Passion de glace

Chapitre 7 : Instant de solitude

1297 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a 7 mois

La nuit avait été longue et Morwen n’avait pas beaucoup dormi. Les rares moments où le sommeil lui était accordé la plongeaient dans des cauchemars qui lui donnaient des sueurs froides. Elle accueillit l’arrivée du matin avec soulagement.

Le silence régnait en maître sur le temple et quand elle pénétra dans le salon, elle découvrit un oreiller et une couverture soigneusement repliée sur le canapé. Camus avait certainement quitté la demeure dès l’aube.

Morwen apprécia ce répit supplémentaire. Elle ne se sentait pas prête à rouvrir le dialogue avec le chevalier du Verseau. Ce qui s’était passé la veille lui avait laissé un goût amer dans la bouche. En passant par la cuisine, elle prit une pomme dans la corbeille posée sur le plan de travail et croqua immédiatement la chair ferme du fruit. La demoiselle n’avait pas envie de s’attarder trop longtemps à l’intérieur et décida de se contenter de ce frugal petit déjeuner. Elle sortit sur le parvis du temple et se dirigea vers l’imposant escalier qui traversait le zodiaque. Elle aurait pu emprunter le passage secret pour aller plus vite mais elle avait besoin de s’éclaircir les idées et la longue volée de marches qui s’étirait à ses pieds jusqu’au temple du Bélier allait lui offrir cette possibilité même si ses genoux risquaient de ne pas apprécier cet exercice.

Avant d’entamer sa descente la jeune femme admira le panorama que lui offrait la position élevée du promontoire rocheux sur lequel était bâti le Zodiaque d’or. De là où elle se trouvait Morwen pouvait apercevoir une bonne partie du Sanctuaire mais également, petite tache bleue sur l’horizon, la méditerranée qui chatoyait sous les rayons du soleil prenant de-ci de-là un reflet irisé. Le cœur de la biologiste se serra devant cette vision d’un autre âge et elle songea que peut-être cette vie n’était pas pour elle. La matinée était déjà bien avancée mais malgré le fait que la chaleur soit presque insupportable la plupart des chevaliers étaient encore à l’entraînement. C’est pour cette raison que la jeune femme traversa les maisons zodiacales sans rencontrer aucun de leurs propriétaires avant d’atteindre celle des Gémeaux.

Profondément plongée dans ses réflexions, Morwen ne remarqua la présence de Saga qu’au moment où elle le bouscula. Elle eut un mouvement de recul involontaire lorsqu’il posa sa main sur son épaule en lui demandant si elle ne s’était pas fait mal.

Le frère jumeau de Kanon le perçut et comprit qu’elle avait dû entendre l’histoire du Sanctuaire. Il ne pouvait pas lui en vouloir et comprenait son comportement. Il s’écarta doucement tandis que le rouge aux joues, la jeune femme tentait de s’excuser en se retenant de courir vers la sortie.


Ayant croisé Camus au lever du jour et ayant perçu le trouble dans son cosmos, le chevalier des Gémeaux sut que la réaction de la jeune femme ne le concernait pas uniquement. Dès lors il ne put s’empêcher d’interpeller la demoiselle avant qu’elle ne quitte sa demeure.


  • Camus, bien qu’il ne le montre pas, a beaucoup souffert de ce que nous avons dû accomplir lors de la Guerre Sainte. Même si nous l’avons fait pour Athéna. Certains de nos actes nous hanteront toute notre vie et si tous nous ont pardonné, le bruit de l’Athéna exclamation résonnera à jamais dans nos mémoires. Il a besoin de vous, ne lui tournez pas le dos !


Morwen, qui s’était arrêtée quand Saga avait commencé à parler, se mit à courir aussi vite qu’elle le put.


*****


Milo était assis sur les gradins de la grande arène réservée aux chevaliers d’or. À ses côtés Aphrodite et Masque de Mort débattaient sur l’issue du combat qui se déroulait en contrebas. En sueur et couverts de poussière, Aiolos et Aiolia se faisaient face. Les deux frères étaient parfaitement immobiles, leurs muscles bandés, saillants sous leur peau bronzée, et prêts à riposter à tout instant.

Milo se détourna du combat et se concentra sur l’aura familière du chevalier des glaces. Il n’avait pas vu son ami à l’entraînement ce matin et le trouble qui avait traversé le cosmos du Verseau le soir précédent l’inquiétait. Bien sûr il n’aurait pas dû surveiller ainsi les agissements de son frère d’arme. N’avait-il pas dit lui-même à Niënor de les laisser se débrouiller seuls ? Il ne pouvait cependant pas rester là les bras croisés à ne rien faire. Il était inquiet pour son meilleur ami et était bien décidé à l’aider même contre son gré.

Il sonda les alentours à la recherche d’un indice qui lui indiquerait la présence de Camus. Après quelques minutes il perçut des variations de cosmo-énergie provenant d’une partie reculée du Sanctuaire où peu de gens avaient pour habitudes de se rendre. Un lieu idéal pour quiconque rechercherait la solitude.

Le Scorpion d’or mit fin à ses recherches mentales et se leva. Sur le sable de l’arène le Sagittaire et le Lion avaient terminé leur entraînement. Ils vinrent prendre place sur les gradins en riant gaiement tandis que Shura et Kanon prenaient leur suite.

Milo s’esquiva discrètement, laissant ses pairs poursuivre tranquillement leurs exercices physiques pour se diriger vers le lieu où il retrouverait le gardien du onzième temple. Il ne lui fallut que quelques minutes pour atteindre l’enclave herbeuse entourée d’escarpements rocheux. L’accès n’en était pas aisé, seul un sentier sinueux en flanc de falaise et fait de rocailles instables permettant d’en atteindre l’entrée.

À peine eut-il fait un pas dans l’herbe desséchée par le soleil qu’il remarqua la fine pellicule de givre recouvrant le sol et les roches alentour. Un craquement se fit entendre et le jeune homme dut faire un pas de côté à la vitesse de la lumière pour éviter le souffle glacé qui emporta des éclats de pierre tranchants comme les lames d’un rasoir.

  • Eh bien voilà une étrange manière de souhaiter le bonjour à un vieil ami ! S'exclama le grec faussement outragé.


  • Que fais-tu là Milo ? Demanda d’une voix glaciale le chevalier du Verseau.
  • Je trouvais qu’il faisait un temps idéal pour une petite promenade. Répondit innocemment le jeune homme.


Le français plissa les yeux suspicieusement.


  • Tu m’espionnes, maintenant ? Interrogea-t-il d’un ton dangereusement calme.
  • Je me fais du souci pour mon meilleur ami. Tu ne vas quand même pas me le reprocher ? Répondit le Scorpion.
  • Je te rassure, tout va bien !
  • Tu n’as jamais su mentir, Camus. De plus ton aura parle pour toi ! Tu as beau vouloir paraître insensible je sais que les blessures de ton cœur saignent encore.


À peine Milo eut-il prononcé ces mots qu’il sut avoir été trop loin. Il n’eut que le temps de s’écarter pour éviter le poing qui visait sa mâchoire.

Le fier chevalier du Verseau d’habitude si posé venait de perdre le contrôle de ses émotions et Milo se mit en position de défense prêt à parer les attaques de son adversaire.

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