Le coeur du probleme.

Chapitre 10 : Daniel Williams.

6659 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 11:53

Extrait du blog de John H. Watson :

 

Quand j'entrai dans l'appartement après m'être occupé de Mrs Hudson, une sorte de tension régnait dans l'air. Kate regardait par la fenêtre et Sherlock regardait Kate, un air absolument indéchiffrable sur le visage. Pendant un temps, il me sembla qu'il ne s'étaient même pas aperçu de ma présence. Je m’éclaircis la gorge et Kate se retourna.

_ J'ai appelé Scotland Yard, Lestrade sera ici d'une minute à l'autre pour saisir cet homme et écouter ton récit, Sherlock.

_ Il faut que je m'en aille, dis soudain Kate en enfilant son manteau.

_ Pourquoi ? demandai-je. Le discours de Sherlock ne vous intéresse donc pas ?

_ Bien au contraire mais vous me le raconterai plus tard si cela ne vous dérange pas. Je préfère éviter que mon père ne me trouve ici. Il est démesurément protecteur mais cela lui porterait un coup si il me voyait dans la même pièce qu'a fréquenté un tueur à gage quelques minutes avant.

_ Faites ce que vous juger être bon alors, répondis-je en lui disant au revoir

Elle sourit, adressa un signe de tête à Sherlock et se dirigea vers la porte.

_ Kate ! appela soudain Sherlock.

_ Oui ?

_ Je suis heureux de vous avoir revu.

Elle eut un petit sourire timide et s'en alla pour de bon.

 

_ Que c'est-il donc passé ? demandais-je à mon ami quand elle fut partie.

_ Oh !...nous avons simplement discuté quelques instants...

_ Je ne parle pas de Kate mais de ce...tueur à gage dans ton salon !

Il sembla revenir à la réalité, comme si toute cette histoire lui était complètement sortie de la tête.

_ Attendons que Lestrade soit reparti, comme l'a dit Mycroft il s'agit d'une affaire confidentielle et il ne faut pas que Scotland Yard s'en mêle. Le seul qui ai un esprit à peu près fonctionnel est Graham...

_ Greg.

_ Greg. C'est pour te dire leur stupidité.

L'intéressé arriva enfin. Nous n'eûmes aucun mal pour faire passer ce tueur de manière banale comme la conséquences d'investigation qui avaient irrité le concerné. Cela se rapprochait beaucoup de la réalité et Greg ne sus jamais à quel point l'affaire était liée au drame qui secouait le pays. Que Sherlock soit la victime de représailles était assez courant, l'histoire passa bien, quoiqu'il me sembla que l'inspecteur se doutait de quelque chose.

_ Maintenant raconte moi tout, dis-je à Sherlock quand nous fûmes enfin seuls.

_ Comme tu dois t'en douter, j'ai enquêté sur l'affaire dont m'a chargé Mycroft. Comme nous l'avions supposé, le meurtre de Mona, ceux des prétendants au poste de Premier Ministre et l'attentat du Royal Palace sont liés, quoique le premier soit une conséquence indirecte des autres.

_ Alors, qu'as tu découvert ?

_ Commençons par le commencement. Tu dois te douter que nous ne sommes pas les seuls sur l'affaire et que le MI6 et la CIA sont également sur le coup. Ils y sont attachés depuis plusieurs mois et le fait que l'affaire ne soit toujours pas résolue nous en dit long sur leur efficacité. Accusant leur incompétence et sur de ma réussite, je me mis à rassembler toutes les informations et les indices possibles sur tout ces assassinats. J'ai pus retourner au Royal Palace pour relever des indices et étudier les lieux. Voilà ce que j'ai découvert : nous avions raison, du gaz s'est échappé des ampoules nues du lustre, les portes se sont refermées et tous les majordomes ont quitté la pièce. J'ai pu étudier le gaz en lui même, il en restait d'infimes particules dans les réservoirs du lustre. C'était une chance car sans cela je n'aurai pu échafauder aucune théorie. Il s'agissait d'un dérivé diffus et inodore de l'acide cyanhydrique, un gaz meurtrier et complètement interdit. Ce nom me trottait dans la tête et je ne savais pas pourquoi mais mes réflexions me remmenaient toujours à toi.

_ A moi ? Pourquoi cela ?

_ J'ai finis pas le découvrir. Tu as fait une remarque à l'hôpital qui m'avait fait tiquer mais que j'avais laissé de côté par la suite. Tu as dit : « cela fait très nazis » . C'est alors que j'ai compris que j'avais une piste. L'acide cyanhydrique est un dérivé du Nyclon B qui était le gaz le plus couramment utilisé dans les camps d'extermination juifs durant la Seconde Guerre Mondiale. Quelqu'un avait recréé dans cet hôtel particulier une chambre à gaz. Mais à quelle fin ? Mycroft semble penser que les personnes visées étaient les candidats aux élections du chef du gouvernement , les autres victimes étant des dommages collatéraux qui brouillaient le pistes. J'ai étudié tout les rapports des autres tentatives de meurtre et des attentats qui ont réussis. Le mode opératoire est à chaque fois le même et ressemble étrangement, quand on sait quoi chercher, aux schémas d'action des SS. Enfin, le premier meurtre du premier candidat a été perpétré le jour anniversaire de la Nuit de Cristal de 1939. Au jour d'aujourd'hui, tous, la CIA, le MI6, le MI5 s'accordent à dire qu'il s'agit d'un message politique. Il y a dans les listes un néo-nazi qui œuvre ouvertement pour qui sait où regarder. Il a fait assassiner de nombreux candidats et d'autres personnes susceptibles de se mettre sur son passage. Il va sûrement se présenter comme la solution contre ces meurtres, contre le terrorisme et une fois élu démocratiquement, il sera au pouvoir et nous aurons les pieds et mains liés

_ Mais de qui s'agit-il ?

_ Voilà encore un problème : personne n'a réussi à découvrir son identité. Pas même l'ombre d'un soupçon. Le noir total. Pour tous. Sauf pour moi. Je me suis rappelé comment nous nous sommes retrouver mêlés à cette affaire...

_ Nous étions au Royal Palace...afin de trouver le commanditaire du meurtre de Mona O'Conell ! Tu as dit que tout était lié !

_ Excellent John ! J'ai décidé de reprendre là où tout avait commencé. Une approche différente, encore jamais testée par personne car peu de gens sont au courant de cette histoire. Dans une situation de crise comme celle que nous vivons sans que personne ne le sache, aucun service secret n'a pensé à se pencher sur le meurtre presque banal d'une jeune femme. J'aurais moi même du y penser plus tôt, cela m'aurait évité bien des jours d'ennuis et de recherches infécondes. Rappelle toi nos suppositions sur la raison de la mort de Mona.

_ Elle savait quelque chose sur quelqu'un que ce quelqu'un ne voulait pas voir révéler au grand jour. Plutôt mince...

_ Peut être mais une fois que l'on a ça, nous avons le début d'une piste. J'ai donc remonté cette piste, tout excité de l'avoir enfin trouvée. Il fallait cependant que je soir prudent et que je ne sois pas persuadé de mon hypothèse sinon j'aurai eut tendance à faire coller mon hypothèse aux indices au lieu de construire une hypothèse à partir de ces mêmes indices. J'ai su garder mes distances et un esprit critique et je sus rapidement que j'avais eu raison de me fier à mon instinct. Après deux jours et demi de recherches longues et laborieuses, avec l'aide des laisser-passer de Mycroft, j'ai réussi à remonter la piste jusqu'au commanditaire du meurtre de Mona O'Conell.

_ Et de qui s'agit-il ? demandai-je, excité de savoir enfin.

Sherlock sortit de sa poche la photo d'un homme grand, blond et qui me disait quelque chose.

_ Je te présente Daniel Williams, premier secrétaire du Ministre des Affaires Étrangères, il est avocat et travaille également en relation avec Interpole et le MI5. I s'agit également...

_ De l'homme qui accompagnait ton frère au Royal Palace ! le coupai-je triomphant. C'était cet homme qui portait un costume gris et qui a passé la soirée en conciliabule avec Mycroft.

_ Bien vu, John. C'est lui en effet, il est également candidat aux élections.

_ Mais il a aussi été victime du gaz. Mycroft nous a dit qu'il se trouvait dans un état critique et qu'il avait été sauvé de justesse. Je comprends qu'il se soit exposé au gaz pour détourner les soupçons, mais passer si près de la mort ?

_ C'est ce que je me suis dit aussi. Mais rappelle toi, Williams se trouvait juste en dessous du lustre. Or toutes les personnes situées dans un diamètre de 7 mètres sous la source du gaz sont mortes sur place. C'est la qu'il a fait sa première erreur. Il aurait du mourir, étant donné l'endroit où il se trouvait, même les plus résistants n'ont pas survécu.

_ Il avait un antidote ou quelque chose ? Existe-il un antidote contre ce gaz ?

_ Je ne sais pas. J'ai voulais vérifier en étudiant ses prises de sang mais l'hôpital les a malheureusement toutes égarées. Son dossier a également été falsifié et il m'a été impossible de retrouver le médecin qui s'est occupé de lui à son arrivée à l'hôpital.

_ Tu penses donc que Williams est l'assassin de tous ces candidats et qu'il s'agit d'un néo-nazi qui veut gouverner le pays ?

_ Je ne le penses pas, j'en suis sur. Il se trouve que Daniel Williams n'a pas toujours été Daniel Williams. Dans sa jeunesse il a été Daniel Niklaus Wilhem, un délinquant irlandais. Il a pris part à la guerre civile et on lui doit de nombreux meurtres particulièrement violents. Cependant personne n'a jamais réussi à lui mettre la main dessus et il a fini par disparaître de la circulation. Il réapparaît il y a cinq ans sous le nom de Daniel Michael Williams, avec un casier judiciaire vierge et un passé d'enfant de cœur. Il est diplômé des meilleures écoles du pays et est un orateur hors pair, bref celui que nous connaissons aujourd'hui. Personne n'a fait le rapprochement entre ce fonctionnaire charismatique et le jeune sanguinaire irlandais. J'ai un peu fouillé dans son histoire et j'ai découvert qu'il n'était ni un anglais, ni un irlandais pure souche. Son grand père était un général SS qui a fuit l'Allemagne lors de la chute du III°Reich et qui s'est exilé dans la campagne irlandaise. Il a élevé ses enfants dans la haine des juifs, des français et des britanniques. Ses petits enfants ont appris par cœur les schémas de montée au pouvoir d'Hitler, de ses erreurs et de ses réussites. La famille Willem pensait que le Royaume Uni était une terre décadente bonne qu'à leur accorder l'asile qui leur était due. Cependant, le petit Daniel, après ses grands faits d'armes en Irlande, a compris tout ce que l'Angleterre pouvait lui apporter et il s'est engagé en politique. Il a changé de nom et a fait table rase du passé. Il a rapidement gravit les échelons car il sait se faire aimer et a un don pour rencontrer les bonnes personnes. Mycroft a laissé entendre qu'il était possiblement en relation avec Moriarty. J'ai découvert de nombreux éléments qui tendent à prouver que c'est effectivement le cas.

_ Mais quel est l’intérêt de Moriarty dans cette affaire ?

_ Aucun de personnel. Il serait plutôt comme un sponsor qui cherche à se faire de la pub. C'est le Napoléon du crime, ce ne sont pas les bénéfices qui l’intéressent mais plutôt le méfait en lui même. S'il parvient à faire asseoir un néo-nazi à la tête du gouvernement anglais, ce serai un belle pièce à ajouter à ses trophées.

Je me pris la tête entre les mains. L'affaire était grave.

_ Comment empêcher cela ?

_ En prouvant tout ceci. C'est très dangereux cependant, comme l'atteste la visite de ce cher monsieur ce matin.

_ Il faudrait trouver ce qu'a découvert Mona O'Conell à son grand malheur.

_ Tu as raison. Je pense qu'elle a découvert sa véritable identité, tous ses crimes passés et ses plans pour le futur. J'ai réussi à m'introduire dans son bureau il y quelques jours mais je n'ai pas eu le temps de découvrir grand chose malheureusement. Notre homme est prudent, c'est le secret de sa réussite.

_ Ne crois tu pas que Mona aurait put découvrir quelque chose d'immatériel ? Peut être a-t-elle surpris une conversation téléphonique ou un entretien privé ?

Sherlock s'arreta tout à coup de faire les cent pas. Ses yeux se posèrent sur moi mais je savais qu'il ne me voyait pas. Il était dans son palais mental, réagissant à quelque chose que j'avais du dire.

_ John ? finit-il par dire.

_ Oui ?

_ Tu es génial.

_ Je te remercie mais.. que me vaut ce compliment ?

_ Quand je te dis que tu es un formidable conducteur de lumière ! Tu ne le sais sans doute pas mais tu viens de mettre le doigts sur un élément qui me tracassait à propos du meurtre de Mona.

_ Qu'est ce que c'est ?

_ L'ordinateur.

_ Quel ordinateur ?

_ Justement ! Il n'y avait pas d'ordinateur. Une jeune femme de vingt cinq ans, venant d'une famille très aisée doit avoir un ordinateur. Or j'ai cherché, hormis celui de Kate Lestrade, il n'y avait aucun ordinateur dans l'appartement.

_ Peut être échappait-elle à la règle et n'en possédait pas.

_ Non, elle envoyait régulièrement des mails à sa mère et tapait beaucoup, cela se voyait sur ses doigts. Où est donc passé cet ordinateur ?

_ Peut être la police l'avait-elle récupéré avant que nous n'arrivions, après tout, il s'agit d'une pièce à conviction. Il doit être au poste.

_ Non, il a été récupéré par Williams car c'était là qu'étaient gardées les preuves.

Il recommença à faire les cent pas en marmonnant.

_ Je continue à penser, dis-je, que cet ordinateur est à Scotland Yard. Allons vérifier, comme cela nous serons fixés.

Sherlock accepta pour une fois mon idée et nous appelâmes un taxi.

_ Westbourne Park Road, dit-il au chauffeur.

_ Je croyais que nous allions au poste, m'étonnai-je. Pourquoi allons nous chez Lestrade ?

_ C'est le seul policier en qui j'ai confiance.

_ Nous sommes au beau milieu de l'après midi, il y a de très fortes chances pour qu'il soit au poste et non chez lui.

_ Crois moi, il y est.

_ Comment peux-tu en être sur ? De la boue sur son pantalon ? La couleur de ses chaussettes ?

_ Je lui ai envoyé un SMS, répondit-il en me lançant un regard étonné.

N'ayant plus rien à répondre, je me contentai de regarder par la fenêtre. Je repensais à toute cette affaire qui faisait des nœuds dans ma tête. Au milieu de mes réflexions, une idée le vint soudain .

_ Je sais pourquoi tu tiens tant à aller Westbourne Park Road. Nous avons de fortes chances d'y croiser Kate.

Mon ami ne répondit rien. Il regarda obstinément par la fenêtre, refusant de croiser mon regard.

_ Vas tu enfin me dire ce qu'il se passe entre Kate et toi ? Je n'ai peut être pas ta capacité de déduction mais je ne suis pas aveugle non plus. Raconte moi à la fin !

_ Il ne se passe rien. Il s'agit d'une jeune femme talentueuse qui peut nous être utile.

_ Rien que ça ? Alors qu'est ce qui te troubles autant chez elle ?

_ Je ne suis pas troublé, John.

_ Donc, si nous n'avons plus besoin de son aide à la fin de cette affaire, tu ne la reverra plus ?

_ Certainement.

_ Et tu peux me jurer que nous allons Westbourne Park Road sans penser y trouver la jeune femme en question ?

Il ne répondit rien et claqua la langue, agacé. Je souriais intérieurement. Mes théories allaient peut être se confirmer.

Nous arrivâmes aux abords du numéro 473 et nos montâmes vers l'appartement des Lestrade. Le policier nous ouvrit et nous invita à nous asseoir. Kate n'était visible nul part mais Sherlock ne sembla même pas s'en rendre compte.

_ Que me vaut l'honneur de cette visite ? demanda Lestrade en soupirant.

_ L'ordinateur de Mona O'Conell, répondit Sherlock. Est-ce que la police le détient ?

_ Oui, il se trouve au poste avec toutes les autres pièces à conviction.

Je poussai une exclamation de victoire.

_ Qu'est ce que j'avais dit Sherlock ?

Mon ami leva les yeux au ciel.

_ D'habitude c'est moi qui ai raison, répondit-il.

Lestrade regardait nos gamineries avec perplexité.

_ Puisque que vous semblez vous intéresser à cet ordinateur, pouvez vous me dire ce que vous penser y trouver ?

_ Un enregistrement ou quoi que ce soit qui soit la preuve d'un complot que Mona O'Conell aurait découvert.

Alors que Greg s’apprêtait à répondre, une voix enjouée nous parvint du vestibule.

_ Tu est rentré tôt aujourd'hui, Pa' !

Kate déboula dans le salon, les joues rosies par le froid, les cheveux plein de neige et le regard pétillant. Elle s'arrêta net en nous voyant. Me rappelant que son père n'était pas au courant de nos agissement de ce matin, je me levai pour la saluer en disant :

_ Quelle bonne surprise ! Cela faisait longtemps que nous nous étions pas vu. Comment allez vous Kate ?

_ Très bien je vous remercie, John. Bonjour Sherlock.

_ Bonjour.

Sherlock l'avait à peine regardé et cela semblait surprendre la jeune femme.

_ Que vous êtes vous fait au visage ? demanda-t-elle.

Il fut forcer de croiser son regard et répondit :

_ Un petit démelé avec un tueur à gage, rien de bien méchant.

Elle frissonna de manière très authentique. Mais toute cette dissimulation me rendait nerveux, aussi je revins à notre conversation précédente.

_ Avez vous trouver quelque chose d’intéressant sur le-dit ordinateur ? demandai-je.

_ Voilà bien le problème : nous n'y avons rien trouvé.

_ Comment cela « rien » ? demanda abruptement Sherlock.

_ Rien comme rien. Cet ordinateur est complémentent vide, toutes les banques de données ont été effacées par une main experte, nous ne pouvons rien en tirer. Nous avons fait appel à des professionnels du hacking et de l'informatique mais nous n'avons rien. Absolument rien.

Sherlock se laissa aller vers le dossier du fauteuil sur lequel il était assis, posa ses doigts joints sous son menton. Il resta un moment silencieux avant d'éclater de rire.

_ Cette affaire est extraordinaire ! Nous devons arrêter un homme intouchable, sans aucune preuve matérielle. Voilà qui est très excitant ! J'adore ce travail !

Je regardais mon ami avec amusement. Ses points d’enthousiasme et de bonne humeur me faisaient toujours sourire. En revanche, Lestrade père et fille le regardaient avec incrédulité.

_ Tu as devant toi la seule personne au monde qui se réjouit quand son affaire se complique chaque jours. Combien de fois as tu failli être tué durant cette seule enquête ? dit Greg.

_ C'était la troisième fois aujourd'hui, répondit Sherlock presque fier de lui.

_ Ceux qui ont échoué aujourd'hui vont sûrement retenter leur coup, dit Kate, leur échec doit leur être rester dans la gorge. Vous êtes en danger Sherlock, en danger de mort.

Il se leva, se planta devant la jeune femme et dit d'une voix profonde :

_ Je ne laisserai personne me tuer. Je mourrai quand je l'aurai décidé.

_ Soyez prudent, chuchota-telle si bas que je fus le seul à l'entendre.

_ Faites moi confiance.

Il échangèrent un regard lourd de sens et, sans dire un mot, il s'en alla.

_ Je suppose que cela signifie « au revoir », dis-je en me levant. Merci de ton aide.

_ A votre service, répondit machinalement Lestrade.

_ Méfie toi, il pourrait te prendre au pied de la lettre.

Alors que j'allai prendre congé de nos amis, Sherlock remonta l'escalier et retourna dans l'appartement.

_ Emmenez moi au poste Lestrade, je dois voir cet ordinateur. Il y a forcement des indices.

Le policier soupira profondément, attrapa son manteau et ses clé de voiture. Je ne pus m'empêcher de sourire en voyant Kate faire de même.

_ Où vas-tu ? Demanda son père.

_ Avec vous, évidemment.

_ Ne t'ai je pas demander de rester en dehors de cette affaire ?

_ Je l'ai fait pendant un mois mais il semblerait qu'il y a toujours quelque chose qui m'y ramène. Je viens avec vous, je vous aide à régler cette affaire, et plus vite elle se terminera plus vite je reviendrai à mon paisible et pas très stimulant train de vie.

_ Tu es comme ta mère, têtue au possible. Je suppose que rien ne te fera changer d'avis ?

_ Il faudrait m'enfermer dans le premier train qui quitte Londres pour me laisser en dehors de ça.

_ Bien, mais dès que je juge que cela devient dangereux, tu rentres ici illico presto.

_ Oui mon Lieutenant ! s'exclama-t-elle en se mettant au garde à vous.

Lestrade soupira de nouveau et nous embarquâmes tout les quatre pour Scotland Yard. Là, Sherlock eu accès à toutes les pièces à conviction récupérées sur la scène du crime, dont l'ordinateur portable de la victime. Il l'examina durant de très longues minutes, le tournant et le retournant dans tout les sens. Il finit par l'allumer et poussa un sifflement de dépit en voyant que tout avait effectivement été effacé.

_ Avez vous trouvé une clé USB ou un disque dur ?

_ Non, nous avons tout fouillé.

_ Alors où est-ce ?

_ Peut être n'en avait-elle pas ?

_ Vu les rayures au niveau du port USB, intervint Kate, elle en avait une c'est certain. De plus, je l'ai déjà vu en utiliser une.

Sherlock la regarda intéressé.

_ Comment était elle ?

_ Basique, noire. Rien d'exceptionnel. Mais elle semblait y tenir.

_ Ressemblait-elle à ça ? demanda-t-il en montrant une photo sur son portable. On y voyait le fond d'un tiroir où étaient rangés des dossier et une clé USB, basique et noire.

_ Je ne pourrais pas le jurer mais je dirais que oui.

Sherlock jura.

_ Dire que je l'avais sous la main ! J'étais loin d'imaginer que cette maudite clé contiendrait ce qui nous manquait ! Si nous l'avions nous pourrions coincer Williams !

_Williams ? demanda Lestrade, peu au courant du tournant qu'avait pris l'affaire.

_ Oui, répondit distraitement Sherlock. Le célèbre avocat. C'est lui qui a commandité les meurtres de Mona et des autres candidats.

_ Ce que je ne comprends pas, dis-je, pendant que Lestrade digérait la nouvelle, c'est pourquoi ne pas avoir tuer Mona plus tôt ? Ou pourquoi ne pas lui avoir simplement pris cette clé et son ordinateur de force ? Cela aurait été tout aussi efficace et moins...radical.

_ Peut être ne savait-il pas précisément quelles preuves elle possédait. Si ce que vous dîtes est vrai et que Daniel Williams est derrière tout ça, le simple fait qu'elle parle aurait ruiné sa carrière.

_ Kate a raison, dit Sherlock. Mais maintenant que Mona est muette, ( je soupirai : ça pour être muette, elle l'était ) nous avons besoin de cette clé USB pour affiner nos accusations. Je sais où la trouver.

Il se redressa et quitta la salle d'archive de Scotland Yard.

_ Il va encore avoir des ennuis, dit Greg, il s'attaque à plus fort que lui cette fois.

_ Non, il va réussir, répondis-je en m'approchant de la fenêtre.

Kate me rejoignis et nous observâmes la rue. Nous vîmes Sherlock lever a main pour appeler un taxi. Une voiture noire s'arrêta, une portière s'ouvrit et deux hommes cagoulés en sortirent. Ils saisirent chacun un bras de Sherlock qui se débattit. Une matraque l'atteignit à la tempe et il s'affaissa. Kate poussa un ci d'horreur. Les hommes le hissèrent dans la voiture et partirent au quart de tour. Le tout avait durer moins d'une minute. Sherlock Holmes venait d'être kidnappé sous nos yeux. Lestrade se rua sur un téléphone et lança un appel à toutes les unités. Kate avait réussi à retenir la plaque d'immatriculation et la communiqua à son père. L'inquiétude nous gagna. En vain, j'appelai Sherlock sur son portable.

_ Comment pouvons nous l'aider ? demanda Kate.

Je m’efforçai de garder mon calme. Même s'il était en grand danger, Sherlock Holmes restait Sherlock Holmes et avait plus d'un tour dans son sac.

_ Les caméras de surveillance, dis-je, nous allons suivre la voiture grâce aux caméras de surveillance.

Lestrade pianota sur la clavier d'un ordinateur et les vidéos de toutes les caméra du quartier s'affichèrent. Kate fut la première à reconnaître la voiture dans le trafic. Nous pûmes la suivre dans presque toutes les rues de Londres, nous la perdîmes durant quelques secondes avant de la retrouver une demi rue plus loin. Quelle ne fut pas notre surprise quand elle s’immobilisa devant le Diogenese Club, le club de Mycroft Holmes. Le chauffeur sortit de la voiture. Ne quittant pas l'écran des yeux, je saisis mon téléphone et appelai Mycroft.

_ « J'espère que tu as une bonne raison pour me déranger, dit-il dès qu'il décrocha. »

_ L'enlèvement de Sherlock est-il une bonne raison ?

Je lui expliquai rapidement la situation et il envoya des vigiles porter secours à Sherlock. Je devais garder les yeux rivés sur l'écran et l'avertir du moindre mouvement. Je vis deux armoires à glace vêtues de gilets par balle se diriger vers la voiture et tirer de force les deux hommes cagoulés. Ils furent maîtrisés mais je ne vis toujours pas Sherlock réapparaître. Mycroft raccrocha et mon inquiétude grandit. Quelqu'un s'approcha de la caméra et la déconnecta. L'écran devint noir et nous n'avions plus aucun moyen pour savoir ce qu'il se passait. Nous restâmes un moment silencieux, ayant du mal à réaliser la situation. Un policier apporta un feuille à Greg qui la parcourue des yeux et dit :

_ Il semblerait que l'immatriculation que nous avons relevée soit celle d'un véhicule d'état attaché à la section gouvernementale de Mycroft Holmes. Cela explique pourquoi la voiture s'est rendue au Diogenes Club.

_ Mycroft n'aurait pas perpétré l’enlèvement de son propre frère. C'est ridicule ! dit Kate.

Force me fut d'avouer que je ne comprenais pas plus. Je reçu alors un message de Mycroft me demandant de le rejoindre à Baker Street. Je pris congé de Lestrade, mais sa fille m'accompagna, désireuse d'apporter son aide et avide de nouvelles.

Nous prîmes un taxi, l'oeil morn et le visage fermé. Nous retrouvâmes Mycroft assis dans le fauteuil de son frère, seul et l'air préoccupé. Quand Kate entra dans la pièce à ma suite, un grand étonnement se peignit sur son visage.

_ Que faites vous ici ? lui demanda-t-il avec la finesse qui le caractérisait.

_ Bonjour à vous aussi, répondit Kate.

Elle était tendue, inquiète et pas d'humeur à supporter les piques de Mycroft.

_ Elle était là quand Sherlock a été enlevé, expliquai-je, elle veut aider et peut être utile. Maintenant, dis nous pourquoi cette voiture s'est garée à ton club.

_ Je...ne sais pas. Le chauffeur affirme ne rien savoir et il n'y aucune trace de mon frère à l'intérieur.

_ Nous l'avons vu de nos propres yeux, il s'agissait de la même plaque d'immatriculation. Sherlock n'a pas put se volatiliser comme ça. Le chauffeur est dans le coup.

_ Ils sont à mon service, je les ai recruté personnellement. Je leur fais confiance.

_ Tu t'es peut être trompé ! Ils sont à la solde de Williams et de Moriarty.

_ Je refuse de le croire. Pourquoi serait-ils venus à ma rencontre si ils étaient coupables ? Ils n'ont même pas été surpris en voyant que la voiture était vide.

_ Il y avait peut être deux voitures, murmura Kate.

_ Pardon ?

_ quand nous la suivions grâce aux caméras, nous l'avons perdu quelques instants. Il est possible que, sachant que cette rue n'était pas vidéo surveillée, les kidnappeurs s'y soient cachés et aient fait partir une autre voiture, semblable à la leur, nous entraînons vers une fausse piste.

_ C'est plausible, dis-je. Comment en être surs ?

Mycroft sortit de la poche intérieure de sa veste une liasse de photographies.

_ Voilà les clichés que nous avons fait de la voiture au Diogenes club. Est-ce la même voiture que celle que vous avez vu ?

Je laissai les photos à Kate, sachant qu'elle était plus à même que moi de répondre à cette question. Elle les observa durant de longues minutes, ses lèvres bougeant imperceptiblement comme si elle se parlait à elle même et son regard était tantôt vague, tantôt perçant. Elle finit par soupirer et se laissa aller vers le fond de son fauteuil.

_ Effectivement, il y a deux voitures différentes. Celle qui a enlevé Sherlock était légèrement enfoncée au niveau du par choc arrière, juste au dessus de la plaque d'immatriculation, celle de Mr Holmes et intacte. Ma théorie est la suivante : des hommes à la solde de Williams ont falsifier la plaque d'immatriculation de leur véhicule pour qu'elle soit la même que celle de votre voiture. Ils ont enlevés Sherlock et filé jusqu'à cette ruelle qui n'est pas sous vidéo surveillance. Là, ils échangent les plaques, en enfonçant légèrement les tôles dans leur hâte et pendant ce temps là, la véritable voiture se dirige vers votre club, nous entraînant vers une fausse piste.

_ Et nous faisant perdre la trace de Sherlock, continuai-je, cela se tient. Ils ont anticipé nos actions et nous ont fourvoyés. Ils sont intelligents.

_ Cela tend à confirmer une relation entre Williams et Moriarty. C'est dans ses habitudes de prévoir os faits et gestes et de nous prendre au piège. Cependant, la théorie de Miss Lestrade ( Kate haussa les sourcils, railleuse) accuse toujours mes employés de trahison.

_ Moriarty a suffisamment d'influence pour acheter vos chauffeurs. Il est même possible que tous les gardes du corps du Premier Ministre soient à sa solde.

Il eut une moue mécontente. Son téléphone sonna et il partit dans la cuisine pour prendre l'appel.

_ J'espère que Sherlock va bien, dit Kate.

_ Oui, la rassurai-je. Il a vu pire. Quand on survit à la chute d'un toit, à l'attaque d'un tueur à gage et que sais-je encore, ce n'est pas un petit enlèvement qui va l’impressionner.

Devant le regard peu convaincu de la jeune femme, je me rendis compte que je cherchai plus à me rassurer moi même qu'autre chose.

_ Que pouvons nous faire pour l'aider.

_ Ne pas perdre notre sang froid et malheureusement s'en remettre à Mycroft. Lui seul peut faire avancer les choses, mais ses relations avec son frères sont plutôt froides, pour ne pas dire glaciales. Il faut espérer qu'il saura surmonter leurs querelles d'enfants et venir en aide à son frère au plus vite.

Il revint alors au salon, le visage défait.

_ Je vient de recevoir un appel de mon assistant, dit-il. Joe Davies et Warwik Gambon, les chauffeurs de la voiture dont nous parlions viennent d'être retrouvés morts. Il semblerait qu'ils aient ingurgité une grande quantité de cyanure.

Il nous fallut quelques instants pour digérer la nouvelle. Je fus le premier à reprendre mes esprits.

_ Cela conforte notre théorie. Leur travail accompli, ils cachent les preuves d'une manière très radicale.

_ La chose est encore plus grave que je nous le pensions, dit Mycroft, le gouvernement va ouvrir une cellule de crise. Nous devons coincer Williams avant qu'il ne soit trop tard.

Il pris son parapluie et s’apprêta à quitter l'appartement.

_ Et Sherlock ? demanda Kate et se levant à sa suite.

_ Chaque choses en son temps... l'Angleterre passe avant lui. Il le comprendrait.

_ Non ! Vous ne pouvez abandonner votre frère dans une telle situation !

_ Cela me déchire mais je n'ai pas le choix.

La jeune femme eut un regard dégoûté.

_ Il vous a sauvé la vie quand vous en aviez besoin au Royal Palace.

_ J'ai entendu dire qu'il avait eut besoin d'être poussé à le faire.

_ C'est vrai, je l'ai poussé à sauver votre vie et aujourd'hui je vous pousse à sauver la sienne. Vous avez une dette envers moi, Mycroft Holmes. Il est temps de la payer.

Il se toisèrent pendant de longs instants, durant lesquels e retenait mon souffle.

_ Je vais voir ce que je peux faire, lâcha-t-il avant de partir.

 

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