Passion de glace

Chapitre 6 : On récolte ce que l’on sème

1323 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 7 mois

Niënor était inquiète. Elle s’en voulait d’avoir été si bavarde et d’avoir parlé à Morwen du rôle joué par Camus dans l’attaque lancée par Hadès contre le Sanctuaire. Malgré le fait que son amie lui eut assuré bien prendre la nouvelle et tenir le choc, les réactions physiques de son corps suffirent à indiquer le contraire. Maintenant la jeune femme regrettait d’avoir laissé la biologiste rentrer seule.

Elle déposa ses sacs dans le salon oubliant un instant ses préoccupations quand un éclair de fourrure faon vint se frotter contre ses mollets en ronronnant. La demoiselle prit le chat sur son épaule et lui flatta les flancs avec tendresse.

- Alors Lomion, comment ta journée s’est-elle passée ? Marmonna la jeune grecque à l’oreille de l’abyssin. Je parie que tu as encore paressé au soleil pendant des heures.


Le félin ne sembla pas offensé le moins du monde et fourra son museau dans le cou de sa maîtresse. Niënor rit et le déposa sur les coussins du divan en admirant une fois de plus l’élégance toute féline de son compagnon à quatre pattes dont la robe d’un beige rosé délicat prenait en fonction de la luminosité une teinte de sable chaud.

La jeune femme se dirigea ensuite vers l’arrière du temple pour retrouver son futur mari. Elle resta dans l’encadrement de la porte jetant un coup d’œil lointain au petit scorpion qui se chauffait à la lumière artificielle de son terrarium, niant dédaigneusement la nourriture que Milo venait de lui donner.

- Comment se porte Antarès ? Demanda-t-elle pour la forme.


Le jeune homme se retourna pour lui répondre un vague « Ça lui va » tout en refermant soigneusement la boîte contenant les grillons élevés tout spécialement pour nourrir l’arthropode.

Il était de notoriété publique que sa fiancée n’appréciait pas le petit arachnide. Cela avait encore empiré le jour où celui-ci s’étant échappé de son terrarium avait obligé la jeune femme à conduire d’urgence Lomion chez le vétérinaire.

- Et toi ? Ta journée ? Continua-t-il pour changer de sujet.


Elle lui montra ses divers achats et lui narra les différents événements qui avaient ponctué sa journée mais au moment d’aborder sa conversation avec Morwen ses craintes ressurgirent.

Milo remarquant son trouble la questionna :


- Quelque chose ne va pas ? Tu sembles inquiète tout à coup.

- J’ai eu une discussion avec Morwen à propos du Sanctuaire…

- Et ?

- Je lui ai dit ce qui s’était passé avec Hadès. Je sais que je n’aurais pas dû et j’espère que ça n’aura pas d’incidence désastreuse.

En entendant les aveux de sa compagne, le chevalier d’or se renfrogna.

- Il est trop tard maintenant ! Le mal est fait ! lâcha-t-il un peu durement.

Niënor se mordit la lèvre sous le reproche. Le jeune homme lui prit le visage entre ses mains et posa un baiser sur son front.

- Ce n’est pas contre toi que je suis en colère mais contre Camus. Je l’avait prévenu, il aurait dû lui en parler dès le début au lieu d’attendre je ne sais quel hypothétique bon moment.

- J’espère seulement ne pas être responsable d’une dispute. Murmura la demoiselle en venant se blottir aux creux des bras de son amant.

- À eux de gérer cette situation en adultes. Ils auraient dû avoir cette conversation depuis longtemps. Laissons-les régler ce problème sans nous en mêler. Nous verrons bien comment cela évoluera ! Répondit le Scorpion d’or en caressant la joue de sa compagne.


*****


Morwen réussit à apaiser les battements incontrôlés de son cœur et fit disparaître toute trace d’angoisse de son visage, réussissant même à sourire sans paraître crispée.

Heureusement l’appartement était désert et elle se hâta de ranger ses achats dans son placard avant de se rendre dans la salle de bain pour prendre une douche. L’eau chaude lui ébouillantait la peau mais la demoiselle ne coupa le jet brûlant que lorsque son corps eut pris de manière uniforme la couleur rouge écrevisse.

Elle s’enveloppa ensuite dans une serviette éponge et prit soin de démêler ses cheveux le plus lentement possible car elle voulait retarder au maximum la confrontation.

Après avoir passé plus d’une heure dans la salle d’eau, elle fut bien obligée de sortir et quand elle entra dans la chambre elle vit que Camus l’attendait.

Il était assis à même le sol, le dos appuyé contre le mur et un livre à la main. Il leva alors le regard vers elle et referma l’épais volume avant de se relever sans aucun effort. La biologiste n’avait toujours pas bougé. Le chevalier des glaces posa l’œuvre de Zola sur la commode et s’approcha de la jeune femme. Il enlaça sa taille et la serra contre lui pour mieux profiter de la senteur parfumée du savon qui embaumait sa peau. Ce soupçon de cannelle réveilla ses sens et accéléra son souffle lorsqu’il déposa un baiser sur l’épaule dénudée de la jeune femme. Morwen aurait voulu se dégager de cette étreinte mais ses membres refusaient de lui obéir et son cerveau se laissa guider par les caresses de son amant.

Bientôt la serviette qui protégeait sa féminité se retrouva au sol et elle ferma les yeux en se mordant l’intérieur des joues pour ne pas laisser échapper un gémissement lorsque les lèvres de son compagnon parcoururent chaque parcelle de son corps.

Sans pouvoir se rappeler comment elle avait atteint le lit, la jeune femme se retrouva étendue sur les draps de coton naturel. La sensation un peu rêche du tissu sur sa peau la ramena subitement à la réalité.

- Non, attends ! Pas maintenant s’il te plaît. Dit-elle en se dégageant avec agilité des bras qui l’étreignaient.


Elle s’assit sur le bord de la literie et serra ses genoux contre elle.

Le chevalier du Verseau leva un sourcil interrogateur et la questionna en venant s’asseoir à ses côtés.


- Que se passe-t-il ? Aurais-je manqué de délicatesse à ton égard ?

- Non, ce n’est pas ça ! Fit-elle de nouveau mal à l’aise.

- Quelque chose te rend inquiète. Veux-tu que nous en parlions ? Proposa-t-il en lui caressant tendrement les cheveux.

- Je…J’ai parlé avec Niënor cet après-midi, à propos du Sanctuaire et de la dernière Guerre Sainte contre Hadès.

À peine eut-elle prononcé ces mots qu’elle sentit Camus se raidir.

- Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Osa-t-elle demander malgré la froideur dont son compagnon faisait montre à son égard.

- Cette partie de mon passé ne te concerne pas ! S'exclama-t-il cinglant en se levant avec brusquerie. Je ne veux plus jamais t’entendre aborder ce sujet. Jamais, est-ce bien clair ? Ajouta-t-il d’une voix beaucoup trop calme.


Morwen acquiesça d’un signe de tête. Elle tremblait et il lui semblait que la température de la pièce avait considérablement diminué.

Le jeune homme ne lui adressa pas un regard en quittant la pièce et la demoiselle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle ferma alors les paupières pour les empêcher de couler bien qu’une perle salée ait déjà roulé sur sa joue.



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