Passion de glace

Chapitre 1 : Réveil

1615 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a 9 mois

Une douce chaleur s’insinua dans tout son corps, la douleur avait disparu remplacée par une agréable sensation de bien-être. Morwen avait l’impression de flotter dans une mer de coton.

Un bruit de bois craquant dans un feu la ramena à la réalité. Quand elle ouvrit les yeux, Morwen vit qu’elle était étendue sur un lit de fortune composé en grande partie de peaux tannées. Elle ne put réprimer un frisson car elle était contre l’utilisation de fourrure pour quelque raison que ce fut.


  • Enfin vous revenez parmi nous ! Dit une voix masculine au timbre froid.


La jeune femme se redressa sur sa couche et croisa un regard dont la froideur n’avait rien à envier aux icebergs de la région.

L’homme assis au coin du feu fixait la demoiselle avec tant d’intensité qu’elle en rougit.


  • C’était extrêmement stupide et inconscient de votre part de vous être aventurée seule dans cette région.


Le reproche non dissimulé claqua dans l’air faisant tressaillir la biologiste qui répondit d’une toute petite voix :

  • Je sais …
  • Vous avez déliré pendant près d’une semaine à cause d’une forte fièvre. Vous auriez pu en mourir !


L’inconnu se leva lentement et apporta à la jeune femme une tasse de café fumant.


  • Tenez ! Dit-il. Ça achèvera de vous réchauffer. Vous avez eu beaucoup de chance que mon disciple vous ait trouvée. Le temps change rapidement et ces tempêtes peuvent durer presque un mois entier.


En entendant ces mots la jeune femme sut qu’elle avait échappé de peu à la mort.


  • Merci de m’avoir secourue !
  • Ne me remerciez pas ! Dit l’homme de sa voix glaciale.
  • Je m’appelle Morwen ! Fit la demoiselle avant qu’il ne quitte la pièce.
  • Camus ! Lança-t-il sans se retourner.


Une fois seul le jeune homme s’en voulut un peu d’avoir été si désagréable avec son hôte. Elle venait à peine de se remettre, il aurait pu attendre avant de lui faire la morale. Et puis zut, après tout ce n’était pas dans ses habitudes d’être aimable avec les autres. Cette fille n’avait qu’à faire plus attention. À cause de son acte irresponsable le voici obligé de jouer les baby-sitters. Lui qui appréciait tant la solitude, les prochains jours allaient être pénibles…


Dés l’instant où Camus avait vu la jeune femme, il s’était inquiété pour elle et l’avait veillée jours et nuits jusqu’à ce que sa fièvre soit tombée. Mais ça il tentait consciemment de l’oublier tout comme il refusait d’écouter la petite voix au fond de lui qui ne cessait de répéter « Cette fille va changer ta vie ! »


*****


Cela faisait maintenant six jours que Morwen cohabitait avec le jeune Français après avoir failli perdre la vie dans une tempête de neige.

Tempête qui d’ailleurs n’avait pas fini de s’acharner sur la région.

Assise devant l’âtre, sur une veille couverture, la demoiselle fixait de ses yeux vert marin l’étrange ballet des flammes dévorant le bois. Plongée si profondément dans ses pensées, elle n’entendit pas le maître des lieux s’approcher et sursauta violemment lorsqu’elle s’aperçut de sa présence.


  • Vous m’avez fait peur ! dit-elle en tentant de reprendre contenance.


Il ne répondit pas, se contentant comme à son habitude de la fixer de son regard bleu sombre. Cet homme taciturne intriguait la jeune femme. Il parlait peu, jamais pour ne rien dire et se confiait encore moins.

Cependant, de peur de paraître indiscrète et envahissante, Morwen ne le questionnait pas sur sa vie ni sur tout ce qui lui semblait trop personnel bien que mille interrogations lui venaient aux lèvres.


Ils restèrent ainsi silencieux pendant de longues minutes puis Camus rompit le silence.


  • Le vent tourne, demain le blizzard sera tombé. Vous pourrez bientôt rejoindre votre équipe et rentrer chez vous.


Puis il prit un livre sur une étagère et s’installa sur une chaise avant d’entamer sa lecture.

Morwen était perplexe. La nouvelle que Camus lui avait annoncée aurait dû la réjouir, elle allait enfin rejoindre Richard et rentrer chez elle. Pourtant ce n’était pas le cas. L’idée qu’elle devait quitter l’isba du jeune homme lui laissait un goût amer dans la bouche. La demoiselle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. C’est ainsi, des questions sans réponse plein la tête, que Morphée vint la prendre.


Camus tournait lentement les pages du roman posé sur ses genoux, sans arriver à se concentrer sur ce qu’il lisait. En fait il avait abandonné sa lecture après avoir relu trois fois le premier paragraphe. Ses pensées s’égaraient vers la jeune femme. Depuis le jour où Hyôga avait amené Morwen inconsciente à l’isba quelque chose en lui avait changé.

Bien qu’il resta froid et distant envers la demoiselle, il se mit à rechercher sa présence. Il pensait avoir fermé son cœur à tout sentiment mais s’était rendu compte que depuis sa cohabitation forcée avec la biologiste, la glace entourant son cœur avait fondu comme neige au soleil.

Cela le troublait au plus haut point tant il était peu habitué à ressentir de telles émotions.

Il finit par déposer son livre et, s’apercevant que la jeune femme s’était endormie, se rendit dans sa chambre. Hélas le sommeil le fuyait, dès qu’il fermait les yeux un visage apparaissait dans son esprit et des sensations nouvelles envahissaient son corps. Il finit par se lever et sortit dans la nuit.


  • la solitude des grands glaciers m’aidera à réfléchir ! Se dit-il en s’enfonçant dans les ténèbres.


*****


Le lendemain lorsqu’elle se réveilla, Morwen constata que le français ne s’était pas trompé. La tempête avait cessé, laissant la place à un pâle soleil.

Ce matin l’isba était vide. Camus avait dû partir aux aurores.

Après avoir pris son petit déjeuner, la demoiselle se décida à mettre le nez dehors. Tout autour de l’habitation était d’une blancheur immaculée et même les quelques arbres qui poussaient sous ce climat difficile étaient recouverts par une épaisse couche de neige. La jeune femme ne s’éloigna pas de la demeure tant que dura sa petite balade d’inspection.

Camus ne reparut pas de la journée ni même de la soirée et Morwen, se sentant mal à l’aise dans l’isba silencieuse, se coucha de bonne heure.


Tard ce soir-là Morwen, ne trouvant pas le sommeil, sortit respirer l’air froid des nuits sibériennes. Elle fit quelques pas dans la neige avant de s’asseoir sur une vieille souche à proximité de l’isba.

Son regard se perdit dans la contemplation du ciel étoilé et elle tenta de se rappeler le nom des constellations. Le temps s’écoula et la jeune femme regretta bientôt d’avoir laissé sa veste fourrée dans sa chambre.

Tandis qu’elle frissonnait sous la morsure du vent, une couverture fut posée sur ses épaules. Camus l’avait rejointe.


Silencieux comme à son habitude il l’avait contemplée de longs instants avant de s’approcher. En le voyant elle s’était levée, serrant contre elle les pans de la couverture qu’il lui avait apportée.


  • Merci ! Dit-elle avec un magnifique sourire.


Mû par une pulsion soudaine, le jeune homme la serra dans ses bras. Figée de surprise, Morwen s’abandonna à cette étreinte lorsque des lèvres tendres se posèrent sur sa bouche. Ce fut un long mais chaste baiser empli de tendresse.

Le Français fini par s’écarter, rompant par la même occasion la magie du moment.

Il se détourna et esquissa un pas pour s’en aller lorsqu’une main se posa sur son épaule pour le retenir.


  • Pourquoi ? Fit la jeune femme en levant les yeux vers lui.

Avant de répondre Camus prit entre ses doigts une mèche de cheveux bruns puis caressa la joue rosie par le froid et l’émotion de la biologiste.


  • Par Athéna que cette fille peut être belle ! Pensa-t-il avant d’ajouter à voix haute : J’ai souvent méprisé les gens qui parlaient de « coup de foudre ». Je n’y croyais pas et trouvais ce concept stupide ! Je sais aujourd’hui à quel point j’avais tort. Cette étrange sensation que j’ai ressentie la première fois que je vous ai vue, le fait que je vous ai aimée au premier regard sans rien savoir de vous… Je sais maintenant ce que ça fait d’avoir le coup de foudre. Je n’aurais jamais cru ressentir un jour de tels sentiments ni même l’avouer à quiconque mais depuis que vous êtes arrivée ici ma vie a changé.


Le jeune homme avait dit cela sans quitter la demoiselle de son regard sombre. Il posa sa main sur celle de la femme qui hantait ses pensées puis il l’attira contre lui.


  • Je vous aime ! Lui souffla-t-il au creux de l’oreille.


Ces trois mots comblèrent Morwen de bonheur et tout en lui rendant son baiser, elle murmura :


  • Je t’aime aussi !



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