Une Dernière Bataille

Chapitre 30 : Quitte ou Double - Quatrième Partie

7027 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/09/2024 08:00

26 mars 1997

Norvège, Asgard, Province Nord

 

En l’espace de trois minutes, Byakko se retrouva brusquement à destination. Il le savait, non seulement parce que des ronces familières avaient envahi une partie du couloir, mais surtout parce qu’il aperçut le dos de Seiryû en face de lui.

Son cœur, redescendu en rythme, rata brutalement un battement avant de chuter comme une pierre lorsqu’il la vit s’affaisser sur elle-même dans un nuage de pétales aux nuances rosées. Elle s’effondra d’abord sur les genoux avant de basculer au sol, dévoilant la silhouette de son adversaire.

Emporté par de vives et brûlantes émotions, Byakko laissa son cosmos feuler, déclenchant sans même en avoir conscience son Tenkô dont les puissantes vibrations se répercutèrent en faisant trembler la roche. L’agresseur de Seiryû se retrouva presque foudroyé par le regard que lui décocha le Tigre de l’Ouest. Son aura dégageait une intensité telle qu’elle donnait l’impression de faire face à un féroce prédateur paralysant de peur sa future victime.

Des volutes d’air se mirent à tourbillonner autour de lui, de plus en plus en vite. Son cosmos comprima les flux aériens, les rendant instantanément aussi acérés que des lames. Entendant à peine les pas de Rikimaru derrière lui, il libéra son arcane avec un cri rageur :

- Kirisaku Shippû !

De sa main libre, Byakko projeta le souffle tranchant droit devant lui.

- Arrête ! lui cria le Shinobi Lunaire. Tu ne vois pas que …

L’attaque trouva une cible affaiblie, tout juste capable de lever un bras où des lambeaux d’une énergie rosée s’accrochaient encore. La tornade miniature mordit dans l’armure et creusa les chairs en dispersant des gouttelettes carmin un peu partout, avant de balayer la Kunoichi Lunaire. Telle une feuille ballottée par un irrésistible courant, le corps de cette dernière roula sur plusieurs mètres, laissant une piste sanglante dans son sillage, et s’immobilisa, inerte.

 

Le temps avait paru s’étirer en longueur durant les brèves secondes où le drame venait de se jouer. Car c’était bien ce dont il s’agissait aux yeux de Rikimaru.

Tatsumaru avait-il sciemment attaqué sa sœur ? Était-ce une terrible erreur ? Et si, comme il lui avait dit plus tôt, il avait bel et bien « sa » mission ? Avait-il vraiment cru que son ancien modèle était demeuré le même ?

Il s’était fourvoyé voilà tout, essayant d’expliquer ce qui était pourtant clair. Un moment d’égarement, et la terrible conséquence en résultant se trouvait étendue un peu plus loin devant lui. A nouveau, les horribles sons de la chair meurtrie emplirent ses oreilles et sa vue fut saturée par la vision de sa sœur d’armes être soufflée.

Son aura s’intensifia, comme son ire qui allait grandissante. Il savait qu’il devait garder la tête froide, mais un torrent d’émotions négatives et violentes le submergeait … un traître, voilà ce qu’il avait en face de lui ! Son devoir était de le punir. Rien ne lui semblait plus important pour l’heure.

Dans son esprit embourbé, une petite lueur tenta de se manifester pour protester, mais Rikimaru développa son Shingetsu no Yami, englobant presque instantanément la scène au cœur d’une nuit d’encre et celle-ci fut réduite au silence. Il se déplaça dans l’espace de ténèbres, aussi vif qu’une ombre glissant sur un mur, et abattit sa lame.

 

Le métal crissa d’abord contre son homologue, avant de glisser sur une jointure et entamer la chair juste au-dessus de la hanche.

Perturbé par sa soudaine cécité, Byakko avait néanmoins réagi à une vitesse exceptionnelle, dès qu’il avait ressenti le contact de la lame sur lui. Il s’était alors contorsionné pour réduire les dégâts causés par l’attaque, se décalant juste assez pour transformer un estoc mortel à l’aine, en entaille acceptable au-dessus de la hanche.

Le voile se déchira et il put distinguer Rikimaru face à lui, un genou à terre, son arme brandie. S’appuyant sur sa jambe valide, il asséna un coup de pied horizontal au Shinobi Lunaire pour le repousser.

C’était étrange. Juste avant l’assaut du jeune homme, il avait eu la désagréable impression qu’un voile rouge était descendu devant ses yeux pendant un court laps de temps. Ses pulsions s’en étaient trouvées exacerbées et il s’était emporté, au point de frapper la personne qui se trouvait à présent dans le dos de Rikimaru, avant même de la distinguer clairement.

Ce dernier se relevait d’ailleurs déjà, une lueur assassine brillant au fond de ses yeux argentés. Un changement d’aura plutôt brutal par rapport à ce qu’il avait pu percevoir encore quelques minutes auparavant. Néanmoins, sa préoccupation principale demeurait la survie de Seiryû. Il devait la récupérer et partir loin d’ici, mais pour cela il lui faudrait inévitablement battre le Shinobi Lunaire – qui de son côté, semblait vouloir en faire de même.

 

Les pensées de Rikimaru étaient devenues chaotiques, mais peu lui importait, son instinct saurait le guider. Il avança d’un pas en garde haute et abattit son arme avec la vitesse et la force de la foudre.

Byakko mit sa propre lame en barrage, interceptant le coup en le faisant glisser sur la longueur. La force reçue s’en trouva dissipée et décalée sur le côté. Rikimaru fit un rapide pas en arrière pour s’écarter, puis avança en tombant sur un genou pour effectuer une coupe horizontale au cours de laquelle il se servit de l’élan généré pour tourner sur lui-même, son genou servant de pivot, et placer un puissant coup de sabre oblique au terme du mouvement.

Byakko évita le premier assaut qui allait lui faucher la jambe en lui soustrayant celle-ci, puis orienta de manière idoine son arme, son autre main plaquée sur le dos de la lame, pour aider à parer le second. Des fourmillements remontèrent le long de ses avant-bras suite au choc, preuve de la vigueur des offensives.

Le Gardien Céleste contrattaqua sitôt le danger écarté. Il asséna un enchaînement constitué d’un coup de paume droit qui atteignit le Japonais en plein visage, fracturant en partie son menpô et le déstabilisant, suivi d’un coup de la pointe du coude gauche et d’une charge d’épaule. Après avoir encaissé ces deux forts impacts qui répandirent des fêlures sur son plastron, Rikimaru se retrouva contraint de reculer de plusieurs pas, avant de faire une culbute arrière.

Simultanément, Byakko se plia en deux sous la subite douleur que lui renvoya son flanc meurtri.

 

Restant en position basse, les genoux pliés, le Shinobi Lunaire opportuniste, arma le bras tenant le sabre et présenta, paume ouverte, son autre main devant lui. Un soudain afflux de cosmos entourant ses jambes le propulsa à une vitesse ahurissante sur son adversaire. Son bras plié se détendit comme un ressort, devenant lance, la pointe de son arme brillant d’un éclat bleuté. Une mortelle estocade allait être portée.

Byakko n’eut que le temps de se redresser – en veillant à présenter son côté droit – et de positionner son sabre qu’il tenait à une main, l’autre tentant de calmer les élancements de sa plaie, pour bloquer. Cependant, l’orientation de sa lame étant mauvaise, il ne put répartir correctement la force du choc et elle se brisa. L’attaque de Rikimaru poursuivit son chemin, quoique déviée, et lui entailla le haut du biceps à défaut de lui traverser le torse. Emporté par le formidable élan qui était le sien, le Shinobi Lunaire passa dans le dos de Byakko.

 

Le Gardien Céleste lâcha la poignée de son arme et se retourna. Son énergie augmenta en intensité, levant un vent soudain qui se mit à siffler. Les flux aériens qui l’enveloppèrent, le dotèrent d’un brusque afflux de célérité et rendirent ses frappes aussi acérées qu’un sabre. Rikimaru fit de son mieux pour se prémunir contre cette tempête déchaînée de poings et de pieds, mais il avait toujours été le moins à l’aise des deux en termes de combat à mains nues et laissa passer plusieurs attaques qui minèrent sa résistance et son corps. C’est alors que le Tigre de l’Ouest bondit à la suite de son dernier mouvement, tournoya et abattit le dessus de son pied sur l’épaule gauche du Shinobi Lunaire. Frappé de plein fouet par tout le poids derrière ce coup, un net craquement se fit entendre. Un grognement de douleur échappa à Rikimaru qui recula de quelques pas, son épaule brisée ayant clairement du mal à soutenir son bras.

Cette brève pause ne fit que souligner la dégradation de leur état physique. Du sang coulait le long de leurs plaies et leurs os maltraités hurlaient, leur arrachant des grimaces de souffrance contenue, suite à ces éprouvants échanges.

Toujours haletants, ils repartirent à l’assaut.

 

Son sabre auréolé d’un cosmos bleuté, le Shinobi Lunaire lança un coup de taille en direction de la tête de Byakko. Ce dernier leva un bras gorgé d’énergie pour parer, mais se retrouva totalement pris au dépourvu lorsque le sabre passa au travers de sa garde comme si cette dernière n’existait pas. Guettant sa réaction, Rikimaru lui administra un coup de pied circulaire dans le flanc laissé à découvert.

Sans lui laisser le temps de souffler, il réitéra avec un estoc en direction du front. Le geste de son adversaire pour intercepter la lame ne rencontra que du vide, et le Japonais inversa son mouvement pour finalement le frapper entre les deux yeux avec la kashira de son arme. Le Tigre de l’Ouest inclina tout de même la tête au dernier moment pour encaisser le coup sur son casque, qui écopa d’une fissure en étoile et perdit quelques éclats.

Après avoir essuyé deux attaques supplémentaires qui lui laissèrent de nouvelles balafres, Byakko comprit rapidement que lorsque la lame ne luisait pas, c’était l’indication qu’elle resterait tangible. Dès lors que le secret de l’arcane du Gessetsu fut éventé, il perdit son efficacité et le Gardien Céleste choisit de repousser son opposant pour reprendre de l’espace. Bien mal lui en prit, car Rikimaru, plus décidé que jamais à en finir, brandit alors haut son sabre à deux mains et à la seconde où se dessina la forme d’un croissant lorsqu’il l’abaissa, un cosmos acéré jaillit de la lame. Cependant, la douleur que lui renvoya son épaule fracturée troubla la fluidité de son coup et l’attaque manqua sa cible.

 

Témoin de cette défaillance, Byakko s’apprêta à en profiter pour porter une offensive, qu’il voulait décisive, lorsqu’une alarme retentit dans son esprit.

Sans s’en rendre compte, ils s’étaient affrontés au sein d’un petit espace dont les limites étaient formées par les corps inanimés de Seiryû et de son adversaire. Leurs échanges les avaient amenés à se déplacer de-ci de-là, pour finalement finir tout près de l’une d’elles.

Bien que l’arcane n’ait aucune chance de le frapper là où il se trouvait, elle était en train de filer droit sur Seiryû, toujours sans connaissance. Guidé par son désir de la protéger, il envoya désespérément une impulsion à ses jambes pour bondir sur le côté et faire écran de son corps. Son cosmos déployé autour de lui pour faire office de maigre barrière, il sentit le projectile énergétique la traverser malgré tout et venir le percuter en travers du torse. Le plastron de sa Yoroi se fendit et du sang ne tarda pas à sourdre lentement depuis la nouvelle plaie. Même si l’impact avait été amoindri, l’arcane l’avait bel et bien touché. Le Gardien Céleste tomba sur un genou, un grognement de douleur s’échappant du fond de sa gorge.

 

Rikimaru, les dents serrées pour étouffer les terribles élancements que lui renvoyaient ses blessures leva à nouveau son arme. Il ne l’abattit cependant pas.

La dernière action de son opposant l’avait troublé, faisant écho à quelque chose dans son esprit. La brève lueur qui avait été étouffée plus tôt revint plus forte, perçant le brouillard dans lequel ses sens évoluaient. Petit à petit, un souvenir émergea, apportant avec lui, chaleur et lumière. Ces dernières finirent par dissiper la rage et la colère qui avaient envahi le cœur et l’esprit du Shinobi Lunaire. C’est alors qu’il put saisir pleinement ce qu’impliquait les paroles de Tatsumaru.

Sa « mission », ainsi qu’il l’avait appelée, gisait à ses côtés. Ce n’était semble-t-il plus le sens du devoir qui le motivait, mais … l’amour qu’il éprouvait pour cette femme. Peut-être n’avait-il alors tout simplement pas reconnu sa petite sœur, subitement obnubilé par l’envie de protéger la source de son bonheur. A moins que ce ne soit l’influence néfaste qui régnait en ces lieux qui y soit pour quelque chose.

Rikimaru réalisa que derrière ses propres actions, il avait fait exactement la même chose. Son désir de protéger un être cher avait été oblitéré par l’influence délétère de Loki – comme il l’avait supposé auprès d’Einar –, exacerbant les sentiments négatifs qu’il avait subitement nourri envers son assaillant.

Il lui semblait avoir déjà ressenti, par le passé, cette espèce de chape se déposer sur ses épaules, comme de la cendre après un incendie. Aussi, malgré l’évolution qu’il avait connue, il en vint à réaliser que bien des ténèbres pesaient encore sur son âme, et qu’un être aussi pernicieux que le Mage des Mensonges pouvait en profiter.

Il rengaina sa lame dans son étui dorsal et avança en direction du corps inanimé d’Ayame, conscient qu’elle avait besoin de soins au plus tôt. Ce faisant, il marcha droit sur Tatsumaru. Il le dépassa sans lui prêter plus d’attention, sûr de lui quant à l’inutilité de leur conflit.

 

Ce dernier s’étonna du comportement du Shinobi Lunaire, jusque-là très agressif, pour ne pas dire meurtrier. Néanmoins, celui-ci paraissait s’être apaisé et même son aura avait reflué pour devenir aussi calme que la surface d’un lac. Il en fut soulagé, car plus leur affrontement se prolongeait et plus il en était venu à se dire qu’une issue dramatique était à craindre. Le Gardien Céleste n’avait pas souhaité attenter à la vie du jeune Japonais, mais ses tentatives pour le mettre hors-combat étaient demeurées sans succès.

Il le regarda prendre en charge la personne qu’il avait attaquée sans prévenir. La question de l’identité de celle-ci commençait tout juste à l’effleurer, qu’un sentiment grandissant d’horreur l’enveloppa.

- Ayame, appela-t-il, dans un pitoyable croassement en apercevant le visage de celle que Rikimaru prenait délicatement dans ses bras, en dépit de la cuisante douleur qui devait sourdre de son épaule fracturée.

 

Le Shinobi Lunaire tourna la tête vers Tatsumaru et dans son regard vert, il lut une réelle douleur qui n’avait rien de physique. Il avait là la preuve que celui-ci ne s’était finalement pas rendu compte de la cible vers laquelle il dirigeait ses coups. En un sens, cela rassura Rikimaru.

- Je crois que nous avons chacun nos priorités, aussi je vais quitter cette maudite montagne avec elle, lui assura-t-il. (Il déchira les manches de son vêtement et entreprit de bander les blessures les plus sérieuses de la jeune femme, avant de s’occuper des siennes.) Elle sera soignée sans savoir qui l’a mise dans cet état.

Un éclat de gratitude brilla fugacement dans les yeux du Gardien Céleste.

- Je vais en faire de même, répondit-il en calquant ses gestes sur ceux, salutaires, de Rikimaru. Mais avant ça, je te dois la vérité quant aux questions que tu m’as posées plus tôt. Et aussi un peu d’aide pour sortir d’ici, car je ne me le pardonnerai jamais si …

Il préféra ne pas terminer sa phrase, mais son vis-à-vis avait saisi son inquiétude.

Ensemble, ils se mirent en route, clopin-clopant, les dents serrées face à la souffrance qui marquait leur corps, la fatigue irradiant leurs traits.

 

Tatsumaru lui raconta succinctement ce qui s’était produit depuis sa prétendue mort : l’amnésie qui l’avait frappé suite à ses blessures, sa convalescence sous les soins de Seiryû et son ralliement aux forces de Susanoo en tant que Gardien Céleste sous le nom de Byakko ; puis, lorsque la mémoire lui était revenue, il avait discrètement repris contact avec le seigneur Tsukuyomi. Sachant qu’il tenait là un moyen de surveiller les agissements de son divin frère, celui-ci avait décidé de garder secret le retour d’un de ses Shinobi Lunaire dans son giron.

- Alors tout ce temps …

- C’était une mission d’infiltration et de surveillance, acheva Tatsumaru, attribué par le seigneur Tsukuyomi. Et qui a toujours cours, bien que je pense qu’elle n’a désormais plus de raison d’être.

Ils avançaient presque côte-à-côte et un élan de nostalgie s’empara du jeune Japonais. Il se remémora son désir de ressembler à l’homme qui se tenait devant lui et de marcher dans ses pas.

- J’ai dû composer avec beaucoup de choses, tu t’en doutes, lui avoua l’ancien Gardien Céleste. Nombreuses sont celles à me hanter et me faire honte.

Il jeta un fugace coup d’œil au visage de Rikimaru.

Ce dernier touchait inconsciemment la cicatrice qui lui barrait le haut du visage, souvenir de leur première retrouvaille, alors qu’il était sous le choc de le revoir vivant. Le Shinobi Lunaire admira la forte volonté qu’il avait dû lui falloir pour s’attaquer à un ancien frère d’armes. En poussant le raisonnement plus loin, ce geste avait sûrement été destiné à le protéger de Suzaku à l’époque.

Le regard soudain perdu dans les tréfonds de sa mémoire, Rikimaru murmura :

- Je sais ce que c’est.

Il frissonna. Finalement, il s’était rapproché du modèle qu’il visait sans même s’en apercevoir. Avec tout ce que cela impliquait de positif comme de négatif.

- Mais c’est mon devoir de servir le seigneur Tsukuyomi, poursuivit Tatsumaru. Et j’ai compris que la tâche qu’il m’a confiée revêtait une importance capitale à ses yeux. Un dieu ne l’avouera probablement pas de lui-même, surtout à un mortel, mais j’ai pris conscience après y avoir longuement réfléchi que derrière sa demande se cachait une sorte d’anxiété.

« Je pense que tu le sais déjà, la lune est liée au temps et à la manière dont il s’écoule. Je ne sais pas si tu l’as déjà vu faire, mais le seigneur Tsukuyomi a l’habitude de consulter un miroir. Je pense qu’il n’y voit que de vagues courants sur le déroulement de l’avenir ou du passé, néanmoins, à chacun de mes rapports, il ne pouvait s’empêcher d’y jeter un œil. Comme s’il attendait quelque chose, une divergence.

Face à ces révélations que leur seigneur s’était bien gardé de leur transmettre, Rikimaru résuma à son tour les informations dont il était lui-même détenteur, ainsi que celles recoupées avec les Chevaliers et les Marinas depuis leur alliance à Asgard.

- La grande bataille qui a cours au moment où nous parlons, va réellement décider du sort de ce royaume. J’ajouterai même que son issue risque d’influencer le destin de la Terre toute entière. Personne n’a encore de réponse précise, pas même Arion dont le don de précognition, nous a pourtant bien aidés jusque-là.

- C’est un bien lourd fardeau qui pèse sur les épaules de ces jeunes hommes et femmes, dit Tatsumaru, mais grâce à ce que tu m’en as dit, j’entrevois encore la lumière de l’espoir, alors même que nous vivons des heures si sombres. Et je sais que vous y contribuerez également, toi et Ayame.

Ils étaient parvenus à une intersection.

- Va à droite, continue sur cinq cents mètres et prends ensuite à gauche. Tu devrais émerger de la montagne sur son flanc ouest. Ne doute pas de ton chemin, ça t’aidera à tenir à distance l’influence de Loki.

- Merci Tatsumaru. Et aussi pour m’avoir appris la vérité.

Ils échangèrent un long regard, à défaut d’une poignée de main, car ils savaient qu’ils ne se reverraient sans doute plus.

- Les énergies qui s’affrontaient semblent s’être tues, observa le Shinobi Lunaire en avisant la voûte au-dessus de lui. Je me demande ce que c’était. (Il ramena son attention sur le couloir qui lui faisait face.) En tout cas, j’espère juste que mes amis ont pu s’en sortir. J’ai une dette envers celui que nous sommes venus délivrer.

Cette dernière phrase, prononcée avec gravité, arracha un sourire au prétendu Gardien Céleste.

- Tu as changé, remarqua-t-il. Dans le bon sens. Je ne t’aurai pas cru capable de tenir ce genre de discours par le passé.

- C’est vrai, j’ai … évolué, confirma le jeune Japonais. Sortir de la sphère étriquée dans laquelle je vivais est une chose que je ne regrette absolument pas. Cela m’a davantage humanisé émotionnellement, moi, qui ne vivait que pour servir sans réfléchir.

- Je sais par quoi tu es passé, crois-moi, reconnut Tatsumaru à son tour. (Il regarda le fin visage de sa petite sœur avec une réelle affection.) Prends soin d’elle, Rikimaru.

Le Shinobi Lunaire lui adressa un signe de la tête.

- Oh, et une dernière chose, ajouta Tatsumaru. Je sais qu’il me dirait avoir vécu sa vie pleinement et sans regrets, mais si un guerrier du nom de Genbu survit à la bataille, ne le traitez pas trop sévèrement, il ne devrait pas vous causer d’ennuis. De même que certains servants de Loki n’ont pas sciemment fait le choix de se soumettre à lui.

Et il s’éloigna dans le couloir de gauche, progressivement avalé par les ombres, laissant Rikimaru en faire de même.

 

Le regard de Loki rivé sur le combat, et son issue en la défaveur de son champion, se noircit. Il vira même carrément à l’orage en tombant sur son prisonnier en fuite. Lui, que l’on qualifiait de trouble-fête, de fourbe et de manipulateur était en train de se faire abuser. Par des mortels qui plus est !

Il aurait presque pu en rire si sa mâchoire, à l’image de ses traits, ne s’était crispée. Des tréfonds de son être divin monta une rage froide. Son énergie se déploya, commençant à faire vibrer la roche de son trône, puis le sol tout entier de la caverne. Les intrus vacillèrent sur leurs jambes et leurs souffles se retrouvèrent momentanément bloqués dans leurs gorges.

La silhouette du Mage des Mensonges commença à changer, l’enfant s’effaçant progressivement pour révéler un individu plus mature, quoique d’une stature qui se voulait menue.

Les fourmillements qui agitaient la pierre cessèrent abruptement lorsque les têtes de serpents terminant les chaînes qui l’emprisonnaient, plongèrent leurs crochets gorgés de venin dans ses avant-bras. En l’espace d’un battement de cœur, le poison s’insinua dans son organisme et lui infligea une telle sensation de brûlure que sa colère s’en trouva reléguée à un plan de bien moindre importance. Sous ses sourcils froncés par la douleur, ses paupières se contractèrent brièvement et il s’obligea à prendre une profonde inspiration. Une odeur acide et piquante flottait autour de lui.

- Hé bien, hé bien, dit-il finalement en rouvrant les yeux tandis qu’il frappait dans ses mains, comme dans une parodie d’applaudissement, accompagné du cliquetis des chaînes. Tu as semble-t-il remporté ce duel mon cher Chevalier. Et avec un résultat si visuel que je sens poindre en moi une pointe de jalousie. (Un gloussement acheva sa remarque.) Seulement vois-tu, cela ne m’émeut pas au point d’oublier que j’ai toujours grandement besoin de ce que tu caches sous ta tunique.

 

Einar regarda avec effarement la scène qu’il avait sous les yeux. Ainsi donc, c’était Andrei qui avait engendré tout ce tumulte en affrontant un Fléau. Pourquoi était-il ici d’ailleurs ? Et quelle était cette chose cachée qui venait d’être évoquée ? Mais ce qui perturbait le plus le Marina, c’était la présence toute proche du dieu Loki.

Le Mage des Mensonges était l’un des instigateurs par lequel tous les évènements tragiques qui avaient frappé le royaume d’Asgard étaient arrivés. Tous ces morts, toutes ces vies brisées. Son village rasé, comme tant d’autres, et ses habitants réduits en esclavage. Et Kilfgar …

Un frémissement de colère le gagna, balayant momentanément son étonnement et sa peur. Non, c’était même quelque chose de plus fort, de différent. C’était de la haine. Un sentiment brûlant et puissant, que venait attiser des années de souffrances refoulées. Lui, que l’on qualifiait de nature calme et discrète ne pensait pas ressentir ça un jour. Sa respiration s’accéléra, ses paumes devinrent moites et sa gorge s’assécha.

D’abord happé par cet intense raz-de-marée émotionnel, il finit par se raisonner, sachant que c’était folie que d’avoir ce genre de pensées. Même enchaîné, Loki restait un dieu, un être d’une grande puissance et doté d’un esprit plus acéré encore. Et puis … il jeta un rapide coup d’œil à Oreste.

Le Chevalier des Poissons était plongé dans un état d’asthénie et demeurait silencieux depuis un petit moment déjà, comme recroquevillé en lui-même. Était-ce là un mécanisme d’auto-préservation que son esprit torturé avait mis en place ? Impossible de le savoir.

La seule chose dont Einar savait devoir se préoccuper, c’était d’arracher Oreste à ce lieu. De cet enfer dans lequel il avait été plongé pendant une année entière par sa faute.

Einar en était là de ses réflexions lorsqu’il accrocha le regard de Loki, ou plutôt c’est l’inverse qui se produisit. Ce dernier le fixait-il depuis longtemps ? Avait-il deviné les pensées du Marina ? Dans tous les cas, ce qu’il lut dans les yeux de la déité signifiait : « J’en n’en ai pas terminé avec vous. »

 

- J’ai vaincu Gôrd, rappela Andrei, brisant un aparté muet qu’il ne soupçonnait pas.

Même à ses propres oreilles, sa déclaration devait paraître bien creuse. Voire puérile.

- Oui, en effet, confirma le dieu nordique avec dans la voix une condescendance que l’on réserve à ceux qui énoncent une évidence qui saute aux yeux. Quoiqu’il semble encore respirer, bien que cela lui coûte, fit-il en penchant la tête vers le Fléau, d’où s’élevait de faibles gémissements. Je pense que l’on peut te concéder la victoire.

« Aussi, je te propose un nouveau défi : quitter ce lieu en vie. Ce n’est certes pas très palpitant, mais cela a le mérite de ne pas être très compliqué. Pour ce faire, remets-moi l’orbe, accompagné d’une simple génuflexion à mon endroit et tu pourras partir. »

Il a bien fait allusion à un orbe ? s’alarma silencieusement Einar.

Le Verseau, la bouche légèrement entrouverte était comme figé. Il lui semblait qu’une petite voix au milieu du chaos de ses pensées lui répétait : « C’est un bon échange. Accepte. Tu as eu ce que tu voulais grâce à l’artefact, tu n’en as plus besoin désormais. Contrairement à ta vie. Et ce duel t’a épuisé, autant t’en aller sans heurts. »

- Ne fais pas ça, Andrei ! tonna la voix d’Einar. Il te manipule !

- La ferme ! répliqua le prince de Blue Graad en lui jetant un regard hargneux. Je n’ai d’ordre à recevoir de personne !

- Et la déesse Athéna ? Tu es l’un de ses Chevaliers. Tu as prêté serment. Celui de défendre la Terre contre toutes les menaces. Et Loki en est une immense !

- Moi ? intervint le Mage des Mensonges. Allons donc, je suis emprisonné ici, je serais bien inoffensif pour la planète.

- Fermez-la ! répéta le Verseau, en se bouchant les oreilles.

Son esprit lui paraissait de nouveau embrouillé, en proie à une brume insidieuse dont les volutes étendaient leurs filaments afin d’étouffer les idées qui ne convenaient pas.

Le jeune homme secoua la tête et marcha un peu plus loin. Il se baissa pour récupérer le diadème de son Armure et s’en recoiffa avec une certaine nonchalance. Toutefois, il préféra effectuer cette action dos à ceux qui l’observaient pour cacher le tremblement qui avait envahi ses traits, preuve évidente de la lutte intérieure qu’il menait.

- J’en ai assez d’être pris pour une marionnette, déclara-t-il enfin. Alors je vais m’en aller purement et simplement. Je suis prêt à parier qu’il n’y a plus un seul Fléau ou tout autre guerrier capable de m’affronter au sein de cette sinistre montagne. Et comme j’ai pu le constater il y a quelques instants, vous êtes bel et bien cloué sur ce gros caillou, incapable de m’en empêcher.

« C’est vrai que je n’ai plus besoin de cet orbe, ajouta-t-il en tirant du pouce le cordon refermant la bourse où se trouvait l’artefact, mais je vais quand même le garder en guise de trophée.

Il avait prononcé cette tirade d’une traite, en tâchant du mieux possible d’empêcher ses dents comme ses genoux de s’entrechoquer.

Le Verseau commença à s’éloigner et s’il avait eu une cape, il l’aurait certainement rejeté par-dessus son épaule dans le même mouvement.

 

Malgré tout ce qu’il avait entendu sur le Chevalier d’Or, et que ses dernières paroles venaient de confirmer, Einar ne put, en cet instant, réprimer une certaine admiration pour lui.

- Comme c’est regrettable, résonna doucement la voix du Mage des Mensonges. Il est vrai que je ne comptais pas te laisser partir, mais j’espérais te voir te débattre un peu plus. (Il fit la moue.) Tant pis pour mon plaisir.

Il tourna la tête vers Andrei et le fait de sentir peser l’intense regard de la déité sur lui suffit à le stopper net dans son élan.

- Tu es parvenu à te défaire de mon influence, certes. Néanmoins, je vais te détromper sur un point Chevalier. (Les yeux de Loki se mirent à scintiller d’un éclat doré.) Les Ases peuvent bien m’enchaîner et me priver de mon cosmos, il y a une chose qu’ils n’ont pas pu me soustraire : ma magie. Elle est le privilège de mon ascendance Jötunn et me donne quelques avantages dans ce domaine par rapport aux Ases. Car, dans leur grande majorité, ces êtres sont trop obtus pour y voir un usage utile quand on possède un cosmos. Et pourtant, avec un peu de magie et beaucoup d’esprit, on peut faire bien des choses. Même en étant enchaîné à un lieu. (Il leur dévoila l’intérieur de ses mains, dont les paumes comme les doigts étaient couverts de fines runes, tracées avec une incroyable minutie dans la chair.) Par exemple, je peux me doter d’un corps astral et voyager par-delà cette montagne sur des distances que vous n’imaginez même pas. Cela me permet, entre autres, d’observer certains évènements ou d’influencer certains… individus. (Le Chevalier du Verseau se retourna et Loki sourit devant la mine ahurie de son interlocuteur.) Ah, je vois que tu commences à saisir de quoi je parle.

Einar, de son côté, le bras passé sous les épaules d’Oreste avait préféré presser le pas en direction de la sortie. Mieux valait filer avant que…

Les mains du dieu nordique, à présent luisantes, se refermèrent dans un mouvement sec et il conclut :

- Bref, je pense qu’une petite démonstration de ces possibilités sera autrement plus parlante.

 

Loki se pencha pour effleurer le sol du bout des doigts et traça de complexes symboles. Soudainement en réponse, une bosse tellurique souleva le corps de Gôrd et le fit glisser jusque vers le dieu, comme transporté sur une vague, témoignant ainsi de son pouvoir sur les forces élémentaires. Le Changeur de Formes poursuivit son action en plaçant une main autour de la gorge du Fléau et l’autre sur la sienne. De sa bouche ouverte, une étrange volute mordorée s’échappa pour s’infiltrer dans le corps agonisant de Gôrd. Le processus achevé, Loki relâcha son étreinte et sa tête s’affaissa sur sa poitrine. Venait-il de perdre connaissance ?

Une onde de choc se déploya alors depuis le Fléau, faisant voleter un petit nuage de cendres. Ce dernier se releva tout doucement, comme tiré par une force invisible, finissant presque par léviter. Ses yeux révulsés devinrent d’un doré luminescent, avant de revenir en place en arborant une pupille étirée, reptilienne. Un lourd battement de cœur se mit à résonner aux oreilles des observateurs qui ne parvenaient pas à se détacher de l’improbable scène, comme paralysés.

Le corps du Fléau se contracta, se repliant sur lui-même pour finalement se mettre à croître, alors que sa Gave semblait fusionner avec lui. Ses membres s’allongèrent, devenant plus massifs. Ses cheveux tombèrent par touffes entières. La paire d’ailes dans son dos gagna en envergure et devint plus organique que métallique. Un appendice caudal émergea lui aussi du bas du dos de l’Asgardien. Son crâne s’étira, ses dents devinrent crocs, ses narines naseaux et une paire de longues cornes poussa depuis son front, se recourbant à l’extrémité.

En l’espace d’une poignée de monstrueuses minutes, Gôrd était devenu sous l’effet d’un extraordinaire sortilège de métamorphose, la réplique vivante du dragon Fafnir. Un long rugissement caverneux monta depuis les tréfonds du massif poitrail. Dans l’air ambiant, la voix du Changeur de Formes roula comme le tonnerre, écorchant leurs tympans.

- Cette fois, apprête-toi à être véritablement dévoré, Chevalier. (L’énorme tête s’orienta ensuite vers Einar et Oreste qui s’étaient rapprochés de l’échappatoire.) Quant à vous deux, vous me blessez en refusant mon hospitalité. Et ma peine a tendance à faire ressortir ce qu’il y a de pire en moi.

Le bref cri qu’il laissa échapper suintait d’une ironie mordante.

 

Comprenant qu’ils n’avaient guère plus d’autre option, Einar déposa Oreste contre une paroi aussi délicatement que possible. Malgré sa raison qui l’avait enjoint à ne pas tenter de folie contre le Changeur de Formes, il réalisa qu’il n’avait jamais vraiment eu le choix.

- Je vais te tirer de là, Oreste. Je le jure sur ma vie.

Il écarta légèrement le col de son pourpoint et dégagea l’amulette cachée en-dessous, la laissant pendre librement sur sa poitrine. Une créature aux multiples bras et à l’apparence unique y était représentée de manière stylisée.

Une aura irisée, propre aux Marinas de Poséidon, se mit à chatoyer autour de sa silhouette. Ses cheveux couleur sable se retrouvèrent agités, comme flottant dans l’eau, et ses yeux gris clair parurent s’embraser sous l’action du cosmos qu’il déployait.

Le pendentif se disloqua et une brume semblable à celle qui se répand dans les ports depuis l’océan, apportant mystère et légende, enveloppa le corps du Marina.

Einar en émergea revêtu de l’Ecaille du Kraken. D’une couleur rappelant tantôt la blancheur irisée de l’opale, tantôt le blanc de l’albâtre, la protection évoquait l’allure d’un seigneur des abysses marines. Ses gantelets s’ornaient de petites piques coniques, tandis que les épaulières légèrement bombées étaient surmontées d’excroissances suggérant des crocs, à moins que ce ne soient les parties du bec corné d’une créature céphalopode. Mais d’une nature bien différente de celle des petits êtres qui sont la proie des humains ou d’autres habitants des océans ; lui, était bien plus ancien et trônait au sommet de la hiérarchie.

Et cela se reflétait dans la coiffe arborée par Einar, à mi-chemin entre un casque et une tiare au sommet tronqué. Les jambières dotées de pointes au niveau des chevilles et des genoux rappelaient, arrivées près des cuisses, la forme déchiquetée de récifs, ou l’échine d’une mythique bête affleurant à la surface. Quelques mailles verdâtres donnant l’illusion d’algues, s’accrochaient aux hanches. Le plastron marqué de complexes sillons, comme autant de cicatrices, comportait de-ci de-là de petites scutelles évoquant les balanes qui s’accrochaient à l’épiderme des grands cétacés.

Toutefois, l’ornement le plus remarquable restait le disque près du cœur, d’un bleu de glace ; l’œil de la créature. Du dos enfin, se développaient plusieurs appendices tentaculaires, semblant tantôt se mouvoir sous le coup d’une injonction mentale de leur possesseur, tantôt de manière indépendante.

Einar embrasa davantage son cosmos et l’air alentour devint plus froid.

 

Le Verseau le regarda avec étonnement. Il avait totalement oublié que le Marina était également un manipulateur du froid. En fait, ne s’étant pas du tout intéressé à ce dernier, il l’ignorait même complétement.

Sitôt remis de sa surprise, ses yeux marrons revinrent se poser sur le dragon. Face au souffle de la colossale créature, son arrogance s’était envolée et il peinait à se l’avouer, mais il était effrayé. Encore plus que face au Gôrd « humain ».

Pour autant, cela ne l’empêcha pas de brûler son énergie derechef. Entre les deux utilisateurs de techniques glaciaires, un petit blizzard ne tarda pas à se manifester.

Le dragon, lui, rugit et son thorax se gonfla alors qu’un feu prenait naissance en son sein. Par un jeu de lumière, ils le virent se transférer du « foyer à la cheminée » et une gerbe de flammes finit par s’échapper de sa gueule. Une double vague de froid vint la percuter à mi-chemin dans un sifflement assourdissant.

Une lutte digne des légendes mythologiques venait de s’engager.

 

                                                                                           

Tenkô :

Feulement Céleste

 

Kashira :

La kashira est une pièce métallique qui protège l'extrémité de la poignée d'un sabre japonais. C'est l'équivalent du pommeau des épées occidentales.

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