, vous connaissez le chemin de la sortie, lance l'ingénieur, las de fatigue.

- Oui, mais j'ai quand même besoin de voir vos réactions».

 

Le détective relève la tête, referme le carnet puis plonge ses yeux dans ceux de Sam. Il reste quelques secondes dans cette position, sans dire un mot.

 

«Mhhh, je ne pense pas que vous soyez le tueur …

- Le tueur? Bon dieu, vous êtes ici pour un meurtre! Quelle horreur … Je n'ai tué personne! Je … j'ai besoin d'un avocat? Hasarde l'ingénieur.

- Tout dépend … Vous avez quelque chose à cacher?»

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Voilà ;) Vous en pensez quoi ? :)

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