Chapitre 3

Soudain, le détective entend un bruit sourd deux étages plus bas. Inquiet, il descend les marches quatre à quatre et tombe nez-à-nez devant Molly, à califourchon sur la petite amie de la victime qui se débat tant bien que mal.

«- Eh bien, vous avez quelque chose à vous reprocher pour vous enfuir en nous voyant?» Demande Molly à la junky, sarcastique.

Cette dernière lui lance un regard noir et méprisant, essoufflée par sa course folle.

«- Bien joué Molly, la complimente Sherlock, la police ne devrait pas tarder à arriver. En attendant, allons l'interroger dans l'appartement de Ben.»

Après être remonté avec la junky dans le studio et avoir refermé la porte derrière lui, Sherlock l'attache sur une chaise de la cuisine et s'installe face à elle aux côtés de Molly, les bras croisés.

«- Qu'est-ce que vous me voulez? Et vous êtes qui d'abord pour entrer dans mon appart' comme ça et m'attacher comme un animal? Crache la junky, rouge de colère.

- Calmez-vous, on ne vous veut aucun mal, dit gentiment Molly. Comment vous vous appelez?»

La jeune femme attachée lui jette un regard noir, rempli de mépris. Elle ignore la question de Molly et se tourne vers le détective, un sourire acerbe sur les lèvres.

«- Il me semble qu'elle vous a posé une question» lance Sherlock, le visage dur.

La petite-amie de Ben soupire, regarde tour-à-tour Sherlock et Molly puis finit par répondre d'un ton arrogant, les yeux lançant des éclairs.

«- Je m'appelle Amanda Baird. Et vous, vous êtes qui? Encore des dealers de Ben? Je vous prévient, je compte le faire décrocher de cette merde! S'énerve la jeune femme.

- Calmez-vous, on va vous poser quelques questions puis on répondra aux vôtres, dit calmement Molly, mais prenez votre temps, nous n'avons pas vraiment le droit de …

- Avez-vous tué votre petit-ami?» La coupe Sherlock en levant la main pour l'empêcher de parler.

Molly se mord la lèvre, honteuse d'avoir failli faire foirer l'interrogatoire. Amanda, quand à elle, ouvre de grands yeux à la question du détective, choquée par ses paroles.

«- Quoi? Dit-elle tremblante, les larmes aux yeux. Ben est mort? C'est arrivé quand? Putain, Ben qu'est- ce que tu as fait encore?

- Je suis désolée Amanda, dit Molly doucement. Vraiment désolée. Je comprends tout à fait ce que vous ressentez et je tiens à vous dire que …

- Pourquoi n'avez-vous pas les yeux rouges et la sensation de manque? Demande soudain Sherlock dubitatif. Et pourquoi vous vouliez faire décrocher Ben si vous êtes vous-même une droguée?

La jeune femme attachée tourne son regard vers le détective, des larmes ruisselant sur ses joues rosies. Elle ouvre la bouche pour répondre mais un sanglot lui vole ses mots et pendant quelques secondes, elle reste muette, la tête baissée, secouée de spasmes. Sherlock ne dit rien et la laisse exprimer sa tristesse. Finalement, elle relève la tête et répond d'une voix rauque, les yeux bouffis:

«- Je sors juste d'une cure de désintoxication à la «Drug Clinic» à Londres. J'étais revenue pour le convaincre de le faire lui aussi mais je suis arrivée trop tard, sanglote-t-elle. Il est mort d'overdose c'est ça?

- Non, il a été vidé de son s...

- Nous n'avons pas encore assez d'éléments pour l'instant, le coupe Molly, les yeux lui lançant des éclairs. Nous pouvons seulement vous affirmer qu'il s'agit d'un meurtre.

- Un meurtre? Mais c'est horrible! Qui a pu le tuer?

- Nous ne savons pas encore, mais nous faisons du mieux que nous pouvons.

- Vous êtes de la police alors?» Demanda Amanda, fébrile.

Molly lance un regard gêné à Sherlock, ne sachant quoi répondre. Sherlock sourit, amusé par la situation.

«- Pas vraiment, nous sommes ...» Commence Molly avant d'être interrompu par des pas précipités dans les escaliers.

Le brouhaha s'intensifie et des voix graves et autoritaires leur parviens depuis le pas de la porte. Soudain, la porte explose sous les coups du bélier et la police entre en trombe dans l'appartement, leurs armes pointés vers Sherlock et Molly.

«- Mettez les mains en l'air», leur cri le commandant de l'équipe. Molly s'exécute mais le détective se lève, un sourire aux lèvres et se penche vers la porte d'entrée.

«- Greg, on a trouvé sa petite-amie mais elle est innocente. On vous la laisse, nous avons encore du pain sur la planche!»

Les policiers, incompréhensifs, se tourne vers Greg et attendent ses ordres. Celui-ci entre, amusé mais exaspéré par le comportement du détective tout en levant la main pour arrêter ses hommes.

«- Laissez-les, ils sont avec nous, lance Greg à ses agents. Commencez à fouiller l'appartement et détachez la jeune femme»

Sherlock se dirige vers Amanda, lui libère les mains et l'aide à se relever puis sort de l'appartement en passant devant Greg, un sourire au coin des lèvres. Molly le suit, et arrivée à la hauteur du commandant s'excuse d'un hochement des épaules pour le comportement immature de Sherlock. Au moment où elle franchit la porte d'entrée, le détective crie, sans se retourner, depuis le couloir:

«- Vérifiez qu'elle était bien à la «Drug Clinic» de Londres le soir du meurtre de Ben McCourtney!»

Il descend les escaliers grinçants avec Molly sur ses talons, fatiguée par l'hyperactivité de Sherlock. Arrivés en bas de l'immeuble, ils montent dans le premier taxi qu'ils trouvent et s'installe à l'arrière, Molly pouvant enfin reprendre son souffle.

«Emmenez-nous à Victoria Square, lance Sherlock, les yeux perdus dans le vide.

- Quoi? On rentre pas à la clinique?

- Non, je dois rencontrer une personne qui pourrait nous en apprendre plus sur l'affaire.

- Mais il est 20h40 et nous n'avons même pas encore mangé, soupire-t-elle plus à elle-même qu'à Sherlock.

- Nous prendrons des plats à emporter sur le chemin du retour»

Puis sans attendre une réponse de la jeune femme, Sherlock se plonge dans son palais mental, se coupant du reste du monde. Molly, interloquée, reste figée pendant quelques minutes: «Sherlock Holmes qui va manger? Et avec moi? Okaaaaay, demain ,c'est la fin du monde».

Au bout d'un temps qui lui paru une éternité, Molly descend du taxi et rejoint Sherlock dans une ruelle sombre perpendiculaire à la route principale. Le taxi, à la demande du détective, reste en stand-by, le temps qu'il récolte quelques informations auprès de son contact: «Nous en aurons que pour quelques minutes» avait-il dit au chauffeur avant de sortir.

Au bout de la ruelle, les deux acolytes tournent à droite et se dirigent vers un groupe de personnes aux démarches pas très rassurantes. Certains d'entre-eux s'approche de Molly et commencent à la siffler en louchant un peu trop sur sa poitrine. Sherlock, quand à lui, se fait bousculer et huer par le groupe de junkies.

«- Eh ma jolie! Dit un gars en approchant ses mains crasseuses du visage de Molly.

- Bas les pattes, occupez-vous de vos affaires, lance Sherlock, le visage dur.

- Elle n'est pas qu'à toi, espèce d'asperge, tu pourrais au moins partager le butin! Sort d'une voix caverneuse un autre gars caché dans l'ombre.

- Ce n'est pas un jouet».

À ces mots, Sherlock se tourne vers Molly et lui dit de ne pas bouger, qu'il n'en a pas pour longtemps. La jeune femme semble terrifiée et n'ose même pas regarder autour d'elle de peur de croiser le regard d'un des drogués. Le détective, lisant la peur dans ses yeux, se tourne vers les gars et ajoute d'une voix posée:

«- Si vous lui touchez ne serait-ce qu'un cheveu, je préviens le Vautour qui s'occupera personnellement de votre cas!»

A ces mots, les drogués semblent terrifiés. Ils se regardent, indécis, ne sachant pas si les paroles du détective sont à prendre au sérieux. Perplexes, ils s'éloignent de Molly, préférant ne prendre aucun risque.

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