Passion de glace

Chapitre 2 : C’est cette vie que je choisis

1856 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a 8 mois

Un paysage inhospitalier et monotone, fait d’arbres fantomatiques et de sapins blancs, défilait tout au long du trajet jusqu’au village où l’équipe de scientifiques, dirigée par le célèbre professeur Richard Cousteau, attendait fébrilement des nouvelles de leur collègue. Morwen n’avait pas une seule fois prêté attention à ce qui se passait autour d’elle tant elle semblait perdue dans un rêve lointain. Si on lui avait demandé de raconter ce qui s’était passé sur le chemin, elle aurait été bien incapable de répondre. Ce ne fut que lorsque Richard vint à sa rencontre qu’elle reprit contact avec la réalité.


  • Tu nous as fait une terrible frayeur ! S’exclama le scientifique en la prenant dans ses bras. Si nous n’avions pas rencontré ce jeune garçon et s’il ne nous avait pas dit que son ami et lui avaient porté secours à une femme correspondant à ta description, nous aurions tous commencé à préparer tes obsèques.
  • Je suis désolée ! Répondit la demoiselle. J’aurais dû t’écouter et ne pas rester seule là-bas.
  • Oublions ça ! Dit l’homme. Le plus important est que tu sois saine et sauve.

La jeune femme sourit puis se tournant vers le petit garçon qui l’avait conduite jusqu’à son camp de base, elle lui dit :

  • Merci Yakoff de m’avoir accompagnée jusqu’ici.
  • Y a pas de quoi ! lança-t-il avant de rentrer chez lui.


Morwen le regarda s’éloigner avant de rejoindre Richard. La demoiselle regrettait l’isba de Camus. Celui-ci n’avait pas souhaité l’accompagner. Il s’était d’ailleurs montré assez distant lors de leur séparation le matin même.

Bien sûr elle ne s’était pas attendue à recevoir une marque d’affection prononcée mais elle aurait aimé qu’il la serre contre lui une dernière fois.


À quelques kilomètres de là, le Français méditait près des glaciers éternels.

Le départ de la biologiste l’avait bouleversé plus qu’il ne voulait se l’avouer.

Depuis sa plus tendre enfance, Camus avait appris à enfouir ses sentiments au plus profond de son cœur, se forgeant un masque de pure indifférence face au monde extérieur. L’arrivée de la jeune femme dans sa vie avait tout remis en question. La nuit précédente il avait même cédé à ses sentiments et l’avait embrassée. Il avait cependant préféré ne pas se lier à elle et s’était montré le plus distant possible lors de son départ, laissant son masque d’impassibilité reprendre le dessus. De toute façon il ne la reverrait sans doute jamais maintenant qu’elle allait rentrer en Europe.

En fait, c’était mieux ainsi car il venait de recevoir une missive émanant du Sanctuaire lui confiant une mission importante et il serait absent pendant de longs mois.

Le Sanctuaire était certainement la principale raison pour laquelle il avait préféré laisser la biologiste s’en aller. Camus ne lui avait rien dit au sujet de son statut très particulier, car il craignait qu’elle ne le prenne pour un fou s’il lui avouait être un chevalier d’or au service d’une déesse de l’antiquité grecque.

La demoiselle n’aurait certes pas eu tort de penser cela: peu de gens avaient connaissance de l’existence du Sanctuaire et de son rôle dans la protection de la Terre. La vie au Domaine Sacré avait pourtant bien changé depuis la dernière Guerre Sainte. Ses pairs et lui-même étaient revenus d’entre les morts et Athéna, la déesse de justice que servaient les chevaliers du zodiaque, avait aboli certaines des règles régissant la vie de son sanctuaire. Ainsi les chevaliers avaient désormais le droit de vivre une vie presque normale et par là même, le droit de se marier. Bien qu’ayant l’autorisation de la Déesse le chevalier du Verseau, par amour pour Morwen, préféra la laisser partir plutôt que de la voir obligée de choisir entre sa vie actuelle et une vie secrète, coupée du monde extérieur au Sanctuaire.


*****


Six mois s’étaient écoulés depuis son retour de Sibérie et Morwen, entre ses conférences, ses cours à l’université et les différents travaux concernant ses recherches, n’avait guère eu le temps de repenser à tout ce qui lui était arrivé là-bas.

Mais maintenant que son emploi du temps s’était allégé, elle ne put s’empêcher de songer à Camus et à tout ce que leur rencontre avait eu comme incidence sur sa vie. Dans l’esprit de la biologiste une idée folle s’était d’ailleurs insinuée et au fil du temps, celle-ci s’était muée en véritable obsession.

Marina, la meilleure amie et accessoirement colocataire de Morwen, avait bien remarqué un profond changement chez cette dernière depuis son retour. Elles avaient passé de longues soirées à en parler, Morwen lui racontant tout dans les moindres détails : la tempête ; l’isba ; Camus…

Ce dernier était ce qui intéressait le plus Marina qui n’avait cessé de poser des questions à son sujet. Aujourd’hui encore la jeune femme pouvait voir que le Français ne quittait jamais totalement les pensées de son amie.

Elle en eut d’ailleurs la confirmation lorsqu’elle rentra ce soir-là dans le petit appartement qu’elles partageaient dans le centre de Bruxelles.

Morwen regardait par la fenêtre mais son regard ne fixait rien en particulier. Elle sursauta légèrement lorsque la porte claqua et que Marina entra dans la pièce.

  • Toi tu penses encore à Camus ! Fit cette dernière en jetant négligemment sa veste sur le fauteuil le plus proche.
  • Oui. Répondit la biologiste. Chaque jour qui passe je ne peux m’empêcher de me demander si tout va bien pour lui. C’est une réaction idiote je le sais mais c’est plus fort que moi.
  • Ça n’a rien d’idiot puisque tu es amoureuse ! fit sa colocataire en la prenant dans ses bras. Il faut simplement que tu arrêtes de trouver des excuses pour ne pas mettre en pratique ce que je t’ai dit
  • Tu as raison mais pour l’instant je suis trop fatiguée pour décider quoi que ce soit ! Fit Morwen en faussant compagnie à son amie qui lui cria :
  • Tu vois, tu diffères encore…



Mais elle ne put entendre la fin de la phrase car la porte de sa chambre venait de se refermer sur une Marina en colère.

Durant la nuit, Morwen avait pris sa décision et à peine était-elle sortie du lit que, fébrile, elle décrocha le téléphone. Sa main trembla légèrement lorsque ses doigts composèrent le numéro.

Comptant le nombre de sonneries la demoiselle n’eut pas à attendre longtemps.


  • Allô ? Dit une voix masculine.
  • Richard ? C’est moi. J’ai quelque chose d’important à te dire…


Lorsque Marina émergea d’un repos amplement mérité, elle trouva l’appartement désert et un copieux petit déjeuner l’attendait dans la cuisine.

Elle allait se mettre à table lorsqu’un petit morceau de papier bleu attira son attention. Elle reconnut aussitôt l’écriture de sa meilleure amie et afficha un sourire satisfait lorsqu’elle eut terminé sa lecture. Morwen avait enfin pris sa décision.


Pendant ce temps en Sibérie, Camus venait de revenir de mission. Il pensait que ces six mois passés loin de l’isba l’auraient aidé à oublier la jeune femme qui, le temps de quelques jours, avait fait battre son cœur.

Cependant ce n’était pas le cas. Tout dans l’habitation lui rappelait les instants passés en compagnie de Morwen et cela le mit mal à l’aise. Souvent il avait regretté sa réaction lors de leur séparation. Il avait cru pouvoir rester indifférent face à ses sentiments mais aujourd’hui la réalité lui était revenue en plein visage. Il aimait profondément la jeune femme et était prêt à tout pour qu’une seconde chance lui soit accordée. À cet instant il était loin d’imaginer que son souhait serait exhaussé.

Deux jours plus tard on frappa à la porte de l’isba. Camus n’attendant aucune visite vint ouvrir avec circonspection et étonnement.


  • Morwen ?! S’écria le jeune homme surpris.
  • Bonjour ! Répondit la demoiselle. J’espère que je ne te dérange pas ?


Sans un mot le chevalier du Verseau s’approcha de la jeune femme, glissa ses doigts dans les boucles brunes de ses cheveux puis captura ses lèvres en un baiser passionné.


  • Tu m’as manqué ! Lui souffla-t-il au creux de l’oreille avant de l’entraîner à l’intérieur.


Assise en tailleur sur un coussin, la jeune femme sirotait son café en observant la réaction de son interlocuteur face à ce qu’elle venait de lui annoncer.


  • Tu as quitté ton travail pour pouvoir revenir en Sibérie ?! Dit le français que cette déclaration avait touché profondément.
  • Il fallait que je te revoie ! Répondit la demoiselle. Ce qui s’est passé entre nous, il fallait que je sache si ça avait un avenir… Si nous avions une chance…
  • Sans le savoir tu viens de réaliser mon souhait le plus cher… Murmura le jeune homme dont la voix trahissait une trop grande émotion. Néanmoins, il poursuivit : De tout mon cœur, de toute mon âme je désire vivre à tes côtés jusqu’à la fin de mes jours. Mais avant que tu ne prennes une décision, il faut que je te parle d’une chose très importante !


*****


  • La déesse Athéna s’est réincarnée… Tu es un chevalier au service d’une déesse de l’antiquité grecque ?!
  • Je sais que ça peut paraître complètement fou mais c’est la vérité ! Répondit le Verseau. La seule preuve que je puisse t’offrir aujourd’hui, c’est ceci ! ajouta-t-il en enflammant son cosmos, laissant son aura dorée envelopper la biologiste. Maintenant tu sais que la vie que je t’offre ne sera pas toujours simple et qu’elle sera très différente de ce que tu as connu jusqu’ici. C’est un choix difficile que je ne peux t’imposer.
  • Chevalier d’or du Verseau ! Fit la jeune femme en s’inclinant légèrement. Ton rôle dans la protection du Sanctuaire est d’une grande importance. Je suis pourtant prête à te suivre et à emprunter ce chemin à tes côtés. J’ai pris ma décision, c’est cette vie que je choisis !
















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