Le coeur du probleme.
Extrait du blog de John H. Watson :
Mercredi 20 décembre.
J'ai du retourner au cabinet ce matin, Mary ne supportait plus de me voir tourner en rond dans l'appartement, harcelant Mycroft d'appels et de messages. Toujours aucune nouvelle de Sherlock. Cela faisait à peine vingt quatre heures qu'il avait disparu, certes, mais ne pas savoir était horrible. Pire que de le savoir mort avec certitude. Kate s'était chargée de visionner tous les enregistrements de vidéo surveillance des rues de Londres à la recherche de la voiture qui avait enlevé notre ami, mais en vain. C'était courageux de sa part, mais retrouver une voiture dans le trafic londonien était de l'ordre de l'impossible. Elle avait quand même insisté disant que si c'était la seule chose qu'elle pouvait faire pour aider, elle ferait.
Du côté de Mycroft, mon empressement auprès de lui l'indisposait et il avait fini par me signifier que si je cherchais une fois de plus à le contacter, il faisait couper ma ligne de téléphone. Il promis malgré tout de m'appeler dès qu'il aurait du nouveau.
En fin d'après midi, je reçus un appel de Mrs Hudson me disant que des personnes s'étaient présentées au 221 B Baker Street pour parler à Sherlock Holmes. Des clients, d'après ce qu'elle en pensait. Elle leur avait dit que Sherlock était absent et qu'il devait repasser demain. Elle me priait de venir moi même m'occuper de ces personnes. J'acceptai, me demandant comment j'allais gérer ces nouveau problèmes.
Mon inquiétude pour mon ami ne me quitta pas de la soirée et je m'endormis en pensant au discours que j'avais prononcé sur sa tombe, deux ans plus tôt, quand je l'avais cru mort. Plut au ciel que je n'ai pas à le refaire.
Extrait du blog de John H. Watson :
Jeudi 21 décembre :
Le couple assis en face de moi avait gobé assez facilement mon histoire de Sherlock parti eu Nord de l’Écosse pour une affaire et de moi le remplaçant.
_ Voilà, dit l'homme, nous louons un appartement à un couple de retraités à qui nous payons une pension tous les mois. Nous avons consigne de glisser un chèque dans un petit panier devant leur porte tous les premiers dimanche du mois. L'enveloppe disparaissait tous les mois et nous n'entendions jamais parler d'eux. Cependant cela fait deux mois que nos chèques n'ont pas disparus, nous pensions que ce n'était qu'un oubli de leur part alors nous somme allés frapper à leur porte. Vous devez comprendre Mr Watson que nous sommes des gens biens élevés et nous voulons qu'aucun mal entendu subsiste entre nous et nos logeurs. Nous ne voulions pas être accusés de ne pas avoir payé, ou que sais-je encore ? Nous sommes donc allez frapper chez eux mais nous n'avons obtenue aucune réponse, ni ce jour là ni les jours suivants. Nous avons peur Mr Watson que quelque chose soit arrivé à ces pauvres gens et que nous n'ayons rien put faire.
Je soupirai. J'entendais très distinctement la voix de Sherlock dans ma tête « ennuyant ! » disait-il. La réponse à cette énigme était simple : le couple de retraité avait dut partir en vacances sans en avertir mes clients.
_ Parlez en au concierge de votre immeuble, conseillai-je peut être aura-t-il de plus amples informations. Si vous ne constatez aucun changement, appelez ce numéro.
Après avoir pris ma carte, le couple me remercia chaudement et s'en alla. « Drôles de gens » me marmonnai-je à moi même. Je me servis une tasse de thé et attendis le client suivant, Mrs Hudson m'ayant prévenu que deux autres personnes allaient encore se présenter.
Ce fameux client était un homme d'environ cinquante ans que les années avaient voûté et qui semblait fatigué par ma vie et ses soucis. Il ne devait pas manger tous les jours à sa faim et dormait dans la rue. Il semblait agité, ses yeux clairs et pénétrants étaient sans cesse en mouvement et ne se posaient jamais plus d'une seconde sur quoi que ce soit. Il avait une voix aiguë et très éraillée comme quelqu'un qui avait beaucoup fumé. Mes quelques déductions me firent penser à mon ami et je chuchotai :
_ Élémentaire John, élémentaire.
Le vieil homme leva ses yeux sur moi et me demanda si Sherlock Holmes était là.
_ Non, je suis navré. Il est parti en voyage en Écosse pour une affaire importante. Vous pouvez vous adresser à moi en son absence.
_ Pas vous ! Je ne sais pas qui vous êtes. Je veux parler à Sherlock Holmes !
_ Je suis navré, je...
Quelqu'un frappa à la porte me coupant la parole. J'allais ouvrir et découvrit sur le seuil Kate Lestrade. Quand elle vit mon client, elle sembla gênée.
_ Je ne voulais pas déranger John, je peux repasser plus tard.
_ Si cela ne vous dérange pas, j'aimerais que vous restiez, vous pourriez m'aider.
Elle s’essaya à mes côtés et pour la première fois, les yeux de mon client se fixèrent sur elle. Kate baissa les yeux et l'agitation du vieil homme s'accrut.
_ Je ne veux pas vous parler ! Je veux parler à Sherlock Holmes !
_ Comment vous appelez vous ? demanda Kate d'une voix douce.
_ Jefferson, Mam'zelle, juste Jefferson. Quand Sherlock Holmes sera-t-il de retour ?
_ Nous ne savons pas, répondit-elle. Mais le Docteur Watson est l'associé de Mr Holmes. Il est son plus proche ami et il lui fait confiance. Vous pouvez lui parler comme vous le ferez avec Mr Holmes.
Jefferson renifla en me regardant à la dérobée, méfiant.
_ Et vous Mam'zelle, z'êtes qui ?
_ Je suis... Katherin Lestrade, une amie. Je ne sais pas si Sherlock Holmes me fait particulièrement confiance mais je peux vous assurer que ce que vous direz ne sortira pas d'ici.
_ Lestrade... me dit quelque chose ça ! Z'êtes de la police ?
_ Moi non, mon père oui. Mais il ne sait pas que je suis ici, si vous pouviez garder le secret...
Ce qu'elle faisait était très ingénieux : elle mettait ce Jefferson en confiance en créant entre eux une certaine connivence.
_ Cependant, je peux comprendre que vous préféreriez que je m'en aille, continua-t-elle.
_ Vous pouvez rester, dit Jefferson après avoir réfléchi quelques instants, mais je dirais peu et reviendrai demain pour voir Sherlock Holmes.
Je soupirais : ce type était l'entêtement incarné. Il se mit alors à nous raconter une histoire abracadabrantesque se déroulant chez les sans-abris des Vauxhall Arches. Des vols et des disparitions s'y déroulaient chaque nuits. Mais Jefferson s'embrouillait tellement dans sa chronologies, faisait tellement de retours en arrière et de raccourcis qu'il se contredisait lui même et je ne comprenais rien à son histoire. Les sourcils froncés de Kate me firent comprendre qu'elle n'était pas plus avancée que moi.
_ Voilà Dr, Mam'zelle. Voilà le problème mais pense pas que vous pouvez faire quelque chose. Faut Sherlock Holmes pour ça ! Je reviendrai demain soir pour le voir.
Sans nous laisser le temps de le retenir, il s'en alla en marmonnant. J'échangeais un regard consterné avec Kate.
_ La seule chose dont je suis sure avec lui, dit-elle, c'est qu'il a un bon dealer.
Le coin de mes lèvres tressaillirent, un rire nerveux montait en moi. Mais la jeune femme ne riait pas. Elle se leva, écarta les rideaux pour regarder s'éloigner Jefferson.
_ Quelque chose me tracasse, dit-elle. Quelque chose d'important m'échappe. Je suis passée à côté sans le voir.
_ Cela a-t-il un rapport avec Sherlock ?
_ Sûrement, comme si j'avais un indice juste sous le nez mais que je n'arrivai pas à le voir.
Elle se laissa aller sur le sofa, se prenant la tête dans les mains. Je m'assis près d'elle pour la réconforter, pensant qu'elle pleurait.
_ Vous avez déjà fait beaucoup Kate, vous pouvez vous arrêter là et laisser tomber, je comprendrais. Cela fait beaucoup d'émotions en peu de temps et nous nous connaissons à peine.
_ Qu'est ce que vous avez tous à vouloir me laisser en arrière ? Non John ! Je n'abandonnerai pas Sherlock à son sort. Peut être que nous nous connaissons depuis peu mais je vous considère comme mes amis. Je n'abandonne jamais mes amis.
Elle se leva et commença à arpenter la pièce de long en large.
_ Qu'ai je put manquer ?
_ Quand cette impression vous êtes-t-elle venue?
_ Elle était plus forte quand Jefferson était là.
_ Peut être que l’enlèvement de Sherlock a un rapport avec des SDF.
_ Non... c'est ce regard...je ne sais pas. Je vais faire du thé, c'est toujours ce que je fais quand j'ai des soucis.
Elle sortit deux mugs dans le lave-vaisselle et prit du thé dans le placard que je lui indiquai. Soudain, elle poussa un cri et sa tasse s'écrasa sur le sol, déversant le liquide brûlant sur le sol de la cuisine. Je sautai sur mes pieds, alarmé et me demandant ce qu'il se passait. Kate se tourna vers moi et je vis qu'elle avait mis le doigt sur ce qu'elle cherchait.
_ Je sais pourquoi Jefferson me fait penser à Sherlock !
_ Dîtes vite !
Elle éclata de rire et je me demandai si elle n'était pas devenue folle.
_ Je savais que ces yeux m'étaient familiers mais je n'arrivai pas à savoir où je les avais vu !
_ Voulez vous dire que...
_ Jefferson est Sherlock Holmes !
Je me figeai. Le rire de Kate se calma et elle redevint sérieuse. Je ne savais pas quoi dire, les seuls mots que je réussi à articuler furent :
_ Le salop !
_ Il est en vie et il va bien, dit Kate, rassurée.
La vague de soulagement que j'attendais ne venait pas. J'étais consterné.
_ C'est la deuxième fois qu'il me fait le coup. Je le croyais mort et au bout de deux ans, le revoilà frais comme un pinson pensant que j'allais l’accueillir à bars ouverts.
_ Ce ne fut pas le cas ?
_ Non. Je l'ai frappé.
L'air étonné de Kate tempéra ma colère.
_ Je suis d'un naturel un peu impulsif, expliqua-je.
_ J'avais cru comprendre. Qu'allons nous faire maintenant ?
_ Jefferson/Sherlock a dit qu'il reviendrait demain. Nous allons le prendre à son propre jeu. Ça lui apprendra à jouer avec nos nerfs.
Je demandai à Kate de me rejoindre ici le lendemain dans la soirée. Le troisième client arriva et je l'écoutai à peine, entre le soulagement de savoir mon ami sauf et la colère qu'il n'est pas daigné m'en avertir. La journée du lendemain promettait d'être riches en événements.