Le vampire de Londres

Chapitre 6 : Léger dérapage ...

2817 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 05:15

Chapitre 6

 

Molly, penchée sur l'évier du labo, lave ses outils et les range dans les tiroirs prévus à cet effet, près de l'ordinateur. Elle bâille, fatiguée par sa soirée de la veille. Elle repense aux discussions qu'elle a eu avec Sherlock, elle qui s'imaginait qu'il ne pouvait pas tenir une conversation «d'adulte». Elle sourit lorsqu'elle se remémore le moment où Sherlock lui a ouvert la porte du taxi, dans un «madame» un peu noble. La jeune femme se mord les lèvres lorsque l'image de Mme Hudson arrivant au moment fatidique surgit dans son esprit: «Et dire qu'il a faillit m'embrasser! Ou alors je me fais des films … Je me demande bien ce qui aurait pu se passer si la propriétaire de Sherlock ne serait pas arrivée à cet instant précis.» Elle se retourne vers la table d'autopsie pour nettoyer sa surface froide. Toujours plongée dans ses pensées et un sourire relevant le coin de ses lèvres, la légiste tombe nez-à-nez avec le détective, les mains plongées dans les poches de sa veste. Elle sursaute et lâche un petit «Ah Sherlock c'est toi! Tu m'as fait peur», la main posée sur le cœur. Celui-ci semble froid et ne répond rien. Il paraît perturbé et reste statique au beau milieu du labo, les yeux fixés sur Molly. Il semble attendre une excuse ou une explication. La jeune femme baisse la tête, honteuse d'avoir autant bu la veille.

 

«- Je suis désolée pour ce qui s'est passé hier, chez toi. Je n'aurais pas dû boire autant, c'était stupide, pardonnes-moi.

- En effet, l'alcool ne vous réussi pas, dit-il d'un ton dur. Je vais voir le dealer que nous a indiqué mon contact. J'ai réussi à le localiser grâce à mon réseau de SDF, je n'en n'aurais pas pour longtemps».

 

Sur ce, Sherlock se dirige vers la porte du labo sans laisser le temps de répondre à Molly. Cette dernière, après quelques secondes d'incompréhension, relève la tête de ses doigts entremêlés et s'élance derrière le détective.

 

«- Attends! Tu ne veux pas que je t'accompagne?

- Inutile, je ne suis pas sûr que vous soyez sobre et vous me gêneriez dans ma réflexion».

 

Blessée par les paroles acerbes du détective, elle reste muette et n'ose plus ouvrir la bouche. Elle sent les larmes lui monter au yeux et, mal à l'aise à cause du vouvoiement soudain de Sherlock, ne sait plus quoi dire ni quoi faire. Elle le regarde, impuissante face à sa froideur. Voyant que la jeune femme ne répond rien et ne semble pas décidée à le suivre, Sherlock pousse la porte du labo et commence à sortir. Molly le retient par le pan de sa veste, la colère menaçant d'exploser.

 

«- Sherlock! Qu'est-ce qui vous prend? Vous ne pouvez pas vous servir de moi comme ça, me supplier de vous accompagner un jour puis le lendemain me rejeter comme un vieux torchon. Je ne supporte plus vos sottes d'humeur! Dites-moi ce qui vous gêne bon sang!».

 

Surpris par sa colère soudaine, le détective ne sait pas trop quoi répondre. Il hausse les épaules et se retourne vers la sortie en maugréant quelques paroles.

 

«- Faites ce que vous voulez», soupire-t-il.

 

Énervée par son caractère bipolaire, elle décide de le suivre pour pouvoir discuter avec lui plus tard. Elle attrape sa veste posée sur le dossier de la chaise et se dirige d'un pas rapide vers la sortie. Quand elle sort, elle ne voit pas du premier coup d’œil Sherlock. C'est quand elle tourne la tête vers le bout de la rue qu'elle aperçoit le détective entrer dans un taxi. Elle se presse de rejoindre la voiture mais celle-ci démarre avant qu'elle n'ait pu monter à l'intérieur. Maudissant tout bas Sherlock, elle hèle un autre taxi et, une fois à l'intérieur, demande au chauffeur de suivre celui du détective.

 

A l'arrière du véhicule, elle n'arrive pas à croire que Sherlock ne l'ai pas attendu. Elle secoue la tête et soupire, tout en réfléchissant aux paroles acerbes qu'elle pourrait lui balancer à la figure si elle était en face de lui: «Je ne le comprend vraiment pas, il peut autant avoir la maturité d'un adulte responsable que se comporter comme un gamin».

 

Après une quinzaine de minutes, le taxi s'arrête enfin à l'entrée d'un terrain vague. La jeune femme règle sa course puis sort tout en regardant autour d'elle. Aucune maison, aucun magasin, il n'y a absolument personne. Seul un terrain sablonneux et un hangar trône au milieu de cet espace vide. Elle voit le détective, quelques mètres devant elle, s'approcher de la porte du hangar. Sentant la colère resurgir en elle, elle se dirige au pas de course vers lui pour lui dire ce qu'elle pense de son comportement.

 

«- Alors toi! T'es vraiment un sale ...» Commence-t-elle avant d'être interrompu par la main de Sherlock sur sa bouche.

- Taisez-vous bon sang! Murmure-t-il près de son oreille. Le dealer est probablement à l'intérieur de ce hangar, si nous parlons trop fort il risque de s'enfuir»

 

Sherlock lâche Molly après quelques secondes, une fois sûr qu'elle ne parlera pas. La jeune femme, en colère, croise les bras sur sa poitrine et lève les yeux au ciel mais ne dis rien, contrariée de ne pas pouvoir s'expliquer avec le détective.

 

«- Il n'y a qu'un seul accès donc si l'on prend le dealer par surprise il ne pourra pas s'enfuir. Mettez-vous de l'autre côté de l'entrée, je rentrerai en premier et vous me suivrez.

- Vous ne pensez pas qu'il vaudrait mieux appeler la police, le réprimande-t-elle. Vous avez envisagé la possibilité qu'il ne soit pas seul? Ou qu'il soit armé?

- Vous allez arrêter de toujours vouloir me contredire? Dit-il en haussant la voix.

- Chut, taisez-vous le dealer est probablement à l'intérieur de ce hangar» le raille-t-elle en imitant sa voix.

 

Le détective ne dit rien mais une lueur de malice brille dans ses yeux. Contrairement à Molly, il semble amusé par la situation. Après avoir vérifié qu'il n'entendait rien de l'autre côté du hangar, il fait signe à la jeune femme de se positionner puis entre dans le bâtiment, suivit de près par la légiste. A l'intérieur, l'obscurité est poignante. Ils mettent quelques secondes à s'y habituer puis finalement arrivent à discerner l'intérieur du hangar. Sur leur droite, une table bancale où trône une multitude de bric-à-brac, essaye désespérément de ne pas ployer sous ce poids. En face de lui, Sherlock aperçoit une vieille voiture dont la peinture rouge s'est effacée à certains endroits et des étagères métalliques disposées ici et là, complètent le tableau de «bâtiment désaffecté du coin». Au fond de la pièce, sur leur gauche, une salle vitrée a été emménagée comme bureau d'où une musique de rock poussée à fond s'échappe. A l'intérieur, un homme, dos aux deux acolytes, concentré sur des documents sur le bureau, ne semble pas les avoir entendus entrer. Sherlock fait un rapide état des lieux puis soudain, aperçoit sur la table bancale à leur droite, cachés sous des paquets de sablés vide, des sachets de cocaïne et des mégots de joints. Il donne un coup de coude à Molly et lui indique du regard la drogue. Cette dernière, mal à l'aise par l'endroit, écarquille les yeux lorsqu'elle relève la tête vers l'homme dans la salle. Celui-ci, s'étant retourné vers eux, s'est aperçu de leur présence. D'un geste, il éteint la musique et crie pour se faire entendre à travers les vitres:

 

«-Qui êtes-vous, et qu'est-ce que vous foutez dans mon garage? Vous n'avez pas vu la pancarte avec écrit «propriété privée» à l'entrée?

- Elle a dû être emportée par le vent, il soufflait pas mal hier dans cette partie de l'Angleterre, répond Sherlock en s'approchant de l'homme dans le bureau.

- N'approchez pas, déguerpissez d'ici, vous n'avez rien à faire là!»

 

Tout en disant cela, il sort de la pièce en brandissant sur Sherlock un revolver prêt à larguer ses balles sur le détective. Molly, effrayée, sursaute en lâchant un hoquet de surprise. Elle n'ose plus bouger et préfère obéir à l'homme qui tient l'arme contrairement à Sherlock qui continue d'avancer, les mains levées en signe de non-opposition.

«-Je vous ai dit de pas bouger bordel! Crache l'homme, les yeux révulsés par la colère.

- Calmez-vous, nous venons seulement vous poser quelques questions, nous avons besoin de renseignements. Nous ne voulons pas vous dénoncer à la police et non nous ne sommes pas de la police, dit Sherlock comme s'il lisait dans les pensées de l'homme. Je vais sortir un téléphone de ma poche, seulement pour vous montrer une photo. Nous aimerions savoir si vous le connaissez».

 

Sherlock, d'une main, sort délicatement le téléphone de la poche de sa veste, laissant la deuxième en l'air. Il le déverrouille puis affiche la photo de la victime, Ben McCourtney. Il tend le téléphone à l'homme qui regarde la photo quelques secondes puis secoue la tête.

 

«- Je connais pas ce type. Maintenant dégagez tous les deux avant que je te fasse un deuxième trou de balle.

- Ah ça non, vous ne le ferez pas. La police s’inquiéterait de notre disparition et lancerait un avis de recherche. Ils retrouveraient, grâce au signal de mon téléphone, la localisation de ce hangar et au vu de la quantité de drogue sur cette table, dit-il en jetant un coup d’œil sur la droite, ils auront tôt fait de vous mettre au fond d'un trou pour le restant de vos jours. Sans parler des traces de poudre, d'ADN, d'empreintes et d'un tas de d'autres choses présentent dans cet endroit qui les remmèneront directement à vous».

 

Molly écarquille les yeux de surprise. Mais qu'est-ce qui lui prend de provoquer un dealer armé jusqu'au dent qui a son revolver braqué sur lui? Il est devenu fou ou quoi? Elle lui lance un regard noir pour lui signifier d'arrêter son petit manège mais Sherlock l'ignore royalement et fait encore quelques pas en direction de l'homme.

 

«- Alors vous êtes dans la police? Je le savais, vous avez une gueule de poulet vous deux, surtout vous! Dit-il en direction de Sherlock et en empoignant son arme plus fermement. Et arrêtez d'avancer putain!

- Calmez-vous, nous ne sommes pas des policiers mais disons que nous… collaborons souvent avec eux. Je suis sûr que vous ne voulez pas avoir de problèmes avec eux, je me trompe?»

 

Le dealer ne répond pas mais ses yeux remplis de haine suffisent à donner raison au détective. Il tourne autour d'eux, tel un prédateur, tout en se dirigeant vers la sorite, le regard constamment fixé sur celui de Sherlock. Ce dernier s'aperçoit du petit manège de dealer et sourie à l'initiative de l'homme.

 

«- Qu'est-ce qui te fais rire boucles d'or? Tu te crois malin alors que c'est moi qui tiens l'arme, toi t'as rien pour te défendre».

 

Tout en disant cela, il se tourne vers Molly en se passant la langue sur les lèvres tel un enfant alléché devant un gâteau au chocolat.

 

«- En revanche mon pote, je te propose un deal: la fille contre ta vie sauve, tu roules?»

 

La jeune femme, choquée, grimace à l'idée de ce que cet homme pourrait lui faire. Beurk, plutôt crever que finir avec lui. Elle regarde Sherlock et attend sa réponse, les bras croisés sur la poitrine.

 

«- Tu n'as pas intérêt à la toucher mon pote, lui répond-il d'un ton sarcastique.

- C'est comme tu veux, mais tu risques de ne plus revoir la lumière du jour, lance le dealer, maintenant dos à la porte.

- Non, c'est toi qui ne pourras plus profiter de ta liberté, tu croupiras en prison et je veillerai a ce que tu sois à l'isolement jusqu'à la fin de ta vie. Tu seras filmé 24h/24 et tu seras coincé comme un rat dans une boîte en métal. Quoi que, je te laisserai peut-être avec les autres détenus, histoire que tu apprennes ce qu'est le respect.

- Je ne me ferai jamais attraper, j'ai beaucoup de contacts qui pourront me faire sortir du pays. Nouveau noms, nouvelle maison, une nouvelle vie!

- Sauf si j'ai déjà appelé la police».

 

Molly s'étouffe à moitié avec sa salive. Mais qu'est-ce qu'il lui prend? Il veut mourir aujourd'hui ou quoi? La jeune femme se retourne vers le dealer et scrute sa réaction. Ce dernier pâlit, regarde tout autour de lui, paniqué. Son bras, tendu vers Sherlock, comme à trembler et des gouttes de sueur perlent sur son front. Le détective sourit, satisfait de l'effet que produit sa réponse. Soudain, sans crier gare, le dealer appui sur la détente. La balle part dans un bruit sourd.

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Voilà :) Qu'en pensez-vous ? On sait que le chapitre se termine un peu en suspens mais la suite arrivera bientôt ;) Bonne lecture !

Kiss kiss les gens :D

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