Passion de glace

Chapitre 5 : Le passé se dévoile

1424 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a 7 mois

- Voilà, c’est ici que je vivais avant de rencontrer Milo ! Dit fièrement Niënor en s’arrêtant devant une façade de pierres blanches.

- Ça ne te manque pas ? Cet endroit je veux dire ! Répondit maladroitement Morwen en admirant l’architecture de la vieille bâtisse.

- Un peu mais je ne regrette aucun de mes choix ! Fit la jeune femme, sincère. Et maintenant je t’emmène manger la meilleure moussaka de toute la Grèce ! Ajouta-t-elle dans un élan d’enthousiasme.


Après avoir passé la matinée à faire le tour de toutes les petites échoppes du marché traditionnel de Rodorio, Morwen fut soulagée de pouvoir enfin s’asseoir. La petite terrasse baignée par l’ombre des cyprès et bordée d’oliviers prenait sous ses yeux des allures de paradis. Posant sur le sol dallé le sac contenant les quelques achats qu’elle venait de faire, la biologiste s’affala de manière bien peu distinguée sur la première chaise qu’elle trouva sur son chemin.


- J’avais oublié à quel point faire les boutiques était éreintant ! Soupira-t-elle.

Niënor rit devant l’air épuisé de son amie et ajouta : la journée n’est pas encore finie, n’oublie pas que je t’ai promis une visite guidée du Domaine Sacré.

Morwen leva les yeux au ciel ce qui raviva le rire de la jeune Grecque.

Au cours du repas, Niënor fit découvrir toutes sortes de spécialité à la biologiste qui trouva à son plus grand étonnement la cuisine locale à son goût.


- Ainsi tu viens de Belgique ? Comment est-ce là-bas ? Questionna la compagne de Milo en sirotant son café.

- Pluvieux et sans intérêt…

- Pourquoi ? demanda la jeune femme en levant un sourcil interrogateur.

- Je ne parle pas du point de vue touristique. Nous possédons un patrimoine culturel très riche, mais au risque de paraître franchement anti-patriotique je préfère la France. Oh bien sûr les français ont aussi leurs problèmes. La politique c’est partout pareil : de belles promesses jamais tenues. Mais en Belgique, c’est encore pire : Nous avons un des plus petits pays au monde et il faut encore qu’il soit divisé en deux. Notre gouvernement est dédoublé, mais ça ne le rend pas plus efficace. Au contraire ! Les ministres sont incapables de s’entendre.

- Ah bon ? C’est à ce point-là ! fit Niënor en détournant le regard, prouvant sans le vouloir son manque d’intérêt pour la violente diatribe de son amie.

- Manifestement les problèmes politiques de mon pays ne te passionnent pas, je vais arrêter de te casser les oreilles avec ça… Lança la jeune femme en riant.

- Ce n’est pas grave, c’est moi qui ai posé la question après tout et puis ça soulage de pouvoir dire ce qu’on a sur le cœur.

Morwen acquiesça tout en réglant son addition. Puis se levant, elle se tourna vers la jeune Grecque :

- Eh bien, on va la faire cette visite guidée ?


*****


Le soleil encore haut dans le ciel dardait ses rayons sur les habitants du Sanctuaire. Assises sur les gradins entourant l’arène principale du domaine, Niënor et Morwen assistaient à l’entraînement des novices. Devant le jeune âge des participants et la violence des coups échangés, la compagne du Verseau avait porté son attention sur son amie pour éviter de prendre ses jambes à son cou. Si elle voulait vivre ici, il lui faudrait apprendre à accepter tout ça. Morwen le savait mais à cet instant un tel spectacle lui était inconcevable. Elle venait d’une société où les associations humanitaires tentaient de faire disparaître les enfants soldats et ce qui se déroulait sous ses yeux allait à l’encontre des droits de l’enfance.

La biologiste tenta de faire comme si tout était parfaitement normal et se mit à détailler du regard son amie. Grande et mince comme elle, mais aussi plus gracile, la peau dorée par le soleil. Niënor était vraiment une très belle femme. Morwen avait remarqué une certaine ressemblance entre elles, comme leurs yeux de couleur verte ou leurs cheveux longs et brun, bien que les siens tirent plus vers le noir alors que ceux de son amie étaient plutôt châtain clair. De peur de paraître indécente Morwen coupa court son investigation et se remémora les événements de l’après-midi.

Niënor lui avait montré les différents lieux constituant le domaine d’Athéna, du Cap Sounion où elles avaient rencontré Kanon au camp d’entraînement des femmes chevaliers. La fiancée du Scorpion d’or avait été d’une patience d’ange, répondant du mieux qu’elle pouvait aux mille et une questions de son amie, essayant d’être la plus claire possible dans ses explications notamment en ce qui concernait le port du masque par les femmes chevaliers, le rôle de protection du zodiaque d’or ou encore la signification de l’immense horloge à l’effigie des signes zodiacaux.

La fin de l’entraînement tira la jeune femme de ses réflexions.


- Merci pour cette journée ! Dit la biologiste à son amie. Un guide touristique n’aurait pas fait mieux.

- Tu vas me faire rougir ! Répliqua cette dernière en faisant semblant de se refroidir les joues. Morwen sourit.

- Si tu me racontais ta rencontre avec Milo ? Demanda-t-elle pour changer de sujet. J’aimerais avoir la version officielle car je n’ai eu droit qu’à des bribes très épurées de Camus et il a été plutôt avare en détails…

- D’accord, à la seule condition que tu commences par ton histoire. Milo n’a pu me dire que ce que notre Verseau lui avait raconté et comme tu le dis si bien tout cela manque de détails.


*****


- Pauvre Milo, tu lui en as vraiment fait voir de toutes les couleurs ! murmura Morwen après avoir entendu les anecdotes que Niënor venait de lui conter.

- C’est vrai ! reconnut celle-ci un peu honteuse. Mais à l’époque j’ignorais tout des changements opérés par la princesse Saori concernant sa chevalerie. Il faut dire que la dernière guerre contre Hadès a été des plus pénibles pour tous, surtout que d’autres combats avaient déjà affaibli le Sanctuaire.

- Comment ça ?

- Camus ne t’a jamais rien dit à ce sujet ?

- Non.

- Ce n’est sûrement pas à moi de te raconter toute l’histoire, mais écoute et promets-moi de garder ça pour toi !

- Je resterai aussi muette qu’une carpe.

- Tout a commencé il y a un peu plus de dix ans quand le frère d'Aiolia, le chevalier du Sagittaire, fut accusé de trahison…


*****


Les paroles de Niënor, comme une sorte d’écho tragique, ne cessaient de résonner dans la tête de Morwen. La jeune femme avait été effarée par ce que son amant avait enduré lors des guerres menées par le Sanctuaire. Elle comprenait maintenant les raisons du mutisme dans lequel le chevalier des glaces se murait subitement quand elle faisait parfois allusion à son passé. La demoiselle s’en voulait à présent pour la désinvolture dont elle faisait trop souvent preuve à l’égard du sombre passé qu’était celui du Domaine Sacré de la déesse Athéna.

Ressassant la discussion de l’après-midi, la biologiste atteignit le parvis du onzième temple. Elle s’arrêta un instant et prit le temps de contempler en détail le bâtiment circulaire niché entre deux falaises.

Lorsque ses yeux se posèrent sur le bas-relief représentant symboliquement le Verseau, elle ne put s’empêcher de frissonner et détourna le regard. Elle pénétra à l’intérieur et se sentit mal-à-l’aise lorsque le silence glacé l’enveloppa.

La jeune femme se hâta de rejoindre la partie habitable du temple après avoir pris soin d’enlever ses sandales. Le son amplifié de ses pas sur les dalles de marbre lui donna la chair de poule.

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