Chevalier, mais pas trop ...

Chapitre 53 : ET LE GAGNANT EST

3835 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/10/2024 11:34

Disclaimer : cf. chapitre 1

CHAPITRE 53

ET LE GAGNANT EST …

 

Quelques jours avaient passé depuis la soirée mondaine. Ce genre d’événement était intéressant mais profondément usant car il fallait se conformer aux normes sociétales souvent huppées. Iris était plus qu’heureuse de retrouver ses hardes sans avoir à se soucier des apparences. Comme elle était souvent drapée dans son grand manteau noir, peu importe ce qu’elle portait, ou non, en-dessous. Les gens et animaux avaient besoin de ses dons thérapeutiques et non de ses mensurations de mannequin drapé dans une robe de soirée.

Elle avait aussi pu apprécier que lors de la petite sauterie, personne ne lui avait fait de remarque concernant la présence quasi sempiternelle des jumeaux à ses bottes ; même de la part de leurs pendants nordiques. Elle avait néanmoins senti le poids des regards interrogateurs et curieux : « Ce sont les deux repentis ? », « Ce sont eux qui en voulu à Athéna ? », « Elle n’a pas peur entre ses deux assassins ? » ou bien, de façon plus scabreuse : « Elle vit avec lequel des deux ? », « Est-ce que qu’elle couche avec les deux ? », « En même temps ? ». Pour beaucoup, c’était la soirée des fantasmes. Mais Iris s’en fichait royalement. Que les gens connaissent son passé quelque peu remuant, ou son quotidien palpitant, elle n’en avait cure. Elle se sentait bien, malgré les coups durs que pouvait rencontrer un médecin un peu trop sensible.

C’est donc à la mi-octobre, après les gigantesques retrouvailles, qu’une fillette, Cassandra, dont le grand-père était paralytique et requérait des séances pour soulager ses douleurs et ses escarres, vint en catastrophe au domicile de la praticienne. Kanon œuvrait dans le petit laboratoire en pesant avec minutie les ingrédients servant à la composition d’un onguent. L’entrée fracassante de la petite faillit compromettre toutes les précautions de l’auxiliaire tant il sursauta. Même Rhadamanthe ne l’avait jamais mis dans un tel état. Iris sortit du cabinet qu’elle était en train de nettoyer.

—   Iris … ! haleta la fillette. Papi …, pleura-t-elle.

Sans lui laisser le temps de s’expliquer davantage, Iris comprit immédiatement que l’état du vieillard était critique. Elle ne voulait pas imaginer le pire mais c’était ce qui allait immanquablement se passer. Encore une figure paternelle qu’elle allait perdre. Elle prit Cassandra dans ses bras et usa de ses pouvoirs pour atterrir devant l’entrée de la maison dont la porte était ouverte. Cela traduisait bien l’urgence de la situation. Une autre femme, du même âge environ que le chevalier, était au chevet du vieil homme : la mère de Cassandra. Elle se retourna au son des pas d’Iris. Son visage était baigné de larmes. Ça ne présageait rien de bon.

—   Merci d’être venue aussi vite. Je sais que ce n’est pas le jour de sa séance mais …

—   Tais-toi donc, coupa une voix rocailleuse. Mets-toi donc en tête que c’est mon heure.

—   Papa ! s’insurgea la jeune femme.

—   Viens par ici, Iris. Toi aussi, Cassandra. Je veux être entouré des plus belles femmes du Sanctuaire. Mais surtout … j’aimerais partir sans avoir mal.

Iris s’agenouilla entre les deux autres femmes, se pinça les lèvres et déglutit bruyamment pour tenter de retenir les larmes qui menaçaient de tomber. Elle procéda néanmoins comme elle le faisait d’habitude et posa sa main gauche sur le thorax du vieillard. Immédiatement, elle diffusa son cosmos et son patient se trouva instantanément soulagé, pour la plus grande joie de sa fille et sa petite-fille.

—   Que ça fait du bien ! Bien plus qu’une piqûre de morphine et bien moins dangereux. Et le summum, c’est que mon infirmière est d’une beauté exotique pour nous autres, Grecs.

L’homme plaça l’une de ses mains sur celle d’Iris ce qui fit couler les larmes qu’elle avait retenues jusqu’à présent. Elle tenta de faire bonne figure en plaisantant.

—   Vous n’êtes qu’un indécrottable séducteur, malgré votre âge, et vous me rappelez étrangement un membre de ma famille.

Le vieillard souleva alors sa main et la porta sur le visage d’Iris afin de lui essuyer la joue.

—   Je ne dirai pas « séducteur » mais je sais apprécier les belles choses et donc les belles femmes. J’ai quand même deux reproches à t’adresser.

La jeune femme qui semblait en tête à tête avec lui fut interloquée. L’homme continua sur un ton des plus sérieux.

—   D’abord tu gâches l’éclat de tes beaux yeux quand tu pleures ; et ensuite, je ne t’ai jamais vue sans ce fichu manteau noir ou ces vêtements d’homme. Dans mon esprit, et pour ce que j’ai déjà vu, les infirmières sont en blouse blanche.

—   Ce sont vos fantasmes, sourit difficilement Iris. Vous ne seriez pas apparenté avec le chevalier du Scorpion, par hasard ?

—   Je n’ai pas cet honneur. Mais si tu n’es pas un ange blanc, tu es un magnifique ange noir.

Iris prit très mal cette remarque.

—   Vous me comparez à un ange de la mort ? Merci pour le compliment ! s’offusqua la jeune femme qui ne pouvait pas vraiment en vouloir au vieil homme aux portes de la mort.

—   Détrompe-toi ! Tu ne me donnes pas la mort, mais tu me soulages énormément avant que la grande faucheuse ne vienne. C’est un réel plaisir que de mourir apaisé par tes mains.

Iris eut quasiment un mouvement de recul. Ces mots, à défaut de les avoir entendus, lui avaient été rapportés par Milo. C’étaient ceux qu’avait prononcés Saga juste avant qu’Iris ne lui arrache le cœur. Pour Iris, les deux situations étaient affreusement semblables alors qu’elle avait déjà aidé des patients en fin de vie. Tout se mélangeait dans son crâne. Coupable ou non, elle venait à nouveau d’être associée à la mort. Le vieil homme reposa sa main sur la sienne ce qui fit provisoirement sortir Iris de ses réminiscences.

Deux heures passèrent. Souvenirs, confidences, anecdotes, le grand-père voulait que l’ambiance fût à la fête et non pas aux visages pincés et aux mines décomposées qui le rendaient triste, lui aussi. Les silences de l’alité se firent toujours plus longs entre les prises de parole. Puis, comme s’il sentait qu’il n’avait plus qu’un seul souffle, il ferma les yeux, sourit et prononça ces trois derniers mots : « Je vous aime ». Il s’éteignit paisiblement, un doux sourire sur son visage hâlé et ridé. Iris cessa de faire briller son cosmos bien après qu’elle ne sentît plus le cœur battre. Ce sont les cris de douleurs des deux autres personnes présentes qui la firent arrêter, complètement hébétée.

Non ! Non ! Elle ne voulait pas le croire. Encore un homme qui avait « péri » sous sa main ; et un homme qui lui rappelait son propre grand-père. Elle retira d’ailleurs bien vite cette main du corps du défunt, comme si elle avait touché une plaque chaude. La mère et la fille s’étaient jetées sur le corps encore chaud de leur parent. Iris se mit en retrait mais n’arrivait pas à sortir de la maison. Elle se devait de réparer son crime. La mère se calma pour se lever et se diriger vers la jeune femme. Elle se jeta contre le chevalier pour le prendre dans ses bras et se répandre en politesses :

—   Merci ! Merci ! Merci ! Je n’arriverai jamais à te témoigner toute ma gratitude. Grâce à tes soins, il a pu vivre presque normalement ces dernières semaines. Regarde le visage qu’il a ! Il est vraiment heureux … et nous aussi même s’il vient de nous quitter. Nous sommes également soulagées qu’il ait pu mourir à la maison, entouré des siens, plutôt qu’à l’hôpital entouré de moniteurs et gavé d’antidouleurs.

Iris qui ne trouvait pas ses mots inclina la tête. Elle se rapprocha du lit et recouvrit entièrement le corps avec le drap, tandis que la mère éloignait sa fille éplorée.

—   Pour l’enlèvement du corps …

—   Mon mari ne va pas tarder à rentrer. Il aura plus de force que moi pour contacter les pompes funèbres. Tu as déjà fait beaucoup.

—   Je tiens à être présente pour les funérailles si déjà je porte la bonne couleur, tenta misérablement Iris.

—   Merci à toi. Je te préviendrai.

Le chevalier sortit de la maison, la tête basse, à pas lents. Jamais, depuis qu’elle officiait, n’avait-elle connu pareille souffrance. Ce n’était pas la première fois qu’elle assistait un mourant mais le lien qu’elle avait tissé avec ce vieillard rendait l’épreuve très douloureuse.

La nuit venait à peine de tomber en cette mi octobre. Mais Iris, au lieu de rentrer directement chez elle pour trouver le soutien dont elle savait qu’elle allait immanquablement bénéficier, préféra déambuler dans les rues et se diriger vers la plage. Quelques couples d’amoureux profitaient de ce moment pour se promener, pieds nus dans l’eau encore chaude. Iris préféra s’isoler sur une jetée naturellement constituée de rochers qui invitaient peu à déployer un drap de bain. Idéal pour rester seule. La jeune femme retira ses bottes et parcourut la jetée. Une fois au bout, elle défit sa cape, la plaça sur un rocher qui était à moitié immergé et s’installa, les pieds dans l’eau. Il faisait maintenant nuit noire. Iris n’avait pas bougé d’un poil. Quelle heure était-il ? Elle l’ignorait totalement. Pas loin de minuit certainement. Et qui dit minuit, dit bain. Elle se dévêtit complètement et plongea pour rester au fond de l’eau. Ses larmes se mélangèrent à l’eau salée. Et soudain, elle fit exploser son cosmos.

—   Ça doit être grave pour qu’elle ne soit pas encore rentrée, s’inquiéta Kanon qui prit soin de mettre le repas d’Iris dans un récipient au frais.

—   Tu sais que les médecins n’ont pas d’horaires. Elle a peut-être été sollicitée ailleurs, répondit son frère fraîchement sorti de la douche, une serviette drapée autour des hanches.

Ce dernier décida de s’installer à l’extérieur de la maison dans sa tenue pourtant bien mince. Mais qui aurait bien pu passer à cette heure aussi tardive dans un endroit aussi reculé. Il prit soin de relever sa longue chevelure au-dessus de son crâne en une grossière queue de cheval pour éviter qu’elle ne traîne sur le sol. Son cadet resta encore devant les fourneaux, vêtu lui aussi de façon minimaliste. Un simple pantalon court, en toile, suffisait amplement pendant les nuits encore douces d’octobre. Saga entendit chauffer de l’eau.

—   Une camomille ? demanda l’aîné de loin.

—   Je ne peux rien te cacher ; je crois qu’elle va en avoir besoin … Oh bon sang !

Kanon lâcha tous ses ustensiles et se précipita dehors. Saga s’était relevé. Les deux hommes avaient non seulement ressenti le cosmos de leur femme mais pu observer la manifestation de ce dernier sous la forme d’une immense colonne d’eau lumineuse qui s’élevait jusqu’au ciel. La maison n’était pourtant pas en bord de plage.

—   C’est très mauvais signe, conclut Saga qui voulut se ruer à l’endroit où se trouvait Iris.

—   Laisse ! le retint Kanon in extremis par le bras. Au mieux, elle va se défouler quelques minutes, au pire, c’est nous qui allons prendre. Mais elle aura besoin de nous.

Malgré l’heure, les chevaliers attendirent patiemment le retour du médecin. Une bonne demi-heure après l’explosion, ils virent arriver Iris. La jeune femme marchait alors qu’elle aurait pu se déplacer beaucoup plus rapidement. Elle émergea de l’obscurité, entièrement revêtue de sa cape. Seules la pâleur de sa peau et l’éclat de ses cheveux ressortaient sur ce fond obscur. Ainsi que ses pieds. Ses pieds nus. Plus elle s’approchait, plus les jumeaux pouvaient voir qu’elle dissimulait quelque chose sous son manteau.

Kanon rentra immédiatement réchauffer la tisane réconfortante. Saga tendit les bras pour soulager le zombie qui s’avançait sans détacher son regard du sol et sans se ruer dans l’étreinte proposée. Elle était au bord du gouffre. Elle finit néanmoins par entrer, suivie de Saga qui referma immédiatement la porte d’entrée. Kanon se retourna suite au claquement. C’est à ce moment qu’Iris fit tomber tout ce qu’elle dissimulait derrière son manteau. Ses bottes et ses vêtements s’amoncelèrent négligemment. Les deux hommes la regardèrent curieusement. Elle était donc nue sous le grand drap noir dont elle releva un pan par-dessus son épaule. Bien qu’appréciant la vue en temps normal, les jumeaux furent extrêmement inquiets et gênés.

—   Toi, commença Kanon, tu es compl…

Le reproche mourut dans sa gorge quand Iris se jeta violemment sur lui pour sceller ses lèvres. Il tenta de se dégager mais Iris, sous les yeux exorbités de Saga, embrassa alors les pectoraux de Kanon, surtout la partie gauche abritant le cœur. Elle caressa ensuite avec dévotion ce même endroit, suscitant un gloussement de Kanon qui regarda son frère de manière implorante. Malheureusement pour lui, les yeux de Saga exprimaient davantage de l’envie qu’une pitié sincère. L’autre main d’Iris s’aventura même plus bas pour atterrir sur l’entrejambe partiellement gonflée.

—   Non … Iris …, protesta faiblement Kanon, tu n’es pas dans ton …

—   Prends-moi ! Prenez-moi tous les deux ! Là ! Maintenant !

Les bonnes résolutions de Kanon volèrent immédiatement en éclat devant cette supplique prononcée si sensuellement. Saga fut le premier à obéir à cette injonction et à se dévêtir en dévorant sauvagement les lèvres de la jeune femme. Pour la première fois, la cuisine fut le théâtre d’un manège érotique hallucinant entre les trois participants, malgré le manque de confort flagrant du sol de la cuisine. Pour la première fois, Iris se lâcha entièrement et fit preuve d’audace à faire rougir les séducteurs les plus expérimentés. Elle fut extrêmement demandeuse, comme si elle vivait son dernier jour, ce qui fatigua ses partenaires. Mais l’arrivée de l’aube finit par calmer la jeune femme qui s’écroula comme une masse. Saga réussit néanmoins à la traîner jusqu’à son ancienne chambre. Il revint chez son frère, exténué.

—   On va se coucher aussi. Mais on va également fermer la porte à clef. Je n’en peux plus ! Même si c’est juste deux heures de sommeil, c’est toujours bon à prendre.

—   Comme tu l’as dit, « on a pris ». Je pense que c’est la tristesse qui l’a fait réagir ainsi. Allez, vite ! Au lit !

Une heure à peine avait passé que Kanon se leva, suivi de son aîné. Le sommeil n’avait pas daigné les envelopper. De plus, un léger ronron leur parvint aux oreilles. Ils sortirent de leur bunker ; aucun doute sur la source du bruit. C’est en jetant un furtif coup d’œil dans la chambre d’Iris qu’ils obtinrent satisfaction : elle ronflait comme une tronçonneuse mais ses traits étaient définitivement apaisés. Evidemment, elle, elle arrivait à trouver le sommeil ! Alors autant reprendre ses activités habituelles dans ce cas.

Quatre jours après le décès du brave vieillard, Iris fut conviée aux funérailles. Nul besoin de fournir un effort vestimentaire particulier. Les jumeaux insistèrent pour l’accompagner mais elle déclina leur offre et leur promit de se ressaisir. Elle ne leur referait plus sentir les effets de sa déprime, bien que, la séance qui suivit avait été des plus sulfureuses. Iris rentra normalement et reprit ses activités, alternant ses soins à Asgard et au Sanctuaire.

Toutefois, un peu moins d’un mois après la cérémonie, une fois que tout était rentré dans l’ordre, Iris eut de fortes nausées. Elle n’avait très certainement pas fait le travail de deuil et ce décès lui restait encore en travers de la gorge. Les décoctions qu’elle avalait atténuaient le mal mais ne le faisaient pas entièrement disparaître. Ce n’était pas le moment de déclarer une maladie indue à un choc émotionnel. Sans avertir les deux hommes de sa vie, elle décida de se rendre chez un médecin généraliste ; ce dernier l’adresserait certainement à l’un de ses confrères si besoin était. Mais pour le moment, nul besoin d’alarmer tout le monde. Le praticien effectua une prise de sang après avoir posé quelques questions à Iris. Deux jours plus tard, elle récupéra les résultats de l’analyse avec un commentaire bienveillant de son homologue.

—   Il va falloir te ménager maintenant, surtout les trois prochains moins.

Une chance qu’Iris était bien assise. Elle ? Enceinte ? Chacun prenait pourtant ses précautions ! Elle rentra et présenta, le soir, le document aux deux frères.

—   On n’y comprend trop rien avec ces abréviations et ces chiffres, râla Kanon. Un petit résumé serait le bienvenu.

—   Depuis quelques semaines, je ne me sentais vraiment pas bien malgré les remèdes. J’ai consulté il y a trois jours et on m’a fait une prise de sang.

—   Et ? s’inquiéta Saga. J’espère que ce n’est pas grave. Ne nous annonce surtout pas un cancer. Une anémie, à la rigueur …

—   Une grossesse.

Le mot claqua tellement fort et sur un ton tellement dépassionné que le choc n’en fut que plus intense.

—   Tu es sûre ? demanda Saga qui reprenait de sa consistance. Tu as fait un autre test ?

—   A quoi bon ? fit la jeune femme dépitée qui posa la tête sur la table.

—   Comment ça a pu arriv… ? s’arrêta soudainement Kanon en réalisant l’origine de la grossesse d’Iris. Ce soir-là, quand tu es rentrée complètement abattue …

—   Par Zeus ! Mais c’est vrai ! s’illumina Saga. Ce fut tellement intense qu’aucun d’entre nous n’a eu le temps, voire la présence d’esprit, de mettre un préservatif. Ne cherche pas plus loin. On sait quand ça s’est produit.

—   Et c’est tout ce que ça vous fait ?

—   Mais c’est merveilleux ! s’extasia Kanon qui avait presque les larmes aux yeux.

—   Kanon et moi, on en a souvent parlé. J’avoue que ce n’est pas la manière dont on avait planifié les choses mais on est aux anges, expliqua Saga dont le visage était baigné de larmes de joie.

—   Je suis surprise que vous soyez aussi excités. Moi, tout ça, ça me fait peur.

—   Ne nous dis pas que tu as l’intention d’avorter ! s’indigna réellement Saga.

—   Non ! Grands dieux, non ! Je sais ce que ça fait de retirer la vie ! s’exclama Iris en agitant les mains devant elle. Mais je n’ai pas eu le temps de me préparer à ça.

—   Rappelle-toi, fit doctement Kanon, que nous avons toujours essayé d’aborder le sujet mais tu l’évitais sciemment.

Iris baissa la tête, honteusement. Kanon lui prit la main gauche tout en mettant la sienne sur le ventre d’Iris. Son jumeau l’imita de l’autre côté.

—   Ecoute, reprit-il doucement. Je sais que tu as une trouille bleue d’accoucher mais je vais t’aider.

—   Quant à moi, fit Saga, je te rappelle que j’ai déjà changé tes couches et donné le biberon. Je peux gérer.

Iris était effectivement bien entourée. Mais porter une vie, devenir mère, elle en avait effectivement une « trouille bleue ». Elle devait impérativement s’en remettre aux deux potentiels géniteurs. Soudain, l’image de Daphné lui apparut. Sa mère adoptive l’avait élevée avec tout l’amour qu’elle avait bien qu’elle ne fût pas de son sang. Le résultat n’était vraiment pas mal même en l’absence de père.

Iris soupira. Les jumeaux la couvrirent de caresses encourageantes. Ils furent sur le point de fêter l’événement quand elle les arrêta. Il était beaucoup trop tôt, son ventre n’était même pas encore arrondi. De plus, malgré toute cette euphorie, elle voulait savoir qui était le père, au risque de léser l’un des deux frères.

—   Si ce n’est que ça, la rassura Saga. La prochaine fois, Kanon et moi on inversera les rôles de père et oncle, termina-t-il avec une œillade.

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